Lettre 8
Mon Ange,
Ces jours-ci, je songe plus que jamais à la Mort. Et puisque vous semblez être reliés, tu ne quittes pas mes pensées.
Je ne mange plus, je n'en ai plus la force. Mon corps rejette toute sorte de nourriture, malgré les protestations de mon estomac. Je suis rattrapée par tout ce qui fait encore de moi une humaine, un être fait de chair et doué de sentiments. C'est bien dérisoire, bien futile, mais c'est la réalité ! Mon corps faiblit et je ne suis que l'ombre de moi-même.
Un morceau de miroir brisé et l'image que je fuyais tant est apparue. La mienne, celle de mon enveloppe charnelle émaciée, squelettique. Je n'ai pas pu quitter cette vision du regard, hypnotisée par l'horreur qui me faisait face. Je ne saurais te décrire cela, Danaël, aucun mot existant n'est assez fort ! L'incompréhension ne me quitte plus. Quelles sont ces veines vertes qui parcourent ma peau ? Pourquoi mes cheveux ont-ils pris cette couleur verdâtre ? Qui était cet être qui ne me ressemblait en rien ?
J'ai su à cet instant que la princesse Jadina était morte. Que celle que j'ai été n'était qu'un souvenir. Qui suis-je dans ce cas ? J'aimerai tant savoir, Danaël ! Me débarrasser de ce sentiment insupportable, celui d'être inconnue à sa propre personne.
J'ai jeté le bout de verre à l'autre bout de la pièce et le fracas a résonné pendant de longues minutes à mes oreilles. La coupure de ma main, je ne la remarque que maintenant. Le stylo fait pression sur la plaie et me rappelle les conséquences de ma folie. Le sang, vert, a cessé de couler, mais j'en garde un souvenir amer.
Dans le coin de la maisonnette, une horloge se dresse dans l'ombre. Je ne crois ne l'avoir jamais remarqué ... Peut-être même est-ce la démence qui vient de la créer. Je ne sais quoi en penser, mais sa silhouette dessine une ombre lugubre jusqu'ici. J'entends son « Tic-tac » régulier, dont le rythme s'apparente à celui de mon cœur. Le cadran et les aiguilles sombres laissent présager l'urgence qui me dépasse. Le malaise que je ressens ne peut t'être décrit, Danaël. Une terreur sourde que ce bruit intempestif ne rendait que plus vive.
On dit que les sentiments nous font nous sentir humain. C'est vrai et je n'ai jamais souhaité être l'exemple même de l'insensibilité. Ne plus être moi et quitter ces lieux macabres. L'ombre de l'horloge s'approchait toujours et menaçait de m'engloutir toute entière. Je priai les Dieux qui m'avaient abandonnés là. Je te suppliai toi, de bien des manières, de me venir en aide. J'implorai une quelconque justice en cette terre.
Pitié, sauve-moi de ce rien que je suis devenue,
Jadina.
La huitième lettre aujourd'hui, la dernière avant ... Nan, je dis rien de plus XD
J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir si c'est le cas (si vous avez des critiques à me faire part, je prends aussi :)
Byye
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