Lettre 7

Mon héro,

Le rayon de Soleil d'hier n'est plus qu'un souvenir. Un de ceux aux goûts amers de mélancolie. Qui sert le cœur dans un étau et nous arrache une larme dans un moment de solitude.

Cette nuit, j'ai laissé le sommeil s'emparer de moi, je l'ai rejoint comme une vieille amie. Et je m'en veux, Danaël, crois-moi ! Je suis restée prisonnière de ses limbes sombres et familiers des heures durant. Mon enfer personnel a refait surface au moment où je m'y attendais le moins. Un rêve qui se transforme tout à coup en cauchemar. Les couleurs lointaines qui laissent brusquement leur place à l'obscurité oppressante.

La beauté et la laideur avaient communiées pour ne former plus qu'un. Une saveur fade qui me rappelle douloureusement ma vie. Comment devrais-je te décrire ce cauchemar ? C'était toi à l'intérieur, ma plus grande crainte et mon unique faiblesse. Tu avais l'air douloureusement vivant et puis, l'instant d'après, terriblement inerte. Tes reproches résonnent encore à mes oreilles et je ferais n'importe quoi pour les oublier.

J'espère de toute mon âme que l'être qui hante mes nuits n'est pas toi. Que si je viens à te rejoindre, tu comprendrais ma douleur et mes choix. Je me suis imaginée ce moment mainte et mainte fois. Je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire des scénarios. La crainte et l'envie demeurent presque identiques.

J'ai tellement besoin de toi. En ce matin froid plus que n'importe quand, plus que tous ces mois passés à attendre. A attendre quoi ? Qu'est-ce que j'attendais, en vérité ? Ton retour ? C'était inespéré, impossible et même mon esprit dément ne pouvait y croire. Un signe ? Sans doute, oui. Quelque chose qui me montrerait la voie à suivre. Presque rien qui me donnerait à espérer encore un peu.

En vérité, je n'avais aucune idée de ce qui peut bien me retenir en ces lieux. Pourquoi continuer à souffrir alors qu'il ne me restait plus rien de précieux ici ? La vie avait perdu toutes ses couleurs, toute sa beauté. La lumière, c'était toi, Danaël ! Et maintenant ? L'obscurité baignait mon monde sans le moindre espoir de renouveau.

Je pense à ce que j'ai vécu. A ce que nous avons vécu ensemble, toutes ces épreuves et toute cette douleur. Je songe à l'héroïne que j'ai été jadis aux yeux de bien des gens. La princesse Jadina qui venait à bout de n'importe quel ennemi aux côtés de ses compagnons, les Légendaires. Les souvenirs ne m'inspirent plus que la mélancolie, une tristesse qui ne peut me quitter. Parce que celui que je suivais alors corps et âme n'est plus là pour moi. J'erre désormais seule, ton ombre n'est que le fruit de mon imagination.

Je me sens comme prisonnière d'un torrent. Les rapides me secouent comme une vulgaire poupée désarticulée. Les eaux sombres entrent dans mes poumons avec un étrange goût de sang. J'arrive à sortir le visage de ce liquide épais et immonde, j'arrive à inspirer une bouffée d'air. Cet oxygène vicié qui ne m'apporte aucun réconfort. Et c'était ça la vie ?

Je suis épuisée, le temps me détruit peu à peu et la folie me consume entièrement. C'est peut-être la plus douce des agonies, aimer la douleur qui nous condamne. N'y a-t-il pas meilleur fin ?

Je peux continuer à vivre, fort de cet espoir irraisonné et qui menace de s'écrouler. La folie que je sens grossir en moi ne mettrait pas longtemps à faire de moi sa marionnette. Je pouvais me laisser faire, attendre que la vie fasse de moi ce que bon lui semblera.

Ou alors me donner la mort. L'accueillir comme une amie de toujours qui m'apporterait tout ce que j'avais bien pu rêver. La fin de tout et le début d'une ère nouvelle. Je laisserai derrière moi toute cette douleur, ce monde dont je ne veux plus. J'offrirais à cette terre un dernier regard, un unique adieu. Sans regret, je laisserai Alysia à son propre destin. Si mon chemin doit s'arrêter là, je sais que cette planète a encore un avenir devant elle. Un avenir dont je ne ferais sans doute pas partie. J'appartiens à un autre monde, à une créature oubliée de tous. C'est à toi, que j'appartiens, Danaël et rien ne peut prétendre le contraire !

Je suis tienne, voilà la seule certitude,

Jadina. 


Un chapitre un peu plus long, cette fois. C'est encore bien en dessous de ce que je fais d'habitude. 

Je me rends compte que l'on se rapproche vraiment de la fin, puisque la dernière lettre sera un peu à part et que celle d'avant sera aussi, un peu spéciale. 

J'espère dans tous les cas que cette partie vous aura plu. Que ça n'en devient pas trop redondant. Dites-moi tout dans l'espace commentaire et pensez à la petite étoile, c'est elle qui illumine mes journées (je pars trop loin x3). 

Ciaooo 

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