Chapitre 2 : Objection réfléchie.


Toc toc toc

Chasseur se dirigea vers la porte fermée. Il était bientôt dix-neuf heures et la réunion allait commencer sans tarder. C'était probablement les autres membres du mouvement de rébellion qui venaient pour débattre des choix importants à faire. Le jeune homme ouvrit la porte. Derrière se trouvait un gros homme barbu accompagné d'un vieux maigre et d'un grand homme élégant.

-Vincent ! S'écria Chasseur. Charles ! Gérard !

-Alors Chasseur comment ça va ? Continua Vincent, le gros homme.

-Très bien, répondit l'intéressé. Et toi ?

-Moi ? Super ! On ne peut mieux !

-Ça fait longtemps qu'on a pas fait de réunion capitale comme celle-ci, remarqua le grand élégant, Charles.

-Oui, chevrota Gérard, le vieillard.

-Oh ! S'écria Chasseur. Ne restez pas sur le seuil, rentrez !

Il s'écarta alors pour laisser passer les trois hommes qui se rendirent dans le salon, où attendaient Alexandre et Féline.

-Salut Alex, comment ça va ? Le questionna Vincent.

-Moi ? Super ! Et toi ?

-Même si j'allais mal, tu sais bien que je te répondrais que ça va ! La bonne humeur et l'optimisme sont ma devise !

-Très bon choix ! Les interrompit Féline. Car avec eux s'amène l'espoir, et avec l'espoir vient la victoire.

Un silence de mort s'installa dans la pièce. Vincent et Alexandre, sidérés, regardaient fixement la jeune femme, tandis que les deux autres convives se tournèrent vers elle et ne dirent pas un mot.

-Qui... qui est-ce ? Osa Vincent.

-C'est une jeune femme qui nous a rejoint, expliqua Chasseur.

-Ah ! Et bien, jeune femme, je me présente, je m'appelle Vincent.

-Enchantée, Vincent. Appelez-moi Féline.

-Oh, tu sais, ici, on se tutoie tous.

-Très bien. C'est donc ce que je ferais.

-Et bien, Féline, moi, c'est Charles.

Le grand homme s'avança et, d'un geste courtois, saisit la main de la jeune fille et posa un baiser dessus. Féline semblait être ébahie de la scène, quand le vieil homme bouscula Charles pour se présenter à la jeune femme.

-Moi, c'est Gérard. Tu t'appelles Méline, c'est ça ?

-Euh... non, moi, c'est Féline. Mais enchantée, Gérard !

Le vieil homme sourit de toutes ses vieilles dents pour certaines noircies par l'âge quand on toqua à la porte.

Toc toc toc

Ainsi se déroula une série phénoménale d'entrée et de présentation de personnes, entrecoupée de sidération à la vue de la jeune nouvelle. Ainsi passèrent Marc, René, Jean-Paul, Julien, Georges, Jacques et bien d'autres ; si bien que dans le petit salon des deux hommes s'entassèrent bientôt une vingtaine de personnes. Peu purent s'asseoir, on laissa donc la priorité aux plus vieux. Alexandre, déjà debout, s'adressa à l'« assemblée », d'une voix forte, afin que tous l'entendent.

-J'ai fait une découverte importante aujourd'hui, commença-t-il. Je ne l'ai pour l'instant partagée qu'à Chasseur, mais je vais bientôt vous la transmettre.

-Bah vas-y ! s'énerva Vincent. Craches le morceau ! Le but c'est de débattre, pas d'entendre un discours de ta part !

-Très bien, repris Alexandre, décontenancé. Nous avons découvert l'existence d'un robot intelligent.

Une rumeur effrayée se répandit parmi l'Assemblée.

-Ce n'est pour l'instant qu'un prototype, mais, d'après ce que nous avons compris d'une affiche informatique, JD a prévu de le commercialiser à grande échelle.

-Il nous faut alors agir vite ! S'écria un homme en brandissant son point en signe de force et de courage.

-Oui ! Le plus vite possible ! Qui sait si JD n'a pas déjà commencé ou finit la production de ces robots...

-Je ne suis pas de cet avis.

La voix de la jeune femme semblait innocente et calme, et à la fois puissante, à vous couper le souffle.

-Ah ! La p'tite nouvelle ! Lança un homme sur un ton de rigolade.

-Pourquoi dis-tu ça ? La questionna un autre.

-Oui ? Pourquoi serions-nous sûrs d'un cas ou d'un autre ?

-Oui ? Comment ?

Un brouhaha s'éleva dans le petit salon, étonnant flux de paroles incompréhensibles.

-Silence ! Tonna la jeune fille.

Le silence se fit à nouveau.

-Je vais tout vous expliquer, mais je voudrais que vous m'écoutiez sans m'interrompre. Il est clair que JD a créé un prototype ?

-Bien sûr, répondit un homme.

-Un prototype, c'est fait pour tester un produit. JD va le tester pendant environ un mois, afin de remarquer ses défaut. C'est seulement ensuite qu'il va effectuer les changements nécessaires et commencer la production de masse des robots. Comme nous savons, selon la date du dépôt de l'affiche, qu'il a lancé son prototype il y a moins d'une semaine – car il est évident qu'il a lancé l'affiche juste après la création du prototype, ou même avant sa production ; nous avons ainsi légèrement moins d'un mois pour agir. Je suppose que ce sera tout de même suffisant pour effectuer un plan réfléchi et coordonné.

Un silence pesant s'ensuivit. La jeune femme ajouta alors :

-C'est bon, j'ai fini, vous pouvez parler...

-Je n'ai rien à redire, admit un homme. Votre objection est tout à fait parfaite.

-Je pense qu'elle a raison, finit par ajouter un autre.

-Mais comment savez-vous cela ? Demanda un troisième.

-Je ne sais rien, je déduit tout, répondit calmement la jeune femme. J'ai réfléchi à partir de ce que nous avions.

-Et bien, l'informa un vieillard sur un ton savant, tu es automatiquement intégrée à l'équipe. Tu es nouvelle, c'est bien ça ? J'ai remarqué qu'avant toi, il n'y avait pas une seule femme dans notre équipe.

Tous scrutèrent l'assemblée, constatant en effet que les propos du vieil homme étaient vrais.

-Ceci est un peu étrange, continua-t-il. Pas une seule femme au sein de notre assemblée. Seraient-elles trop timides ? Seraient-elles bloquées par des stéréotypes désavantageux ? En tout cas, je te souhaite la bienvenue parmi nous, première femme révolutionnaire. Au fait, quel est ton nom ?

-Féline, répondit l'intéressée d'un ton calme et majestueux. Mon nom est Féline.


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