Lettre 6

Mon leader,

Aujourd'hui, j'ai été prise d'un élan de courage. Avant ta mort, cette valeur en m'avait jamais manquée, elle faisait partie de moi au même titre que mon intelligence. Mais depuis ta disparition, je n'y parvenais plus. Qu'était devenue la grande Jadina ? La Légendaire, la princesse qui avait sauvé Alysia à deux reprises ? La réponse était telle que l'écrire m'était presque insupportable. Que diraient-ils s'ils me voyaient ? Pauvre loque réduite à l'incapacité la plus totale !

Mais ce jour-là et pour la moindre raison, j'ai pris en compte tout cela. Je voulais me prouver quelque chose, aussi futile et sordide soit-elle. Parce que la nature même m'effrayait, me faisait souffrir. Derrière la vitre crasseuse, il m'arrivait de l'observer pendant des heures. Cette vie flamboyante et toutes ses couleurs, rien de bien important en somme. Mais c'était tout ce que je n'étais pas, tout ce que tu ne serais plus. Et cette pensée me laissait en bouche un goût amer, accompagné d'une douleur sourde dans la poitrine.

En me levant ce matin, alors que la Soleil se dessinait seulement derrière l'horizon, j'ai pris ma décision. Je voulais sortir pour la première fois depuis longtemps. Depuis combien de temps exactement, Danaël ? Des semaines, des mois ? Peut-être même des années ? Je ne saurais être exacte, le temps m'échappe ici-bas. Entre mes mains ouvertes et je ne fais rien contre.

J'ai passé le seuil de la maisonnette et l'astre de jour était déjà bien haut dans le ciel. Il m'éblouissait de tous ses feux et la clarté n'était jamais parue aussi présente. L'herbe tendre sous mes pieds nus me faisait prendre conscience du corps qui était le mien. Le vent soufflait en une légère brise, soulevant mes cheveux emmêlés. Le silence qui m'avait oppressé si longtemps n'était plus, détruit par une chose bien plus belle. La vie !

Les oiseaux chantaient et une mélodie parfaite atteignait mes oreilles. C'était beau, superbe ! Les couleurs d'une nature sans défaut se reflétaient partout et emplissaient mes sens.

J'aurais tant voulu que tu sois là pour voir ça. Le spectacle en aurait été que plus émouvant. Rien que toi et moi, comme si rien n'était arrivé. La main dans la main, les yeux dans les yeux au paroxysme de la beauté et de la pureté. Le temps n'aurait plus d'influence sur nous et la Mort ne serait que faire. Nous serions invincibles, plus rien ne pourrait nous atteindre ou pire encore, nous séparer. Je ne te quitterai plus, pas même un instant, de peur de te perdre encore. Existerait-il en endroit où nous serions réunis enfin ?

La magnificence n'est qu'à l'extérieur et je m'éloigne trop de toi lorsque je m'y aventure. Les murs pourris et cette immonde endroit me corresponde mieux, tu ne crois pas ? La nature respire une telle beauté que je ne peux y rester trop longtemps, au risque de la contaminer. De rendre sale cette vie en apparence si parfaite.

Le monde a bien le droit aux rêves et les priver de cette période était inhumain. Alysia peut encore se reposer, pleine de songes et d'espérances vaines, les désillusions n'arriveraient qu'après. Le bonheur, je le sais, n'était qu'un avant goût de ce que l'existence peut offrir. La triste et la Mort n'arrive que plus tard, alors que l'on se croit intouchable. Elle frappe au moment où l'on s'y attend le moins, elle nous poignarde dans le dos et si on n'y succombe pas, les blessures restent toujours. Cette terre connaîtra ça aussi, un jour, et j'espère bien ne plus y être lorsque cela arrivera !

Ma souffrance était déjà à peine supportable, alors celle des autres ? Comment l'endurer, comment y survivre encore ? Voir ceux que l'on aime trébucher pour ne jamais se relever. Lire la douleur dans leurs yeux, l'abandon et finalement, la vie s'éteindre pour toujours. Et c'était ça, la vie ?

J'ai honte de laisser ce fardeau à mes compagnes, aux tiens. Les Légendaires devront veiller sur ce bas monde, maintenir la lumière qui y règne. C'était lâche mais je n'ai plus la force de me battre à leurs côtés. A la tête de ce groupe d'héros aux valeurs que je partage mais que mes épaules ne pouvaient plus porter. Mon combat n'avait que trop duré !

Pour le Salut de ce monde et de mon âme,

Jadina.


Et la sixième lettre, avec un peu d'avance. Avec le début de la publication de mon roman, je dois me réorganiser. D'ailleurs, si jamais ça vous dit, n'hésitez pas à y jeter un coup d'oeil. 

Un peu "d'action" au programme et Jadina sort légèrement de sa routine. Ce n'était peut-être pas une bonne idée pour elle mais soit XD 

J'attends, comme à l'ordinaire, vos retours ;3

Bises les poneys 

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