Chapitre 19: La chambre forte
Lucy ouvrit doucement ses yeux bleus, scrutant l'environnement à travers ses longs cils noirs.
Tout était blanc de lumière autour de lui. Il ne pouvait pas garder ses yeux ouverts tellement la clarté était aveuglante.
Une musique douce nimbait ce lieu tandis que des anges chantaient. Des anges? Mais où était-il au juste? Il devait probablement être mort. Et au paradis sans aucun doute. Enfin débarrassé de sa garce de tortionnaire de sœur. Il se sentait bien, et il ferma de nouveau ses yeux goûtant la quiétude du lieu. Au moins, il ne souffrirait plus.
C'était quand même bizarre, car il voyait toujours les âmes de ce lieu: Elles avaient l'air délicieuses. Un diable au paradis? Il essaya de rouvrir les yeux, ses jambes étaient lourdes. Il fallait qu'il bouge un peu.
Il observa une nouvelle fois autour de lui, cherchant un indice pouvant lui expliquer ce qu'il se passait.
Une table, les murs capitonnés de cuir blanc, des lucarnes par lesquelles sortaient des rayons de lumière. Au centre, un soleil qui l'empêchait de voir ce qu'il y avait au dessus. Il se leva délicatement et s'assit au bord de son lit. Il était vêtu d'une chemise aussi blanche que tout ce qui l'entourait sa peau nue dessous. Et des symboles sacrés dansaient autour de lui.
Lorsqu'il quitta son lit une alarme aiguë lui hurla dans les oreilles. Instinctivement il activa sa magie... En vain.
Il sentait l'air lourd et saturé de magie sacrée, Alors, recouvrant peu à peu ses esprits, il passa machinalement une main contre sa nuque douloureuse.
« -Awww, sérieusement, ça fait deux fois les gars... Ce moine devrait se faire des couettes.»
Mais sa voix s'étouffa dans la pièce sans trouver de réponse. il s'était bien fait avoir. Ce religieux était un peu plus évolué que ce qu'il pensait.
Sadako entreprit tout naturellement de tester avec grande application les défenses de la pièce, une à une. On ne savait jamais et il n'avait que ça à faire depuis que sa sœur avait eu la merveilleuse idée d'avoir la subtilité d'un char d'assaut en HURLANT ses sombres desseins à qui voulait les entendre! Il s'y attendait, tout était soigneusement bloqué. Ce n'était pas la première fois qu'il était prisonnier. La routine habituelle. Il en bailla d'ennui...
Finalement, c'était toujours la même issue qui l'attendait. La prison; Mais ici au moins, il ne risquait pas de se faire découper par sa sœur. Il était en vie, il y avait même de l'eau. Si ce n'était cette horrible lumière qui l'aveuglait, il aurait donné une plutôt bonne note à cet endroit dans "le petit guide du taulard".
Son regard troublé erra vers le plafond plusieurs mètres au dessus de lui. Qu'est ce qu'il y avait là haut? Impossible de distinguer quoi que ce soit. De toute façon, il le saurait bien assez tôt. il devait économiser ses forces. Sûr qu'il allait avoir de la visite. Il se laissa glisser contre le mur, bras croisés sur sa poitrine et fixa de nouveau le plafond en grommelant.
"-Hey toi... Je sais que tu m'observes... Parce que tu ne peux pas fermer les yeux sur ma présence après tout. Je me trompe?"
La douce musique sacrée absorba ses paroles. Et un sourire amer apparut sur ses lèvres.
"-Ce n'est pas juste, moi un diable étranger me décarcasse pour épargner tes fidèles pendant que toi tu restes posé tranquillement sur ton nuage. Allez amène toi. À jouer les morts, tu n'auras bientôt plus personne pour te prier."
Maintenant que son plan initial d'infiltration discrète avait définitivement échoué, il se demandait comment il allait pouvoir sauver sa peau et par la même celle de ces pauvres idiots. S'opposer à dieu était le rôle du diable après tout. Mais il savait qu'il ne pourrait pas gagner seul.
***
Cette fillette, elle...
Lucius se réveilla à l'aube, comme d'habitude. Il jeta un regard vague à la fenêtre, qui lui renvoya une fine ligne rosée dans un ciel d'indigo alors que les premiers pépiements d'oiseaux se faisaient entendre. Il ferait beau aujourd'hui. Mais à cause des évènements de la veille, la nuit avait passé en un éclair. Ça ne l'avait pourtant pas empêché de rêver mais les détails étaient déjà flous, et tout ce dont il se souvenait, c'était d'une gamine.
Il secoua la tête et s'étira. Il y avait bien plus urgent que de continuer à rêvasser. Et ce détail était de moindre importance: il devait se préparer et aller parler à l'Invocateur et aussi s'occuper de l'hérétique qui le prenait manifestement pour un c*n. Il avait fort à faire en cette journée. Seulement, une chose après l'autre, il avait toujours ses obligations de moines à remplir.
Il fut très surpris, alors qu'il exposait la situation à Serra et se renseignait sur les activités nocturnes du jeune diable, d'apercevoir du coin de l'œil, un manteau bien familier. Malis était avachi sur un banc, tel un miséreux, juste à côté de la chambre de force où se trouvait le prisonnier. Saias expliqua brièvement:
"-Il voulait obtenir lui même les informations sur dame Shiida. Comme je l'en ai empêché, il a décidé de vous attendre ici. Ça ne fait pas longtemps qu'il a trouvé le repos. Je n'ai pas osé le réveiller.
-Je comprends parfaitement. Vous avez bien fait. Où se trouve Zero?
-Aucune idée. "
Lucius observa pensivement la masse de tissus endormie. Évidemment qu'il avait faussé compagnie à Zero. Il ne l'aurait jamais laissé seul sur un banc dans la situation actuelle et encore moins approcher le dangereux individu. L'archer serait probablement furieux à son réveil. Quoi qu'il en soit, il était hors de question de laisser le Grand Stratège tel un clochard, à la vue de tous. Il secoua gentiment son épaule.
"-Malis, réveillez vous..."
Sans réaction du concerné. Alors, tout doucement, le jeune moine s'empara délicatement du bord de la capuche blanche et, inexorablement... Se prit un poing dans la gueule de l'Élu, outré, qui en tomba du banc et recula jusqu'à l'extrême opposé.
"-SALE VOLEUR DE FRINGUES!!! REVIENS ICI QUE JE T'EXTERMINE TOI ET TES GRANDS DISCOURS!!! PLANQUÉ!!! VAURIEN!!!"
Une fois la surprise passée, il était évident que Malis n'était pas encore tout à fait avec eux. Lucius se racla la gorge alors que tous les regards s'étaient tournés vers lui, accusateur.
"-Bon, je crois que Malis à besoin de se calmer. Est-ce que quelqu'un pourrait le transporter dans un endroit tranquille? Évitez de lui toucher le visage si vous ne voulez pas activer un réflexe conditionné."
Mais personne n'avait très envie de se prendre un coup et Saias constata simplement que c'était lui qui avait tenu à troubler son sommeil paisible et que c'était donc de sa responsabilité. Lucius lui fit un regard tout innocent.
"-Oh mais si vous préférez interroger le diable à ma place, bien sûr que je veux bien m'occuper de Malis!"
Il se ravisa lorsque son collègue dégaina vivement son tome de magie blanche. Saias n'était pas d'humeur depuis qu'il devait se taper la garde de Lucy et était connu pour son amour légendaire de l'efficacité. Il s'apprêtait donc à régler le problème de l'hérétique très simplement.
"-Stop stop stop! C'est bon je m'en charge!"
Il n'était pas question de laisser mourir Lucy, avant d'avoir éclairci le problème de la disparition de la princesse. Ensuite tout dépendrait du premier problème. Quant à Malis, toujours très troublé, il lui asséna un miséricordieux coup de Hémorragie+ afin qu'il retrouve toute sa quiétude.
Leur maléfique invité était assis contre le mur, la tête levée au plafond en parlant tranquillement.
"-Depuis combien de temps est-il comme ça ?
-L'alarme vient de sonner", l'informa Saias.
"-Vous avez vérifié ce qu'il faisait?
- Il est sous bonne garde, Ne vous inquiétez pas. Ça ne ressemble pas à un rituel de quoi que ce soit de toute façon.
-Bon, attendez je mets le dormeur en lieu sûr et je suis à vous."
Lucius réfléchissait: Il avait survécu à ses innombrables blessures et était bien réveillé.
Mais il semblait un peu perturbé. Peut être avait il tapé un peu fort? Ses facultés mentales n'étaient pas encore revenues. Ou c'était Elimine qui le purifiait un peu trop vite.
Le religieux espérait que ça ne l'empêcherait pas de révéler les informations dont ils avaient besoin.
En attendant, il devait mettre Malis en lieu sûr. Il s'approcha de l'ouverture de la capuche, il n'était pas chauve et avait un petit tatouage en forme de cœur sur la joue. Mais il ne fit rien de plus. L'Elu tapait fort. Il n'était pas question de trop s'attarder. A première vue, rien d'inquiétant: Il n'avait pas une apparence horrible et ni celle de la petite fille de son rêve. Il le plaça dans une chambre annexe, puis sortit silencieusement, bien décidé à ne pas dévoiler à ce dernier ce qu'il venait de faire.
Maintenant, c'était Lucy qui allait devoir s'expliquer...
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