Partie 2
A mon réveil, mon feu ne brûlait plus et l'humidité me glaçait jusqu'aux os. Je ramassai mon sac de fortune afin de manger quelques fruits, leur odeur remplaça celle des cendres refroidissant. Ma cheville demeurait douloureuse, enflée et violacée, mais je devrais pouvoir marcher si je trouvais une branche pour m'aider.
Je réussi à dégoter une branche d'une longueur et d'un diamètre suffisants, qui me servirait de bâton de marche, avec je m'assurai qu'aucune braise ne restait au cœur des cendres, puis reparti en direction des montagnes.
Je fis route des heures durant jusqu'à ce que la douleur soit trop intense, m'arrêtant pour boire quand je croisais un ruisseau ou bien cueillir fruit et noix. Je désespérai quelque peu de ne plus pouvoir grimper afin de m'assurer de ma progression. Les sons de la jungle ne me rassuraient guère, tous mes sens demeuraient en alerte constante, pour prévenir l'attaque d'un prédateur. Le moindre cri de singe ou craquement de branche un peu bruyant me figeait sur place.
Dans l'après midi du surlendemain, je débouchai soudain sur une trouée dans cette jungle épaisse. Je m'étonnais de cette zone bien plus clairsemée, je l'examinai avec attention quand j'aperçu ce qui ressemblait aux ruines d'un bâtiment. J'en restais interdite un certain temps, prenant conscience de ses dimensions.
Je ne me souvenais pas que mes professeurs aient jamais parlés de constructions qui auraient été abandonnées suite à l'apparition du fléau. D'abord hésitante, je fus intriguée et me dit que je pourrai peut-être trouver du matériel utile ou mieux encore un moyen pour joindre mes amis afin qu'ils m'envoient du secours. Cette idée me redonna une nouvelle énergie et le sourire.
Plus j'approchai et moins l'endroit me paraissait accueillant, la végétation recouvrait en grande partie l'édifice de pierre et de verre. Quelques vitres encore intactes renvoyaient l'éclat du soleil. L'atmosphère était sinistre et je ressentais un mal être au fond de moi, comme une pression néfaste. L'endroit me semblait plus silencieux que la jungle.
Je finis par tomber sur ce qui ressemblait à une porte, et m'engouffrai prudemment dans ce qui avait été un vaste hall d'entrée. Je sursautai quand l'éclairage s'alluma brusquement, étonnée que cela fonctionne toujours.
Le lieu me paraissait désert depuis longtemps, l'humidité avait rongée la peinture, des lambeaux s'accrochaient avec fragilité à leurs murs. Des racines perçaient par endroit leur chemin jusqu'au sol, la mousse proliférait dans chaque endroit ou elle le pouvait. Une couche de végétaux en décomposition, aux relents douceâtres s'amenuisaient en s'éloignant de la porte.
Des animaux se promenaient sans le moindre doute dans les parages, probablement pas tous inoffensifs. Malgré le danger potentiel explorer ce lieu me semblait la meilleure chose à faire. Je n'avais rien sur moi à l'exception d'un couteau. Si je pouvais dénicher, une couverture, des vêtements, du matériel de soin ou de quoi m'éclairer et faire du feu ça serait parfait.
Du hall je dénombrai trois portes débouchant chacune sur un long couloir, un ascenseur - que je préférais éviter- et un escalier. Heureusement pour moi des sigles et des couleurs encore visibles permettaient de s'orienter.
Je pris le premier corridor sur ma gauche, avançant avec prudence, entre les débris au sol, et les sections du plafond qui menaçaient dangereusement de s'effondrer. Mes pas et mon bâton résonnaient lugubrement dans ce lieu ou ne s'entendait que la circulation de l'air. Après avoir atteint l'extrémité je n'avais croisé que des bureaux à l'abandon et de petites salles d'archives. L'oreille toujours tendues aux aguets.
Je tentais de déchiffrer ce qui traînait comme documents, qui n'était pas totalement détruit. Je ne parvins pas à comprendre grand chose, si ce n'est que le lieu servait de laboratoire de recherches. Des diagrammes de magie et d'alchimie y côtoyaient des mathématiques d'un très haut niveau. Tous totalement hermétiques pour moi.
Résignée face à mon incompétence, je fis demi-tour pour explorer le reste de l'édifice. Je découvris un immense réfectoire, les tables et les chaises soigneusement disposées. Le lieu donnait sur un grand patio à la dense végétation, source de lumière. Sans la couche de poussière et les plante en pot mortes et les couleurs fanées, on aurait pu la croire prête au service.
Cette salle jouxtait une vaste cuisine, mais aucune denrée viable à l'intérieur, pas même dans la chambre froide. En revanche, je pus trouver des contenants pour transporter les fruits que j'avais ramassés, en limitant leur pourriture. Deux gourdes et de l'eau, tout comme un second couteau qui me seraient bien utiles.
Je remis à plus tard l'exploration du patio et poussai plutôt mes recherches à l'étage, je découvrais des quartiers d'habitation. Un certain nombre de chambre de belle taille s'alignait le long du couloir. Elles semblaient avoir été désertées rapidement, vêtements, papiers, images de familles, tous abandonnaient à la morsure du temps. Je me sentais quelque peu honteuse de fouiller ainsi l'espace privé d'inconnus mais paradoxalement la vue d'un lit avec un matelas, bien que sale et humide, me ravie au plus haut point.
La plomberie en état de marche me permettrait de prendre un bain et laver mes vêtements. Je dénichai également quelques habits et des couvertures presque en bon état enfermés dans un placard. Cette nuit j'allais pouvoir me reposer au chaud, même sans feu.
La nuit étant presque là, la fatigue pesante et ma cheville toujours douloureuse, je m'installai pour manger. Après avoir grignoté, je m'allongeai sur le lit et remontai la couverture. Cette nuit là, en dépit de la pluie diluvienne, je réussis presque à dormir paisiblement. Rassurée par les quatre murs et la porte fermée, malgré un malaise persistant et une odeur de moisie. Le matelas avait énormément perdu de sa souplesse, mais il restait plus confortable que le sol de la forêt.
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