Des mois se passent, les saisons tournent et changent. 

Il est revenu plusieurs fois à Miami depuis cette fameuse nuit. Ses pas, ses pensées, tout le guide vers elle, sans qu'il ne puisse résister. Nos deux amants, enfermés dans une chambre d'hôtel se retrouvent. Immuablement, à chacune de leurs rencontres, ils se promettent qu'ils vont en rester là. Puis tel des drogués en manque, ils finissent toujours par y revenir, dans cette petite pièce qui accueille leurs ébats, à la décoration chargée, à l'ambiance tamisée et électrique.

Il lui murmure qu'ils ne sont que des amis, il ne peut pas s'engager. En son for intérieur, elle sait qu'ils se mentent. Des amis ne savent pas le goût l'un de l'autre. Cela fait trop longtemps que cette situation dure entre eux. Elle ne pourrait supporter que cela s'arrête maintenant. Comme il ne pourrait supporter de la perdre. Chacun d'entre eux espère sans se l'avouer que l'autre ne laissera pas tomber.

Le store vénitien dessine des ombres chinoises sur sa peau veloutée parfaite, cela fait longtemps qu'ils ne se sont vus et la tension est palpable entre eux. Elle passe les doigts dans les cheveux du jeune homme pour l'attirer vers elle. Leurs lèvres se trouvent et se cherchent, ils s'enivrent de leurs caresses. De ses lèvres, il la déshabille, elle le retient sur sa bouche. Leurs baisers sont vitaux, ils ne peuvent s'arrêter. Chacun d'eux crie en son for intérieur : « N'arrête pas ! »

Elle adore quand il l'appelle « Señorita », il le devine à sa façon de fondre dans ses bras, à ses pupilles dilatées de plaisir. Elle s'abandonne complètement. Et lui attends ses appels, telle la bouffée vitale d'oxygène qui manque à sa vie. Il lui est tellement difficile de la quitter, il le devrait, mais chacune de ses caresses, c'est... Il devrait partir mais, sans qu'il ne puisse dire comment, elle le fait toujours revenir à elle.

Des mois que cela dure, inlassablement, ils finissent par se retrouver.

Depuis tout ce temps, il revient à Miami pour elle. Mais son esprit refuse de l'avouer. Il se dit que c'est la ville. Elle vous fait perdre toute raison, sa moiteur vous alanguit, sa musique vous ensorcelle. La ville, surement...

Depuis tout ce temps, elle s'impatiente de ses retours. Elle ne vit que pour lui. Si seulement, il n'était pas si difficile de le quitter! Elle devrait s'enfuir, loin. Mettre un terme à tout ça. Elle se sent trahie par ses sens...

Leur addiction n'a aucune limite. Chacun espère sans se l'avouer que cela signifie quelque chose pour l'autre. Ils ont juste à prononcer leur nom mutuellement, pour se rejoindre. Physiquement, spirituellement.

Dans le creux de l'oreille, presque silencieusement, ils se murmurent : Appelle-moi et je viendrais à toi. Appelle-moi et je jouirai pour toi. Dis mon nom, je m'abandonnerai à toi.

Ils se disent qu'ils ne devraient pas. Et pourtant... Ils finissent toujours par revenir l'un vers l'autre.