Chapitre 2


Harry ouvrit les yeux, le corps engourdit, et fixa le plafond au-dessus en fronçant les sourcils. Il était blanc, comme celui de l'infirmerie, et pas habituellement noir, comme celui de son dortoir. Sa vision était encore légèrement floue à cause du sommeil, et une douleur sourde était présente dans ses muscles. 

Lorsqu'il se redressa, il se rendit compte que le plafond était effectivement celui de l'infirmerie. Que faisait-il là ? Il ne se souvenait rien de la veille, mais il était pourtant certain de ne pas avoir cherché les embrouilles, pour une fois ! Il se hâta de prendre ses lunettes et de les glisser sur son nez, soupirant d'agacement en voyant une fissure au milieu d'un des verres. 

Les rideaux furent brusquement tirés sur le côté. Madame Pomfresh se planta devant lui, les mains sur les hanches. Elle agissait presque comme une mère avec lui, même s'il la voyait très bien ricaner d'une manière particulièrement sadique lorsqu'elle lui faisait prendre ses potions. À chaque fois, il grimaçait de dégoût car, il fallait bien l'avouer, le goût n'était vraiment pas agréable. A vrai dire, elles étaient carrément dégueulasses.

— Déjà réveillé ? constata-t-elle.

— Qu'est-ce que je fais ici ? croassa-t-il d'une voix faible.

— On vous a amené ici cette nuit. Vous étiez vraiment mal en point, monsieur Potter. Vous ne vous souvenez de rien ?

Le jeune homme fouilla dans ses souvenirs, mais rien ne lui vint. Il se souvenait simplement qu'il marchait vers la maison Gryffondor et puis... et puis il ne restait plus que la douleur lancinante qui provenait de son corps, et un trou noir terrible dans son crâne.

— Rien du tout, avoua le Survivant en secouant doucement la tête.

Cette amnésie l'agaçait. Que s'était-il passé pour qu'il atterrisse une nouvelle fois à l'infirmerie ? De toute évidence, on l'avait agressé, il ne voyait pas d'autre possibilité. Mais qui ? Et comment ? Et surtout, pourquoi ? Il n'avait énervé personne ces temps-ci. Et puis, il faisait son possible pour fuir les ennuis, lui qui avait la terrible habitude de les attirer.

La vieille femme lui tendit un flacon. Harry le prit avec méfiance, et soupira quand elle lui fit signe de l'avaler cul sec. Il déboucha donc la fiole, et ingurgita le liquide, grimaçant et frissonnant de dégoût. Le jeune homme sentit les dernières plaies de sa peau se refermer, et ses os se ressouder une bonne fois pour toutes, bien qu'il restât une légère douleur dans ses membres.

— Qui m'a amené ici ? demanda-t-il en lui rendant le flacon.

En principe, il m'avait demandé de ne pas vous le dire, commença-t-elle. Mais comme il ne m'a donné aucune raison valable... il s'agit de Drago Malefoy, monsieur Potter.

— Malefoy ? répéta le plus jeune, hébété. C'est lui qui m'a amené ? Vous en êtes sûr ? 

— Affirmatif. Je l'ai vu de mes propres yeux. Et avant que vous ne protestiez, impossible que ça soit un autre élève sous Polynectar. Je sais reconnaître ces choses-là.

Il ne rétorqua rien et se contenta de soupirer. Il n'arrivait pas à croire que Malefoy ait pu l'emmener à l'infirmerie. Après tout, ils s'étaient toujours détestés, alors pourquoi le blond avait-il agi en sa faveur ? Pourquoi l'avait-il... sauvé ? 

À moins que ça ne soit lui qui l'ait blessé et qu'il s'en soit voulu par la suite ? Non, ça ne collait pas avec la personnalité du Serpentard, ni avec la version de madame Pomfresh. 

Et puis, il savait que Malefoy n'était pas comme ça. Il avait beau être un parfait connard, et même s'ils s'étaient battus de nombreuses fois durant leur scolarité, il savait pertinemment que Malefoy n'aurait jamais agi de cette manière.

De toute façon, depuis le début de l'année, les deux jeunes hommes s'ignoraient. 

— Vous ne vous souvenez vraiment de rien ? insista Pompom. Un détail, peut-être ? 

Rien du tout, souffla Harry. Je me souviens que je marchais pour rejoindre le dortoir Gryffondor, et après c'est le trou noir.

La vieille femme fit une moue mécontente : pas contre lui, non, après tout il était une victime, mais plutôt contre son agresseur. Qui oserait s'en prendre à Harry Potter, le célèbre Harry Potter, en traître ? Il avait sauvé le monde magique, tué Voldemort ! 

Il baissa les yeux, et passe une main dans ses cheveux ébouriffés, le moral dans les chaussettes. Alors après tout ce qu'il avait fait, on lui en voulait encore ? Harry ne voulait rien de plus qu'une vie normale. Il n'avait jamais demandé à tuer un Mage Noir à dix-huit ans, encore moins à être célèbre à cause de cette stupide cicatrice !

— Quand est-ce que je pourrais sortir ? demanda le brun à madame Pomfresh.

— Maintenant, si vous voulez, sourit-elle. Vous avez pris votre dernière potion. N'hésitez pas à revenir si jamais vous faiblissez dans la journée, d'accord ?

Le Survivant hocha la tête, et l'infirmière le laissa tranquille pour qu'il puisse s'habiller convenablement. Il était assez tôt, les cours n'avaient pas encore commencé. L'horloge murale lui apprit que c'était l'heure du déjeuner, et il se hâta de faire l'aller-retour dans sa chambre pour aller se laver.

Les potions de Pompom avait fait effet : il n'avait plus aucune marque sur la peau, si l'on exceptait une légère douleur au niveau des côtes. Son agresseur avait dû bien s'acharner sur le haut de son corps.

Harry rejoignit donc ses meilleurs amis à la Grande Salle. Hermione leva le bras et lui fit signe de les rejoindre. Il alla donc s'asseoir à leurs côtés, ses pensées complètement embrouillées.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Harry ? fit la lionne, inquiète. Ce matin, on nous a prévenu que tu étais à l'infirmerie, mais madame Pomfresh ne nous a pas laissés entrer.

— Je crois qu'on m'a agressé, répondit doucement le brun. Je me suis réveillé à l'infirmerie sans savoir comment y être arrivé, et d'après elle j'étais bien amoché.

— On t'a quoi ? s'exclama Hermione en écarquillant les yeux. Qui t'a fait ça ? Et pourquoi ? Bon sang Harry, on t'a agressé !

Paniquée, elle agrippa le bras de son ami, comme pour s'assurer qu'il était bien vivant. Cela ne faisait que quelques mois qu'il avait tué Voldemort, pourquoi quelqu'un s'en prendrait-il à lui ? Et dans quel but ?

— J'en sais rien, je me souviens de rien Mione. 

— Tu penses pas que t'exagères un peu ? intervint Ron en roulant des yeux. 

Qu'est-ce qui te prend, Ron ? répliqua la jeune femme, agacée par son attitude.

— Quoi, qu'est-ce qui m'arrive ? C'est juste que Harry exagère toujours les choses. C'est pas parce qu'il y a trois bleus qu'il s'est fait agresser. Mais bon, comme c'est le Sauveur, ça prend tout de suite des proportions énormes... 

Le Gryffondor serra les poings, s'empêchant de lancer une réplique salée. Il échangea un regard avec son amie ; ils semblaient tous les deux penser à la même chose. Après la Guerre, le roux avait changé. Il était devenu méchant, sur la réserve, et avait toujours des piques qu'il lançait au bon moment. 

En bref, Ron était devenu insupportable. Avec eux, leurs amis, les autres Gryffondors... avec tout le monde, en soit. Les autres Maisons aussi en subissaient les conséquences : plusieurs premières années s'étaient plains à leur Directeur de Maison de l'acharnement du combattant. 

Finalement, ne voulant pas envenimer la situation, Harry ne rétorqua rien. Le Trio d'Or sortit donc silencieusement de la Grande Salle, sous le regard indescriptible de Drago Malefoy.

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