Chapitre 56

Jooheon avait prononcé mon prénom si calmement. Je commence à trembler et je marmonne :

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Ne t'en vas pas, me demande-t-il.

Je me retourne face à lui :

-Qu'est-ce que ça te fous, que je m'en aille ou pas ? Il y a des centaines de nouvelles joueuses qui t'attends, dans la boîte de nuit.

-C'est ça que tu ne comprends pas, déclare-t-il. Je ne veux pas d'autres joueuses. Je ne veux plus jouer. Parce que je ne veux pas être infidèle.

Je serre la poignée de ma valise.

-Je me suis souvent demandé pourquoi je t'avais choisi, comme joueuse. Je m'en suis souvent voulu, d'abord parce que tu étais particulière, comme joueuse, et ensuite parce que tu avais réussi à me faire perdre le jeu. Mais en fait, je sais pourquoi. Parce que le premier jour où je t'ai vu, je t'ai trouvé magnifique. Tu étais tellement belle, surtout quand tu souriais et riais avec Océane. Je voulais te faire sourire comme ça, tous les jours. Tu semblais innocente, angélique, pas comme d'autres sur la piste qui n'était là que pour embrasser un maximum de mecs. Tu ressortais, par rapport aux autres. Et je t'ai choisi pour ça, inconsciemment. Pas pour jouer, mais pour peut-être un jour être heureux avec toi. Je ne crois pas au coup de foudre, mais... Peut-être était-ce quelque chose du genre, ce soir-là.

Il marque une pause et me regarde droit dans les yeux :

-J'ai tout fait pour essayé de te plaire, inconsciemment, sauf que toujours sans me rendre compte, je ne prenais que le jeu en prétexte, et c'était ce qu'il ne fallait pas faire. Les jours sont passés, je me mentais de plus en plus, en me disant que tu ne me faisais aucun effet. Et le jour où je me suis dit que oui, je t'aimais, j'avais l'impression que tu me voyais déjà comme un connard et que la seule façon pour moi de peut-être... La victoire du jeu m'était essentielle en gros, mais plus pour les mêmes raisons. Voilà pourquoi j'ai embrassé Océane. Sauf qu'encore une fois, j'ai fait une erreur. Je ne t'ai rien dit, parce que j'avais peur que tu me rejettes, encore une fois je me suis trompé, j'ai empiré les choses. Jusqu'à hier soir. Hier soir, j'avais décidé d'être sincère avec toi. Mais ce masque de joueur, de salop de joueur, a tout gâché. Comme si c'était ma punition, pour t'avoir menti, pour avoir fait de la merde pendant des mois avec toi. La pute qui était sur moi, j'essayais de la dégager, c'était une ancienne joueuse. Je ne voulais surtout pas que tu nous vois et que tu crois... Des choses, qui étaient fausses. Mais évidemment, il n'a pas fallu que ça se passe comme ça. Je veux que tu saches, Léna, que tu n'as pas perdu. J'ai perdu avant toi, j'ai juste eu peur de l'avouer.

Il se mord la lèvre, comme pour s'empêcher de pleurer :

-Je suis désolé, Léna. Je te le répète, je suis désolé. Tu peux m'en vouloir toute ta vie, si tu veux. Tu peux m'insulter, me frapper si tu veux, je mérite que tu me détestes pour toute la misère que je t'ai causé rien qu'avec un stupide jeu. Mais ne t'en vas pas à cause de moi. Tu as une vie ici, je peux m'effacer de celle-ci, mais ne pars pas à cause de moi. Tu aurais pu avoir une vie meilleure, tu...

-Ne dis pas ça, je le coupe.

Je n'arrive plus à me retenir et commence à pleurer en silence :

-J'ai une chance incroyable. J'ai vécu des choses que je n'aurais pas cru vivre en arrivant ici. Être amie avec des idoles, rencontre des groupes de K-Pop, travailler à la JYP, faire un stage à la Starship, aller à un festival entourée d'idole et j'en passe. Si je ne t'avais pas rencontré, sûrement que tout ça ne serait pas arrivé, qu'on n'en serait pas là. Hoseok et Océane ne serait pas ensemble, Minhyuk et Anna non plus. Peut-être que Taehyung et Rose ne se connaîtraient pas. Hyungwon et Clara ne seraient pas amis, non plus. Beaucoup de chose ne serait pas arrivé. Alors non, je ne regrette pas de t'avoir rencontré. Mais...

Je m'arrête. Je voudrais dire que je dois partir. Que je ne peux plus vivre comme ça, en ayant peur de le croiser. C'était ce que j'aurais dû dire.

Sauf que quelque chose me bloque. Je regarde mon billet d'avion. J'ai encore une heure pour embarquer. Et soudain, je le déchire et marmonne :

-Mais je ne peux pas partir.

Je lève la tête vers lui et secoue la tête :

-Parce que... Parce que oui, j'ai une vie ici. Et parce que j'aurais beau le nier, mais je t'aime. Et que tu m'as convaincu à nouveau que tu m'aimais. Alors, je ne sais pas si tu mens encore...

-Le jeu est fini, m'arrête-t-il. Je n'ai plus aucune raison de te mentir. Regarde-moi.

Je le fixe. Il prend mes mains et me sourit doucement :

-Je t'aime, Léna. Plus que tu ne le crois.

Il sèche mes larmes et je l'enlace. Il me serre contre lui, et on reste comme ça en plein milieu de l'aéroport. Je lui glisse en souriant :

-Et puis, j'ai oublié de démissionner de la JYP.

-Ah ouais, c'est con.

Je l'aime, ce petit con.

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