Je m'étais promis de ne jamais accorder une seconde nuit à mes aventures sans lendemain.

Mes principes sont mis à mal et je n'arrive pas à lutter en dépit du bon sens, contre lui. "Inconnu d'une nuit" m'envoie des signaux pour en quémander une autre et je capitule au milieu de la piste.

Sans en connaître la véritable raison, je me laisse emporter par son pouvoir d'attraction. Tel un aimant, son pôle attire inexorablement mon opposé. Mon corps communique avec le sien, un langage dont ils sont seuls à comprendre. Une bulle hermétique s'est construite autour de nous, seule la musique la perse et nous anime pour ne faire qu'un. Enlacés, collés serrés, sur un rythme lent et érotique. L'odeur du sexe se dégage de nos pores, mélange de tentation incontrôlable, d'excitation partagée, d'une soif de l'autre, d'une pulsion impétueuse. Ils se reconnaissent, se réclament, s'enflamment et s'embrasent...

Hypnotisée par les vagues successives de ses iris voilés de désir, je me laisse guider entre ses bras et absorbe la chaleur de ses mains qui progressent sur mon corps. Chaque caresse m'envoie une décharge électrique dans mon bas ventre. Chaque souffle devient plus cuisant. Chaque battement de cœur explose un peu plus fort dans ma poitrine.

Mes doigts tracent leur route sur ses avant-bras aux motifs indélébiles, remontent sur ses épaules larges et s'enlacent derrière sa nuque en sueur. Sa bouche n'est qu'à quelques centimètres de mes lèvres et pourtant, je peux la sentir comme si elle était partout sur moi.

Une brûlure incandescente se dépose sur mes lippes et sa langue vient chercher la mienne. Avide de la goûter, il envahit l'espace avec impatiente, ferveur et domination. Le rythme est imposé, exigeant, dicté par la passion.

Mon cœur bat trop vite, mon oxygène se fait la malle, un vertige s'immisce entre lui et moi. Une sensation d'hypoxie m'envahit, je commence à manquer d'air et resserre mes paupières closes pour revenir sur terre, puis...

Le vide...

Mes bras tombent le long de mon corps, tel un poids mort...

J'ouvre les yeux, perdue entre rêve et réalité. Entre fantasme et frustration. Ma vision est floue, la lumière agresse mes pupilles. Comme dans un épais brouillard, mes globes oculaires se mettent en mouvement et le cherchent autour de moi. J'aperçois des têtes blondes, des visages qui se déforment, un amas de corps qui se tortillent et se mélangent. Mais pas un seul signe de mon inconnu d'une nuit.

Où est-il ?

La musique me vrille les tympans, un brouhaha assourdissant cogne dans mon crâne et la panique s'infiltre sous ma chair qui transpire sous cette chaleur suffocante.

Je me fraye un chemin et bouscule les ombres pour sortir de cette fournaise. Je prends la direction des toilettes, mais Maëlys me stoppe dans ma lancée, inquiète.

— Ça ne va pas ?

— J'ai besoin de me rafraîchir, il fait drôlement chaud ici, répondis-je, pour cacher mon trouble.

— Tu veux que je t'accompagne ?

— Non, ça va aller... Je reviens tout de suite... Recommande-moi un verre, tenté-je.

J'ai besoin d'être seule...

Elle me sourit et opine du chef, hésitante, puis se retourne vers le barman avec deux doigts en l'air.

J'accède enfin au petit coin et prends appui sur un lavabo, les yeux fixés sur le miroir. Mon teint est cramoisi, en sueur et mes pupilles sont dilatées. Je reprends mon souffle et fais couler l'eau que je cueille entre les mains. Je m'asperge le visage, tamponne ma nuque et reçois cette fraîcheur comme un bienfait. Mes poumons respirent de nouveau convenablement, mes palpitations ralentissent et je retrouve un semblant de retour à l'équilibre.

Pourquoi est-il venu s'accrocher à moi, pour m'abandonner en un tour de main ? Pourquoi est-il venu me chauffer pour mieux me refroidir ?

C'est quoi son problème ?

Et surtout, c'est quoi "Mon" problème ?

Ça m'apprendra de faire une entrave à mes principes. J'ai vraiment été idiote de croire qu'un simple écart n'était qu'une goutte d'eau dans un océan. Il a créé en moi un tsunami et cette déferlante a failli me projeter contre un rocher. Douloureux avec un goût amer.

Une débutante...

Voilà ce qui reflète dans ce miroir. Moi Valentine, je me suis laissée avoir par mon libre arbitre. Et pourtant je refuse que cette déception piétine la vie que j'ai choisi. Plus de cris, plus de larmes, plus rien de tout cela, dans mon existence de femme. Ça c'est une promesse que je vais tenir et ce n'est pas ce sorcier qui va venir avec sa magie noire, enrayer d'un coup de baguette, tous mes plans.

Je respire un grand coup et reprends du poil de la bête. Je m'essuie les mains et sors pour regagner ma place près de Maëlys. J'arrive au bar et m'arrête net sur mes pieds, interdite, cachée au milieu de la foule et observe la scène qui se joue devant mes yeux.

Ce mage noir discute avec ma collaboratrice et je constate qu'il n'y a rien d'amical entre eux, c'est plutôt houleux, comme un règlement de compte. Son regard est menaçant, colérique, tandis que Maëlys gesticule avec des mouvements bruts, puis tente de le retenir, mais il arrache son bras de sa poigne et se précipite vers la sortie, sans se retourner.

Je me rapproche, pose mes fesses sur le tabouret à côté d'elle et un sourire de façade inonde son visage, mais ses yeux, eux ne sourient pas.

— Tiens, ton verre... Tu te sens mieux ?

— Beaucoup mieux...

J'avale ma tequila cul sec et juste avant de prendre le quartier de citron, ma curiosité l'emporte sur ma conscience.

— C'était qui le type ?

— Ce n'était personne, se défend-elle.

— Pourtant vous aviez l'air de vous connaître... C'était plutôt animée cette discussion...

— Juste un mec qui voulait me payer un verre... Mais je lui ai dit que je n'étais pas seule, alors il a mal pris mon refus, tu vois ?

— Je vois bien oui, répondis-je, en mâchouillant mon citron pour camoufler mon ironie.

Je suis persuadée que c'était, bien autre chose qu'un simple verre. Pourtant je n'insiste pas et préfère passer à autre chose pour éviter tout malentendu. Sinon, c'est elle qui va trouver bizarre mon intérêt soudain pour cet inconnu.

Nous ne sommes restées que le temps d'un dernier verre, puis nous avons chacune regagnée notre appartement. L'ambiance n'était plus au rendez-vous, sa tête était ailleurs et pour ma part, j'étais dans le même état.

J'ôte mes vêtements et file sous la douche. L'eau bouillante dénoue peu à peu mes muscles endoloris et évacue les traces que cet inconnu a déposé sur mon corps. La vapeur d'eau dilate mes pores et la chaleur apaise mes tensions.

Entourée dans une serviette, je déambule dans mon appartement et feuillette mes croquis à la recherche du sommeil. Je m'assieds et attrape un fusain entre mes doigts. Les coups de crayons s'activent sur le papier. Un trait à droite, une courbe à gauche, je me laisse inspirer par la mélodie de la vie citadine et les flashs qui brouillent mon esprit, pour donner forme à mon dessin.

Un nouveau modèle prend vie sur le fond blanc... Le rouge prédomine, le noir recouvre les espaces blancs, et le nom de cet ensemble ne laisse aucun doute quant à son pouvoir de séduction.

"Magie noire" est née...

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Hello mes choupinettes,

Je n'ai pas pu attendre plus longtemps pour vous faire partager ce cinquième chapitre et vous le présente avec une journée d'avance. (Je suis une chouette fille, n'est-ce pas ? )😁

Celui-ci, je le dédie à @sarahaurlie , merci pour ta lecture et tes commentaires. C'est super important pour l'auteure que je suis. Mon cœur de guimauve est très touché.😍

Apparemment, cet inconnu utilise sa magie pour faire fondre littéralement Valentine. J'aime beaucoup ce côté imagé, pas vous ?😋😉

La suite va venir dans quelques jours, en attendant soyez sage, mais pas trop...😏

Big Bisouxxx😘😘😘

Bina