Avant de partir (Jeudi)
Tout avait commencé par un travail d'équipe au lycée. Gabriel Agreste avait demandé maints et maints fois à Adrien s'il n'y avait pas de demoiselle ayant le potentiel de poser pour les industries Agreste, mais le jeune garçon n'avait alors d'yeux que pour sa copine et avait haussé les épaules en affirmant qu'il ne voyait personne. Marinette était une fille d'une grande beauté mais son talent comme styliste était trop précieux, elle devait s'y donner corps et âme.
Puis, un après-midi, Adrien était arrivé avec cette fascinante jeune femme qui avait la silhouette idéale pour devenir mannequin. Ils devaient ensemble terminer un travail, mais la demoiselle avait passé un bon moment dans le bureau de Gabriel à se faire vanter les mérites d'une place au sein de son entreprise.
Voilà déjà plus d'un an que Juleka posait au côté d'Adrien pour les collections destinées aux jeunes adultes. Le duo faisait sensation. Évidemment, les vêtements de l'entreprise Agreste n'avaient rien à voir avec son style habituel, mais dans la vie de tous les jours, Gabriel et elle avait convenu de vêtements et coiffures qui mariait parfaitement les deux styles. Ainsi, elle représentait parfaitement la compagnie tout en ne reniant pas sa nature profonde.
Ce léger changement dans son style avait aussi fait fureur auprès de la gente masculine. Le fait qu'on puisse maintenant admirer ses doux yeux marron n'y était probablement pas inconnu. En dernière année de lycée, elle avait reçu sa part d'invitation et de lettres d'amour. Sa nouvelle carrière lui avait attiré un nombre impressionnant d'admirateurs et elle devait s'avouer que cette soudaine popularité l'avait profondément déstabilisé dans les premiers mois. Être au premier plan n'avait jamais rendu Juleka à l'aise, mais elle se disait que cela ne pouvait que l'aider à grandir. Dans tout ce tumulte, elle faisait preuve d'une très grande maturité pour son âge et cela impressionnait grandement son patron.
Elle s'était beaucoup rapprochée d'Adrien, ce qui l'avait aidé à passer au travers. L'amitié du blond lui était devenue très précieuse, d'autant plus que Marinette était souvent à ses côtés. La présence de son amie d'enfance était réconfortante dans ce monde sans pitié. Lorsqu'ils devaient assister à des soirées officielles, Nino et Alya se joignaient régulièrement à eux à titre de meilleurs amis des héritiers de l'entreprise. Le couple de métis était souvent le cœur de la fête et ensemble, ils finissaient habituellement la soirée dans la chambre béante d'Adrien au manoir Agreste.
Il pourrait sembler que Juleka servait de cinquième roue du carrosse mais il n'en était rien. En effet, il y avait cette autre personne qui, avec les années, était devenu très cher au cœur de la demoiselle. Nathaniel avait toujours fait partie de sa vie, comme connaissance, camarade de classe et depuis quelques mois déjà, ami inestimable. Il faisait maintenant partie de son quotidien.
Quand elle avait dû composer avec le nombre incalculable d'invitations pour le bal de fin d'année, c'était la sienne qu'elle avait accepté. Alors qu'elle se plaignait de la pression qu'elle ressentait face à autant de demandes, la plupart provenant d'inconnus qui n'avait probablement qu'une chose en tête, il lui avait répondu. « Si tu veux bien y aller simplement en ami, je suis là pour ça. » Ces simples paroles lui avait fait chaud au cœur, tout en la blessant légèrement; Nathaniel ne la voyait donc que comme une amie. Elle avait tout de même sauté sur l'occasion.
Et depuis ce temps, il l'accompagnait à chacune des occasions qui se présentaient. Les rumeurs courraient sur une possible relation entre les deux, mais l'un comme l'autre niait, à contrecœur, sentant tous deux que l'autre ne voulait s'en tenir qu'à une simple amitié.
De toute façon, les beaux jours étaient comptés pour le couple d'ami. L'été tirait à sa fin et Nathaniel devrait bientôt quitter pour Londres l'Université d'arts de la ville, prestigieuse institution reconnu pour son département d'art, l'avait accepté. Il était alors inutile de plonger dans quelque chose de plus profond quand la séparation nous attendait au bout du chemin.
C'est exactement ce que se disait Juleka alors qu'elle était en route vers le manoir Agreste pour une discussion avec son patron. La voiture était passée la prendre à peine quelques minutes après qu'elle ait reçu l'invitation. Elle ne savait pas de quoi voulait l'entretenir Gabriel Agreste, mais cela semblait urgent.
Lorsqu'elle pénétra dans le grand et froid bureau du styliste, il avait un air grave... enfin plus grave qu'à l'habitude. Elle n'était pas certaine d'aimer ce qui allait suivre, elle cherchait frénétiquement ce que son patron pourrait bien avoir à lui reprocher.
« Mlle Juleka, je serai bref. Je n'ai pas l'habitude de me mêler de la vie amoureuse de mes employés, mais lorsqu'il s'agit d'une des figures de l'entreprise, je ne peux faire autrement qu'intervenir. Adrien m'a parlé de cet ami qui vous accompagne dans toutes les occasions. J'ai appris avec regret qu'il quittait pour l'Angleterre dès demain. »
« Euh oui M. Agreste mais, ce n'est qu'un ami alors, il... »
« Foutaises que tout cela, j'ai été jeune moi aussi mademoiselle, je sais ce qu'est l'amour quand je le vois. J'ai d'abord été peiné d'apprendre qu'il avait choisi l'Angleterre plutôt que la France mais Adrien m'a raconté qu'il avait été boudé par nos propres universités. Si une des meilleures universités d'Europe l'a accepté d'emblée, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas admis à Paris 1. »
« Euh... je sais pas monsieur, je ne connais pas beaucoup... »
« Je me suis renseigné auprès du doyen de l'Université à ce sujet. J'ai beaucoup de contact là-bas et ils ne peuvent rien me refuser. Votre copain est le bienvenue entre leurs murs dès la semaine prochaine. »
« Euh, sans vouloir vous offenser M. Agreste, je ne crois pas qu'il acceptera de fréquenter une université qui ne l'a accepté que sur la base de votre influence. »
« Mon influence n'a rien à voir mademoiselle. Enfin, dans un sens. Il aurait dû être admis dès le départ, son portfolio avait attiré l'attention de tous les décideurs. Il semblerait par contre qu'il ait, à cet époque, d'une manière ou d'une autre, froissée Mlle Bourgeois. Elle s'est fait un honneur de lui fermer toutes les portes de Paris en usant à outrance du nom de son père. Soyez rassurée, M. Bourgeois a été mis au parfum des comportements de sa fille et votre ami n'a plus rien à craindre de sa part. »
Juleka était sous le choc, elle savait que Chloé est une peste de la pire espèce et elle connaissait la raison de sa colère envers Nathaniel. Il n'y avait rien de bien extraordinaire en fait; la blonde avait l'œil sur un camarade de l'artiste et celui-ci avait déconseillé au garçon de répondre à ses avances. En même temps qu'elle désapprouvait que son camarade se soit immiscé dans la vie personnelle de deux personnes, elle comprenait les motifs qui l'avaient poussé à le faire. Elle trouvait que la fille du maire y était allée un peu fort dans le choix de sa vengeance; surtout qu'elle se lassait généralement de ses conquêtes un ou deux mois à peine après le début de leur relation.
« Merci beaucoup monsieur, je... je vais lui en parler. »
« Il ne suffit pas de lui en parler, il faut le convaincre. L'image de l'entreprise est très importante, je ne peux accepter qu'un de mes modèles se fasse faire mauvaise presse. Pensez aussi qu'à partir du moment où les gens vous croiront célibataire, vous recommencerez à vous faire harceler par vos admirateurs. De plus, ce garçon, avec son talent, pourrait éventuellement avoir sa place ici. Alors, Mlle Juleka, j'ai fait mon bout de chemin, je vous demande de régler les choses dès ce soir. Il est hors de question que ce jeune homme quitte Paris demain matin. La conversation est terminée, veuillez sortir s'il vous plaît. »
« Oui monsieur. Merci encore monsieur. »
Elle sortit du bureau plutôt ébranlée. Elle ne voulait pas forcer Nathaniel à rester à Paris. Il avait déjà préparé son départ pour l'Angleterre. Elle ne pouvait pas arriver comme un cheveu sur la soupe et défaire ses plans à la dernière minute. Dans le grand Hall, elle croisa Adrien et Marinette.
« Hey Juleka, ça va? Je savais pas que t'avais une rencontre avec mon père? »
« Ouais. Bon... c'est ça. »
« Qu'est-ce qu'il voulait? »
« Il a obtenu une place dans une université de Paris pour Nath. »
Marinette eut l'air toute excitée de la nouvelle. « Mais c'est génial ça, non? »
Juleka fit un sourire forcée. « Je dois le convaincre de ne pas partir pour l'Angleterre. M. Agreste m'a comme pas laissé le choix. »
Adrien mis une main sur l'épaule de son amie, il ne connaissait que trop bien les méthodes de son père. En même temps, il avait l'intuition que Nathaniel ne serait pas si difficile à convaincre.
« Hey, inutile de t'en faire avant de lui avoir parlé. »
« Je ne veux rien imposer à Nath. »
« Attends de voir ce qu'il dira, tu pourrais être surprise. »
« Ouais... »
Elle les salua de la main et passa la porte, se dirigeant vers la voiture qui l'attendait devant la grille. Elle devait diner une dernière fois avec Nathaniel ce soir-là. Elle appréhendait déjà cette soirée alors que le départ était imminent, mais avec cette nouvelle mission, ça devenait carrément insupportable. Elle se prépara sans entrain pour la soirée, elle détestait quand son patron intervenait dans sa vie privée et imposait ses idées.
L'heure arriva enfin d'aller rejoindre son ami à leur restaurant favori. Il était déjà arrivé et gribouillait dans son carnet, assis à leur table habituel. Il n'avait pas conscience de sa présence. Elle en profita pour l'observer. Il n'avait rien fait d'extraordinaire à sa tenue ou sa coiffure, mais inexplicablement, c'est ce qui plaisait le plus à Juleka. Elle en avait ras le bol de ces tenues formelles qu'ils devaient porter pour les soirées mondaines, Nath était bien plus séduisant simplement en jeans et t-shirt. Il avait toujours les cheveux aussi longs et la mèche devant son visage ne lui laissait voir que les lèvres du jeune homme. Elle avait toujours été attirée par ces lèvres. Elle jalousait d'ailleurs le crayon qu'il venait d'y insérer dans un élan de concentration.
Le bruit de verres s'entrechoquant la sortit de sa rêverie. Valait mieux qu'elle aille le rejoindre avant qu'il ne la surprenne à l'observer de la sorte. Quand elle fut tout près de la table, il leva la tête et retint un murmure d'admiration.
Juleka avait attaché ses cheveux en un chignon négligé sur sa tête. Ainsi, on voyait nettement la douceur de ses traits et la délicatesse de son port de tête. Gabriel Agreste ne l'avait pas remarqué pour rien, avec sa formation de mannequin, la démarche un peu gauche et timide d'antan s'était transformée en un pas léger, aérien. Lorsque le jeune homme regardait Juleka s'approché de lui, il lui semblait qu'un ange descendait doucement à sa rencontre. Il ne put s'empêcher de lui sourire et elle lui rendit instantanément.
Nathaniel se leva pour accueillir la jeune femme. Il prit sa main dans la sienne et l'accompagna à sa chaise sans la quitter du regard. De gêne, Juleka baissa la tête, quelque chose se passait et elle n'y était pas indifférente.
Un coup qu'il se fut assis à son tour, elle lui demanda de ses nouvelles. Le garçon lui parla de ses préparatifs pour le lendemain. Il semblait heureux des projets qui s'en venaient pour lui. Il avait trouvé un appartement près de l'Université et un emploi possible aussi. Il avait récupérer, çà et là des meubles usagés et comptait passer les prochains jours à faire les courses pour se procurer de la nourriture ainsi que les accessoires qui lui manquaient.
Il avait l'air tellement enthousiaste que Juleka n'osa pas lui parler du projet de Gabriel Agreste. Ici, dans un restaurant bondé, il lui semblait inconvenant de tomber dans un sujet qui pouvait devenir émotif. Valait mieux trouver un endroit où il y avait moins de regards indiscrets.
« Euh... Nath. Tu aimerais venir prendre un verre chez moi? À moins que... je veux dire, c'est ta dernière soirée, tu dois avoir tout pleins de choses à faire... te sens pas obligé. »
La vérité était qu'il n'avait rien d'autre à faire qu'aller s'apitoyer sur son sort, seul chez lui. Il avait beau discuter de son voyage avec des étoiles dans les yeux, tout cela n'était qu'une énorme mise en scène pour rendre moins difficile les adieux. Si Juleka souhaitait qu'il passe sa dernière soirée avec elle, il n'allait sûrement pas refusé. Si seulement il avait le courage de lui avouer ce qu'il ressentait vraiment. Mais c'était Juleka, elle le voyait comme un ami, rien de plus. Avec sa célébrité, sa nature charmante, son joli visage, elle trouverait rapidement le copain parfait pour elle. Il devait lui-même nuire à cette quête, les soupirants s'étaient de beaucoup moins manifesté depuis que les rumeurs sur eux s'étaient propagées.
« Va pour le verre. »
Ils payèrent la note et quittèrent. Le trajet entre le restaurant et l'appartement de Juleka fût plutôt silencieux. Aucun des deux ne savait quoi dire à l'autre pour détendre l'atmosphère. Nathaniel était abattu de savoir qu'il s'agissait de leur dernière soirée alors que Juleka ne pouvait se résigner à lui parler des projets de son patron.
Lorsqu'ils furent enfin rendus dans le confort du petit logement de Juleka, elle lui demanda ce qu'il désirait boire et croisa les doigts pour que l'alcool l'aide à enfin sortir ce qui la tourmentait depuis l'après-midi. Ils s'assirent au salon, Nathaniel sur un divan, Juleka prenant place à travers une pile de coussins dans un coin. Alors qu'ils sirotaient doucement leurs verres, ils y allèrent de sujet de conversation légers, passant de la dernière séance photo de Juleka aux futurs projets de bande dessinés de Nathaniel.
Après deux coupes de vins, la demoiselle se sentait plus détendue et elle trouvait que le roux avait aussi l'air plus serein. Elle ne se sentait pas encore parfaitement à l'aise avec le sujet à aborder mais, disons les choses comme elles le sont, le serait-elle jamais un jour.
« Nath, il y a quelque chose d'important dont je veux te parler. »
L'air calme du garçon se tendit un peu.
« Oui. »
« C'est pas vraiment mon truc ce genre de chose alors laisse-moi parler jusqu'au bout. »
« D'accord Ju... je veux dire, il ne faut pas être mal à l'aise avec moi, tu sais. »
« Je sais mais c'est assez délicat. »
« Ok... vas-y, je t'écoute. » Juleka n'était pas une fille très bavarde alors lorsqu'elle demandait de l'écouter sans l'interrompre, c'était probablement du sérieux.
« Bien, j'ai eu une rencontre avec mon patron aujourd'hui. Il a entendu parler que tu quittes pour l'Angleterre et il ne comprenait pas pourquoi je te laissais faire. » Devant l'air étonné de son ami, elle s'empressa de rajouter. « Je lui ai dit que nous ne sommes que des amis mais il n'arrêtait pas de parler de l'importance de mon image avec l'entreprise et le fait que ton départ pouvait m'attirer plus de harcèlement de la part de mes admirateurs et enfin, il ne comprenait pas pourquoi Londres t'avait accepté et pas Paris. Alors, il a fait enquête et tout pour se rendre compte que c'est Chloé qui avait forcé l'Université de Paris à te refuser et... »
« QUOI! » Voyant l'air suppliant de Juleka, il se ravisa. « Désolé. »
« Non c'est rien, je te comprends. Mais, là il a discuté avec le doyen et ils ont accepté de te prendre dès la semaine prochaine. Ton portfolio les a grandement impressionné et... Nath? »
Le garçon était pétrifié de stupeur. C'était donc ça la vraie version de l'histoire. Chloé avait tiré les ficelles pour l'empêcher de poursuivre son rêve. Mais au bout du compte, il avait sa place dans le domaine artistique de Paris. Il s'était toujours demandé ce que Londres avait vu que Paris avait raté. Mais, maintenant que faire? Il avait commencé à se bâtir une vie à Londres... de simple base en fait... fragiles, insignifiantes. Paris, c'était chez lui... mais en même temps, s'il avait à perdre Juleka au profit d'un autre garçon, il préférait se tenir loin de cette scène.
« Nath? »
« Oui... je suis là Juleka, je t'écoute. Désolé, c'est si soudain. »
« Je suis d'accord, j'ai aussi été prise de court. Ce que Gabriel Agreste demande, ce n'est jamais un choix mais une obligation. Il m'a demandé de te convaincre mais je te jure Nath que je n'irais jamais contre ta volonté pour celle de M. Agreste. Il peut m'imposer des choix, c'était ma décision mais tu n'es pas à son service, tu n'as pas à faire ce qu'il veut si toi ça ne t'intéresse pas et... »
« Oui mais toi? »
« Hun? »
« Toi qu'est-ce que tu veux Juleka? »
Les heures étaient comptées et il avait une décision à prendre. S'il avait à perdre la fille de ses rêves, peut-être était-il mieux de le savoir maintenant et d'ainsi prendre une décision éclairée.
« Je veux dire, est-ce que tu veux que je reste? »
« Bien sûr que j'aimerais que tu restes, tu es, enfin, mon meilleur ami. »
« Malheureusement »
« Quoi? »
« Si je reste, je ne pourrai pas me contenter d'être ton meilleur ami. Si je reste et que je fais une croix sur Londres, ce n'est pas pour te voir finalement partir au bras d'un autre. »
Est-ce qu'elle avait bien compris? Non, ses oreilles devaient lui jouer des tours.
Il se leva et traversa le salon pour aller s'agenouiller devant elle.
« Je t'aime Juleka. Si ce n'est pas réciproque, vaut mieux que je parte. »
La demoiselle ouvrit grand les yeux suite à la déclaration. Elle avait été prise de court, c'était tout à fait inattendu; une belle surprise, mais une surprise tout de même. Elle baissa la tête devant le regard flamboyant de son interlocuteur et ses joues s'empourprèrent.
« Ju! »
Elle ne releva pas les yeux.
« Ne pars pas. » Elle l'avait pratiquement soufflé. Le jeune homme n'était pas certain d'avoir bien entendu.
« Pardon. »
Elle souleva la tête, une lueur déterminée dans les yeux, et soutint son regard.
« Reste Nath, reste pour moi. Reste à Paris pour toujours. Reste avec moi cette nuit. »
Il sortit quelque chose de sa poche et le plaça à hauteur de son regard. C'était son billet d'avion. Sans plus attendre, il le déchira et le laissa tomber au sol. Elle avait sa réponse.
Il se pencha alors pour aller l'embrasser. Juleka n'était pas une fille démonstrative, mais avec lui, en ce moment même, elle avait besoin de lui prouver qu'il faisait le bon choix. D'un geste vif, elle accrocha ses bras autour de son cou pour l'attirer vers elle et achever le geste qu'il avait initié. Il perdit l'équilibre et se retrouva couché avec elle dans la pile de coussin où ils s'embrassaient sans répits.
Les lèvres de Nathaniel goûtaient la bière, elle n'avait jamais été folle de cette boisson, mais il lui semblait maintenant qu'il n'y avait pas meilleur nectar sur terre. Elle avait toujours rêvé de passer la main dans ses longs cheveux roux. Ils étaient aussi soyeux qu'ils en avaient l'air. Elle lui massa doucement le cuir chevelu, ébouriffant sa tignasse du même coup. Elle s'écarta un moment pour en admirer le résultat.
« Peu importe ce que tu fais, tu es toujours aussi séduisant. »
Le garçon rougit violemment, il n'avait jamais reçu ce type de compliment. Il alla cacher sa gêne dans le cou de sa copine qui en profita pour lui souffler à l'oreille. « Je t'aime aussi Nath. »
Il lui répondit en l'embrassant dans le cou alors qu'il passait les mains sur ses hanches. Les doigts toujours entremêlés dans ses mèches rousses, elle se tortillait de plaisir alors que sa respiration se faisait toujours plus rapide. Elle avait déjà eu un copain mais les interactions n'avaient jamais été aussi électriques. Chaque minuscule centimètre que Nathaniel effleurait de ses lèvres ou du bout de ses doigts la troublait profondément.
Elle descendit les mains dans le dos du jeune homme puis les ramena à l'avant pour les passer sous le t-shirt de son copain. Elle alla caresser son ventre pendant qu'il continuait à l'embrasser un peu partout dans le cou et le visage. Comme elle dirigeait doucement ses caresses vers ses pectoraux, le t-shirt remontait au même rythme. Se sentant tranquillement coincé par le morceau de vêtement, il se redressa brièvement pour s'en débarrasser et revint continuer ses attentions.
Juleka passa les mains sur ses omoplates et commença alors à éparpiller des baisers sur le haut de son corps. Le jeune homme sentait sa tête lui tourné devant ses nouvelles sensations. Il alla bientôt cueillir ses lèvres des siennes et passa les mains dans son dos pour détacher sa robe. Un coup la besogne terminé, il descendit les bretelles de la jeune fille pour découvrir progressivement sa poitrine où l'attendait un soutien-gorge. Il retint un grognement agacé et retourna s'attaquer à l'agrafe de celui-ci.
Juleka ne manqua rien des humeurs de son partenaire et laissa échapper un petit rire.
« Mon malheurs te réjouit? »
« Et c'est moi ton malheur? »
« Non, c'est de ne pas pouvoir assez rapidement goûter à ta peau. »
« Tu es impatient on dirait. »
« J'en rêve depuis des mois. »
« Des mois? »
« Hum. » Il avait réussi à la défaire du sous-vêtement et comme réponse, alla embrasser sa poitrine en descendant doucement les mains sur ses fesses.
Elle se cabra légèrement sous la sensation. Elle avait envie de pleurer tellement elle était heureuse. Elle empoigna une fois de plus sa tignasse rousse pour l'encourager à poursuivre les caresses. Il la releva d'une main dans son dos et lui retira sa robe avant de la recoucher doucement sur les coussins. Il n'alla cependant pas la rejoindre tout de suite, il voulait l'admirer d'abord. Il ne lui restait que sa culotte et d'où il était, il avait une vue parfaite de sa poitrine bien ferme, ses épaules délicates, son ventre plat. Il ne put résister plus longtemps, il retourna à ses lèvres en se couchant sur elle.
Sous son copain, Juleka ne manqua pas de remarquer qu'elle avait de l'effet sur lui. Était-elle prête à aller plus loin? Sans aucun doute, se dit-elle. Elle alla jouer avec sa ceinture pour le lui signifier. Avec un sourire canaille qu'elle ne lui avait jamais connu, (mais elle ne détestait définitivement pas), il s'agenouilla pour défaire ses pantalons et les retirer. De quelques mouvements de ses pieds, il les retira complètement.
Il retira ensuite son boxer alors que la demoiselle avec un air aguichant descendait très lentement sa culotte. Il termina le travail d'une seule main et retourna se coller contre elle. Il ne comptait pas la pénétrer tout de suite, il voulait faire durer le suspense. Il alla l'embrasser sur les lèvres alors qu'il lui caressait les seins d'une main et de l'autre, les fesses.
Elle profitait de chacun des doux touchers de son amant en continuant de lui jouer dans les cheveux. Mais il y avait une autre partie de son corps qu'elle souhaitait aller l'explorer. Elle descendit doucement l'une de ses mains vers ses épaules, caressa les flancs du revers de sa main en se dirigeant vers ses fesses. Elle prit ensuite doucement le chemin de sa fourche et saisit tendrement le sexe du garçon. Il lui mordilla doucement la lèvre pour l'encourager à continuer.
Elle le tenait délicatement mais fermement à la fois alors qu'elle le stimulait dans d'interminables mouvements qui l'agaçait encore plus. Elle savait ce qu'elle faisait, il en était certain. Elle voulait le pousser à bout, réveiller ses instincts primaires. Il ne se défit pas d'elle alors qu'il tâtonnait pour retrouver son pantalon. Quand il réussit à mettre la main dessus, il en sortit un préservatif qu'elle lui enleva des mains.
« Mais qu'est-ce... »
« Sshh... laisse-moi m'en occuper. »
Pendant qu'il l'embrassait à différents endroit en la regardant du coin de l'œil, elle défit l'emballage de ses longs doigts habiles et le plaça tout aussi adroitement sur son gland. Avec le pouce et l'index, elle le déroula délicatement sur le membre durcit. Ce seul geste était une caresse grisante pour le jeune roux.
Aussitôt paré, il se plaça bien au-dessus d'elle et l'embrassa à nouveau alors qu'il prenait place entre ses jambes. Pendant que leurs langues dansaient l'une avec l'autre, il entra doucement en elle. De sa voix grave, Juleka poussa un soupir suave, sauvage qui fit hérisser les poils de la nuque de Nathaniel.
« Je t'aime. »
« Moi aussi. »
Ceci étant dit il commença à bouger délicatement. Elle plaça les mains derrière ses cuisses pour l'aider dans ses mouvements. Alors qu'il pensait qu'elle préférerait la douceur, elle l'amena à entrer de façon plus brusque et rapide. Elle le guidait dans leur quête vers l'extase et il n'avait aucun problème à la laisser faire. Ce qu'il voulait c'était son plaisir, la perfection pour cette toute première fois avec elle. Leur union en était une de coopération; ils avaient toujours été là l'un pour l'autre, pour s'encourager, se guider, se réconforter.
Cette fois ne fit pas exception, leurs cris respectifs rappelaient à l'autre tout le plaisir qu'ils se procuraient. Alors qu'il entrait encore et toujours en elle, leurs respirations, leurs vibrations, étaient autant de moyen de se communiquer la confiance, l'amour, le désir qui régnait entre eux. La poigne de Juleka sur les cuisses de son copain se faisait de plus plus puissante. Il la sentait proche, très proche de l'extase. Elle avait cessé de l'embrasser pour commencer à lui mordiller le cou et les épaules. Pour lui c'était incroyablement sexy, c'était le côté indompté de Juleka qui refaisait surface à travers leur liaison.
« Encore Nath... encore. »
Il intensifia ses gestes, il voulait à tout prix répondre à ses désirs. Puis d'un coup, elle lui bloqua les hanches contre elle en laissant échapper un gémissement de plaisir profond. Cela dura de longues secondes et lorsqu'elle le relâcha enfin, il recommença ses mouvements pour achever ce que son orgasme avait précipité. Quelques coups de reins brusques seulement avant qu'il ne connaisse le même bonheur.
Couché contre elle, il réalisait à peine ce qui arrivait. Il y avait moins d'une heure, l'avenir lui semblait sans issue. Il s'imaginait sillonner seul les rues pluvieuses de Londres, passant devant un kiosque de journaux où le regard de Juleka le croiserait assurément. Mais maintenant, il était bien au chaud à ses côtés, sur leur lit de fortune dans la ville qu'il n'avait plus à quitter. Il avait sa place à Paris, dans l'université qui était son premier choix, au côté de l'être à qui il tenait le plus au monde.
« Alors tu comptes rester? »
Il se tourna vers elle avec un sourire. « Laisse-moi y penser un peu, je n'ai plus d'appart, plus d'emploi, j'ai vendu la quasi-totalité de ce que j'ai... »
« Tu sais que tu es le bienvenu ici. »
Il fit comme s'il ne l'avait pas entendu. « D'un autre côté, j'ai maintenant la femme la plus merveilleuse dans mes bras et plus de billet d'avion, alors... »
Juleka tendit la main pour atteindre son téléphone.
« À qui tu écris comme cela? »
« Adrien. »
« Qu'est-ce que tu lui dis. »
Elle lui montra l'écran de son téléphone. « Dis à ton père que tout est réglé. »
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