Lettre 3
Mon chevalier,
Que pourrais-je te dire ? Que pourrais-je encore t'apprendre de ce monde qui n'est plus le tien ? Le soleil brille toujours, réchauffe l'air, le vent souffle encore, le ciel, l'herbe et la terre, tout cela n'a pas changé. Enfin, j'imagine.
Tout se ressemble à mes yeux. L'aube et le crépuscule ne sont pas si différents finalement. L'astre du jour qui se joint à la terre, l'embrasse pour disparaître à notre vue de simples mortels. Un mécanisme complexe pour très peu de choses, la nuit qui enveloppe ces lieux. Noire et écrasante, c'est un poids nouveau qui pèse sur les épaules des Alysiens. Je ressens aussi cette torpeur presque malsaine dont l'obscurité a le secret. Je regarde la lune et je me demande si tu me vois, si dans le reflet diaphane de cet astre, tu m'observes. Si ces pâles lueurs luisent aussi sur ton visage, quelque part là-bas.
Tu sais, j'aimerais tellement te dire que tout va bien, que je vais mieux maintenant. Mais ais-je vraiment le droit de te mentir ainsi ? Et je sais que tu connais la vérité, je sens ton regard sur moi à chacun de mes pas. Je pense qu'écrire ces mots sont inutiles, puisque ça ne soulage pas ma peine outre mesure. Mais qu'avais-je à y perdre ? Du temps et de l'énergie ? J'en ais bien assez, trop peut-être.
Les Légendaires vont biens. Mieux que moi certainement et j'en suis heureuse, crois-moi. Les blessures se referment au fil du temps, difficilement mais ils y arrivent ensemble. Les cicatrices restent affreuses, bosselées et bien visibles. Elles leurs rappellent les épreuves, la douleur et les combats. Elles leurs rappellent le plus important de tous, celui qui a changé notre destin à tous. Je comprends ce qu'ils ressentent, mieux que personne. Ce mélange de dégoût et de tristesse qui vous colle à la peau et qui ne partira sans doute jamais. Ces traces nous prouvent que rien n'est acquis, que rien n'est jamais certain. Le destin peut nous échapper, c'est ce que la vie m'a apprise. Je me souviens de ce sentiment, de cette sensation : le temps qui coule entre mes doigts, les événements qui défilent juste sous mes yeux et sans que je ne puisse rien y faire. C'était atroce !
Je sais qu'ils se portent mieux et je ne peux m'empêcher de me trouver bien misérable. Je suis leur leader à présent, mais pas plus qu'une loque sans âme qui broie du noir des heures durant. Je suis bien pitoyable ainsi, bien loin de celle que j'ai été jadis. J'ai bien conscience de ne plus être la même personne.
J'essaie de me rattacher à mes amis, eux qui ont toujours été là pour moi, eux qui renouent avec le bonheur. J'essaie de me nourrir de leur bonheur à eux, de leurs sourires et de leur joie. Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas assez définitivement. Les souvenirs qui les relient à moi sont douloureux et je revois inexorablement tes traits. C'est une déchirure, qui me transperce la poitrine et me cloue au sol, qui me vrille les tympans, qui brûle mon sang dans mes veines. Qui se retrouve dans chaque part de mon être. Cette souffrance, elle est moi et je le sais.
Je t'aime tellement,
Jadina.
J'ai enlevé l'italique, c'est plus pratique pour lire, je pense XD
Des nouvelles des Légendaires par Jadina, ils ne suffisent pas à son bonheur. Elle n'a plus le gout de rien et ces états d'âme tourneront autour de son deuil. Ce qu'elle ressent (ou ce qu'elle ne ressent pas).
J'espère que cette troisième lettre vous aura plu ;3
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