Chapitre 9

Le soleil a disparu de l'horizon. C'est maintenant le temps de m'évader de cet endroit et d'aller faire ma «promenade nocturne». L'étape la plus difficile est de sortir en douce sans que personne s'en rende compte. J'enlève mes vêtements de nuit et enfile ceux avec lesquels je suis arrivée lors de ma première journée. Je tourne ma tête et fais le tour de la pièce; chacune des filles dort paisiblement et aucune ne semble avoir été dérangée par le bruit.

Je sors tranquillement du dortoir et tente de me situer dans l'hôpital. Les couloirs de notre aile sont plongés dans une obscurité quasi totale si ce n'est qu'il y a une faible lueur rouge émise par un panneau à l'autre bout du couloir à ma droite. En m'approchant davantage du panneau, je m'aperçois qu'il y est écrit «sortie». Coup de chance. Après avoir ouvert la porte, je longe le côté de la bâtisse. J'arrive à la grille et vois qu'elle est verrouillée. Je souris et me dis que ce n'est pas cela qui va m'empêcher d'aller en ville. Sans plus attendre, je vérifie qu'il n'y a personne dans les alentours et déverrouille, à l'aide de ma pensée, le cadenas. Je n'hésite pas à sortir et me retrouve dorénavant dans les rues de Vertis.

Me voici à la prochaine étape. Je sais qu'il y a une pharmacie proche de l'hôpital, mais je préfère aller à l'autre bout de la ville afin de ne pas me faire reconnaître dans le futur. J'ai un peu peur, car je ne connais pas bien les différents quartiers et ne sais pas quel chemin que je dois emprunter. L'hôpital se situe dans la partie ouest de Vertis et il serait donc logique que j'aille vers l'est.

Je commence à marcher vers une ruelle éclairée et suis la longue file de lampadaires. De nombreux passants croisent ma route et, au fur et à mesure que je traverse la ville, j'ai l'impression que celle-ci ne dort jamais. Lorsque j'arrive à une des principales rues, je vois des fêtards aux alentours des bars et il est facile de constater l'ambiance festive qui règne sur les lieux. Je ne ralentis pas mes pas et arrive, après plus de vingt minutes, à une pharmacie qui est sûrement ouverte. À l'intérieur, je ne perds pas mon temps et vais directement dans la rangée dédiée aux cheveux. Fort heureusement, j'aperçois ma couleur de teinture et procède ensuite à son achat.

Maintenant que ma tâche est accomplie, je n'ai plus qu'à revenir sur mes pas et à rentrer au dortoir. Je passe de nouveau devant les vitrines et les bars de la même rue qu'avant et un homme ivre me prend soudainement par le bras:

«Pourquoi es-tu si pressée, ma jolie? Tu ne veux pas voir les feux d'artifice avec moi?»

Je réussis à me défaire rapidement de sa poigne et à m'éloigner de lui. Des feux d'artifice. La dernière fois que j'ai pu en observer, c'était il y a plus de trois ans lorsque j'avais visité la capitale, Latoska. Étant donné que j'ai déjà enfreint les règles en sortant de l'hôpital ce soir, je me dis que cela ne me fera pas de mal de rester quelques minutes de plus à l'extérieur de celui-ci.

J'essaie de repérer un immeuble qui pourrait être le lieu idéal pour observer le spectacle. J'en choisis un qui est localisé tout près et je n'ai qu'à marcher jusqu'à la rue voisine. La porte n'est même pas verrouillée et, en l'espace d'une fraction de seconde, je monte les escaliers avec grande hâte. Il est tout aussi facile d'accéder au toit et, dès que j'y suis arrivée, je m'assieds sur le sol.

En attendant que les feux d'artifice débutent, j'observe le ciel et tente de repérer les étoiles de la voûte céleste. Malheureusement, elles se font plutôt rares à cause de la pollution lumineuse qui sévit ici. À Sipars, il y a très peu de lumière qui émane des maisons la nuit et c'est le lieu idéal pour repérer des constellations. Ma contemplation n'est que de courte durée, car j'entends maintenant des explosions dans les airs. Les couleurs s'enchaînent les unes après les autres et le spectacle est un régal pour les yeux. J'aime les feux d'artifice dorés, qui représentent des jours fastes pour moi. Il est facile de se laisser transporter par leur splendeur et de fermer les yeux.

Je me sens seule. Seule sur le toit de cet immeuble. Seule au monde. Je me perds dans le fil de mes émotions et me laisse submerger par celles-ci. Toute la tristesse, la peur et l'anxiété en moi refont surface en même temps. Des larmes coulent librement sur mes joues et je regarde en haut vers le ciel. Je me remémore tous les changements brutaux qui sont survenus récemment dans ma vie et à la façon dont j'ai su gérer le tout. Je ne peux m'empêcher de repenser à mon village et à la sécurité que je pouvais y trouver. Je souhaite plus que tout au monde y retourner. Cependant, le monde ne fonctionne pas ainsi et je dois me résoudre à attendre. À attendre quoi? Une permission? La fin de la guerre? Aussi, il est évident que je ne resterai pas de manière permanente à l'hôpital. Après tout, je ne suis là que pour faire ma formation.

Les explosions ont cessé et il est maintenant temps pour moi de partir. Je rebrousse chemin dans les escaliers de l'immeuble et me retrouve de nouveau dans les rues de Vertis. Les fêtards sont déjà en train de se disperser et l'agitation fait place au calme. Le retour à l'hôpital est rapide et, cette fois-ci, je rentre par une autre porte.

Je crois reconnaître le couloir dans lequel je marche, mais je n'en suis pas certaine à cause de la noirceur des lieux. Je passe devant une porte et entends immédiatement les râlements qui se trouvent derrière elle. Cela pique encore plus ma curiosité, mais je continue tout de même mon chemin. Toutefois, je sais ce qu'il me reste à faire dans les jours à venir.

Ma nouvelle mission: découvrir qui se cache derrière cette porte.

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