4 Les marteaux noirs
Le démarreur de la Dodge peine à entraîner le volant moteur, mais la voiture finit par démarrer. Une épaisse fumée grise s'élève à la sortie du pot.
La nuit laisse scintiller les étoiles. Harry vérifie que le chauffage soit toujours sur la bonne position, met les feux de croisement, et ressort de l'antiquité.
Il regarde vers l'axe central, deux mobiles-homes sont éclairés. Il s'allume une clope, puis relève son nez, une légère odeur de cramé vient d'envahir les lieux. Pas d'incendie à l'horizon, ça doit venir de plus loin.
Le quarantenaire s'avance vers le sept. Les bribes de fumées s'échappent par intermittence à quarante-cinq degrés, au gré d'un vent variable. Aucune lumière dans le mobile-home du retraité. Harry décide alors de reporter à plus tard son entrevue, puis rejoint son habitation. Il attrape toutes ses affaires, passées à l'état de carton, et en trois voyages, les enlève de la banquette du pick-up.
Murphy, réveillé par le bruit du véhicule, regarde son portable qui affiche six heures trente et se rend compte de l'échec de l'alarme à le sortir de son sommeil. La batterie indique trente pour cent. Il n'en revient pas, impossible de se rappeler depuis quand date sa dernière nuit de sommeil complète. L'accumulation des soucis, rend depuis longtemps ce genre de prouesse impossible. Il reprend ses esprits.
Il a passé la nuit tout habillé. Le froid a inhibé sa capacité à raisonner. Il défroisse son Duffle-coat noir, opte pour un bonnet sombre à la place de son chapeau Traveller, puis frotte ses mains avec vigueur. Ses expirations très visibles et le gel sur les vitres, témoignent de la forte chute du Mercure.
Il fouille dans la messagerie et retrouve son rendez-vous avec la boîte d'intérim Adecco Employement Services, sur la South Street, à huit heures. Ils travaillent le samedi, mais pas le lundi. Il doit trouver un emploi stable et bien souvent, le critère le plus crucial s'apparente à l'obtention d'une couverture sociale convenable, ce qui peut s'avérer compliqué.
Le rouquin extirpe un petit sac à dos du grand, puis l'ouvre. Après une vérification rapide de tous les papiers nécessaires, dont le rapport de police fourni avec le verdict du tribunal, en lien avec l'accident mortel de sa mère, Murphy se retrouve à l'extérieur de son mobile-home et le ferme à clé.
La Dodge a arrêté de fumer à l'excès. Maria Mancini descend de la quatorze, dans la même tenue vestimentaire qu'à son arrivée. À la seule différence qu'elle porte le gros manteau que Harry lui a prêté, afin qu'elle se réchauffe un peu. Devant, un logo avec le nom d'une boîte de BTP : Hermanz.Co. Elle y est un peu à l'étroit, mais s'en accommode bien volontiers. Par chance, le chef de chantier prévoit toujours plusieurs bonnets en rabe, dont un vert foncé arbore l'italienne.
Elle s'avance vers Murphy, sort un paquet de Marlboro et lui en propose une. C'est pas dans ses usages de fumer, mais de temps à autre, il se laisse dériver de ses principes de base.
— Merci.
— De rien, moi, c'est Maria.
— Murphy.
La flamme du briquet illumine un bref instant les visages. Harry sort à son tour et ferme le mobile-home. Emmitouflé dans un gros pull bleu à col roulé, il semble avoir du mal à se réchauffer.
— Bonjour jeune homme. C'est moi ou ça sent le roussi ?
Il ajuste son bonnet de couleur similaire à Maria.
— Bonjour, on dirait bien, oui.
S'ensuit une poignée de main franche.
— Harry Bosco, j'ai fait un raffut pas possible avec ma caisse, j'ai dû te réveiller ? Excuse-moi, ça te va si on se tutoie ?
— Sans soucis, je suis pas le président. Murphy MacCoy.
— Of, tous ces politiciens ne méritent même pas ce minimum de convenance.
— On changera pas le monde de toute façon. Cool votre Dodge. J'aime bien les vielles bagnoles.
— On va sur Philly, si tu veux un taxi, je t'amène.
— J'ai bien un rendez-vous sur la South Street.
— C'est sur notre chemin, je t'offre le trajet bien volontiers, pour me faire pardonner.
Murphy relève les sourcils, étonné d'une telle gentillesse, peu commune.
— Ok, merci.
— Allez, go alors, j'ai un rendez-vous moi aussi, au City Hall, avec Monsieur le Maire, et deux trois petites choses à régler au préalable.
Le trio s'installe dans la Dodge, Maria au milieu. Le véhicule quitte Camden's Paradise et se retrouve vingt minutes plus tard sur le Benjamin Franklin Bridge. En toile de fond, la mégapole offre encore son spectacle de lumières colorées, dans un reflet à superposition parfaite à la surface calme de la Delaware River. La chaleur délivrée par l'antiquité bonifie l'ambiance dans l'habitacle. Harry fait un léger détour et dépose Murphy à l'endroit voulu.
— Merci beaucoup, j'apprécie, à charge de revanche.
— Avec plaisir, Murphy. Tiens-moi au jus pour ton emploi, je pourrais peut-être t'aider le cas échéant. Sinon, pense à Hermanz.Co, c'est là où je travaille, c'est du BTP. On cherche toujours de la main-d'œuvre, et on possède une bonne assurance santé.
— Ça marche, pourquoi pas, merci. À plus.
— À plus.
La Dodge reprend sa route. Le jeune homme regarde autour de lui et repère la boîte d'intérim, fermée à ce moment de la journée. Il décide d'aller un peu plus loin, afin de manger quelque chose au chaud.
L'enceinte illuminée d'une cafétéria indique : Open.
Il entre et s'installe sur une des banquettes libres en Skaï. Malgré l'heure matinale, il constate une forte affluence et les fumées de cigarettes se mélangent à celles de la caféine, dans une température presque trop élevée. Il s'approche de l'une des dernières tables encore libre et s'y installe. Il enlève son bonnet et dévoile ainsi ses cheveux de feu dressés en brosse, puis raccorde son chargeur de portable à une prise murale.
Une jolie jeune femme, qu'il juge de prime bord d'environ son âge, arrive pour prendre sa commande. Sur sa blouse de travail, un petit encadré plastifié expose son prénom : Olga. Il est frappé par ses yeux bleu clair et porte son attention à sa pommette gauche proche du noir. Ses cheveux, attachés en une belle queue de cheval, exposent une couleur blonde. Elle lui délivre un sourire radieux, mais les cernes divulguent une certaine fatigue.
— Bonjour monsieur, ça sera quoi pour vous ?
Murphy adore sa voix presque enrouée.
— Un café noir s'il vous plaît, et deux beignets si vous avez.
— Ça marche, je vous apporte ça tout de suite.
— Ok, merci.
L'écran plat accroché en face de lui, diffuse les informations. L'élection présidentielle s'accapare bien entendu la majorité du temps d'audience. Mardi prochain, le huit novembre, sera le jour J. Tout un tas de pronostics défilent avec des explications plus ou moins insensées.
La serveuse revient.
— Voilà.
— Merci, je vous dois combien ?
— Trois dollars et vingt cents.
Murphy donne un billet, elle lui rend la monnaie. Il note des pansements sur ses phalanges.
— Des soucis ? demande t-il avec son index qui détermine la pommette de la jeune femme.
Elle sourit.
— Non, j'ai gagné.
Il rigole un peu, il ne s'attendait pas à ça. Elle semble heureuse de sa réaction.
— Mais c'était une meuf, et elles ne sont pas nombreuses. Avec les mecs, ça finit plutôt mal pour moi, mais bon, je gagne parfois. Ça me fait un extra pour les fins de mois, c'est même vital.
— Je comprends. Ça rapporte combien, sans indiscrétion ?
— Tout dépend qui tu affrontes. Les meilleurs combats, faciles dans les cinq à six mille.
Murphy siffle à cette annonce.
— Pas mal. Mais c'est légal ?
— Tu veux rire, à Camden, y a rien de légal. C'est pourri jusqu'à la moelle en ces lieux maudits, même l'enfer ne veut pas de cette ville. Y a même des keufs qui viennent en tant que spectateurs, déduis-en l'ambiguïté du système. Par contre, parfois, ça peut tourner au vinaigre. C'est pas rare de finir à l'hosto, pour les pauvres et indigents bien entendu. Tu boxes ?
— Je me débrouille, oui.
Elle prend un stylo coincé dans une poche frontale et le claque sur son carnet de commandes, puis écrit. Elle arrache le bout de papier et le lui tend.
— C'est tous les week-ends, t'as une adresse, mais y en a d'autres. Réfléchis quand même, parce qu'inverser la vapeur ensuite, ça devient presque impossible.
— Je suis au pied du mur. Merci. Oh, au fait, moi, c'est Murphy.
S'ensuit une bonne poignée de main.
— De rien. T'as deviné mon nom, je suppose ?
— Olga, oui, c'est chouette. T'es toute seule ici ?
— Non, je suis avec ma boss, elle est partie à la banque. Au fait, j'adore tes cheveux.
Son expression change du tout au tout lorsque la porte s'ouvre en grand, une dizaine de blacks envahissent la cafétéria avec des démarches de caïd. Un silence s'installe de suite. Le chef de meute claque des doigts, et pointe deux tables. Ces dernières se vident et les personnes concernées quittent la cafétéria sans demander leur reste.
Les types s'installent, habillés de la même façon : épais manteaux gris, avec sur le dos deux marteaux noirs qui se croisent. Les lunettes de soleil sont de mise, de même que les gants en cuir. Pour Murphy, c'est une aubaine à ne pas manquer.
Le leader s'avance vers lui.
Olga recule de quelques pas.
Le zig s'installe sur la banquette en face de lui.
— T'es nouveau toi. Je t'ai encore jamais vu dans les parages.
Le rouquin reste silencieux, tout en lui tenant tête du regard. Deux autres quidams arrivent. Olga recule encore un peu plus, la peur s'installe.
— C'est quoi ton nom ?
Toujours rien. Les autres enlèvent leurs lunettes de soleil, le chef aussi.
— Je t'ai posé une question, oui ou non ?
— Tu m'as posé une question, oui.
Une expression comique proche du dramaturge s'affiche alors sur le visage de l'Afro-Américain en face de lui.
— Oh les gars, il parle, Snow Face. Ouah !
Le gars pose ses mains sur son visage, coudes joints sur la table.
— Je me présente, Moffat.
Les autres membres rigolent, ce genre de situation semble les délecter au plus haut point.
— Tu tombes à point, Moffat, j'ai besoin d'informations de ta part.
Moffat avance le haut de son corps un peu plus en avant encore, et positionne une main autour d'une oreille, qu'il tend vers Murphy.
— Tu rigoles ou quoi ? Tu daignes pas répondre à ma question, et tu m'en poses une ? Attends, je rêves, c'est le monde à l'envers ?
La cafétéria continue de se vider. La peur s'amplifie. Les deux autres gorilles restent debout, bras croisés, et le ton sympathique vire au désagréable.
— Snow Face, c'est mon nom, tu viens de le dire.
— Putain, toi t'as des couilles ! Merde quoi !
Moffat sort son Smith et Wesson et, d'un geste vif, colle le canon sur le front de Murphy. Le rouquin continue de plus belle à le défier droit dans les yeux. La pression sanguine atteint son paroxysme chez tous les parties concernés. Olga déglutit. Elle sait qu'elle doit rester calme dans ce genre de situation.
— Murphy. Et j'ai besoin de ton aide.
Moffat met la tête à l'oblique, consterné par la détermination du rouquin. Il retire son pistolet et le pose sur la table.
— Ben ça, c'est ce que j'appelle avoir du cran. Respect, man. J'aime ça, les types qui possèdent des grosses balloches. C'est quoi ta requête alors ? Tu vois, aucun problème, tu réponds à ma question, je te réponds à mon tour. C'est ce qu'on appelle une conversation entre gens civilisés.
— Est-ce que tu connais un certain Basile Jackson ?
— Ça me dit rien comme ça.
— Il faisait partie de votre gang, y a quoi, deux ans de ça.
— Ça vous dit quelque chose les gars ?
Personne ne semble connaître ce nom. Moffat sort un petit sachet en plastique et dépose une ligne de cocaïne sur la table. Il la goûte du bout d'un index.
— Exquis !
S'ensuit une aspiration de la drogue avec une paille faite maison. Il ouvre grand les yeux, un bref instant, et bascule son corps vers l'arrière. Après cette consommation bienfaitrice, il s'adresse à nouveau à Murphy.
— Si tu veux, je peux chercher des réponses à ta requête. Notre gang est grand, donc, par la force des choses, je peux pas connaître tout le monde. Mais y a un prix, tu t'en doutes.
— Combien ?
Moffat remet ses lunettes de soleil et range son arme à feu. Il grimace un peu, sa lèvre inférieure s'avance, puis il joint ses doigts.
— Cinq cents bucks, man.
— Ça marche.
Le chef relève ses sourcils au ciel, encore une fois bluffé par la réponse sans ambiguïté du jeune homme.
— Bien, bien, bien. Je commence à fouiller, je te garantis rien par contre. Mais faudra le blé quand même, précise-t-il une fois debout.
Moffat regarde la cafétéria, vide. Puis il s'adresse à Olga avec un immense sourire du au rush.
— Désolé, ma biche, les gens reviendront va. Allez, on se casse.
Un moment de silence assez désagréable s'installe lorsqu'ils ne sont plus que deux.
Olga explose de rage.
— Mais t'es malade ou quoi ?
Elle fait percuter son index sur sa tempe dans un va et vient explicite.
Il écarte les bras.
— T'as bien failli tous nous faire tuer.
Murphy se lève et ramasse son portable avec le chargeur, puis met son sac à dos.
— Le type n'avait même pas enlevé le cran de sécurité.
Elle est consternée par sa réponse, elle ne sait plus quoi dire. La colère l'envahie.
— Dégage d'ici.
Les regards s'échangent, intenses. Elle pointe du doigt la sortie. Il n'insiste pas et, l'instant d'après, après avoir claqué la porte, se retrouve à marcher dans la rue. Elle secoue la tête, mais ne peut se résigner à le haïr. Son courage est indéniable, l'homme l'intrigue, l'attire même. Elle regrette déjà ses propos. Olga sort de la cafétéria, court un peu et l'interpelle lorsqu'il traverse le passage clouté.
— Excuse-moi de m'être emportée.
Murphy s'immobilise sur le trottoir d'en face.
— T'inquiète pas va. Je comprends.
— Tu peux revenir quand tu veux.
— Je le ferai, merci. Au plaisir alors.
Elle ne sait pas quoi rajouter. Il disparaît au coin de la rue. Le froid envahit Olga, elle se frotte les épaules avec les bras croisés, puis rejoint la cafétéria avec un dernier regard rempli de tristesse.
Un peu plus tard, Murphy arrive devant l'agence d'intérim Adecco Employement Services. À l'intérieur, la grande salle d'attente est pleine à craquer. Des chaises sont positionnées un peu partout à la sauvage. Il se fraye un chemin sur sa droite, entre des gamins latinos qui s'amusent à se pourchasser entre les adultes. Les parents les interpellent, sans aucun effet. Il accède à l'accueil, une femme, la cinquantaine bien passée, le réceptionne.
— Bonjour, j'ai rendez-vous avec monsieur Binker à huit heures.
— Of, vous savez, ici, les horaires.
Il comprend très vite qu'il va devoir attendre.
— C'est noté. Désolé, mais va falloir patienter jeune homme. Prenez bien un ticket, dès que votre numéro s'affichera au-dessus de la porte, vous pourrez y entrer.
Murphy acquiesce et se trouve une place entre deux Italiens d'un côté et un Mexicain de l'autre. Sa présence n'a pas l'air de gêner, c'est à peine s'ils le remarquent. Le Mexicain pianote sur son portable et, en regardant le reste de la salle, tous semblent vautrés dans leurs appareils. Mise à part les deux italiens qui baratinent dans leur langue d'origine.
Le fameux monsieur Binker sort de sa pièce avec une personne plutôt âgée, elle devrait être à la retraite. La société offre ici un échantillon représentatif de la misère humaine. Dans l'attente, le rouquin sort le rapport de police, il ne compte plus toutes les fois où il a lu et relu ces documents. Même la mention de l'allure physique du dit Basile Jackson se rapproche du néant. Le descriptif rédigé par un certain inspecteur Jones, de Philadelphie, indique juste un afro-américain.
À l'évidence, l'enquête a été bâclée, le niveau prioritaire de l'accident devait se trouver en bas de la pile.
Il possède tout de même un petit point d'accroche, la casse où les véhicules accidentés terminent : chez Hendrix Dépôt, de même que les numéros des plaques d'immatriculations. Après l'entretien, il y fera un tour, peut-être que la voiture de Jackson n'a pas été aplatie, ce qui reste peu probable.
Une heure et demie plus tard, son numéro s'affiche enfin. Il entre dans la pièce où le manque d'air se perçoit. Aucun air frais ne pénètre par la fenêtre bien fermée et le radiateur électrique tourne à bloc. L'endroit semble trop à l'étroit pour contenir les piles de dossiers posées un peu partout dans une impression de capharnaüm.
Monsieur Binker l'attend dans son fauteuil en cuir marron. Sur la petite table en désordre, le PC se reflète dans ses lunettes rondes en cul de bouteilles. À chaque extrémité, deux petits drapeaux des États-Unis "flottent". Sur la paroi derrière le bonhomme, un immense poster à l'effigie de Donald Trump. Dessous, le slogan en rouge : Make America Great Again. Le politicien a le poing levé.
— Entrez, entrez, asseyez-vous, dit le concerné, le bras tendu sans même se donner la peine de le regarder.
C'est un petit bonhomme tout dodu, pas mal de cheveux noirs plaqués sur son front par une probable sueur.
— Alors, dites-moi jeune homme. Dans quel secteur d'activité recherchez-vous un emploi ?
En même temps qu'il lui pose cette question, il lui tend plusieurs feuilles à remplir. Nom, prénom, date et lieu de naissance, situation familiale, numéro de sécurité sociale, etc... Tout en remplissant les formulaires, un volet pour celui-ci, un autre pour celui-là, Murphy lui expose sa situation actuelle.
— J'ai pas pu finir mes études en spécialisation informatique. J'ai eu un petit boulot de serveur, mais rien de plus.
— Bien entendu, vous comprendrez que ça va être très compliqué de trouver quelque chose dans ce secteur-là, sans avoir le niveau requis.
— Je m'en rends bien compte monsieur. À ce que je sais, ils embauchent chez Hermanz.Co.
Sans même le regarder, il clique sur son clavier.
— Tout à fait. De toute manière, y a toujours des emplois dans ce secteur-là. Mais bon, je préfère vous prévenir, c'est pas génial comme paye et les conditions de travail peuvent être rudes.
— Ça me dérange pas.
— O...kay. Je clique et je valide. Lundi, à huit heures, voilà le lieu du travail, indique l'homme, un papier officiel au bout de sa main.
Murphy prend le document, étonné.
— Pas d'entretien d'embauche ?
— Pas dans ce milieu-là, jeune homme, sauf pour les cadres ou le secrétariat. Les gens viennent et s'en vont à leur guise, vous comprendrez qu'un patron ne va pas s'attarder à passer le plus clair de son temps à s'impliquer dans des entrevues qui, dans la plupart des cas, ne mèneront à rien. Ils ont autre chose à foutre, excusez mon langage.
Murphy prend le papier.
— Vous avez toutes les informations dessus. J'ai envoyé un mail avec une confirmation à l'instant, c'est tout bon.
Puis Binker gueule.
— Suivant !
Murphy se lève et déjà, la personne concernée entre dans la pièce. Il sort.
— Et n'oubliez pas de voter ! précise t-il le poing levé.
Le froid le saisit à nouveau dans la rue. Il regarde sur son portable l'adresse de Hendrik Dépôt, puis cherche du regard un taxi. Il en interpelle un et part vers la casse.
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