Chapitre 26: Vestiges
Ça ne rata pas. Malis ressentit distinctement la douleur s'immiscer dans son sceau brisé, doublé d'un bon point de côté et d'un terrible sentiment de frustration. Voilà pas qu'il n'était même plus fichu de courir un pauvre 4x1000m! La honte, c'était quoi la prochaine étape? Se faire doubler par Alfonse? Fichue Élimine! Il respira profondément, avant de se justifier auprès de son compagnon, qui le fixait avec inquiétude.
"-C'est Lucius! Il est encore en train de faire de la m*rde!"
L'arc en ciel qui apparut au loin confirma ses soupçons. Zero tapa dans ses mains avec un soupir blasé.
"-Ouaip... Entre le débile et l'asthmatique on n'est pas sorti de l'auberge...
-Tant que Lord Solaris veut de moi dans sa collection, je ne risque pas grand chose mais Lucius... Il servira de pique nique qu'on sera bien avancé! OH HÉ ARRÊTE DE TE PRENDRE POUR UNE LUCIOLE TU VAS NOUS FAIRE REPÉRER!"
Mais les cavaliers étaient déjà bien loin, soulevant à leurs suite des milliers d'ombrelles, Elles se déplaçaient naturellement dans la même direction que Lucius, mouchetant de leurs milliers d'ailes ocres un ciel d'un rouge profond orné d'un arc en ciel des plus singuliers.
C'était joli mais rendait Zero nerveux. Comme souligné par le stratège, ils étaient tout sauf discrets. Le moindre abruti n'aurait aucun mal à considérer le nuage de lépidoptère comme louche. Sur ses gardes, il laissait Malis le devancer, le gardant à l'œil. L'homme plaid semblait à bout de nerfs et Zero pouvait au moins reconnaître que son mari ne manquait pas d'énergie.
"-Ça va?" Demanda innocemment le Nohrien, concerné par tant d'agitation pour une simple princesse.
"-Non ça va pas! Je ne peux pas demander à TOUS les magiciens d'Askr de se relayer 24h/24 au portail jusqu'à la fin des temps tu comprends?! Et on ne peut pas fermer ces fichus passages!"
Et hors de question d'espérer une alliance avec Veronica! Ils avaient assez de problèmes pour ne pas rajouter la sale gosse à l'équation. Quand au prince d'Embla, c'était le prince des planqués. Il réapparaissait juste une fois par an pour les fêtes histoire de torturer son vieux copain Alfonse mais c'était tout.
"-Bof, on trouvera une solution avant la fin du monde, comme d'habitude. Et puis, si ces bestioles se rassemblent ici c'est que quelque chose de fort les y attirent non? Elles sont juste un peu curieuses, elles devraient vite retourner à leurs occupations initiales n'est ce pas?
-Tu es optimiste, c'est rare. J'espère que tu as raison. Sinon je connais un soigneur qui va passer un sale quart d'heure."
Ils continuèrent leurs routes en silence, pour ne pas perdre la trace de leurs alliés mais peine perdue... Ces derniers allaient beaucoup trop vite avec leur monture et bientôt, seul l'arc en ciel au loin les guidait dans une hypothétique bonne direction.
***
Eir s'interrogeait. Elle sentait que la luminosité de l'arc en ciel diminuait inexorablement, dévorée par les milliers de papillons affamés. La poigne sur sa taille avait perdue en fermeté et elle pouvait aisément imaginer que l'homme derrière elle était épuisé. Le religieux n'allait pas pouvoir tenir ainsi encore longtemps. Elle avait donc sensiblement baissé l'altitude, au point qu'il était devenu presque ridicule de forcer Evanescence à voler. Elle hésitait entre réduire l'allure de son pégase ou au contraire accélérer le plus possible avant que l'homme ne fasse un malaise sur l'animal.
Elle savait qu'ils devaient se dépêcher, mais ne voulait pas risquer que Lucius ne chute accidentellement de sa monture et se blesse, voir pire. A cette vitesse, les dégâts seraient conséquents et c'était lui, leur soigneur.
Heureusement, les premières constructions commençaient à apparaître. Elle voleta de son mieux dans les rues étroites avant d'atterrir le plus délicatement possible sur des pavés aussi rouge que le ciel. Les bâtiments étaient immenses et la plupart étaient condamnés par assez de planche pour raser une forêt entière. Ils n'avaient, malheureusement pour le responsable de ce bricolage, pas le temps de faire la fine bouche. Elle descendit délicatement du dos d'Evanescence et décrocha le panneau de bois de la première porte à sa portée avant de mener l'animal et le garçon épuisé à l'intérieur.
La pièce était plongée dans un noir d'encre et elle se retint d'extrême justesse de jurer en heurtant un meuble. Elle se retourna dans l'obscurité, vers l'endroit où elle estimait que se trouvait son partenaire et l'appela pour son assistance.
"-Lucius ?"
Il ne lui répondit pas et elle s'en voulait de lui demander ce nouvel effort. Elle entendait toujours la respiration du moine, signe qu'il était toujours en vie. Il mit néanmoins un certain temps avant qu'une lueur tamisée n'envahisse la pièce. La princesse observa avec angoisse la porte, pour se rendre compte qu'elle était complètement calfeutrée de l'intérieur. Aucun risque à priori d'entrée de papillons photophages là dedans. Elle n'en voyait d'ailleurs nulle trace dans cette singulière demeure.
Elle aida le religieux à descendre d'Evanescence et il s'effondra d'épuisement. De la neige dansait devant ses yeux. Un rire étouffé lui échappa.
"-Il y en avait vraiment beaucoup de ces papillons...
-Reposez vous. Il semblerait que nous soyons en... sécurité ici."
Elle voulait y croire tout du moins. Eir débita la planche de bois en petits morceaux avant de chercher de quoi allumer un feu. Elle fit la grimace lorsque ces derniers s'allumèrent tous seuls, signe que Lucius faisait encore de l'excès de zèle malgré son état de fatigue. Elle trouva bien vite des couvertures, qu'elle posa sur les corps tremblants de son pégase et de son... Ami. Ce dernier la remercia d'une voix faible et s'enroula dedans comme si il s'agissait d'un tacos. Eir l'observa d'un œil critique. Il fallait que le moine reprenne des forces, rapidement.
Et pour ça, rien de mieux qu'un bon repas.
La jeune femme fut agréablement surprise de trouver de l'eau et des aliments en quantité et état décent pendant ses investigations des lieux et décida de faire un peu de cuisine, espérant que l'odeur attirerait par la même le stratège et l'ex voleur sur leur piste. Mais... Une sorte de gêne la traversa en se remémorant les paroles de Malis, alors qu'elle éminçait un truc qui ressemblait à une carotte. Quelque chose clochait.
Cette ville n'avait pas d'habitant.
Pourtant elle y trouvait de la nourriture fraîche.
La nourriture étant faite pour être mangée... Tout ça devait bien être destiné à quelqu'un non?
Elle était certaine que Malis était sincère quand il avait dit que personne n'avait jamais vécu ici.
S'était-il trompé?
Mais la porte était condamnée. Donc effectivement, personne ne devait vivre ici.
Mais elle était aussi calfeutrée.
La réalité frappa Eir d'un seul coup.
Il y avait bien quelqu'un dans cette ville.
Quelqu'un qui savait qu'ils cherchaient un abri.
Cet endroit était un piège.
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