Le monde de Malis (ou le Parallèle)

C'était le théâtre d'une dispute fraternelle, prouvant une fois de plus qu'il s'agissait là d'une coutume universelle.

Ce jour même, le féroce maître, ou maîtresse (dépend du point de vue) du Parallèle, tellement tyrannique qu'il parlait de lui au pluriel, se leva de son trône du pied gauche, et déplaça le corps de son frère hors de sa trajectoire d'un coup de pied précis pour se détendre.

Pourtant, il n'y avait à première vue, aucune raison d'être en colère. Ce lieu inspirait paix et méditation, une rafale de feuilles d'automne s'invitant même joyeusement dans la pièce, parsemant le sol carrelé comme autant de confettis, invitant à la célébration. Puis aussi, aujourd'hui était très précisément la 122732786579295 ème victoire de la scie circulaire sur son cadet.

Mais comme la tradition l'imposait, ce dernier se redressa avec une lenteur quoique exagérée par rapport aux quelques égratignures que lui avait infligées l'arme. Ses longs cheveux noirs collants ses traits ensanglantés il la dévisagea.

"-Vous semblez bien agitée, grande sœur, quelque chose ne va pas?" Demanda t'il comme si de rien n'était.
Ils n'étaient en réalité ni frères ni sœurs. Mais cela n'avait guère d'importance. Ils se considéraient comme tels depuis la nuit des temps. C'était en ces terres, le cours naturel des choses. Elle répondit, visiblement surexcitée:

"-Ah enfin! Tu es réveillé! Nous avons la sensation qu'une bataille sans merci s'apprête à voir le jour! Le gamin a pris sa décision!"

Notre fieffée psychopathe avait grande hâte d'observer ce spectacle. Trop hâte à vrai dire, et elle trouvait que ces charmants Gardiens d'Askr prenaient leurs temps. Trop de temps. Sa patience avait des limites.

"-Comment pouvez vous être au courant de ce qu'il se passe là bas?!" Couina le vaincu, beaucoup moins enthousiasmé par la perspective.

"-Ça t'étonne? Nous l'avons vu au travers de notre traître préféré~. Il semblerait que quelque chose ait violemment altéré le sceau de Lael. Tu étais derrière toute cette histoire n'est ce pas? Ce n'est pas de chance pour toi, comme d'habitude..."

Ses yeux voyaient tout tandis que lui était doté d'une poisse éternelle. Blasé, le garçon baissa la tête connaissant à l'avance l'issue de ce qui allait se passer, s'il ne faisait rien. Et ça, il ne pouvait pas le tolérer. Non! Il n'avait pas dit son dernier mot...

"-Laissez ces gens tranquilles... Nous ne sommes même pas concernés par ce conflit!
-Silence. Une telle occasion ne se refuse pas! Il va bientôt être l'heure pour nous d'entrer en scène..."

Le tyran enjamba une flaque de sang en sortant de la pièce mais cela ne l'empêcha pas de rire d'un grand rire, laissant l'infortuné tout seul.