PARTIE 29 - Reste. ( a )
Ses parents étaient partis. Ils avaient promis qu'ils reviendraient dans pas longtemps, mais ils n'étaient jamais revenu. Sa maman lui manquait, elle lui faisait toujours des câlins quand elle était triste. Et là, elle était très triste.
La petite fille qu'elle était alors avait entendu très longtemps devant la fenêtre guettant le retour de la jolie voiture bleue de son père. Le soleil avait laissé place à la pluie. L'eau tapait très fort contre les carreaux, l'empêchant de voir de ce qui se passait dehors.
Elle luttait contre le sommeil. Elle n'irait pas dormir tant qu'ils ne seraient pas rentrés ! Elle sauterait dans les bras de son papa qui la ferait tourner dans ses bras. Elle aimait ça, elle avait l'impression d'être un oiseau.
— Lisa, il est temps d'aller dormir, petite demoiselle !
— Encore un peu mamie ! Je veux que maman me lise une histoire.
— Maman sera fâchée si tu n'es pas au lit.
Lisa grimaça, son cerveau de petite fille de 4 ans réfléchissait à la conduite à tenir. Elle ne voulait pas fâcher sa maman, mais elle ne voulait pas non plus les rater. Ils lui manquaient beaucoup trop.
Après avoir réfléchi, elle se décida à suivre sa grand-mère. Elle ne voulait vraiment pas fâcher sa maman. Elle saisit donc docilement la main de sa mamie nona, et quitta son poste d'observation à contrecoeur.
Elle était en train de monter les escaliers quand la sonnette retentit. Papa ! Ils étaient enfin rentrés ! Elle lâcha la main de sa grand-mère et courut jusqu'à la porte aussi vite que ses petites jambes le lui permirent.
— Lisa, attention tu vas glisser.
— Vite mamie, ouvre !
Elle tentait tant bien que mal à attraper la poignée, mais elle était beaucoup trop petite.
Elle fronça ses petits sourcils, ce n'était pas ses parents. Les deux messieurs avaient l'air gentils, mais elle voulait voir son papa et sa maman. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, elle était triste et en avait marre d'attendre.
— Je suis bien chez les Miller ?
Sa grand-mère faisait une drôle de tête, ses mains tremblaient et agrippait la porte très fort.
— Mamie, c'est qui ?
— Va dans la salle à manger ma poupée, mamie te rejoint.
— Mais papa et maman, ils vont bientôt revenir hein ?
— Mamie...mamie arrive, va jouer.
Elle se traina avec son doudou jusqu'à la salle à manger reprenant son poste d'observation en collant son visage sur la vitre. Maman détestait ça, elle disait que cela faisait des traces sur les carreaux.
Elle entendit sa grand-mère crier, elle descendit de la banquette et courut jusqu'à sa mamie. Si les messieurs avaient été méchants avec mamie, elle les mordrait. Maman la gronderait, mais personne ne pouvait faire du mal à sa mamie !
— Mamie, pourquoi tu pleures ?
— Je...Je...
Ses parents n'étaient jamais revenus, et ils ne reviendraient pas. Sa mamie nona lui avait dit qu'ils étaient montés au ciel. Mais elle, elle voulait qu'ils restent sur terre avec elle. Comment elle pourrait les voir sinon ? Elle ne savait pas voler.
— Je vais aller habiter avec toi, mamie ?
— Non, mon ange je suis trop vieille pour te garder. Tu vas avoir une nouvelle famille.
— Mais je veux pas ! Je veux pas ! Je veux papa et maman !
Elle n'en voulait pas d'une nouvelle famille ! Elle en avait déjà une.
— Ils sont partis, ma poupée.
— Je te promets. Je serais sage mamie, dis-leur qu'ils reviennent. Je ferais pas de bêtise ! Je veux...papa et ma...man.
Elle avait pleuré très longtemps suppliant sa grand-mère de la garder avec elle, mais elle avait quand même dû partir.
Sa mamie lui avait expliqué qu'elle ne reviendrait plus jamais dans sa maison. Elle avait voulu prendre tous ses jouets avec elle, mais mamie lui avait dit que ce n'était pas possible.
Elle n'aimait pas cette nouvelle vie. Elle, elle voulait juste sa maman et son papa, elle avait même demandé au Dieu. Mamie lui parlait beaucoup, même si nona ne l'avait jamais vu. Sa mamie lui avait un jour expliqué qu'il exauçait les vœux.
Elle avait alors demandé à ce qu'il lui rende ses parents, mais si elle partait il ne saurait pas où les ramener !
Elle avait voyagé pendant très longtemps avec une dame qu'elle ne connaissait pas, avant d'arriver devant une grande maison. Elle était jolie, mais elle lui faisait un peu peur.
Lisa serra son doudou très fort contre son petit corps. Sa mamie avait mis du parfum de sa maman dessus. Elle lui avait dit que comme cela elle était toujours un peu avec elle.
Lisa n'avait pas voulu rendre triste sa mamie, mais même si c'était le parfum de sa maman, ça ne sentait pas pareil.
— On est arrivé.
La gentille dame, lui avait donné sa petite valise coccinelle.
Lisa avait eu peur. La dame lui avait fait un câlin avant de l'amener rencontrer sa famille. Sa nouvelle maman était très grande et très belle. Elle lui faisait penser à une grande poupée, seulement elle n'avait pas l'air très heureuse de la voir.
Le monsieur à côté d'elle n'était pas très beau et il ne paraissait pas très gentil non plus. Il la regardait en grimaçant comme si elle était sale. Pourtant ce n'était pas vrai, elle avait pris un bain et sa mamie lui avait mis de la crème à la fraise. Elle renifla son petit bras et fut rassurée de sentir l'odeur de bonbon.
Elle se retient de pleurer. Elle ne voulait pas passer pour un bébé. Un garçon entra dans la pièce. Lui au moins il ne faisait pas la tête. Peut-être qu'il voudrait bien jouer avec elle.
Elle pencha la tête et le dévisagea derrière son doudou. Elle le trouvait très beau. Il avait de beaux cheveux noirs. Il ferait un très beau prince pour tuer les dragons.
— Tu es mon nouveau frère ?
Il parut hésiter à répondre. Peut-être qu'il ne voulait pas d'elle ?
— Oui, je suis ton nouveau frère, finit-il par dire.
Elle l'aimait bien.
Ayden, son nouveau frère, était gentil. Il la prenait partout avec elle. Il allait même lui présenter son ami. Elle préférait jouer avec les filles parce que les garçons ne voulaient pas jouer à la poupée et aux princesses avec elle. Mais c'est toujours mieux que de rester toute seule. Ses nouveaux parents n'étaient pas très gentils. Ils ne lui parlaient jamais et ne voulaient pas jouer avec elle. Son nouveau papa ne voulait même pas la faire tourner dans les airs.
— Lui, c'est Jake.
Il était super beau. Il ressemblait à un des princes dans les histoires que sa maman lui racontait.
— C'est qui la petite morveuse ?
Visiblement, il n'était pas très gentil lui non plus. Elle se cacha derrière Ayden, mais tout de même prête à le mordre s'il était trop méchant.
— Jake ! Si tu es méchant, je ne jouerais pas avec toi !
— Mais c'est une fille, Ayden ! On ne joue pas avec les filles, ça fait que pleurer !
— Elle ne pleurera pas. Hein, Lisa que tu ne pleureras pas ?
— Promis.
— Mais c'est un bébé ! Regarde, elle a encore son doudou !
— C'est ma maman qui me l'a acheté !
— D'accord, mais elle ne vient pas chez moi ! Jamais !
Lisa se réveilla tirée de son sommeil par les rayons du soleil et la fraîcheur ambiante. Elle se tourna dans le lit pour constater qu'elle y était seule. Jake était parti.
Elle avait cherché dans toute maison, elle devait se faire une raison, Jake n'était plus là. Elle composa pour une énième fois le numéro de Jake. La sonnerie résonnait dans le vide. Soit Jake n'avait pas son téléphone à portée de main, soit il filtrait les appels.
Elle se laissa tomber sur le lit et pensa à ses dernières 24 heures. Avait-elle bien fait de suivre Jake dans sa fuite ? Cela faisait des années qu'elle n'avait pas fait ce rêve sur ses parents.
Son téléphone se mit à vibrer. Sans réfléchir, elle se jeta dessus sans regarder l'interlocuteur.
— Jake, où es-tu ?
— Ce n'est pas Jake, gronda la voix d'Ayden à l'autre bout de la ligne.
Et voilà le début des problèmes ! Elle prit une grande inspiration et attendit la ronflante que son frère n'allait pas manquer de lui passer.
— Bon sang, qu'est-ce qui t'as pris Lisa ? Tu aurais dû voir la tête de Nigel quand il a compris que Jake ne viendrait pas !
Une pointe de remords lui serra le cœur. Nigel avait dû être effondré quand il avait compris que Jake ne serait pas là pour faire ses derniers adieux à sa mère.
— Je ne l'ai pas kidnappé. Écoute, Jake ne pouvait pas y aller, il ne voulait pas y aller ! Je n'allais pas le trainer de force quand même !
Ayden soupira à l'autre bout du fils.
— Je comprends, Lisa. Enfin, j'essaie de comprendre. Passe-moi Jake, j'ai besoin de lui parler et il ne répond pas à son portable.
— Il n'est pas avec moi. Je croyais qu'il était avec toi, que c'était pour ça que tu m'appelles d'ailleurs.
— Bordel ! Où a-t-il pu passer ?
Son frère continua à babiller à l'autre bout du fil. Se parlant à lui-même comme il le faisait chaque fois que quelque chose le contrariait.
— Je suis à la maison d'invités. On s'est endormi et quand je me suis réveillée il était déjà parti.
Heureusement, son frère ne releva pas le fait qu'elle avait passé la nuit avec son frère. Même si cette fois-ci, il n'y avait rien eu de charnel entre eux.
Bon sang ! Elle avait beau réfléchir, elle n'avait strictement aucune idée d'où avait bien pu aller Jake ! Ils étaient censés essayer de construire une relation, pourtant elle se rendait compte qu'en dehors de la surface, elle ne savait rien de lui.
— Je vais passer quelques coups de fil.
— Préviens-moi si tu as de ses nouvelles, implora-t-elle son frère.
Elle réfléchit à toute allure. Où diable pouvait-il bien être passé ? Elle repensa à leur semaine passée ici et décida de tenter sa chance à la plage. Si elle se trouvait dans l'état d'esprit de Jake, elle irait voir la mer.
Lisa se rhabilla et marcha jusqu'au rivage. Elle aperçut vite la grande silhouette de Jake fixant l'océan sans bouger. Fidèle à sa promesse, elle envoya un SMS à Ayden afin de le prévenir que Jake allait bien.
Elle s'approcha et s'assit sans un bruit à côté de lui. Jake avait une tête de zombie. Il avait remis sa chemise noire de la veille qui à présent était toute froissée.
— J'aime la mer, dit-il sans décrocher son regard de l'océan.
Elle ne répondit rien et contempla l'écume faire des aller-retour hypnotiques sur le sable. Le ciel était bleu et l'eau était calme.
— Tout le monde te cherche.
— Et bien qu'ils continuent.
— Jake, soupira-t-elle. Ton père s'inquiète.
Il se tourna vers elle et la fixa de son regard meurtri. Ses yeux étaient injectés de sang, et de grands cernes violets ombraient ses paupières.
— Je ne peux pas.
— Tu ne pourras pas les fuir toute ta vie.
— Je sais. Je souhaite juste un peu de temps. Un peu d'espace.
Elle pouvait lui accorder au moins cela.
— Je dois retourner à New York ce soir. Tu peux venir avec moi si tu veux, proposa Lisa. Même si je pense que tu devrais parler un peu avec ton père.
— Je rentre avec toi.
C'était la réponse qu'elle redoutait. Jake était en train de se renfermer sur lui-même et de se couper du monde par la même occasion. Elle n'était pas sure que l'effervescence de la ville soit bénéfique pour Jake en ce moment. Mais elle avait promis de le soutenir et c'est ce qu'elle allait faire.
— Jake, ne...
— J'ai tellement mal, Lisa.
— Et qu'est-ce que ça fait de nous deux ?
— Je ne sais pas, répondit-il après un bref silence.
Quatre petits mots qui lui arrachèrent le cœur.
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