Chapitre 38
Jooheon met un temps avant de comprendre mes intentions, et lorsque l'information est décodée par son cerveau, il objecte directement, me rattrapant, semblant légèrement paniqué :
-T'as cru une seule seconde que tu allais conduire ma voiture ?
-C'est ça ou il n'y a pas de rendez-vous, je souris innocemment.
-Et puis depuis quand t'as le permis ?
-Depuis mes dix-huit ans, j'ai passé le permis de conduire en France, comme beaucoup de Français. Tu es surpris
-Non, je ne dis pas ça... Mais quand même, tu n'as pas à m'obliger à faire ça !
-Tu n'as jamais dit que je n'avais pas le droit.
-Tu es trempée !
-Que c'est dramatique, je vais mouillé ton siège. Donc on est d'accord que j'ai le droit ?
-Oui... Mais...
Je remarque qu'il tient ses clés dans la main droite et je profite qu'il me fixe avec un regard noir pour lui marcher sur le pied. Surpris par la puissance de mes talons – qui aurait cru –, il pousse un hurlement et lâche ses clés que je rattrape de justesse.
C'est pas de la chance, c'est du talent.
Remarque, les probabilités que ce plan marche était très faible. Enfin.
Je lui montre ses clés, victorieuse :
-Tu montes ou tu abandonnes le rendez-vous ?
Il me dévisage, perdu, serre les poings, énervé, et soupire, soûlé :
-Tu es la pire de toutes les joueuses, je pense.
-Je dois prendre ça pour un compliment ? je demande en ouvrant la portière et m'installant à la place du conducteur.
-Descends de ma voiture.
-Donc on annule le rendez-vous ?
Il lève les yeux, hésite, puis lâche :
-Tu fais vraiment chier.
-C'est possible.
-Je te préviens, t'as pas intérêt à ce qu'il y est une seule rayure.
-Ne t'inquiète pas, allez monte.
Je savais que sa caisse était un point sensible.
Jooheon s'installe côté passager et inspire un grand coup. Je lève les yeux au ciel en démarrant la voiture :
-Tu vas prier aussi, pendant que tu y es ?
-Tu n'as pas dit mieux.
Je pose mes mains sur le volant et commence ma marche arrière.
J'avoue, je profite un peu du privilège que j'ai de conduire la voiture de Jooheon. Ça me fait plaisir.
-PUTAIN FAIS GAFFE !
-Calme-toi, je gère, je gère.
-TU GÈRES RIEN ACTUELLEMENT !
-Eh, tu baisses d'un ton ou je fonce dans le premier poteau que je vois.
Il se mord la lèvre et se tait.
Je sors donc du parking et m'engage dans la rue. Je sens très bien que Jooheon est crispé à côté de moi, et ça me fait rire. Il doit se retenir de me hurler dessus. Il grince fréquemment des dents, autant qu'il doit se masser les tempes.
-Tu peux me guider, s'il te plaît ?
-Rends-moi le volant alors.
-OK, je vais me débrouiller.
-FAIS GAFFE AU FEU !
-C'est bon, je l'avais vu, calme-toi !
-NON TU N'AVAIS PAS VU !
Il souffle, puis marmonne :
-Si j'avais su que ma bagnole serait détruite à cause du jeu, jamais je ne l'aurais créé...
-Et ça aurait été une bonne chose, je ne peux m'empêcher de rétorquer. Maintenant, on va où ?
-Tu tournes à la prochaine.
Par contre, heureusement que les Coréens roulent aussi à droite, sinon effectivement, il y aurait eu un accident.
-Tu suis la route et au rond-point tu prends la deuxième... ET RALENTIS !
-Je respecte les vitesses.
-NON, TU VAS TROP VITE, ON VA AVOIR UN ACCIDENT PUTAIN !
-T'es trop stressé, Jooheon, personne n'a conduit ta voiture autre que toi avant moi ou quoi ?
Il se tait.
Oh, je suis encore plus une privilégiée, je vois.
-Je suis honorée, je souris.
-Regarde la route au lieu de parler.
-Je peux faire plusieurs choses à la fois.
-REGARDE LA ROUTE, LA...
-Priorité, j'ai vu Jooheon, j'ai vu.
Le rappeur s'enfonce dans son siège, je vois des gouttes de sueur perler sur son visage.
-Tu peux mettre de la musique ? je demande.
-Concentre-toi.
-Je me concentre moins bien sans musique.
-Non, si je mets de la musique, tu vas chanter et tu vas te déconcentrer.
-Mais bien sûr.
Je tourne au rond-point et voyant que Jooheon ne se décide toujours pas à mettre de la musique, je soupire, décidant de passer au plan B :
-Bon, tu l'auras voulu.
J'attends le prochain feu et fais exprès de caler.
Au moment où le feu passe au vert, évidemment, sinon ce n'est pas drôle.
-PUTAIN MAIS DÉMARRE ! s'énerve Jooheon. LES GENS ATTENDENT DERRIÈRE !
-La musique, je souris en redémarrant. Ou la prochaine fois, c'est freinage sec.
-OK OK, t'as gagné, tu fais chier.
Il branche son téléphone et cherche dans ses musiques. Alors que je suis la route, je le vois hausser un sourcil, ouvrir la bouche, puis appuyer sur l'écran.
Et quand je reconnais la musique, j'appuie de surprise sur la pédale d'accélérateur.
-LÉNA !
-MAIS T'ES CON AUSSI, POURQUOI TU AS MIS CETTE CHANSON !
-Bah tu voulais de la musique, sourit-il, j'ai regardé me recommandations sur Youtube, il y avait ça, j'ai cliqué écoute.
Oh mais putain...
I'm sexy and I know it de LMFAO. S'il vous plaît. Non.
En plus, elle date tellement cette chanson...
-Arrête de me fixer avec ce regard pervers et change de chansons, parce que sinon tu vas l'avoir ton accident.
-Regarde la route au lieu de me regarder.
-ALORS ARRÊTE DE ME FIXER !
-Concentre-toi et tourne à droite.
Il soupire :
-Tu veux quoi comme musique ? Non en fait, je sais.
Je lève un sourcil :
-Tu sais ?
-J'ai regardé tes dernières recherches sur Spotify.
-T'ES SÉRIEUX ?
-Toujours se renseigner pour gagner.
-MAIS COMMENT...
Je m'arrête, puis balaye d'une main l'air, ce qui fait réagir Jooheon directement :
-TA MAIN SUR LE VOLANT !
-Mais ça va, c'est pas la mort...
-JE NE TE FAIS PAS CONFIANCE !
-Va falloir t'habituer.
-Mais comment vous passez vos permis en France...
-Comme en Corée sûrement, mais en français.
Blague de merde bonjour.
Hum hum, pardon.
Je repose ma main sur le volant et reviens à la discussion principale :
-Tu as demandé à ton pote hacker de s'en occuper, c'est ça ?
-Même pas.
-Tu m'as pris mon téléphone ?
-Même pas.
-Alors comment...
-J'ai utiliser un joker.
J'ai du mal comprendre.
Ah si, je crois comprendre.
-Tu as demandé à qui ?
-Devine ?
-Dis-moi.
-Tu penses à qui ?
-Tu n'étais pas censé inclure mes potes dans le jeu.
-Je ne l'ai pas fait. Tu pensais qui ?
-Clara.
Parce que c'est une petite pute.
Bon, c'est vrai, mais par élimination, Anna n'aurait pas fait ça, Mélissa ne comprend rien du coréen, Naomie non plus, Rose aurait refusé parce qu'elle aurait compris que c'était pour le jeu et qu'elle veut rester hors de tout ça et elle, elle aurait sûrement pensé « bah on s'en fout, donc pas grave si je lui dis », ce qui est vrai mais bon. Ça pourrait être Océane aussi.
Clara ou Océane, l'une de ses deux putes.
-Et donc, c'est qui ?
-D'abord, Kihyun, qui a refusé, et après Hyungwon a dit qu'il s'en chargeait.
Ouais, je vois. Ça revient au même.
Ces deux-là amis, c'était mauvais signe, j'aurais dû m'en douter. C'est obligé que ce petit con est demandé à Clara de s'en charger.
Et là, effectivement, ce n'est pas la fille intelligente qui a dû se dire « information pas très importante », mais surtout la petite pute qui savait que c'était pour le jeu. Merci l'amitié.
-Elle fait chier... je marmonne. Ils font chier...
-Tu devrais être heureuse, je vais mettre une chanson que tu aimes bien.
-Tu vas mettre une chanson bien sexuelle que j'aime bien, oui, pour me faire craquer.
-Je ne ferais jamais ça.
-Bien sûr.
Il lance la chanson et je me retiens d'appuyer sur la pédale d'accélérateur.
Okay de Chase Atlantic. Super.
-Alors, tu l'aimes celle-là ?
Je me mords la lèvre.
BON, il y a plus sexuel, donc ça va.
Mais je me retiens actuellement de chanter parce que je connais la chanson par cœur tellement je l'aime.
-Bah alors Léna ?
-J'étais censée rester concentrée sur la route.
-PUTAIN T'AS OUBLIÉ DE TOURNER !
Je freine brusquement.
-MAIS PUTAIN !
-T'AURAIS DÛ ME DIRE AUSSI !
-MA VOITURE ! pleure le rappeur.
Je fais demi-tour et tourne au bon endroit, indiqué par Jooheon.
-On arrive enfin.
-Je ne me suis pas encore garée.
-Oh merde, le pire reste à venir...
Il me montre un parking, malheureusement pour moi vide. Je n'aurais pas la chance de faire un créneau entre deux voitures. Dommage.
-T'es bien là, me dit-il alors que j'essaye d'être proche du trottoir.
-Non, je peux m'avancer encore un peu.
-Non, je te dis que c'est bon !
-Mais non, regarde...
Oh merde.
Là, je vais me faire défoncer.
-PUTAIN LÉNA T'ES SÉRIEUSE !
-Mais elle a rien, ta bagnole...
-POURQUOI T'AS OUVERT LA PORTE COMME ÇA !
-Mais calme-toi, ça va... Regarde, elle est même pas rayée, elle a pas tapée fort contre le trottoir !
Il souffle :
-Putain tu as de la chance...
-J'ai du talent surtout.
-Je prends le volant au retour.
-Si tu insistes.
Nous sortons de la voiture – et comme par hasard, il ne peut plus – et je regarde autour de moi. L'endroit est désert, je ne comprends pas trop où je suis. Je demande des explications à Jooheon :
-Tu me suis, tu verras.
Merci de m'éclairer, hein.
Je marche donc silencieusement sur ses pas, sans poser plus de questions. La nuit commence lentement à tomber, et je pense de plus en plus que Jooheon m'a emmené dans un endroit complètement paumé. Enfin, malgré le ciel sombre, j'arrive à discerner une cabane, probablement abandonnée. L'une des deux seules fenêtres visibles d'ici est brisée, je n'arrive pas à reconnaître la forme d'une porte.
On n'a pas fait tout ce chemin pour faire un soit-disant rendez-vous ici ? Non, quand même pas...
-C'est là.
Il montre la cabane du doigt.
OK, super...
-Tout ça pour... ça ? je m'étonne.
-Je ne te parle pas de la cabane, débile.
-Tu viens de dire quoi ?
-Mille excuse, Votre Altesse, ironise-t-il, je ne voulais pas vous blesser en vous insultant d'abrutie.
-Ferme ta putain de gueule, Jooheon.
Je suis la seule à avoir pensé à la pub pour la voiture, avec la dispute du couple et le SMS qui est lu par la voiture à voix haute ? Si ? Bon, pas grave.
-Donc ?
-Ferme les yeux.
-Encore ?
Je soupire et obéis tandis qu'il attrape ma main et me tire vers quelque part. Lorsqu'il m'annonce que je peux enfin ouvrir les yeux, je regarde devant moi et lève un sourcil.
Parce que devant moi, il n'y a rien de spécial à part à part un autre parking.
-Je suis censée voir quelque chose.
Jooheon s'exaspère et lève mon menton :
-Regarde en haut, abrutie.
-Je ne suis pas...
Je ne finis même pas ma phrase et je reste fascinée par les constellations éblouissantes de la nuit coréenne. Je n'ai jamais vu ça, jusqu'à maintenant. Des étoiles aussi sublimes, illuminant autant le ciel bleu nuit. Une lune blanche semblant sourire au monde qu'il domine quand le soleil se repose. Je n'ai jamais vu tout ça, toute cette beauté nocturne. J'ai le souffle coupé face à tant de splendeur.
-Alors ? sourit Jooheon.
Je m'assois, sans quitter la nuit des yeux :
-C'est... Wow.
-Je sais, c'est magnifique.
Il s'assoit à mes côtés, en tailleur, en continuant comme moi de contempler le ciel :
-Généralement, quand je ne me sens pas bien, ou quand j'ai besoin d'inspiration, c'est ici que je vais. C'est un peu mon jardin secret. Il n'y a jamais personne, je peux m'entraîner seul, ou me remettre en question tranquillement, en regardant les étoiles.
Il s'arrête, puis ajoute :
-Et tu es la première personne à qui je montre cet endroit.
Je plonge mon regard dans le sien en souriant :
-Vraiment ?
-Bon, peut-être que Changkyun est venu une fois, mais c'est tout. En tout cas, tu es la première joueuse à venir ici.
-Même Hyuna n'y est pas venu ?
-Ne parle pas de Hyuna s'il te plaît.
-OK OK.
Là, j'avoue que je me sens VRAIMENT privilégiée. Soyez pas jalouse, hein.
On se tait et observons le ciel étoilé en silence, préférant d'abord profiter de cette vue que de discuter. Beaucoup de choses me viennent à l'esprit, des souvenirs, des idées. J'imagine comment pourrait se finir le jeu, toutes les possibilités de mon avenir après, selon les fins. Mais j'avoue qu'aujourd'hui... C'est compliqué d'imaginer ma vie sans le jeu.
Oui, c'est bizarre de dire ça alors que j'ai très hâte d'en finir, je sais.
Malheureusement, enfin je ne sais pas trop, le jeu a pris une trop grande place dans ma vie. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que jamais il ne se terminera. Il est devenu mon quotidien, comme Jooheon a fini par devenir un...
Proche ? Ami ? Non, pas du tout.
Juste quelqu'un de mon entourage qui...
OK, probablement un ami.
Dans tous les cas, je n'arrive pas à imaginer ce que sera ma vie à la fin de tout ça. Parce qu'il n'y a pas réellement de fin. Ou plutôt, je ne sais pas ce que voudrais dire le mot fin ici. Il ne veut pas dire grand-chose, pour l'instant. Mais en même temps, je ne me vois pas jouer à trente ans encore, loin de là. Donc il y aura une fin... Une fin impossible à voir pour l'instant.
Peut-être que ces étoiles peuvent prédire cette fin...
Je ne sais pas depuis quand je crois en l'astrologie et aux horoscopes, mais bref.
Au bout d'un moment, Jooheon souffle, garde la tête levée vers la nuit et me demande :
-Tu sais pourquoi je t'ai emmené ici ?
Je secoue la tête :
-C'est à toi de me le dire.
Parce que je t'aime. Et là, il m'embrasse sous une pluie d'étoile.
QUE C'EST ROMANTIQUE.
Ne croyez pas que j'en rêve, c'est tout le contraire. J'ai juste beaucoup lu et vu de choses aussi clichées.
Non, on sait très bien que la réponse est « Pour t'amadouer et gagner le jeu ». Pas besoin de faire bac plus cinq pour le savoir.
-Parce que tu dois bien être la seule personne qui devrait voir cet endroit.
Qu'est-ce que je disais. Il ne l'a pas dit clairement, mais il faut lire entre les lignes.
-Ce qui veut dire précisément ?
-Ce qui veut dire que je...
Il s'arrête, comme si quelque chose le bloquait. Il baisse les yeux, fixant le sol, puis murmure :
-Tu penses vraiment que je suis un connard ?
OK, JE NE M'ATTENDAIS PAS A CETTE QUESTION.
Alors, que répondre... Non parce que là, on est sérieux.
Oui, je pense que c'est un connard. Mais... Mais voilà.
AH PUTAIN !
OK, respire, ce n'est rien, tu vas lui répondre très bien.
-Léna, réponds sincèrement...
-Non.
Tu es une pute.
Je me racle la gorge :
-Tu joues comme un connard, mais je sais, et espère, que tu n'en ai pas un. Quoique, tu joues plus comme une pute que comme un connard, mais à ce moment-là, tu es une petite pute.
-Je prends ça comment ?
-La majorité des filles sont des putes, prends-le comme tu veux.
-Des filles...
-Mes potes.
-Ah, je vois.
Silence.
-Tu veux que je te dise ? je reprends.
-Vas-y.
-Le jeu, c'est la pire idée que tu es eu. Parce que peut-être que si on ne jouais pas constamment, je réussirais à réellement te voir autrement. Devant moi, j'ai Jooheon le joueur qui ne pense qu'à gagner, égoïste, salop, sans cœur. Et derrière lui, j'arrive à voir un Jooheon sincère, parfois trop sarcastique, avec qui je pourrais vraiment devenir ami. Sauf que ce Jooheon... Eh bien, à cause de ton jeu, je doute qu'il existe vraiment.
OK, j'avoue, ça fait mal ce que je dis.
-Tu me crois si je te dis qu'il existe peut-être ?
-Là est tout le problème : j'ai l'impression que tout ce que tu me dis es une stratégie pour gagner. Alors non, je n'arrive pas à te croire.
Jooheon soupire, puis opine :
-Tu as raison, d'être comme ça...
-Quoi, tu mens là ?
-Non ! Je dis juste que tu as raison d'être méfiante avec moi, le joueur...
Il relève la tête :
-Tu sais, à la fin du jeu, tu ne sauras même pas si ce visage que tu vois est mon vrai visage ou pas.
-Je sais. Je trouve ça dommage. Mais je sais que, que je gagne ou que je perds, je ne te regarderais plus jamais pareil. J'aurais sûrement le même regard que les autres.
-Non.
-Je pense que si.
-Tu es différente des autres. Ton regard sera sûrement différent des autres aussi.
-Et j'aurais quoi comme regard, du coup ?
Il ne répond rien. Et je n'insiste pas.
-On devrait rentrer, je murmure.
-Pour ton projet photo...
Je me tourne vers lui :
-Quoi ?
-Tu ne devais pas prendre des photos sur la beauté du monde ?
-Euh, oui...
Il sourit doucement, presque timidement :
-J'ai pris ton matériel chez toi.
-Attends, tu...
Je m'arrête, comprenant ce que ça veut dire et ne pensant plus à lui gueuler dessus. Je souris à mon tour :
-Tu penses à tout.
-Allez, va prendre quelques photos.
J'entame donc un shooting rapide – surtout que ce sont presque les dernières photos qu'il me manque – du ciel et de ses alentours, jouant principalement avec les angles. Le shooting dure environ un quart d'heure, et à peine ai-je fini que je reçois un appel de Clara, me disant de rentrer vite, parce que je dois voir quelque chose. On range le matériel et Jooheon me ramène chez moi – et évidemment, je n'ai pas eu le choix, c'est lui qui est allé au volant. Lorsque le véhicule s'arrête devant la maison des filles, je murmure un mot, un seul, que je lui ai rarement dit :
-Merci.
Il lâche un petit rire :
-T'as pas à me remercier.
-Bon, à demain.
Je descends de la voiture et pars sonner à la porte.
PDV Jooheon
Tu n'as pas à me remercier.
Tu me demandais quel serait ton regard, à la fin du jeu, et je me suis tus. Parce que l'admettre me fait mal, et je ne voulais pas te laisser le doute de la victoire. La réponse, c'est que ton regard serait plus lourd, plus poignant, plus puissant que tous les autres que j'ai du supporter. Et que celui-là, d'ailleurs, je n'arriverais pas à le supporter.
Pourquoi me remercies-tu alors que je suis en train de te détruire et de te changer ?
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