Je donne mes croquis et des instructions, pour mon nouveau modèle, à la meilleure de mes couturières. Lorsque je constate son regard stupéfait sur mon mannequin, suivi par des milliers d'étoiles qui scintillent dans ses pupilles, je me dis que j'ai fait mouche.

— Valentine, vous vous êtes surpassée sur ce bijou... C'est une pure merveille... J'aimerais bien rencontrer celui qui vous a aussi bien inspiré, me taquine-t-elle.

Cette quadragénaire est une vraie fouine, mais ce sont ses doigts de fées dont j'ai besoin, le reste, comme sa curiosité débordante, je m'adapte et parfois, je m'en amuse. Elle prêche le faux pour savoir le vrai et, comment dire, je ne laisse rien filtrer sur ma vie privée. Libre à elle d'imaginer ce qu'elle veut, si je l'aide à fantasmer dans ses rêves les plus érotiques.

— Tu sais très bien que mes affaires, c'est secret défense, répondis-je, avec un clin d'œil, retournant vers mon bureau.

J'allume mon ordinateur et vérifie mon agenda de la journée. Deux rendez-vous sur la matinée avec des clients potentiels, qui faisaient partie de mon carré VIP du dernier défilé et pourraient vendre mes modèles dans leur magasin de lingerie de luxe. Ils m'ont laissé carte blanche sur ma présentation de produits et je crois qu'avec Maëlys, comme mannequin, ils ne pourront que succomber aux charmes promis, de mes dessous sexy.

Certes, j'ai mes propres boutiques, mais un peu de pub dans le monde des riches, ne peut qu'augmenter ma clientèle féminine, même si parfois, des hommes passent la porte, pour en offrir à leur dame, cas exceptionnel, ou leur maîtresse, beaucoup plus probable. Et pourquoi pas, finir par ouvrir une troisième enseigne dans les beaux quartiers, mais d'abord, je veux savoir si ça peut marcher, en passant par ces vendeurs déjà sur le marché.

J'appelle Maëlys, qui vient d'arriver, et ensemble, nous refaisons la check-list des meilleurs tenues que nous allons leur présenter.

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Sur la terrasse d'un café, je sirote un verre de citronnade en compagnie de ma collaboratrice, plutôt taciturne. Planquée derrière sa paire de lunette de soleil, elle n'a pas décroché un mot depuis que le deuxième client, n'a pas été convaincu par mes modèles. "Pas assez raffinés", nous avait-il reproché.

— Tu boudes à cause de cet idiot ? l'interrogé-je. Tu es bien silencieuse...

— Comment peut-il ne pas trouver tes créations assez chics pour être vendues dans sa boutique ? Non, mais tu as vu ce qu'il vend ? Même ma grand-mère ne voudrait pas mettre ses sous-vêtements, sous un pyjama !!! Tu te rends compte, qu'il n'a même pas voulu que je défile, pour qu'il puisse mieux juger la qualité ? s'insurge-t-elle.

— On a au moins, rempli un contrat sur les deux. Le premier a été conquis et qui plus est, il en veut d'autres pour faire un rayon entier de mes créations ! C'est plutôt une bonne nouvelle, non ?

— Je suis certaine, qu'il est raciste, peste-t-elle, sourde à ce que je viens de lui dire.

— Pourquoi dis-tu une chose pareille ?

— Dès que nous sommes entrées dans son magasin, il ne s'est adressé qu'à toi. Pas une seule fois, il ne m'a regardé et lorsque je voulais prendre la parole, il me coupait le sifflet pour te poser d'autres questions, sans queue ni tête. Tu veux me dire qui ça intéresse de savoir si le fil de couture est en soie synthétique ou de chenille ? Ou encore, savoir si la dentelle est fabriquée en France ou en Chine ? Pourquoi pas en Russie ou sur Mars, tiens ? Ben oui, tous nos modèles sont taillés sur Vénus et assemblés sur Jupiter. Nous faisons une exportation sur Mars avant d'être vendus sur Terre. Mais quel connard !!! rage-t-elle.

Des têtes et des oreilles indiscrètes se retournent vers notre table et je tente comme je peux de calmer les ardeurs de cette lionne enragée.

— Nous ne sommes pas seules sur cette terrasse, alors arrête d'hurler ? soufflé-je.

Elle tourne sa tête à droite, puis à gauche, pour fusiller ces malotrus des yeux et finit par ôter ses verres fumés de son nez, lorsque son regard s'arrête sur une silhouette qui disparaît au coin d'une rue. J'ai eu juste le temps d'apercevoir une casquette noire et un blouson en jean clair.

— C'est une connaissance ? demandé-je, curieuse.

— Peut-être bien, mais j'aimerai savoir ce qu'il vient faire ici, me répond-elle, inquiète et irritée à la fois.

Elle se lève, enfile son sac en bandoulière et remet ses lunettes de soleil en place.

— Je te rejoins à l'atelier. J'ai un truc à faire, me plante-t-elle.

Elle ne me laisse pas le temps de réagir qu'elle est déjà en train de traverser la route, pour partir vers ce même coin de rue, qu'elle n'a pas quitté des yeux. Je paye la note au serveur et cours vers ma voiture pour la prendre en filature. Je sais que ce que je fais, n'est pas concevable, mais depuis qu'il y a eu cette altercation avec "mon inconnu d'une nuit" dans cette boite de nuit, quelque chose me chiffonne et je ne saurai dire quoi, exactement.

Malheureusement, je n'ai pas été assez vite et j'ai perdu toute trace de Maëlys. Déçue, je décide de tracer la route pour retourner travailler sur mes croquis. Mais au feu rouge, mes yeux sont hypnotisés par un couple dans les bras de l'un de l'autre. Sans aucune pudeur, ils se font du bouche à bouche sur un banc public, les jambes emmêlées. Je les contemple sans aucune envie particulière, seulement cette pointe d'insouciance qui me manque par moment et en oublie le feu qui passe au vert, vivement remarqué par le coup de klaxon derrière moi. Au moment où j'allais redémarrer ma voiture, je repère Maëlys en compagnie de ce type qu'elle avait vu précédemment, en pleine discussion, en reflet dans mon rétroviseur.

Je m'arrête un peu plus loin et les observe discrètement. Maëlys a l'air en colère, tandis que le type, adossé contre un mur, les bras croisés sur son torse, regarde à l'opposé, l'air de se balancer de ce qu'elle peut lui dire. Elle lève un bras et lui attrape sa casquette, pour attirer son attention.

C'est lui...

Mon inconnu d'une nuit est face à elle. Il la fixe avec rage et se redresse devant elle, mais elle ne recule pas. Ils s'affrontent et pourtant aucun des deux ne semble vouloir capituler et puis, Maëlys pose une main sur sa joue avec tendresse. Il baisse la tête et elle lui dit quelque chose, mais je n'entends absolument rien. Il ancre son regard dans le sien et recule d'un pas. Mon traître de cœur tambourine dans ma poitrine, pourtant il n'a aucune raison pour réagir ainsi. S'ils se connaissent, qu'il en soit ainsi, mais pourquoi me ment-elle sur ce sujet, je ne comprends pas ? Je n'ai pas à avoir un quelconque sentiment malsain sur ce que j'observe au travers de ce miroir, mais le mensonge, ça, j'ai un mal fou à l'accepter.

Il finit par lui prendre la main, dépose un baiser sur sa joue et la quitte avec un léger sourire qui ne s'étend pas jusqu'aux yeux. Maëlys à l'air plus sereine, mais triste et elle le regarde partir avant de poursuivre sa propre route.

Lasse de rien apprendre de plus, je démarre ma voiture et quitte mon emplacement. La tristesse que j'ai pu voir dans les yeux de mon inconnu, hante mon esprit. Un regard à la fois vide et empli d'une colère douloureuse. Pourtant, lorsque ses iris s'étaient posés sur moi, il n'y avait eu que du désir et une telle soif de sexe, ils étaient brûlants et sauvages. Ou, comme ce matin, hésitants et confus, mais rien de ce que je viens de voir, froids et hargneux.

Qui est-il pour Maëlys ? Pourquoi s'est-il radouci au contact de sa main ? Pourquoi un tel changement de comportement à chaque fois que je le vois ?

Voilà déjà quatre fois que nos chemins se croisent et par quatre fois, il est différent de la précédente...

Qui est-il réellement ?...

Et pourquoi j'ai cette envie irrésistible de connaitre ce qui le ronge, alors que ça ne me regarde absolument pas ?

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Hello mes choupinouxxx,

Nous sommes Vendredi et donc nouveau chapitre.🙂

La dédicace de cette semaine est pour @souad2015, fidèle depuis un bon moment, je t'offre ce chapitre, avec tout mon respect et tout mon cœur.😍

Je vous souhaite un excellent weekend et vous retrouve lundi, pour un nouveau volet de cette aventure sens dessus dessous...😁

En attendant, soyez sage, mais pas trop...😋

Bise 😘😘😘

Bina