Chapitre 1




Voldemort n'était plus.

Harry avait fini par le vaincre, aidé par les élèves de l'école Poudlard. Pendant cette bataille, de nombreuses personnes avaient changé de camp ; la majorité des enfants de Mangemorts s'étaient battus à leurs côtés, contre leurs parents, leur famille, et le Mage Noir. La Guerre avait été meurtrière, et beaucoup de combattants avaient perdu des proches.

Harry avait innocenté un grand nombre d'élèves devant le juge, passant près d'une semaine à défendre les Serpentards qui n'avaient fait que subir la volonté de leurs parents. S'il ne l'avait pas fait dans ce but, pour acquérir de la popularité, son geste avait apaisé les tensions au sein de la communauté sorcière.

Malheureusement, la Marque des Ténèbres restait profondément gravée dans la peau et les esprits de nombreux adolescents, ce qui provoquait des cauchemars chez beaucoup.

C'était notamment le cas de Drago Malefoy, fils de Lucius Malefoy, ancien bras-droit de Voldemort. Il s'était révélé que l'homme n'était autre qu'un espion à la solde de Dumbledore, et avait donc évité de peu Azkaban. Narcissa Malefoy, quant à elle, avait également été disculpée lorsque Harry avait avoué qu'elle lui avait sauvé la vie, et qu'elle ne possédait par la Marque. En revanche, le patriarche avait été envoyé tout droit dans la prison des sorciers, en raison de sa proximité avec l'ancien Mage Noir.

Ainsi, Drago déambulait dans les couloirs, les mains enfoncées dans les poches de sa cape noire. Complètement perdu dans ses pensées, le jeune homme ratissait le château pour se perdre volontairement en son cœur. Parfois, il s'arrêtait pour parler avec un tableau, et observait silencieusement les reconstructions qui avaient été faites en un temps record par les professeurs, les élèves, et de nombreux bénévoles. Les couloirs étaient sombres, vides et silencieux, et étonnamment, ça ne l'effrayait pas. Avec tout ce qu'il avait vu, vécu, il était immunisé contre les monstres qui se terraient dans l'obscurité. Et puis, Poudlard était l'endroit le plus sûr au monde.

Ce n'était sûrement pas le miaulement Miss Teigne, la veille chatte de Rusard, derrière-lui, qui allait lui faire peur. Grandir sous le joug du Mage noir l'avait néanmoins aidé à développer des réflexes et des instincts de survie qu'il garderait à vie, tout comme ses cauchemars.

Au fil des années, Malefoy avait presque réussi à aimer l'animal. Lui aussi était profondément seul, et incompris, au final. Même si son maître s'occupait très bien d'elle, il était sûr qu'elle ressentait aussi quelques moments de solitude ; après tout, il n'y avait pas d'autre chat, à Poudlard.

Il en était arrivé à un point où il comparait ses points communs avec un chat, oui. Bien sûr, Blaise, son meilleur ami, ainsi que Théodore et Pansy étaient là, mais... ce n'était plus la même chose. Rien n'était plus pareil. Drago se sentait seul, et commençait doucement à glisser vers la folie. Il avait vécu trop de choses pour en ressortir sain d'esprit.

Les réunions avec Voldemort, dans son manoir, les nombreux Doloris que ce dernier lui infligeait régulièrement, vivre avec la peur de mourir... sans compter son éducation stricte et froide, contrôlée par son père.

C'était beaucoup trop pour un adolescent.

Il était brisé, en morceaux.

Parfois, il se surprenait à se comparer également avec Harry. Harry Potter, le célèbre sorcier qui avait défié Lord Voldemort, et qui l'avait tué une bonne fois pour toutes, il y a à peine quelques mois. Lui aussi, devant se sentir bien seul et vide, malgré la présence de ses amis. Après tout, à dix-huit ans, il avait tué un homme. Il avait ce poids sur ses épaules.

Alors qu'il marchait d'un pas lent dans un couloir assez large et particulièrement sombre, son pied butta contre une grande masse au sol, immobile. Drago dégaina sa baguette sans attendre et murmura un « Lumos ! » d'une voix curieuse. Ce qu'il vit lui glaça le sang.

Harry Potter, le garçon qui hantait ses pensées depuis des années, gisait dans son propre sang, évanoui. De ce qu'il pouvait voir, son visage était tuméfié de coups, et sa peau avait pris une teinte étrange entre le bleu et le violet. Ses lunettes étaient brisées, toujours sur son nez, alors qu'il s'était recroquevillé sur lui-même, sans doute pour se protéger des coups de son agresseur.

Sans attendre, Drago le souleva précautionneusement du sol, et se précipita vers l'infirmerie, ignorant les exclamations de surprise des tableaux, le cœur battent furieusement dans sa poitrine. Heureusement, il savait où il se trouvait : Drago arpentait le château toutes les nuits, dans l'espoir de vaincre ses insomnies, et connaissait maintenant Poudlard par cœur, bien qu'il essayait toutes les nuits de s'y perdre.

Il était terrifié. Terrifié pour Potter.

Il arriva rapidement devant l'infirmerie, et fit tellement de bruit que l'infirmière, madame Pomfresh, ouvrit en grand les portes de la pièce, les sourcils froncés, et drapée dans sa longue chemise de nuit.

Doucement, monsieur Malefoy ! fit-elle avant de s'arrêter net en voyant le Survivant dans les bras du Serpentard. Que s'est-il passé ? reprit-elle, inquiète.

J'en sais rien, je l'ai trouvé dans un couloir, répondit Drago en le déposant sur l'un des lits. Vous pouvez le soigner ?

Ses mains tremblaient. L'idée d'être impuissant face à la situation le mettait dans une rage et une inquiétude folles. Le visage marqué de Potter n'arrangeait pas les choses. Ce dernier restait inconscient, mollement allongé sur l'un des lits. Avec la Guerre, les deux garçons ne s'étaient pas rapprochés, même avec le témoignage de Potter pour l'innocenter ; pourtant, il ne pouvait s'empêcher de trembler d'angoisse.

Évidemment que je peux le soigner ! Pour qui me prenez-vous, monsieur Malefoy ? Et que faites-vous debout à cette heure, d'abord ?

Ce qu'il aimait, chez madame Pomfresh, c'est qu'elle le traitait comme n'importe quel élève de n'importe quelle maison. Elle s'en fichait éperdument qu'il s'appelait Malefoy, qu'il était un ancien Mangemort, ou qu'il était un sang-pur ; si elle voulait l'envoyer au lit, alors elle le ferait. Cela lui faisait du bien, d'être traité normalement, pour une fois.

Juste une chose, avant de partir, s'il-vous-plaît, dit le jeune homme en s'approchant de Harry, la voix tremblotante.

Il passa une main hésitante dans ses mèches brunes, toujours décoiffées et cette nuit poissées de sang, le cœur serré en voyant le visage abîmé du Survivant. Qui aurait pu s'en prendre à lui ? Après tout, il avait sauvé le monde magique ! Sans lui, ils seraient sans doute tous morts, et Voldemort serait encore vivant.

Si Harry Potter n'avait pas tué Voldemort, peut-être que lui, Drago Malefoy, serait toujours sous le joug du Mage Noir, tout comme une multitude d'autres personnes.

Son corps semblait aussi avoir pris beaucoup de coups. Peut-être même qu'il avait des côtes cassées. Mais il avait confiance dans les potions et dans le savoir-faire de l'infirmière : il était certain que le lendemain, Harry serait de nouveau sur pied. Comme d'habitude. Le Gryffondor semblait abonné à l'infirmerie.

Ne lui dites pas que c'est moi qui l'ai amené, reprit Drago en fixant la vieille femme.

Pourquoi ? demanda celle-ci en fronçant les sourcils. Ça pourrait être une bonne occasion pour vous rapprocher.

Le blond aimait bien madame Pomfresh, mais pas au point qu'elle ne devienne sa psychologue. Pourquoi voudrait-elle qu'ils se rapprochent ? Après tout, cela faisait des années qu'ils se détestaient. Potter le détestait.

Je ne veux pas, c'est tout, cracha-t-il, irrité. Mêlez-vous de vos affaires.

Il passa une dernière fois ses doigts dans les cheveux du brun, les yeux empreints de mélancolie, avant de quitter la salle, tournant les talons et faisant voler sa cape derrière-lui. La plus vieille le regarda sortir, sans aucun regard en arrière, avant de lâcher :

Quel caractère quand même, celui-là...

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