Les jours passèrent. Les semaines et les mois également. Nos adolescents enchaînaient les jours au centre sans que rien ne viennent perturber le programme d'entraînement de James Douglas et du Professeur Alphonse Martin.

- Je commence à en avoir marre... Se plaignit Maël en suivant ses camarades en direction de la salle de combat.

- On sait. Répondirent les autres en cœur, habitués aux lamentations de ce dernier.

Le jeune homme râla en traînant des pieds puis Suzanne poussa la porte de la salle d'entraînement. Ils se dirigèrent ensuite en face de leur partenaire de combat respectif. James, lors d'un voyage rapide en Angleterre, était allé recruter des hommes et des femmes, faisant partis des services secrets anglais, pour les ramener en Bretagne et entraîner ses protégés. Les adolescents les saluèrent puis commencèrent les combats. Enfin, ils firent tous cela, tous sauf Suzanne qui refusait toujours de se battre. Elle alla dans les gradins et s'installa avant de regarder ses camarades. L'agent qui était son partenaire s'approcha d'elle et lui posa la même question qu'il lui posait tous les jours :

- Tu veux toujours pas ?

L'adolescente lui répondit en secouant sa tête négativement et l'agent s'installa à côté d'elle en soupirant.

- Pourquoi tu ne veux pas au juste ?

Il ne s'attendait pas forcément à ce qu'elle lui réponde. Suzanne ne lui parlait jamais. Les seules personnes à qui elle adressait la parole était ses camarades, le Professeur et un peu Douglas. Ils regardèrent les autres en silence lorsque l'adolescente ouvrit la bouche :

- C'est mal.

L'agent la regarda avec surprise. Il n'avait jamais entendu le son de sa voix jusqu'à cet instant.

- De quoi ? Qu'est-ce qui est mal ?

Il la regarda. Elle sentit son regard et ses joues se rosirent un peu. Elle se leva en terminant la conversation :

- Se battre.

L'agent la suivit des yeux tandis qu'elle allait s'asseoir plus loin. Il n'avait pas besoin de la suivre, il ne tirerait plus rien d'elle aujourd'hui.

L'entraînement continua de se dérouler sous leurs yeux lorsque soudain Sam s'arrêta et tourna sa tête en direction de la fenêtre. La femme agent qui était avec lui demanda :

- Il y a un problème Sam ?

Le garçon lui fit le signe de se taire et continua d'écouter. Son frère remarqua ce qu'il faisait et fit signe à tous le monde de se taire. Tous fixer Sam sans comprendre ce qui se passait. Les agents se regardaient sans comprendre. Bien sûr ils étaient au courant des dons de ces enfants mais jamais ils ne les avaient vus les utiliser.

Ce moment dans le silence dura quelques minutes et puis Sam se tourna vers tout le monde, inquiet :

- Des jets arrivent.

Personne ne lui demanda s'il en était sûr. Personne ne le contredit. Aussitôt, James, également présent dans la salle, déclencha l'alarme. Les agents rassemblèrent les adolescents et les entraînèrent avec eux tandis que Douglas énonçait les ordre à l'aide d'un talkie-walkie. Chaque homme et chaque femme présents dans le bâtiment avait des consignes pour ce genre d'occasion : une attaque, la toute première depuis le rassemblement des adolescents.

Les agents firent sortir les adolescents afin de les emmener en lieu sûr tandis que le bruit des jets était maintenant audible pour tous. Et ils firent bientôt visibles.

Les adolescents suivirent les agents en courant. Ils devaient absolument être mis en sécurité.

*

Le dernier agent refermait à peine la porte de l'abri lorsque le premier jet se posa en plein milieu de la cours, brisant l'escalier du bâtiment principal. De ce jet descendirent un jeune homme et une jeune femme, ils furent bientôt suivit par des hommes armés. Les deux jeunes se regardèrent puis un vent violent secoua les cheveux de la jeune femme et, à la seconde d'après, le garçon n'était plus avec elle.

Elle laissa aux hommes armés le soin de se diriger dans le bâtiment et prit quant à elle le soin d'inspecter l'extérieur. Le deuxième jet se posa non loin du premier et des hommes en sortirent avant d'encercler le bâtiment.

Pendant ce temps là, le garçon qui était avec elle, faisait le tour des environs afin de rattraper les adolescents si jamais ils avaient tenté de fuir. Au bout de 15 kilomètres de course, il retourna auprès de la jeune femme.

- Aucun fuyard.

La jeune femme hocha la tête et tous deux se mirent à inspecter l'espace autour du bâtiment. Ils passèrent devant l'abri des adolescents une première fois sans l'apercevoir. Puis, lorsqu'ils firent demi tour, la jeune femme remarqua un pan de mur différent par rapport aux autres. Elle arrêta l'homme qui était avec elle et lui montra son observation. L'homme lui passa devant pour aller voir de plus prêt et compris. Il posa délicatement la main sur le bout de mur avant de lancer un regard à sa coéquipière. Elle se plaça derrière lui et lui fit un signe de tête lui signifiant qu'elle était prête.

*

De l'autre côté du mur, Sam avait entendu quelqu'un poser sa main sur la porte de leurs abris. Il en avait averti les agents et ces derniers avaient mis les enfants dans le fond de la pièce avant de se placer devant la porte, une arme à la main. Kat récupéra l'une des armes de la cachette et se plaça devant ses camarades, prête à tirer sur tout ce qui franchirait la porte. Du moins, c'est ce qu'elle croyait.

La porte s'ouvrit violemment et un vent violent balaya les agents en deux secondes. Les adolescents regardèrent les agents tomber les uns après les autres sans comprendre. Puis une jeune femme entra à son tour dans la pièce. Kat pointa son arme sur elle en criant :

- N'approchez pas !

La jeune femme sourit et s'arrêta. Le ferait-elle ? Elle Katia, une adolescente de 17 ans ? Tirerait-elle sur un être humain ? En aurait-elle le cran ?

Soudain, le vent violent fonça sur l'adolescente et lui enleva son arme. Kat fixa ses mains vides sans rien comprendre. Le vent s'arrêta et se plaça à côté de la femme. L'homme pointa l'arme de Katia en direction des adolescents avant de parler :

- Tout le monde dehors.

Les adolescents se regardèrent sans savoir quoi faire. L'homme enleva violemment la sécurité du revolver et recommença :

- J'ai dis tout le monde dehors.

Sam fut le premier à bouger et il entraîna les autres avec lui. La jeune femme se mit devant eux et montra le chemin tandis que son coéquipier armé terminait la marche. Ils entraînèrent les enfants dans l'un des jets et quelques minutes plus tard, celui-ci décolla...

*

Le pilote conduisit ce jet tandis que la femme et le jeune homme surveillèrent les adolescents. Ils étaient au courant pour leur don. C'était pour cela qu'ils étaient venus les chercher. Cependant, ils ne savaient pas qui possédait tel ou tel don... Alors ils fixaient les adolescents afin d'essayer de trouver.

Pendant ce temps là, les adolescents n'arrêtaient pas de se jeter des regards. Ils étaient pétrifiés, ils ne savaient pas quoi faire. Ils avaient peur pour leur vie. Ils avaient appris à se battre mais à ce moment là, ils ne trouvaient pas le courage de le faire. Ils auraient également pu se servir de leur don mais ils n'y arrivaient pas non plus. Jusqu'à ce que...

- Je peux avoir de l'eau ? Demanda soudainement Suzanne au grand étonnement de ses camarades.

La femme tourna la tête vers elle et l'homme répondit :

- Pourquoi faire ?

- Il fait chaud dans cet avion et je meurs de soif.

Il regarda la femme qui lui fit un signe de tête puis l'homme attrapa une bouteille d'eau et la lança à la jeune fille. Suzanne la manqua et la ramassa à ses pieds avant de l'ouvrir et de la porter à sa bouche. Ce faisant elle adressa un coup de coude discret à Roxane assise à côté d'elle. Cette dernière regarda son amie et Suzanne ferma les yeux en faisant entrer l'eau dans sa bouche. Elle la mélangea doucement avec sa salive tout en pensant au goût qu'elle voulait obtenir. Et Roxane comprit l'intention de son amie. Elle fit un coup de pied à Sam à côté d'elle avant de lui désigner Suzanne. Et Sam comprit à son tour. Il se tourna vers son frère et fit passer le message. Message qui alla jusqu'à Katia au fond de la rangée.

Afin d'éviter que les deux individus qui les surveillaient ne comprennent quelque chose, Maël engagea la conversation avec l'homme afin de savoir ce qui allait leur arriver. La femme quant à elle, était allée voir le pilote. L'homme répondit sans accorder plus d'intérêt aux demandes de l'adolescent et continua à surfer sur son téléphone.

Suzanne, quant à elle, continua à mélanger sa salive avec l'eau puis soudain, elle remplit la bouteille avec la substance qu'elle avait mis au point dans sa bouche. C'était le signal. Les adolescents s'accrochèrent discrètement à leur siège.

La bouteille commença à se désintégrer dans les mains de la jeune fille et elle l'ouvrit rapidement avant d'en faire vider le contenu devant elle et ses camarades.

Ils n'étaient maintenant plus attachés à leur siège. L'homme qui les surveillait n'avait toujours rien remarqué.

Mais il ne tarda pas de remarquer lorsqu'une partie du sol du jet se désintégra dans un bruit de succion.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?! Cria-t-il en se relevant de son siège.

Katia attrapa la première chose qu'elle avait sous la main, sa chaussure et lui balança à la figure de toute ses force, visant l'endroit de sa tête la plus sensible afin de l'assommer et l'homme retomba sur son siège inconscient. Les adolescents se prirent tous la main puis, munis de parachutes, ils sautèrent dans le vide en criant...