Chapitre 21...

Suzanne était en train de marcher à côté du terrain de sport avec sa bouteille de sirop qu'elle buvait avec une paille. Sur le terrain, les garçons s'entraînaient à la course d'endurance. Les filles étaient dans une autre salle, s'entraînant à la musculation. Comme toujours, Suzanne ne souhaitait pas participer à ces entraînement. Elle ne supportait pas de suer. Elle avait l'impression que c'était comme vomir pour elle. Alors pendant que les autres s'entraînaient physiquement, Suzanne se promenait.

Elle marchait dans ses pensées, fredonnant de temps en temps une chanson qu'elle avait entendue à la radio. Une chanson un peu bizarre qui parlait de poneys et de champions du monde en natation. La jeune fille n'était pas sûre de comprendre le sens de la chanson mais elle aimait bien le rythme.

Soudain une odeur attira la jeune fille, elle provenait de derrière elle. C'était une odeur sucrée qu'elle connaissait bien.

- Fondant au chocolat avec coulis de sauce anglaise, dit-elle les yeux fermés en se retournant.

- Bingo ! Répondit Maël en souriant. Tu deviens trop forte à ce jeu.

Suzanne ouvrit les yeux en souriant.

- En même temps c'est trop facile.

Le garçon la regardait en souriant. Il portait un débardeur gris présentant de nombreuses tâches de sueur et un short noir. Il lorgna sur la bouteille de sirop de son amie qui sembla s'en apercevoir.

- Tu en veux ? Proposa-t-elle en lui tendant.

Il ne lui répondit pas et attrapa sa main tenant la bouteille tout en se baissant pour boire à la paille. Les joues de Suzanne se mirent à rosir par le contact. Elle évita de le fixer et ses yeux firent un tour sur le paysage environnant. De son côté, Maël avait relevé les yeux vers elle. Il la trouvait tellement mignonne quand elle était gênée.

Il but quelques gorgées avant de finalement la relâcher.

- Merci.

Suzanne se mit à bégayer une réponse en passant une main dans ses cheveux. Elle fixait ses pieds en essayant de se dire que rien ne s'était passé et qu'il n'y avait pas de raison qu'elle se mette dans un état pareil.

Maël la regardait toujours en souriant. Néanmoins il ne savait plus quoi faire à présent. Depuis leur retour, il avait tenté plusieurs techniques d'approches mais à chaque fois cela se terminait par la fuite de la jeune fille. À la regarder, il voyait bien qu'elle était sur le point de s'enfuir une nouvelle fois. Il la vit ouvrir la bouche en montrant le chemin et, sans se demander quoi faire, il la prit dans ses bras.

Suzanne se retrouva contre Maël les yeux exorbités par la surprise. Sa bouteille était tombée par terre et se déversait doucement sur le chemin en terre. Le garçon la tenait dans ses bras surprit lui-même par ce qu'il venait de faire. Il rassembla ses mains derrière elle afin de la maintenir encore mieux. Maël ne voulait plus la lâcher.

De son côté, Suzanne était complètement chamboulée. D'après ses amies, il était clair que Maël avait un penchant pour elle. Elle était juste la seule à ne pas le voir. Après tout, pourquoi est-ce que ce garçon super s'intéresserait à elle. Elle qui était trop grosse à son goût et qui ne pensait qu'à manger.

- Suzanne ? Demanda soudainement le garçon.

Cette dernière sursauta et rassembla ses forces afin de ne pas lui répondre avec une voix tremblante.

- Oui ?

- Je peux t'embrasser ?

Il se dégagea par la suite afin d'observer la réaction de la jeune fille face à ce qu'il venait de dire. Et comme prévu, elle était rouge pivoine et ouvrait la bouche sans réussir à prononcer un mot. Maël la regarda avec un sourire en coin et l'embrassa.

Par réflexe Suzanne voulut reculer mais il la maintint fermement contre lui. Il avait tant rêvé de faire ça. À la fin du baiser, il se mit à la regarder de nouveau. Admirant ses joues rosies par la timidité et ses longs cheveux noirs qui entouraient son visage d'ange. Maël aimait regarder ce visage qu'il trouvait magnifique. Ce visage où ses yeux d'habitude foncés s'éclairaient lorsqu'elle était contente. Ce visage où cette bouche semblait appeler ses lèvres.

- Suzanne ?

Elle réussit à le regarder dans les yeux et sa voix baragouina un «oui ?» à peine inaudible. Maël attrapa l'une de ses mains avant de lui demander :

- Tu sors avec moi ?

*

Philippe Chauvet était dans son laboratoire en train de travailler lorsque son téléphone sonna. D'après le numéro qui s'affichait, son patron essayait de le joindre. Philippe décrocha afin d'éviter de s'attirer des problèmes.

- Monsieur Ferraud ?

- Philippe, je veux que vous soyez prêt pour la semaine prochaine.

Chauvet se leva de sa chaise d'un bond.

- Quoi ? Mais nous ne serons jamais assez prêts. J'ai besoin de temps pour pouvoir m'occuper de tous les SDF. Vous savez, il faut du temps afin de préparer leur corps à la mutation sinon elle ne prend pas et...

- Vous avez jusqu'à lundi prochain Philippe, coupa le milliardaire d'une voix autoritaire.

Il raccrocha par la suite sans même laisser le temps au scientifique de parler. Ce dernier reposa son téléphone sur son bureau en rageant. Pour l'instant il n'avait pu modifier que 200 SDF, 80 étaient en phase de préparation et 20 nouveaux devaient arriver dans la soirée. De plus, Philippe n'avait pas encore commencé le processus avec lui-même. Il ne comptait pas s'injecter le sérum qu'il avait réalisé pour l'armée de Ferraud. Il était en train de travailler sur un nouveau sérum qui le rendrait encore plus puissant. Il partait bien d'un échantillon de sang qu'il avait pris à l'adolescente mais il avait combiné cet échantillon avec celui des quatre autres adolescents. Il avait été malin en réalisant des prises de sang dès leur arrivée.

- Monsieur ? L'appela l'une de ses internes en entrouvrant la porte.

Il fit tourner sa chaise afin de lui faire face.

- Oui ?

- Nous avons enfin les résultats des analyses que vous aviez demandés.

Il se leva et prit le papier qu'elle lui tendait. La jeune femme se retira par la suite en refermant la porte derrière elle. Philippe se mit à lire ce contre-rendu et un sourire se mit à traverser son visage au fur et à mesure qu'il avançait dans la lecture. À la fin, il se laissa tomber sur sa chaise en n'en revenant pas. Non seulement il connaissait exactement le gène responsable de la mutation des gamins et pouvait le cibler facilement. Mais en plus, il se retrouvait également dans la capacité de créer de nouvelles mutations. Et pas seulement des mutations liées aux capacités du corps comme courir rapidement et avoir une voix de sirène mais aussi des mutations impliquant un changement dans le corps du porteur.

Chauvet retourna à son travail avec plus de ferveur. Il allait se changer. Il allait enfin devenir quelqu'un. Il allait enfin sortir de l'ombre et prouver à tous ces ancêtres du domaine scientifique que lui, Philippe Chauvet, n'était pas une raclure comme ils le pensaient.

Lui, il était capable de changer le monde. 

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