_RÉALITÉ_


Alys resta totalement stoïque face à son téléphone. Il ne comprenait pas pourquoi Niamh avait fait preuve d'autant d'agressivité. On aurait dit qu'il lui reprochait sa gaieté.

Les sourcils froncés, Alys appela son petit ami à plusieurs reprises : en vain. Niamh ne décrochait pas.

Alys quitta sa chambre d'hôtel pour rejoindre celle de Myles. Il était certain d'y retrouver tous ses amis en train de jouer à la console (c'était typique de ceux-ci).

Alys ne prit même pas la peine de toquer, qui entra directement.


- Les gars, j'ai un problème !


Après qu'il ait faussé compagnie au reste du groupe, au staff, ainsi qu'à James Parker à l'aéroport de Dublin, Alys avait été contraint et forcé d'expliquer à ses amis pourquoi il avait dû partir. Ils avaient dû faire une nuit blanche le temps de tout raconter, s'attirant une nouvelle fois les foudres de leur manager en voyant leurs mines de déterrés. Alys avait d'ailleurs expliqué des excuses bateau à Parker, qui n'avait pas vraiment eu l'air de le croire.


- C'est à propos de Miamh ?

- Niamh ! S'emporta Alys sous les rires des autres. Commence pas Waël.


Mirai tapota la place entre lui et Finn. Alys referma la porte avant de les rejoindre.


- Il m'a envoyé un message super bizarre à l'instant... J'ai essayé de l'appeler, mais il ne répond pas ! se lamenta t-il.

- Fais voir.


Il donna son téléphone à Finn et, immédiatement, les trois autres se penchèrent pour mieux voir.


- Il attendait une réponse de son médecin, tenta doucement Finn, peut-être qu'il l'a reçue...


Alys bondit sur ses pieds, les yeux écarquillés. Sans qu'il ne le veuille, des larmes se mirent à couler le long de ses joues.


- Tu veux dire que... il ne pourra pas être soigné ?


La voix d'Alys n'était plus qu'un souffle. Sa lèvre inférieure tremblait tellement qu'il dût la mordre.


- Non... C'est pas possible...


Mirai se leva pour passer un bras autour des épaules de son meilleur ami.


- On était censé retourner en Angleterre que dans deux jours. Tu voulais lui faire la surprise à ce moment-là, mais c'est pas très grave. Tu l'avances. De toute façon, nous n'avons rien prévu d'autre que de visiter la ville. Parker ne pourra pas te retenir.


Finn s'approcha d'Alys pour sécher ses larmes, alors que Myles et Waël venaient également l'entourer.


- Fonce rejoindre ton amoureux, on te couvrira auprès de Parker si besoin.


Le ventre d'Alys se serra délicieusement en entendant cela.

Il renifla un grand coup avant d'acquiescer. Il étreignit une dernière fois ses quatre amis -les meilleurs qu'il pouvait rêver avoir-, puis courut dans sa chambre d'hôtel chercher ses affaires.

Dans la nuit noire de la ville, seulement teintée des chaleureuses lumières des lampadaires, Alys s'enfuit en direction de l'aéroport sans un regard en arrière.


***


Alys arriva hors d'haleine devant l'hôpital. Il donna quelques billets au chauffeur sans savoir combien il donnait réellement.

Alys, ses valises à la main, se précipita dans l'enceinte de l'hôpital. Il ne prit pas la peine de passer par la secrétaire (celle qui avait tout balancé dans les journaux) pour courir jusqu'au bon étage où il s'arrêta devant la porte qui affichait toujours le numéro vingt-huit.

Alys reprit son souffle. Il toqua de petits coups, avant d'entrer dans la chambre. Niamh se trouvait là, allongé au milieu des draps, le teint cireux et des cernes encore plus grands que la dernière fois qu'il l'avait vu. Toutefois, Alys le trouvait beau. Il n'avait pas changé.

Le chanteur se précipita à son chevet, après avoir abandonné ses affaires au milieu de la chambre. Niamh était vraisemblablement endormi. Il avait les paupières closes et ses lèvres étaient légèrement entrouvertes, laissant passer un souffle régulier et apaisé. Alys glissa sa main dans les cheveux de Niamh, récoltant un faible gémissement, ce qui lui arracha un sourire.

Finalement, Niamh ne tarda pas à s'éveiller. Il papillonna un instant des yeux, avant de quitter complètement le monde des songes. Il bâilla, puis son regard se posa sur Alys, juste à côté de lui. Il marqua un temps d'arrêt, avant de froncer les sourcils et de le repousser.


- Qu'est-ce que tu fais ici ? S'énerva immédiatement Niamh.


Surpris, et blessé, Alys se recula sans pour autant se lever.


- Je passe voir mon copain, je n'en n'ai pas le droit ? Se vexa-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine.


Un éclair de tristesse traversa le regard gris de Niamh. Il détourna la tête pour regarder à travers la fenêtre.


- Bientôt, je ne le serai plus... Souffla-t-il.


Si bas, qu'Alys dût tendre l'oreille pour l'entendre. Son cœur rata plusieurs battements, tandis qu'il se sentait pâlir.


- Co... Comment ça ? Balbutia-t-il.


Niamh posa une seconde ses yeux sur lui, avant de baisser la tête en soupirant.


- Le médecin est venu me voir ce matin pour me dire ce qu'il en était suite à mes récents exemens, dit-il.

- Et ?


Alys était suspendu à ses lèvres. Son cœur battait à présent la chamade et il craignait que son muscle ne déchire sa poitrine tant son rythme était puissant et rapide.


- Et ?! Le pressa Alys en attrapant la main de Niamh, toutefois avec douceur.


Ce dernier encra son regard bordé de larmes dans le sien. Alys sentit qu'il n'en menait pas large non plus.


- Ne me dis pas que... Non.


Les larmes affluaient de plus en plus au coin des yeux d'Alys, qui faisait tout pour les empêcher de couler.


- L'opération est trop à risque pour que je la fasse. Ils ont peur que je ne tienne pas le coup et que je meurs sur la table d'opération... Avoua finalement Niamh sur un ton lugubre. J'ai trop attendu pour le faire. Maintenant, il est trop tard...


Les larmes débordèrent finalement le long des joues d'Alys. Son regard était fixé sur le mur en face de lui. Il ne disait rien. Il pleurait simplement en silence. La chambre était silencieuse. Seuls les réguliers reniflements du chanteur se faisaient entendre.

Au bout de longues minutes, Alys sortit de triste torpeur. Il regarda Niamh.


- Je veux voir ton médecin, déclara-t-il d'une voix étonnement grave.


Niamh hocha doucement la tête, en silence. Il appuya sur un bouton pour qu'une infirmière vienne dans la chambre.


***


- Faites cette putain d'opération.

- Je ne peux pas. Sans l'accord du patient et des parents, il m'est impossible d'intervenir.


Alys passa une main dans ses cheveux, au bord de la crise d'hystérie. Il se tourna à nouveau vers le médecin. Son cerveau tournait à plein régime.


- Niamh est majeur. Il n'a pas besoin de l'accord de ses parents. Il peut très bien décider tout seul ? Proposa-t-il.

- Nous attendons la visite de ses parents.


Alys se retint de lancer son poing dans le mur le plus proche. À la place, il retourna dans la chambre de Niamh. Il s'allongea sur le matelas, près de son petit ami. Il passa un bras par-dessus la taille de ce dernier.

Niamh s'était rendormi. Il devait être sacrément épuisé ces derniers temps. Sa lutte constante contre son cancer devait lui prendre toute son énergie.


- Je trouverai une solution, mon ange. Je te le jure.


Alys déposa un baiser à la commissure des lèvres de Niamh, puis se leva. Il récupéra son carnet fétiche dans l'un de ses sacs (qui avaient tous été déplacés dans un coin de la chambre), ainsi qu'un crayon de bois. Il s'installa à nouveau sur le lit. La lente et régulière respiration de Niamh lui permit de trouver le calme qu'il recherchait dans la tempête tumultueuse qui faisait rage dans son cœur et dans son esprit.


***


Alys aida Niamh à s'asseoir correctement sur son lit. Une fois fait, il s'assit à ses côtés. Ce fut à ce moment-là qu'il se rendit compte d'à quel point Niamh était vraiment faible.


- Au fait, c'était quoi la bonne nouvelle que tu voulais m'annoncer ? Questionna Niamh.

- Simplement que je revenais en Angleterre plus tôt que prévu, répondit Alys en caressant doucement le bras nu du plus jeune. Je ne t'aurais pas dit la date, mais j'étais certain que ça t'aurait fait plaisir.


Niamh acquiesça lentement. Un maigre sourire étira ses lèvres.

Soudain, il se courba en avant et se mit à tousser. Alys se redressa brusquement, en alerte. Niamh se mit à cracher du sang qui vint tacher sa couverture. Il essuya le coin de sa bouche, affichant une petite mine triste.


- Je ne voulais vraiment pas que tu me vois dans cet état.

- Tu comptais me le dire quand que ça avait empiré à ce point ? Demanda Alys.


Il bouillonnait de colère. Pas contre Niamh, mais contre sa maladie qui avançait de jour en jour et qui ne tarderait pas à l'emporter.


- Je vais chercher une infirmière.


Niamh ne protesta pas.


***


Alys était assis sur le petit bureau, dans un coin de la chambre de Niamh. Cela faisait seulement vingt-quatre heures qu'il était arrivé à l'hôpital, pourtant il était plus épuisé qu'après des mois de tournée.

Alys mordilla le bout de son stylo, tandis qu'il réfléchissait. Une idée lui était apparue à l'esprit, alors qu'il se trouvait dans l'avion qui l'emmenait vers l'aéroport de Londres. Une idée pour une future chanson. Une composition de sa création qu'il voulait dédier à Niamh. Il avait une mélodie qui lui trottait en tête, mais il n'était pas certain qu'elle puisse coïncider avec le thème de la chanson.

Soudain, la porte s'ouvrit sur sa gauche, le faisant relever la tête. Son visage s'assombrit immédiatement en voyant deux adultes, qui devaient très certainement être les parents de Niamh. Ce dernier avait été emmené ailleurs -dans un endroit dont Alys n'avait pas retenu le nom- afin d'être changé suite à sa dernière quinte de toux.

L'homme et la femme qui venaient d'entrer le regardèrent, moitié étonné, moitié suspicieux.


- Vous êtes le garçon de ce groupe d'adolescents, non ? Remarqua la femme. Alice, c'est cela ?

- Alys, le corrigea celui-ci.


La femme balaya l'air de sa main, n'en n'ayant très certainement rien n'à faire.


- Que faites-vous dans la chambre de notre fils ? Interrogea le père, qui semblait beaucoup moins coincé que sa femme.

- Je...


Alys hésitait. Il n'était pas certain que Niamh ait mis au courant ses parents de son orientation sexuelle. Aussi, il préféra jouer la carte de la sécurité.


- Je suis un ami, j'ai pris deux jours de congé pour venir le voir et rester avec lui.


La femme souffla d'une manière dédaigneuse. Son mari posa une main sur son épaule.


- Chérie, Niamh ne peut pas empêcher ses amis de lui rendre visite.

- Il n'a pas d'amis. Il est malade !


Alys serra les dents. Il respira doucement pour ne pas se lever et dire ces quatre vérités à cette femme qui l'insupportait au plus haut point.

Finalement, les deux adultes s'assirent sur le lit et ne dirent plus un mot. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes, que l'homme se tourna vers Alys pour se présenter. Il s'appelait Pierre et sa femme Emma. Ils avaient trois autres enfants, en plus de Niamh. Deux garçons et une fille, la plus jeune. Ils avaient tous les quatre des prénoms loin d'être ordinaires, ce qui ne surprenait pas tellement Alys.

C'est une heure après l'arrivée de Pierre et Emma, que Niamh fut ramené dans sa chambre. Il était installé dans un fauteuil roulant et ses yeux étaient vides. Il semblait complètement éteint. Le voyant entre de bonnes mains, l'infirmière le laissa là après l'avoir installé sur son lit. Pierre et Emma s'étaient levés.


- Tu n'as rien, mon chéri ? S'empressa de demander la femme.


Elle se jeta sur son fils pour l'étreindre, mais celui-ci la repoussa en affichant une grimace.


- Laisse-moi tranquille ! Marmonna-t-il.


Emma jeta un regard navré à son mari. Elle entortilla le bout de son tee-shirt avec ses doigts, tout en soupirant. Elle commença à s'éloigner.


- Je vais chercher une boisson au distributeur, vous voulez quelque chose à boire ? Se proposa-t-elle.


Tout le monde secoua négativement la tête. Elle sortit, ce qui plongea la pièce dans un silence pour le moins inconfortable. Alys se racla la gorge, gêné. Niamh posa ses yeux sur lui et sourit. Il lui fit signe de venir. Alys s'exécuta. Il ne savait pas combien de temps il resterait ici. Aussi, il avait envie de profiter au maximum de son petit ami.

Alys s'assit sur le bord du matelas. Pierre étant toujours ici, il n'osa pas faire le moindre geste, mais cela ne sembla pas être le cas de Niamh qui lui prit la main pour la serrer. Il n'avait pas quitté Alys du regard. Ce dernier se risqua à jeter un coup d'œil à Pierre, debout devant eux, et celui avait les yeux rivés sur leurs mains enlacées. 


- Tout va bien, ne t'en fais pas, dit Niamh, récupérant ainsi l'attention d'Alys sur lui.

- Tant mieux.

- Le médecin repasse tout à l'heure. Il m'a dit que tu lui avais parlé et c'est pour ça que mes parents sont ici. On va parler du résultat de mes derniers examens pour savoir si je dois prendre le risque de faire cette opération ou non.


Alys se contenta d'hocher la tête, incapable de sortir le moindre mot. Une boule était coincée dans sa gorge et il avait peur de se mettre à pleurer si jamais il se mettait à parler.


***


Alys, une capuche sur la tête et le dos tourné à la rue pour ne pas qu'on le reconnaisse, avait la tête baissée sur son téléphone. Il discutait avec Mirai.


De Mirai : Parker n'était pas en colère contre toi (bizarrement). Il a juste fait une tête étrange quand on lui a dit que tu n'étais plus là.

A Mirai : Okay... Les gars, j'ai vraiment besoin de votre soutien. Je suis pas bien, mais Niamh ne doit pas le voir. Je n'ai pas envie qu'il s'inquiète et qu'il me dise de partir. J'aimerai juste que vous soyez là... En plus, il vous adore aussi (il est fan de vous aussi je vous rappelle !) et ça lui ferait très plaisir de vous voir.

De Mirai : J'en parle aux autres, je te tiens au courant. D'accord ? Tiens le coup mon pote, on est tous avec toi.

A Mirai : S'il ne s'en sort pas, je ne sais pas ce que je vais faire... Je te jure, je crois que je ne m'en remettrai jamais.

De Mirai : Je ne connais pas Niamh, mais je suis sûr et certain que ce gars a une grande force mentale et qu'il ne laissera pas la maladie le vaincre.

A Mirai : J'espère que tu as raison...


Alys soupira. Il rangea son portable dans la poche intérieure de sa veste, avant d'en sortir son paquet de cigarettes. Il en prit une, la coinça entre ses lèvres, puis l'alluma. Il leva à peine les yeux quand la porte principale de l'hôpital s'ouvrit. C'était Pierre, le père de Niamh. Son malaise le rattrapa au galop. Il s'apprêtait même à jeter sa cigarette même pas entamée en voyant que l'adulte s'approchait de lui. Cependant, et à sa grande surprise, il lui en demanda une. Alys lui prêta son paquet et son briquet, avant de récupérer le tout.


- Cela fait longtemps que tu fréquentes mon fils ? Interrogea Pierre sur un ton qui aspirait à la sympathie.

- Plus d'un mois et demi, révéla Alys un grand sourire lumineux.


Il fallait dire aussi que cette rencontre pour le moins inattendue avait donné suite au début d'une merveilleuse histoire. Même si cela pouvait sembler plutôt rapide.


- Et cela fait combien de temps que vous êtes ensemble ?


Alys manqua de s'étouffer avec la fumée de sa cigarette. Il se mit à tousser et réussit, heureusement, à reprendre rapidement une contenance.


- Je... Je...

- Voyons, Alys, rit l'homme, je ne suis pas aveugle. J'ai bien remarqué la façon dont vous vous regardiez tout à l'heure et quand mon fils t'a pris la main.

- Cela ne vous pose pas de problème ?

- Aucun. Pour tout t'avouer, je me doutais bien de l'orientation sexuelle de Niamh. Même si cela ne veut pas dire grand chose, il n'a jamais ramené de filles à la maison. Je sais qu'il est assez timide, mais je pense qu'il aurait tout de même osé nous présenter quelqu'un.


Alys tira doucement sur sa cigarette. Il continua de discuter avec Pierre jusqu'à ce que la nuit commence à tomber et la température à se rafraîchir. Ils décidèrent de retourner dans la chambre de Niamh. Cependant, quand ils y arrivèrent ils surprirent une conversation entre le garçon et Emma.


- Je sais que je n'ai pas été une bonne mère pour toi... Néanmoins, j'essaye de me rattraper tu sais ?

- Oui, avec Ehol, Nayem et Bilal... Rétorqua Niamh sur un ton cynique.

- Ni...

- Ne m'appelle plus comme ça.


Alys entendit un long soupir, qui devait probablement provenir d'Emma.


- Je suis désolée de ne pas avoir été à la hauteur de tes espérances.


Niamh émit un petit rire sans joie. Il y eut le son d'un bruissement de draps, suivi de quelques pas qui foulèrent le sol. Alys recula inconsciemment : il avait beau être caché dans l'entrée de la chambre avec Pierre, il ne voulait pas être pris en flagrant d'élit d'écoute intrusive.


- Tu peux l'être, répondit Niamh.


Il marqua une courte pause, avant de poursuivre :


- Au fait, Alys aura le droit de rester là autant qu'il le voudra. Peu importe ce que tu en diras.


Alys, comprenant que la discussion était close, s'avança dans la chambre en faisant comme si de rien n'était. En le voyant, Niahm, qui s'était levé, s'avança vers lui avec gaieté pour l'enlacer.


- Où étais-tu passé ? S'exclama-t-il en souriant.

- Je fumais une cigarette en discutant avec ton père, répondit Alys.


Les sourcils de Niamh se froncèrent.


- Tu f...

- Bonjour !


Tout le monde se retourna vers le médecin qui venait d'entrer dans la pièce. Pierre avait rejoint Emma, tandis que Niamh resserrait son emprise autour de la taille d'Alys.


- Bonjour, répondirent-ils.

- Je viens vous voir suite aux résultats de vos examens, Niamh.  Asseyez-vous.


Ils s'exécutèrent tous les quatre, en s'installant sur le lit. Même Niamh parvenait à rester ainsi, sans ressentir le besoin de s'allonger pour être plus à l'aise. Le médecin resta debout, face à eux.


- Nous avions vu tous les deux que faire une opération était très risquée, reprit-il.

- Pourquoi ? L'interrompit immédiatement Alys. En quoi elle consiste exactement ?

- Et bien la santé de Niamh étant très fragile, j'ai bien peur que son cœur ne tienne pas le coup. De plus, les cellules cancéreuses ravagent -bien trop- rapidement son estomac étant donné qu'il n'a suivi aucun traitement.


Niamh baissa la tête, se sentant affreusement coupable. Il avait joué avec sa vie, même si pendant un moment il s'en fichait totalement de ce qui pouvait lui arriver.


- L'opération permettrait de retirer la partie de l'estomac de Niamh qui est touchée par la tumeur.


Le souffle d'Alys se coupa dans sa poitrine. Instinctivement, ses mains se resserrèrent sur la taille de son petit ami.


- Il faut qu'il fasse l'opération, alors ! S'écria-t-il.


Niamh releva des yeux tristes dans sa direction.


- Tu n'as pas entendu ? Je peux mourir...

- Et alors ? Enfin non, pardon, je m'exprime mal. Ce que je veux dire, c'est que si tu ne fais pas l'opération, de toute façon ton cancer va forcément t'emporter. Alors quitte à... mourir, autant le faire.


Alys planta son regard dans celui de Niamh. Celui du chanteur brillait, car il voyait là un espoir de guérison chez son petit ami. Niamh sembla le comprendre, car il semblait être sur le point de pleurer.


- Merci, Alys, merci.


Devant le regard de ses parents et du médecin, Niamh se hissa légèrement sur la pointe des pieds pour embrasser Alys qui, bien que surpris, sourit.


- Maintenant, je me tourne vers vous... Emma, Pierre. Que souhaitez-vous faire ?


Les parents de Niamh n'eurent qu'à échanger un simple regard pour se mettre d'accord. Evidemment, qu'ils acceptaient de faire cette opération. Ils feraient tout pour sauver la vie de leur fils.


***


Alys était en train de ranger ses affaires dans l'un de ses grands sacs, sous le regard peiné de Niamh qui était assis sur le bout de son lit.


- Tu es vraiment obligé de partir ? Soupira le cadet.

- Oui... Je dois retourner bosser.


Alys offrit un petit sourire désolé à Niamh, qui grimaçait. Le chanteur abandonna ses affaires pour le rejoindre et l'enlacer, tout en déposant un chaste baiser sur ses lèvres.


- On a quand même passé deux jours ensemble, c'est le maximum que je puisse te donner pour le moment... Dit Alys.

- Je sais, ton boulot te prend beaucoup de temps... Souffla encore Niamh.

- Ne m'en veux pas !

- Je ne t'en veux pas.


Niamh sourit et tendit ses lèvres pour qu'Alys l'embrasse, ce qu'il fit.

Soudain, quelques coups furent frappés contre la porte. Les deux garçons, loin d'avoir envie de se séparer, continuèrent de s'embrasser dans leur petite bulle de bonheur. Cependant, n'ayant certainement pas envie de les laisser tranquille, la porte s'ouvrit tout de même.


- Bonjour ! Nous sommes là pour rencontrer un certain Niamh ! On nous a dit qu'il était ici, en compagnie de son affreux petit ami Alys, qui est, à ce qui paraît, un vrai tyran !


Alys s'écarta vivement de la bouche de Niamh dans un bruit humide. Ce dernier n'était pas en reste, puisque la stupeur se lisait également sur son visage. Il s'était même figé sous la surprise.

Avec une lenteur infinie, Niamh tourna la tête vers la gauche.


- M... Mirai... Fi-Finn... Waël, Myles !  Balbutia-t-il.

- Enchanté !


Mirai s'avança vers le jeune adulte en tendant sa main. Niamh mit un certain temps avant de réussir à la serrer. Myles, Waël et Finn se succédèrent pour en faire de même.

Alys, de son côté, était plus que ravi. Ils allaient passer le reste de la soirée rien que tous les six jusqu'à ce que ce soit l'heure pour eux de partir rejoindre leur maison commune. Parker avait prévu quelques choses pour eux.

L'après-midi se passa dans la légèreté, l'amusement et la joie. Alys avait présenté Niamh comme son petit ami officiel auprès de ses amis, qui avaient été très heureux de le rencontrer. A l'inverse, Niamh s'était très bien entendu avec les amis d'Alys et ses idoles. Ils avaient pris un bon nombre de photos et Niamh les avait laissé partir avec des étoiles plein les yeux et un sourire brillant sur les lèvres.

Après un dernier baiser échangé entre Alys et Niamh, le groupe s'en alla en laissant un jeune adulte heureux et comblé.

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