Chapitre 20
Je n'ai pas dormi de la nuit, comme les précédentes. Il doit être midi et je ne me suis toujours pas levée du lit. Je n'ai envie de rien. Je viens à peine d'assimiler tout ce qu'il s'est passé l'autre soir et je ne sais pas trop ce que je suis censée faire. Je n'ai parlé à personne depuis quatre jours. Un grand vide s'est installé dans mon cœur. Cette peine est insoutenable. Je regrette le jour où j'ai fait la rencontre de ces garçons. Je n'aurais jamais ressenti toute cette douleur en moi. Ma mère passe ses journées à l'hôpital pour prendre de soin de Will, qui son état est stable. C'est la seule chose à la quelle je m'accroche même si je n'ai pas encore été le voir depuis. Mais je sais qu'il va déjà mieux.
Je compte ne rien faire aujourd'hui à part rester sous la couette.
J'entends frapper à ma porte.
— Ma chérie, il faut que tu manges, dit ma mère à travers la porte.
— J'ai pas faim.
Elle entre dans ma chambre et me contemple un moment. Je cache ma tête sous mon drap. Je sens la main de ma mère se poser sur mon dos.
— C'était ton petit ami ? me demande ma mère, doucement.
— Maman, je n'ai pas envie de parler.
Ma mère croit sûrement que quand elle me l'a présenté, j'en suis tombée amoureuse. Mais l'histoire remonte bien avant cette rencontre chez moi.
— Il n'y a pas que pour toi que c'est difficile à surmonter ! Ma meilleure amie vient de perdre son fils, Lia ! Alors ressaisis-toi, le monde ne tourne pas qu'autour de toi, rétorque-t-elle, les sourcils froncés.
Je me sens stupide. Cette maman n'a plus son enfant auprès d'elle et moi je suis là à me morfondre.
— Je veux que tu sois présente demain pour l'enterrement. Je m'en vais voir Will, tu veux venir ?
Mes larmes coulent seules, je refuse et me renfrogne dans mon lit. Je ne suis pas prête à lui dire au revoir. Ma mère se lève du lit avant de m'embrasser le front.
J'ignore combien de temps je reste cloîtrée, là. Je fixe mon plafond, essayant de faire le vide dans mon esprit. Il est bientôt trois heures de l'après-midi. Je décide de descendre. Je me prépare un bol de céréales et le fourre dans ma bouche sans vraiment y prendre goût. Je repousse ma nourriture, dégoûtée par l'idée de manger encore une bouchée. Mes mains sur mes tempes, je baisse la tête. Les yeux humides, j'ai du mal à me retenir. Cette maison est bien calme sans Will.
Je n'ai aucune envie d'aller demain à l'enterrement. Je hais les cimetières... trop de mauvais souvenirs.
***
Je me réveille le cœur lourd. Je ne veux pas faire bonne figure devant une stupide boîte en bois. J'hésite à m'y rendre plus d'une fois. Je me sens tout de même obligée. J'enfile ma petite robe noire qui me fout le cafard, j'observe mon reflet qui est dans un piteux état. J'efface les quelques larmes du revers de la main. Je regarde mon portable et vois vingt messages. Il y en a cinq de Tina, deux de Cindy, trois d'Hélène et les dix autres de Nash. Je ne prends pas la peine de les lire. Je refuse de parler à quelqu'un pour le moment. Encore moins a Ash.
Je reste un moment devant le miroir, le regard vide. C'est tellement dur de se décider à bouger. Allez, Julia, sois forte ! Relève la tête, il n'y a pas que toi pour qui c'est insurmontable. J'attrape mon portable et consulte mes textos. Je tombe sur ceux de Ryan et je souris bêtement en lisant ses messages.
[Alors comme ça tu as enlevé le balai de ton cul ? ;)
On peut se voir, princesse ?}
Il m'avait envoyé un autre message le soir.
[Bonne nuit princesse, il a tellement de chance de t'avoir... Ryan.]
Je donnerais tout pour le prendre une dernière fois dans mes bras et lui dire que tout va bien.
Je descends les escaliers lentement, le visage de ma mère. Je monte en voiture, ma mère m'offre un sourire et me chuchote :
— Ça va aller.
Je sais pas comment elle fait pour être aussi calme, après avoir vu son fil dans cet état. Elle m'a demandé des explication ce soir là. Mais j'ai été incapable de lui dire la vérité, uniquement que nous étions au mauvais endroit au mauvais moment. Impossible de lui dire que Will, fait parti d'un gang, de peur qu'il puisse lui arriver quelque chose à elle aussi. Je ne prononce pas un mot pendant tout le trajet, c'est un étrange silence pesant qui règne. L'église se dresse devant nous, j'en ai la chair de poule. Arrivés à hauteur de la mère de Ryan, je lui fais part de mes condoléances.
— Julia ! larmoie-t-elle. Il m'a tellement parlé de toi.
Je reste bouche bée. Il a parlé de moi à sa mère ?
— Je savais que ce gang lui apporterait des ennuis un jour. Je me suis endurcie pour encaisser ce genre de situation. Mais je n'étais pas prête à ça ! sanglote-t-elle.
Mon cœur rétrécit dans ma poitrine, elle était donc au courant des activité de son fils. Je lui attrape les mains et les serrent fortement pour lui apporter mon soutien. Je lui sors un petit « courage » brisé. Je me retourne pour qu'elle ne remarque pas mes quelques larmes. Je souffle un bon coup et ravale ma peine. J'aperçois Tina accompagnée de tout le groupe. Je les ignore et m'asseoir sur un des bancs du milieu.
Lors de la cérémonie, je suis perdue dans mes pensées. Je ne prête pas attention à ce qu'il se dit. Je ne fais que fixer le cercueil. Comment une si petite boîte peut contenir son corps ? Je pense à cette maman qui se retrouve seule, sans mari, sans enfants. Le flashback de Ryan en train de voler ces roses me revient, juste en y pensant je souris comme une débile.
La messe se finit sans que je m'en rende vraiment compte. Je sors de l'église la tête baissée pour que personne ne vienne me parler, mais Tina m'a remarquée et arrive droit sur moi.
— Julia !
Elle me serre contre elle.
— Comment va Will ?
— Son état est stable.
— Je sais à quel point Ryan était important pour toi. Tu vas venir au cimetière ?
Je secoue la tête, sans prononcer quoi que ce soit. Je ne veux pas mettre les pieds dans cet endroit. J'ai besoin de marcher seule un moment. Elle m'embrasse et retourne auprès de nos amis. Il ne reste quasiment plus personne, tous les véhicules s'alignent derrière le corbillard. C'est tellement triste de regarder ce spectacle, toutes ces voitures qui suivent une personne défunte pour ensuite la jeter sous terre à tout jamais. Mes yeux me font halluciner, j'ai l'impression de voir Ryan au coin de la rue, il m'observe, il a l'air si réel et pourtant je sais que ça ne peut être lui...
Alors que j'avance, perdue dans mes pensées, une main serre mon avant-bras et me fait sortir de ma rêverie.
— Julia, parle-moi, s'il te plaît.
Ash se tient devant moi, habillé de noir de la tête aux pieds.
— Tu veux que je te dise quoi ? Que je suis une pauvre gamine qui ne connaît rien à la vie ? J'ai le droit d'être terrifiée à l'idée que les gens meurent autour de moi ! m'exclamé-je fermement.
Il relâche la pression de mon bras.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire, l'autre jour. Mais je t'avais prévenue que tout n'était pas tout rose.
— Si Ryan était là en ce moment même, il me dirait que...
Il me coupe la parole en utilisant un ton froid qui m'en donne la chair de poule.
— Ne parle pas en son nom, tu le connaissais à peine !
Son visage se crispe ainsi que ses poings.
— Au contraire je le connaissais si bien, qu'il m'a avoué ses sentiments entre mes mains pendant qu'il crevait sous mes yeux ! m'emporté-je en le repoussant.
— Regarde ou la apporté son amour pour toi ! On ne tombe pas amoureux, c'est la règle, ne prend pas tes rêve pour une réalité !
Il me tourne le dos. Je reste plantée là, sans bouger. Ses mots cru me perce le cœur.
Je hurle à l'intérieur de moi-même. Je peux vraiment être conne ! Mais quelle journée de merde ! Je me déteste, car j'ai joué entre Ryan et Nash ! Je déteste mes amies pour m'avoir forcée à faire ce stupide défi qui m'a fait connaître ces garçons ! Je déteste mon frère, car tout ça, c'est à cause de sa relation avec Liv ! Je déteste Liv pour être la muse de tous ces gangs ! Je déteste Ryan pour avoir été aussi con de s'en être pris au chef des Sanz ! Je déteste Nash, car je l'aime tout autant ! Je déteste le monde entier, tout simplement !
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