Chapitre 11 : Ignominie
Une fois hors de l'enceinte de l'académie, je remarque que la femme qui m'avait accueilli au tout début nous attend à côté d'une voiture. On y entre tous les trois, et avant que je puisse demander où l'on se rend, la voiture démarre.
Je regarde successivement les deux adultes qui m'encadre. Ils n'ont pas l'air aussi calmes que d'habitude. Rapidement, je réfléchis à ce que j'ai bien pu faire de travers. Pourtant rien, hormis ma tentative d'évasion empêchée par le noiraud à ma gauche. Depuis ce jour je me suis efforcée de me comporter le mieux possible pour éviter les problèmes.
Alors pourquoi ?
Ils ne semblent pas disposés à me l'expliquer sans que j'ai à leur demander. Je pose donc timidement la question, Aizawa semble vouloir commencer à me répondre, mais après un bref regard à sa collègue il se contente de me dire que tout ira bien.
Ces mots je les connaît, ce sont ceux-là mêmes que les policiers avaient employé quelques mois auparavant. Et ç'avait été le strict contraire.
Rien ne pourrait me mettre plus en alerte. Je les observe tour à tour avec une inquiétude non dissimulée, mais aucun des deux ne prononce ne serait-ce qu'un seul mot de plus. Mon regard fini par retomber vers mes pieds, mes poings se serrent.
Pourquoi me laisser dans l'ignorance ? Il doivent le savoir pourtant, c'est le meilleur moyen de m'effrayer inutilement. Ou alors, ils m'emmènent réellement dans un lieu où je n'ai aucune envie d'aller.
La voiture s'arrête alors que je suis toujours plongée dans mes pensées. Le cliquetis des ceintures qui se détachent me fait revenir à la réalité, et je les suis sans une once de confiance.
Une grande bâtisse grise. C'est l'endroit où l'on semble se diriger. Ses murs d'enceinte sont équipés de barbelés, quelques projecteurs et caméras sont visibles un peu partout, à l'extérieur comme à l'intérieur.
Ce n'est quand même pas ?... si, c'est bien ça.
Une prison. Une vraie prison. Et pas n'importe laquelle.
Qu'est-ce qu'on va faire ici ?
Je me retrouve dans une prison où ne sont incarcérés que les condamnés à perpétuité ou à la peine capitale. Est-ce que c'est ça, mon destin ? Passer le reste de ma vie derrière les barreaux ? N'étaient-ils pas sensés m'aider ? Me soigner du mal qui me ronge ?
Je préfère mille fois mourir que de finir mes jours ici.
Mes pas se font de plus en plus hésitants, à mesure que l'on avance.
Dire que je commençai à les apprécier... que je voulais leur laisser une chance. Mais ils viennent de me trahir. Oui, c'est bien simple, les adultes ne sont que des menteurs et des traîtres.
Quelques minutes passent encore, puis ils s'arrêtent et je fais de même. Une porte à notre droite s'ouvre sur un homme en uniforme de policier, qui nous invite poliment à entrer.
- Ton véritable entrainement commence aujourd'hui, Roru
- Mon.. entraînement ?
- Exactement. Entre dans cette salle, nous serons là pour te guider
En effet, la salle semble séparée en deux, dans une configuration similaire à celle des interrogatoires. Une partie à droite, avec deux chaises, dont l'une est vide, et une partie plus petite à gauche, avec une vue d'ensemble de la pièce, quelques caméras et autres outils de retransmission vocale et visuelle.
L'homme en uniforme se poste de ce côté-ci, tandis que les deux héros et moi entrons dans l'espace de droite. Je reste proche de l'entrée de la pièce, rien de tout cela ne me dit ce que je fiche ici. M'entraîner à quoi ? Maîtriser mon alter ?
La bonne blague. Ils savent pertinemment que ça ne peut pas marcher sur les animaux. Et qui serait assez fou pour me servir de cob-...
Mes pensées elles-mêmes se figent à cette réflexion. Je lève mes yeux vers la chaise déjà occupée, à l'autre bout de la salle.
Non, ils n'ont quand même pas...
Un homme imposant s'y tient, le dos voûté, le regard traînant au sol. Il a l'air de tout sauf d'aller bien. Je remarque rapidement les menottes entravants ses mouvements, et le boulet à ses pieds.
Je me tourne vers la porte et tend la main vers la poignée, le noiraud me bloque le passage.
- Je ne veux pas. Quoi que vous attendiez de moi, je ne le ferai pas
J'ai parfaitement compris. C'est simple pourtant, tout ce que je veux c'est ne plus jamais avoir à me servir de mon alter.
La femme indécente s'approche de moi. Le ton de sa voix est doux, comme si elle voulait me rassurer.
- Ne t'inquiètes pas, Kanjo. Nous allons simplement t'aider à contrôler ton alter, et à l'utiliser de façon à ne plus blesser personne. Fais-nous confiance
Elle me sourit étrangement gentiment. Leur faire confiance après tant de mensonges ? Faire le bien avec mon alter ? Où sont-ils allés chercher des conneries pareilles...
C'est bien parce que je ne peux en aucun cas m'opposer à eux que je me décide à rebrousser chemin, et d'aller m'asseoir en face de cet homme sinistre qui va être ma cible.
Je n'avais plus qu'à espérer qu'ils aient raison. Que tout allait bien se passer. Mais en croisant son regard, je sus que jamais ce ne serait le cas.
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