Chapitre 43
Jooheon part en courant en direction tandis que je reste figée, entre l'envie de rire et de paniquer. D'un point de vue, cette situation est assez comique pour moi, puisque c'est Jooheon qui est plus dans la merde que moi. D'un autre côté... Bah, je prends cher aussi. Parce que l'information va être diffusée PARTOUT, donc tout le monde va connaître ma tête, me dévisager ou je ne sais quoi, et je vais m'en prendre clairement plein la gueule des fans qui ne respectent pas la vie privée. Du genre, je vais me faire traiter de pute, comme quoi je ne mérite pas Jooheon, que je suis moche, et je ne sais quoi encore.
Je serais réellement en couple avec ce con, ça me passerait au-dessus, parce que j'aurais d'une certaine manière accepter de subir ça. Le problème, c'est que j'explique comment qu'on est pas en couple et que je suis UNE PUTAIN DE VICTIME D'UN JEU DE SÉDUCTION DE MERDE et que j'ai JAMAIS voulu tout ça.
Vous savez c'est quoi le pire ? C'est que si la photo est diffusée, je suis persuadée que Jooheon va faire genre que oui, on est en couple, juste pour jouer. Je le sens tellement fort.
OK, j'ai plus envie de rire.
Je ramène mes cheveux en arrière :
-Pourquoi, mais pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi...
Je m'essuie sur les lèvres et dans le même temps le baiser que je viens d'avoir avec Jooheon. Comme si à nouveau, je reniais mes sentiments et la vérité. C'est ce que je fais depuis que je me suis posée la question si je l'aimais vraiment ou pas. Cacher, mentir. Me mentir à moi-même. Me persuader que je n'éprouve rien. Et j'y arrive tellement bien que maintenant, je ne sais plus où j'en suis. Une seconde, j'avoue l'aimer, la seconde d'après, je me rends contre que ce n'est qu'un mirage. Au final, je ne sais plus, même plus pourquoi je me mens. Pour gagner ce jeu ou pour éviter de me faire du mal ? Peut-être les deux, peut-être que l'un... Je suis totalement perdue. Je commence, non, j'ai déjà peur de ressentir ce que je me suis interdit. J'ai peur de tomber et ne jamais pouvoir me relever, ou à l'inverse de vivre dans une prison sans jamais pouvoir en sortir. J'ai peur de finir comme toutes les autres joueuses – Hyuna étant une exception – ou d'être leur contraire et ne jamais pouvoir finir le jeu. J'ai peur d'être naïve ou prudente. Parce que je sais que dans tous les cas, je risque fortement de me faire du mal et de finir brisée.
Peu importe, le problème actuel n'est pas le jeu en lui-même, mais le mec qui est capable de ruiner ma vie avec une putain de photo.
-REVIENS ICI, CONNARD ! j'entends Jooheon hurler dans le couloir.
Il passe devant moi, essoufflé, et s'arrête. Son regard est plus qu'en colère que sérieux. Je lève un sourcil :
-Tu l'as rattrapé ?
-Je vais lui éclater la gueule, ce petit con, ce salopard, je...
-Je te parle.
-Non.
Il serre les poings :
-Mais je sais qui c'est et je vais...
Je fronce les sourcils en voyant alors Wonho passer à pas de loup, un téléphone à la main, pensant ne pas se faire remarquer par le rappeur.
Seulement, voyant mon regard plein d'incompréhension, il se mord la lèvre et se retourne brusquement pour le plaquer contre la porte des toilettes.
-Supprime la photo, articule Jooheon.
-Oh, ça va, je voulais te faire marcher, rigole le jeune homme.
-Tu comptais faire quoi avec cette photo ?
-Rien du tout, te faire paniquer, et après j'aurais sûrement envoyé la photo sur le groupe Skype.
-Tu fais chier, soupire-t-il.
-Mais putain, t'as pensé à moi ? je m'écrie.
-Bah justement, sourit le vocaliste, le but était de vous faire paniquer tous les deux.
Quel con.
-Je précise que ce n'est pas mon idée, se défend-il.
-Hyungwon ? demandons Jooheon et moi d'une même voix.
Il hoche la tête et je soupire.
-Supprime la photo, répète Jooheon.
-OK, OK, tiens, regarde.
Wonho sort son téléphone et supprime la photo devant ses yeux :
-Voilà, t'es content ?
-T'as un I-Phone.
-Et ?
-Supprime-le de la corbeille.
Wonho lève les yeux au ciel et je souris. Je baisse les yeux sur ma montre et souffle :
-Bon, je reprends dans trois minutes, je vous laisse.
Sans attendre de réponse, je m'en vais et en partant, j'entends le petit ami d'Océane lancer au joueur :
-Je te connais Jooheon.
○○○
-Alors ? me demande Daesung. Contente de ton stage ?
Je souris :
-C'était vraiment génial, j'ai appris plein de choses. Merci énormément.
-Oh, mais c'était un plaisir de te rencontrer et de travailler avec toi.
Il s'incline devant moi et je l'imite.
-Bon, je pense que ce ne sera pas vraiment un secret, mais de mon point de vue, ta note sera positive, et l'équipe artistique est également plutôt contente de ton travail fait pendant les deux derniers jours.
-Tant mieux !
Sunhee s'avance et me sourit :
-Si tu pouvais me tenir au courant de ce qu'il se passe entre...
-Ne finis pas ta phrase, je la coupe.
-Non, plus sérieusement, j'ai été ravie de faire ta connaissance.
Je hoche la tête :
-Moi aussi.
-D'ailleurs, je trouve ça dommage d'arrêter une relation si brutalement...
Elle me tend un papier :
-Si tu as besoin de parler parce qu'ils te font trop chier, n'hésite pas.
Je rigole :
-Pas de problème, mais j'ai appris à les supporter avec le temps.
-Je n'en doute pas !
Je m'incline une dernière fois, salue mes deux mentors et sort de l'agence en lâchant un très long soupire.
Après une journée entière de shooting et une autre journée à retoucher des photos et à rédiger un rapport pour expliquer mes choix « artistiques », après cinq jours de stage, j'ai enfin terminé mon stage à la Starship.
Quelle expérience de dingue. Je suis presque triste que ça soit fini.
Et puis, quand je me rends compte que je verrais moins de fois Jooheon en une journée, je me dis que c'est plutôt bien que ça soit enfin fini.
Non, en réalité, je suis plus triste que heureuse d'en avoir fini avec ce stage. Mais le prochain est dans deux jours, et à la JYP cette fois. Ça aussi, ça va être une expérience de ouf, je pense.
Je rejoins Kihyun qui m'attend tranquillement devant l'agence :
-On peut y aller.
-Tu sais qu'il est probable que tu ne reviennes plus jamais ici ?
Je jette un regard à l'emblème de la Starship :
-Tu le penses vraiment ?
-Absolument pas, tu es notre amie et tu est une joueuse, je suis certain que Jooheon risque de te ramener ici pour X raison.
C'est ce que je me disais.
Je le suis jusqu'à sa voiture et monte dans celle-ci.
-Je te ramène où ? me demande-t-il en démarrant.
-Chez les filles ?
-OK, ça marche.
Nous commençons à discuter.
PDV Jooheon
Elle disparaît dans la voiture de Kihyun, souriante. Puis la voiture disparaît elle-même au loin. Et je soupire.
Dans quelle merde je me suis fourré...
Voilà à quel point j'en suis : mes proches se doutent que je ressens des choses pour elle. Ça se voit sur mon regard, dans mes gestes, mes actions, mes mots. Ce que j'essayais de cacher se lit désormais en moi comme dans un livre ouvert. Ils savent que je suis en train de craquer, et que d'un moment à l'autre, je peux tout foutre en l'air pour elle et perdre. Je suis arrivé à ce point. Et c'est la première fois que je sens de si près la défaite, que je la frôle.
Pourquoi je vois encore ça comme une défaite ?
Selon le jeu, c'en est une. Dans la vraie vie, ça peut l'être. Tout dépend de si ses sentiments sont réciproques. Mais je ne le pense pas. Je suis horrible avec elle. Enfin, pas tout le temps, ils nous arrivent d'avoir ces discussion si sérieuses... Mais dans l'ensemble, je n'ai rien fait pour que je lui plaise. Je n'ai fait que la dégoûter de moi. Je la force à m'embrasser, par égoïsme. J'ai dû être le seul à l'avoir apprécier, notre baiser « sincère ». Elle, malgré qu'elle ait étrangement fini par se laisse faire, elle ne m'aime pas. On ne peut pas dire le contraire. Et moi... Moi, oui, je commence à l'aimer.
Rien qu'en prenant l'exemple d'hier, la photo de notre baiser prise par Wonho. Le moment où j'ai cru que nous venions de nous faire prendre par un paparazzi. Wonho a dit que le but était de nous effrayer tous les deux, mais la vérité est que que lui et Hyungwon – puisqu'il est dans le coup – voulaient me faire prendre conscience de la vérité. J'ai plus paniqué qu'elle, et c'est pour ça c'est si bien vu. Et bizarrement, je n'ai pas tant paniqué que ça pour moi. Je n'ai pas tant que ça paniqué qu'on parle de moi dans les magasines, que des rumeurs sur ma vie de couple se propagent sur le net. Pourtant, c'est le genre de chose qui me ferait bien chier, en tant normal. Mais là... Oui, j'ai plus paniqué pour elle. J'ai plus paniqué, en me disant qu'elle allait se faire détester, allumer sans cesse, que sa vie serait foutue et je ne vais pas vous retranscrire toutes mes pensées. J'ai plus eu peur pour elle que pour moi, rien que pour une photo. Et Wonho le sait très bien. C'est pour ça qu'après qu'elle soit partie, après l'incident, hier, il m'a sourit et m'a simplement dit Je te connais. Et il est parti. Il sait. Tout le monde sait.
Parce que je perds le contrôle.
Je suis arrivé à un point où je me dois de finir le jeu au plus vite. En perdant ou en gagnant. Je dois faire quelque chose, parce que je vais finir par aggraver la situation. Quel chemin dois-je suivre alors ? Je pourrais perdre. Perdre, ça serait la solution la plus logique. Seulement, perdre et la perdre me détruirait trop. Et je sais que si je choisis le chemin de la défaite, si simple, sans problème, c'est cette fin qui m'attends.
Je dois gagner, quitte à la perdre. Mais si je la perds maintenant, je limiterais les dégâts. Et j'aurais au moins une victoire.
Je ne vois qu'une solution. Je n'ai qu'une idée en tête pour gagner, qui me trottine depuis longtemps. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ne le pense pas. Mais je dois agir vite.
Je sors mon téléphone.
PDV Léna
-Merci Oppa ! je souris. On se voit plus tard !
-C'est ça, à plus !
Je sors de la voiture et frappe à la porte de la maison qui m'est ouverte par Rose. Je rejoins les filles dans le salon et Naomie me demande :
-Alors ?
-C'était génial, je souffle en m'effondrant dans le canapé. Grave bien.
Je me rassois bien puis demande :
-Océane n'est pas là ?
-Elle est partie il y a deux minutes, elle a dit qu'elle avait un truc important à faire qu'elle avait oublié, me répond Clara.
-Oh, tu devineras jamais ce qu'elle a fait hier matin, quand toi et Océ vous êtes parties bosser, s'excite Rose.
-Non, vas-y.
-Elle a passé un entretien avec EXO !
Je lève un sourcil :
-Vraiment ?
-Bon, si vous commencez à parler de K-Pop, je monte dans ma chambre, soupire Mélissa.
-C'est ça, casse-toi, répond Rose en faisant mine d'être soûlée.
-Ils m'ont juste poser des questions, explique Clara en haussant les sourcils.
-Juste des questions, je rigole. Quoi comme questions ?
-Bah... Je sais pas, des questions par rapport au poste et des questions randoms... C'était avec Kai, Kyungsoo et Baekhyun.
-Et tu penses accepter ?
Elle se tait.
-OK, je vois, je soupire. Vous avez des nouvelles d'Anna ?
-Elle était au téléphone tout à l'heure, m'informe Naomie.
-Hum, renchérit Rose, mais sinon... On ne l'a pas vu.
-VOUS POUVEZ ME MONTER MON LIVRE DE CORÉEN ? hurle Mélissa des escaliers.
-Oh la chieuse...
-Qui y va ? lâche Clara, exaspérée.
-J'y vais, je marmonne.
Je prends le livre posé sur la table basse et monte le donner à Mélissa. Elle me remercie et je m'apprête à descendre lorsque j'entends une porte s'ouvrir, puis mon prénom :
-Euh, Léna... Tu peux venir ?
Je me retourne et lève un sourcil. Anna me regarde, les yeux rouges. Je souris doucement :
-J'arrive.
J'entre dans la chambre et Anna s'empresse de fermer la porte. Le silence règne un instant, puis j'hésite :
-Anna... Ça va pas ?
Elle éclate en sanglot et entre deux larmes, je l'entends dire une phrase, une seule qui me laisse de marbre. Je la serre dans mes bras, essaye de la calmer, avant qu'elle ne m'explique tout ce qu'elle nous cache depuis quelques jours. Et je me retiens moi-même de pleurer, parce que je ne suis pas encore prête à ça.
PDV Océane
Je m'arrête devant le lieu de rendez-vous et regarde autour de moi pour apercevoir une ruelle dans laquelle je le vois. Je le rejoins, ne comprenant toujours pas pourquoi il voulait me voir. Enfin si, j'ai une idée de quoi est-il question. Ou du moins, de qui ça concerne.
Mais bizarrement, je ne le sens pas vraiment.
Je m'arrête à quelques pas de Jooheon et le fixe, les bras croisés :
-Alors ? Je suis là.
Son visage est tourné vers le sol. L'hésitation est lisible dans ses yeux. Je suis si stressée que j'en ai chaud, j'en tremble presque. Il serre les poings, inspire, expire, comme s'il réfléchissait. Puis il se détend et s'avance vers moi, lentement. Je ne bouge pas. Terrifiée ? Ou juste perdue ? Dans tous les cas, je reste figée, ne comprenant pas sa réaction et l'appréhendant. Il est plus proche lorsque je l'entends murmurer d'une voix grave trois mots avant qu'il ne fasse la chose que j'espérais qu'il en fasse pas :
-Je suis désolé.
J'aurais dû m'y attendre.
Brusquement, dans la ruelle noire, cachée par la nuit sans étoile, il pose ses lèvres sur les miennes.
PDV Anna
Sous conseil de Léna, j'ai appelé Minhyuk pour qu'on se voit et que je lui explique la vérité. Il semblait inquiet au téléphone, mais il a accepté, et j'attends depuis dehors, dans le froid (NDA : Pas sous la pluie, il y a des limites). Pendant ce temps, Léna a expliqué ce que je ne pouvais pas dire aux filles, ce que j'avais peur de leur annoncer depuis que je savais... ce qu'il se passait. J'avais tout prévu, sauf ça. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Mais malheureusement, je ne peux rien y faire. Je n'ai pas le choix. J'ai essayé de trouver une autre solution, il n'y en a pas. J'ai des priorités dans la vie, il a fallu revoir les miennes. Je m'y suis pris tard pour enfin cracher le morceau, très tard. Mais je n'étais pas capable de dire cette chose si simple, mais... Mais qui personnellement, me rend triste, voilà tout.
J'aurais dû le dire plus tôt, pour leur laisser plus de temps de, je ne sais pas, s'y faire. Mais égoïste, je me suis laissée plus de temps pour leur dire la vérité.
La voiture familière de Minhyuk se gare devant la maison. Je m'y approche, ouvre la portière et entre dedans avant de la claquer. Je n'ose pas croiser le regard du chanteur. Un court silence se passe avant qu'il se racle la gorge :
-Tu veux aller quelque part ou...
-Non, je préfère rester ici.
Il hoche la tête et éteint le contact. Je bouscule ma tête en arrière pour retenir mes larmes. Je n'ai pas envie de lui dire. Je n'en ai pas vraiment pas envie. Je me suis attachée à lui. Malheureusement, je sais maintenant que je n'aurais jamais dû. Et maintenant, je suis là, à devoir lui briser le cœur, et briser le mien.
-Minhyuk, je commence.
Je sèche mes larmes et Minhyuk me caresse les cheveux pour tenter de me calmer :
-Arrête de pleurer, ce n'est pas grave...
-Minhyuk, je suis désolée...
-Pourquoi tu es désolée ? Parce que tu ne m'as pas parlé ces derniers jours alors qu'on se parlait tout le temps ?
-Non, ce n'est pas ça.
Je marque une pause, me mords la lèvre, laisse tomber ma tête et lâche, alors que les larmes coulent à nouveau :
-Je te jure que je ne le veux pas, que j'étais prête à habiter ici, je cherchais justement des solutions pour rester ici, avec toi, et avec les filles. Mais... Les choses font que je dois rentrer en France.
Je me tais, avant d'annoncer le coup fatal :
-Demain.
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