PARTIE 41 - Table rase. ( a )

L'odeur du café vint délicieusement chatouiller les narines de Lisa. Elle ouvrit difficilement les yeux, la lumière du jour lui agressant les rétines sans pitié. Pour couronner le tout, un terrible mal de crâne martelait ses tempes.

Elle attrapa la tasse en grognant. La première gorgée du liquide chaud lui brûla l'œsophage, mais l'arôme corsé du café lui fit un bien fou.

Elle se redressa comme elle put sans renverser le breuvage ambré dans le lit et se cala entre des coussins qui n'étaient pas les siens. D'ailleurs, les draps bleu nuit non plus. Un coup d'œil lui suffit pour savoir qu'elle se trouvait dans la chambre de Jake.

Une main plaquée sur le front, elle tenta de se remémorer les souvenirs de la veille. Elles avaient beaucoup bu et Jake était arrivé. Sa mémoire reconstitua le discours enflammé du jeune homme.

Après, le reste demeurait un peu flou. Comment diable s'était-elle rendue jusqu'à chez lui ?

Elle ferma les yeux et tâcha de remettre un peu d'ordre dans ses pensées.

— Je viens en paix, cria Jake en agitant un t-shirt blanc à travers la porte.

Il pénétra dans la chambre uniquement vêtu d'un Marcel blanc et d'un jogging. Visiblement, elle était la seule à avoir trouvé refuge dans l'alcool la veille. Lui paraissait frais comme un gardon et beaucoup trop sexy pour sa libido en berne.

Elle sirota son café tandis qu'il prit place à côté d'elle dans le lit. Son corps dégageait une odeur de propre, sans doute avait-il pris une douche. D'ailleurs, elle ne dirait pas non non plus ! Elle devait transpirer la tequila par tous les pores de sa peau. Elle renifla discrètement son t-shirt et grimaça de dégout.

Le silence se fit dans la pièce.

— Tu m'en veux encore ? demandant enfin Jake. Elle aurait pu en soupirer de soulagement. Ce silence commençait à lui taper sur les nerfs.

Il la regardait avec des yeux de chien battu auquel elle avait du mal à résister.

— Tu m'as blessé Jake, mais j'ai réfléchi et j'ai aussi ma part de responsabilité dans ce naufrage.

Elle préférait attaquer dans le vif du sujet. Ils avaient perdu beaucoup de temps en non-dits et en malentendus. Elle ne souhaitait plus gâcher une seule seconde.

— J'ai changé, reprit Jake en frôlant ses doigts. Je sais que ça paraît creux, mais j'ai vraiment changé. Je ne veux que toi. Toi, et seulement toi.

Il avait effectivement quelque chose de différent. Tout son langage corporel dégageait une certaine quiétude qui n'était pas là avant. Même son regard semblait apaisé.

Mais un couple devait se composer de deux personnes pour fonctionner.

— Mon esprit revanchard a voulu te faire mal comme tu m'as fait mal, avoua-t-elle. Je voulais te faire ramer comme tu n'as jamais ramé dans ta vie.

Jake la fixait sans rien dire. Son regard lui envoyait tellement de sentiments mitigés. Il attendait sans doute de savoir à quelle sauce il allait être mangé.

— Mais, reprit-elle, Si on doit recommencer à zéro, je ne désire pas le faire dans une position de force juste pour calmer mon orgueil blessé. Si on recommence, on le fera sur un pied d'égalité pas parce que je t'ai fait « ramer » pour revenir. Tu as fait des erreurs et moi aussi. Aucune excuse ne pourra effacer le passé, seulement je ne veux pas entamer quelque chose sur la rancœur.

Elle en pensait chaque mot. Elle était prête à se lancer dans quelque chose avec Jake. Pour une fois, le timing semblait être en leur faveur. Ils avaient surmonté avec plus ou moins de succès les obstacles. Mais ils étaient encore là, solides et prêts à s'aimer plus. Non, à s'aimer mieux.

— Ayden, hein ? dit-elle en caressant délicatement le contour de son œil meurtri.

— On ne dirait pas comme ça, mais il a plutôt bien pris, répondit Jake en saisissant ses doigts pour y déposer de petits baisers.

— D'autres bobos à déplorer ?

— Je te laisse vérifier, la taquina Jake, une pointe de doute encore présente dans le regard.

Elle fit glisser ses doigts le long de son torse à travers son t-shirt, savourant le tracé de son corps.

— Je crois que tu ne verras rien à travers le tissu.

Elle sourit et souleva le t-shirt de Jake. Ses yeux s'abreuvèrent de son corps. Ses mains coururent le long de sa peau bronzée. Son contact lui avait terriblement manqué. Cette chaleur que seul un corps pouvait dégager. Du plat de la main, elle parcourut son torse en traçant tout les creux et les valons.

Jake retenait sa respiration comme si ses mains avaient le pouvoir de stopper quelque chose en lui.

— Je crois que tu n'as pas d'autres bleus. Vous êtes en pleine forme monsieur Andersen, souffla-t-elle en retirant ses mains à regret.

Jake attrapa son poignet avant qu'elle ne s'éloigne trop de lui. La respiration du jeune homme était saccadée.

Les lèvres de Jake s'approchèrent des siennes. Son souffle vint caresser sa peau.

— J'aurais besoin d'une bonne douche, dit-elle avant que ses lèvres ne touchent les siennes.

— Je confirme, rigola-t-il en s'écartant d'elle.

Elle s'extirpa tant bien que mal des draps et posa un pied tremblant sur le sol. Fini la tequila pour elle ! Un marteau cognait dans son crâne et le décor tourbillonnait autour d'elle. Une vague de nausée la saisit. Elle prit le temps de reprendre une grande inspiration, hors de question de faire l'impasse sur la douche. Les effluves de l'alcool venaient chatouiller ses narines accentuant son haut-le-cœur.

Une fois un peu mieux elle se redressa et tenta une échappée vers la salle de bain.

— Un coup de main ? demanda Jake en la fixant avec inquiétude.

— Je peux encore marcher !

— Permets-moi d'en douter, tu ressembles à un poulain sortant à peine du ventre de sa mère.

Elle se retourna et lui jeta un regard noir.

— OK, OK, dit Jake en levant les mains en signe de reddition.

Elle reprit son chemin aussi dignement qu'elle le put quand une crampe la fit trébucher. Jake se précipita à son secours avant qu'elle ne vienne s'écraser sur le parquet.

— Accroche-toi ou tu vas tomber !

Jake l'attrapa et la porta jusqu'à la salle de bain.

— Je suis trop lourde, protesta-t-elle.

— Je confirme !

Elle lui mordit l'épaule en représailles. Cet homme n'avait décidément pas une once de romantisme en lui.

— Tu es mon monde, ça pèse.

Elle rigola et lui tira une oreille.

— Aie ! Je vais devoir t'attacher si tu continues à être une vilaine fille !

L'idée ne lui déplut pas. Être à la merci de Jake Andersen ne lui faisait plus autant peur qu'auparavant. Son cœur lui était de toute façon acquis depuis bien longtemps. Elle se sentait enfin apaisée. Elle avait arrêté de lutter.

La salle de bain de Jake devait bien faire le double de la sienne. Le carrelage noir donnait la touche masculine au lieu. Une grande baignoire se remplissait doucement. Visiblement, Jake avait tout prévu. La buée commençait déjà à envahir la pièce. Une odeur de vanille embaumait l'air.

— De la vanille ?

— J'aime laisser parler mon côté féminin. Allez au bain, porcinet.

— Hé, protesta-t-elle tandis que Jake faisait déjà passer son pull par-dessus sa tête. Son pantalon ne tarda pas à suivre la laissant à moitié nue. Jake continuait à la déshabiller dans un tourbillon de vêtements volant au coin de la pièce la laissant nue comme un ver.

L'eau fumante du bain l'appelait de manière irrépressible. Elle mit un pied dans l'eau. Cette dernière était un peu trop chaude pour elle. Si elle rentrait là-dedans elle allait finir comme un homard.

En se faisant violence elle immergea son corps dans le tub. Elle s'appuya sur le bord laissant l'eau chaude délasser ses muscles. Un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres.

— Hé, jeune fille vous êtes prié de me céder un peu de place.

— Et si je refuse, dit-elle aguicheuse.

— Tu peux toujours garder l'illusion d'avoir le choix si cela te fait plaisir.

Elle le contempla tandis qu'il finissait de se déshabiller. Son corps noueux était un régal pour les yeux. Les vapeurs de l'alcool commençaient à s'évaporer laissant son esprit clair et ouvert à la luxure.

La grande carcasse de Jake vint forcer le passage dans la baignoire ne lui donnant effectivement pas voix au chapitre. Elle se poussa de bon cœur tandis que Jake se glissait dans son dos.

Visiblement, il avait sélectionné sa baignoire en conséquence. Leurs deux corps se logeaient avec aisance dans le vaste tub de faïence.

La peau humide de son torse venait se frotter dans son dos. Il saisit un flacon bleu et fit couler un liquide à la forte odeur musquée sur sa poitrine. Elle observa ses grandes mains envahir sa peau dans un ballet hypnotique créant une mousse légère.

— Tu vois Kitty cat, le secret et de ne négliger aucun endroit. 

Ses paumes étaient très méticuleuses dans leurs taches. Chaque centimètre de son épiderme passa sous ses doigts experts. La mousse dégringolait sur sa peau. Elle laissa reposer son corps sur le torse de Jake dans un signe d'abandon complet. Qu'il prenne tout s'il le voulait, son corps, son cœur et même son âme si cela lui faisait plaisir. Tout ce qu'elle désirait était ses mains explorant son corps éternellement.

Ses lèvres vinrent bientôt suivre la course de ses mains. Les perles d'eau disparaissent sous la langue de Jake, jetant une traînée de feu sur son épiderme.

Ses doigts avaient trouvé le refuge de son intimité, massant ses chairs avant de plonger dans sa moiteur. Elle retint un hoquet de plaisir ses mains s'agrippant fermement au rebord de la baignoire.

— Je te tiens, murmura son compagnon au creux de son oreille avant d'y déposer un baiser.

Lui faisant une confiance aveugle, elle relâcha ses muscles. À présent aussi détendue qu'un chamallow, elle laissa les sensations l'envahir. 

En réclamant plus, elle se tourna autant que l'espace le lui permettait faisant gicler de l'eau partout autour d'elle. Jake la contemplait les yeux remplis de désir. Ses cheveux blonds avaient commencé à friser avec la vapeur ambiante. Elle plongea ses doigts dedans avant de se jeter sur sa bouche.

Leurs langues ses cherchaient dans un ballet frénétique, mêlant leur souffle.

— Sens comme je te désire, dit-il en donnant un coup de bassin évocateur.

Elle ne put retenir un hoquet de plaisir. Son membre venait se buter contre le sien ne demandant qu'à venir se loger en elle. Son intimité se contractait d'anticipation. Si Jake n'était en elle très vite, elle ne tarderait pas à prendre les choses en main. D'ailleurs en parlant de main, elle fit courir ses doigts à travers son torse avant de venir trouver son sexe bandé. Elle l'empoigna avec force faisant cambrer Jake sous son attaque. 

— Je le sens très bien, répondit-elle avant de venir mordre son épaule.

— Je crois que..., hoqueta son amant tandis qu'elle resserrait son emprise.

N'ayant plus la patience d'attendre, elle guida Jake en elle et s'empala sur lui dans un soupir de satisfaction. Tout était enfin tel qu'il devait l'être. Elle prit le temps de savourer cette sensation de plénitude.

Les mains sur les épaules de Jake, elle commença à se bouger. D'abord doucement, profitant de cette flamme remplissant son être.

L'eau ondulait au rythme de leurs mouvements. Elle avait pris la tête des opérations et leurs corps se remuaient désormais à un tempo endiablé. Elle se sentait telle une possédée, envoutée par sa soif de désir. Plus rien ne comptait autour d'elle. Ni la chaleur ni l'eau coulant sur leurs corps. Seuls, la colère et le ressentiment de toutes ses semaines d'absences et de silence transparaissaient à travers son corps. Elle avait envie de lui faire mal, d'aspirer toute once d'énergie en lui afin de le laisser aussi démuni qu'elle l'avait été.

Sans doute dans le même état d'esprit qu'elle, Jake empoigna son sein avant de venir y coller sa bouche le mordillant, puis le léchant ne lui laissant aucun répit. Elle y était presque, elle sentait ce vide se creuser en elle cherchant à le combler par cette jouissance qui allait bientôt tout emporter en elle.

Jake enroula ses cheveux humides autour de son poing tirant délicatement dessus afin de dégager sa nuque. La douleur fut la goutte qui la fit basculer. Le plaisir la remplit fauchant tout sur son passage. Tout son corps se contracta avant de la laisser pantelante dans les bras de Jake.

La tête dans le creux de la nuque de son amant, un léger ricanement passa le barrage de ses lèvres avant de se transformer en un rire franc et nerveux et à la fois. Bientôt les larmes vinrent se joindre à son rire, hoquetant et s'agrippant à Jake dans une tentative désespérée de le retenir.

Le jeune homme la serra contre lui, lui murmurant des mots qu'elle ne comprenait pas d'une voix apaisante. Les larmes finirent par se tarirent et elle se retrouva vidée de son énergie dans une eau devenue froide.

Jake, la sortit du bain et la sécha avant de la porter dans son lit. Le corps de son compagnon se logea derrière le sien l'entourant de sa chaleur. Leurs corps alanguis reposaient entre les draps. Jake caressait son dos d'une main nonchalante.

— J'ai lu les lettres, déclara-t-elle brisant le silence de la chambre.

Elle se tourna afin de lui faire face. Elle désirait avoir cette conversation face à face. Jake détourna le regard encore embarrassé à l'évocation des lettres.

— C'était juste pour moi, tenta-t-il de se justifier.

Elle lui saisit le visage et posa ses deux mains sur ses joues. Son regard plongea dans le sien.

— Ces lettres sont toutes un bout de toi. J'aime chaque lettre, chaque mot, car ils viennent tous de toi. Dans une tu parles d'Ayden et d'une conversation que tu as eu avec lui.

Jake se crispa, mais ne dit rien.

— Plus de secret, Jake, le supplia-t-elle.

Seul le silence lui répondit.

— S'il te plait. Recommencer à zéro, tu te souviens.

Jake souffla et se laissa retomber sur le dos. Le drap arrivait à la frontière de ses hanches. Il se couvrit les yeux de son avant-bras faisant glisser encore plus le tissu frisant l'indécence. Il paraissait perdu dans ses pensées. Elle tenta de patienter, mais sa patience semblait avoir atteint ses limites.

Elle esquissa un geste pour quitter le lit le cœur rempli de déception et d'amertume. Rien n'avait changé.

— Après la soirée de fiançailles, commença-t-il, j'ai appelé Ayden.

— Attends, je croyais que c'était à Gabriel que tu avais parlé.

— J'ai aussi parlé à Ayden. Maintenant, tout cela me parait complètement futile. Mais à l'époque quand il a dit toutes ces choses, j'ai mal réagi et j'ai reculé.

— Alors cette fille qui m'a ouvert ?

— C'était ma voisine. Il ne s'est jamais rien passé. Aujourd'hui, elle est mariée et tellement heureuse que c'en est écœurant.

— Tu m'as brisé le cœur. Quand cette fille a ouvert la porte et que j'ai compris que j'avais tout risqué pour du vent, j'aurais pu en mourir, Jake.

Les traits de Jake se crispèrent. La vérité faisait mal, seulement elle avait besoin d'exorciser toutes ces vieilles émotions.

— Ayden était mon ami, poursuivit Jake. Un amour peut faner, mais une amitié perdure. En plus, il était la seule personne que tu pouvais appeler une famille. Si tu avais eu un choix à faire, je ne peux pas dire avec certitude lequel tu aurais fait, mais tu aurais été perdante. Si tu m'avais choisi, Ayden m'aurait sans doute tourné le dos et par extension tu lui en aurais voulu. Et si tu l'avais choisi lui, notre amitié n'aurait plus été la même et tu t'en serais sûrement voulu.

— Tu veux dire que tout ça, c'est de ma faute ?

— Oui... non ! Toutefois, je n'étais pas prêt à prendre le risque de te faire perdre ta seule famille, et moi mon ami pour une relation dont je n'avais aucune certitude.

— Et maintenant ?

— Je risquerais tout, même ma vie s'il le fallait. Je crois en nous au point de tout miser. Je t'aime, Kitty cat, murmura-t-il dans le creux de son oreille.

Son cœur rata un battement et sa respiration se bloqua dans sa gorge. Jake Andersen venait de lui dire qu'il l'aimait et cette fois-ci, elle était assez sobre pour l'apprécier.

Ses yeux exhalaient l'amour et il était tout droit dirigé vers elle. Fanerait-il un jour ? Non. Elle se refusait de penser à la fin de quelque chose qui venait à peine de commencer.

Et si un jour, il devait y avoir un dernier je t'aime de Jake, eh bien elle se réjouirait d'avoir un jour été aimé par cet homme.

Elle croisa les mains sur son cou afin de l'attirer vers elle en vue de lui voler un baiser.

— Si tu me trahis encore une fois, je ne te reverrai jamais, peu importe le nombre de vies que j'aurais, le menaça-t-elle en détachant ses lèvres des siennes.

— Deal.

Ils avaient réussi à mettre leur orgueil de côté. Le passé appartenait au passé. Elle pouvait bien sûr passer son temps à ressasser un passé dont elle n'avait aucune prise. Cependant, cela ne l'amènerait à rien a part tout perdre. 

À présent, elle voulait juste se tourner vers le futur. Peut-être, ne vivraient-ils pas heureux jusqu'à la fin de leurs jours, mais au moins ils auraient vécu quelque chose. C'était le plus important pour l'instant. 

***

Coucou ! 

Alors ça y est c'est la fin. Pour l'instant, elle me satisfait sans me satisfaire. Je la modifierais peut-être un peu plus tard. Dans tous les cas, je suis arrivée là où je voulais arriver. 

Certaines auraient sans doute aimé que Jake rame un peu plus. Mais pour moi l'écriture et une sorte de catharsis. J'ai déjà vécu cette attente, ces silences et cette tromperie qui fait mal. Et essayer de faire ramer l'autre ne m'as rien apporté à part finir seule avec mon orgueil et beaucoup de non-dits. 

Donc voilà, ici j'ai voulu que ça finisse bien dans une fin que j'aurais sans doute voulu avoir. J'espère que ça vous a plu ! des bisouilles et je vous souhaite autant d'amour que vous m'en donnez. <3

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