CHOCOLATS MAUDITS

Y A DES MOMENTS où il fallait savoir prendre sa vie en main et arrêter de se faire victimiser par des événements censés ne pas vous blesser. Je veux dire, il faut être le personnage principal de sa propre vie.

Dans le cas de Francesca (on va l'appeler Frankie, c'est plus cool), le personnage principal de sa vie était Bin, un mec possédant trois neurones et qui baisait comme un pied... enfin cette expression est bizarre genre, pourquoi un pied ? Bref on va pas s'attarder là-dessus surtout qu'aujourd'hui c'était le jour où Frankie allait se prendre THE râteau, vous pensiez que vous étiez gênant ? Attendez de lire la suite.
  
« Mathis ! S'écria la brune en déambulant dans les couloirs.
— Je t'ai déjà dit de pas me parler en public, lui rappela-t-il en chuchotant et en mettant d'énormes lunettes de Soleil.
— Je l'ai fait ! Annonça-t-elle en se plantant devant lui tout en brandissant les bras en l'air.»

Le métis arqua un sourcil avant d'abaisser ses lunettes sur le bout de son nez, il jeta un bref coup d'œil au niveau de l'entre-jambe de la jeune femme, il la voyait mal se faire baiser à vrai dire.

« J'ai peur de comprendre, rétorqua-t-il.
J'ai fait le White Day ! 
Quoi ? C'est quoi ça ? Une sorte de Ramadan ?
Mais non ! C'est une fête japonaise où on donne des chocolats à celui qu'on aime ! Expliqua-t-elle.
Tu sais, fit-il en la tenant par les épaules. On est en Italie, en deux-milles dix-sept, si t'aimes un garçon, faut juste le lui dire dans un endroit sombre et désert. »

Frankie leva les yeux au ciel, elle ne voyait pas l'intérêt d'amener Bin dans un garage pour lui donner ses chocolats, c'était pas très romantique comme idée, Mathis devrait lire plus souvent.

  « Tu penses qu'il va être content ? Et s'il est allergique au chocolat ? Elle commença à paniquer.
— Tu penses que j'en ai quelque chose à faire ?
Eh ! J'ai été là pour ton premier tatouage ! Pourquoi tu serais pas là pour ma déclaration ? S'indigna-t-elle.
Frank, tu vas te prendre un râteau, devina-t-il en la regardant droit dans les yeux tout en lui tapotant l'épaule. »

Elle le dévisagea sans aucune expression particulière, Mathis continua sa route en direction de je-ne-sais-où tandis qu'elle, était restée planter là dans le couloir si bien qu'un élève eut la merveilleuse idée de lui jeter une canette de Sprite à la tronche avant de déclarer un: "S'cuse, c'était pas pour toi !". Triste vie.

L'italienne rebroussa chemin, elle se dirigea en direction du gymnase se trouvant de l'autre côté du campus pour son cours de basket-ball et bien sûr, elle avait choisi cette option exprès pour être dans le même cours que Bin donc c'était le moment ou jamais pour se faire humilier devant l'équipe du campus.

Elle salua rapidement les filles déjà présentes dans les vestiaires avant de retirer sa salopette trop large et d'enfiler son haut de maillot blanc maculé de tâches jaunâtre ainsi qu'un short laid, y avait pas d'autre adjectif pour le qualifier.

Elle se stoppa devant son casier, elle savait que Bin était d'origine japonaise et donc, qu'il connaissait sûrement la tradition et c'était justement pour lui qu'elle avait lu des tonnes et des tonnes d'articles sur cette fête car après tout une personne qui s'intéresse à tes origines c'est déjà une personne qui te connaît un peu.

« Ah ! C'est le plus beau jour de ma vie ! »

Des bonbons... il lui avait posé des bonbons... J'y crois pas ! Il lui a vraiment répondu positivement ?! Donc toutes ces approches où il l'insultait étaient en réalité une tentative de la pécho ? Mathis avait raison, on est en Italie et en deux milles dix-sept, le romantisme a évolué, maintenant on drague en se tapant.

Frankie agita le paquet d'Haribo (Dragibus pour les curieux) tout en dansant de manière ridicule devant la dizaine de nana présentes, on peut dire qu'elle n'avait aucune pudeur. Ou aucune fierté c'est comme vous voulez.

« Eh Francesca, c'est qui qui t'a donné ce paquet ? Demanda Malika.
C'est Bin ! S'écria-t-elle en souriant de toutes ses dents.
Bah c'est cool il est sympa, j'peux en avoir ?
Non ! Refusa-t-elle en cachant précipitamment les bonbons derrière son dos. »

La libyenne la scrutait du regard, la bouche ouverte et un sourcil arqué, les autres filles regardaient la brune tout aussi bizarrement avant de faire un rapide geste des sourcils et de retourner à leurs occupations.

« Toute façon j'suis au régime, marmonna-t-elle avant de prendre sa bouteille d'eau et de sortir de la pièce. »

Frankie se mit à faire des milliers de baiser papillons à son foutu paquet avant de soigneusement le ranger dans son sac et d'enfermer ce dernier dans son casier. À double-tour au cas où si Malika reviendrait.

En arrivant sur le terrain, elle remarqua que les garçons venaient de sortir de leur vestiaire, elle les détaillait un à un avant d'apercevoir Bin en compagnie d'un blond à la peau rosée. Bon c'est comme s'il était tout seul on va dire, de toute façon bien heureusement pour Francesca, le ridicule ne tue pas.

Elle se rua vers lui avant de lui tapoter l'épaule, il était légèrement plus petit qu'elle, il lui sourit rapidement mais s'arrêta lorsqu'il se rendit compte qu'elle se mordait tellement la lèvre que celle-ci se mit à saigner.

« Francis, ta lèvre elle saigne, avertit-il en tapotant sa lèvre inférieure.
J'accepte de sortir avec toi, déclara-t-elle.
Quoi ? Répliqua-t-il après quelques secondes de pause.
C'est moi qui t'aies donné les chocolats !
Oh... donc, c'était toi ? T'es mignonne mais j'ai préféré ne pas te répondre. »

Le visage potelé de la brune se décomposa face à cet aveu, pourtant, elle avait bel et bien reçu une réponse. Personnellement je suis rassurée, je me disais aussi que c'était trop beau pour être vrai.

« Je préfère les filles moins... enfin plus... il chercha les bons mots afin de ne pas plus la blesser qu'elle ne l'était déjà. J'suis sincèrement désolé mais t'es pas mon style de nana, t'es trop bizarre. »

Le japonais lui lança un petit sourire qui se voulait réconfortant avant que le sifflet ne retentisse et que le coach choisit les deux élèves les plus forts afin qu'ils composent leur équipe. Sauf que toute cette scène passa inaperçue aux sens de l'italienne qui était restée planter là, à l'endroit où elle venait de se prendre le plus gros râteau de la planète Terre.

De la galaxie même.

Les paroles de son ami lui revinrent en tête, lorsque l'univers vous envoie tous les signes possibles et imaginables pour vous dire: "Ma biche, cette personne n'est pas pour toi" il faut l'écouter et non pas en faire qu'à sa tête sous peine d'avoir le cœur encore plus démoli que celui de Frankie à l'instant.

« Oh mon dieu, je suis laide, susurra-t-elle à elle-même. »

J'aimerais tout de même savoir qui a une assez mauvaise vue pour tomber amoureux de cette asperge extravertie et de lui avoir même donné des bonbons à la place de Bin.

SENTIMENTALE ! 27/06/2017.

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