La pièce était plongée à moitié dans le noir, un lit était placé contre un des murs de la chambre, les rideaux de la grande fenêtre virevoltaient étant donné que la fenêtre était ouverte, des meubles étaient installés et une respiration se faisait entendre lentement dans la chambre tamisée.

La porte s'ouvrit en grinçant, des pas légers retentit, un tabouret se fit tirer et re-déposer contre le lit. Il souffla et tendit sa main afin de déplacer une mèche de cheveux du front d'Anastasia qui lui cachait ce beau front. Il sourit et repensa à sa première rencontre avec cette fille. Oui, il l'avait reconnue. Oui, il a été heureux de la recroiser parce qu'elle l'avait plongée dans des pensées absurdes et il voulait tout le temps la revoir, son corps ne fonctionnait plus lorsqu'il pensait à elle. Il n'avait pas arrêté de penser à elle. Il avait ressenti une connexion entre elle et lui, lorsqu'il l'avait serré dans ses bras pour la sauver de cet accident mortel. Il repensa à cette fille qui restait sur place tandis qu'une voiture noire fonçait droit sur elle, il repensa cette peur qu'il avait ressenti de la part de la jeune fille et il repensa alors à une certaine sensation étrange qu'il avait ressenti. Un étrange sentiment qui lui pinçait le cœur et qui augmentait la pression sanguine dans son corps.

Depuis quelques jours, il ne se sentait pas bien. Il avait mal. Ses os se serrèrent, son cœur battait fort et lentement, sa respiration se saccadait et se coupait. Sa vue se floutait et son corps tremblait. Il transpirait beaucoup et ses nuits se remplissaient de cauchemar. Il avait froid ou chaud, son corps ne savait pas se décider, il ressentait ça en même temps. Pourtant, dès que la jeune fille était proche de lui, il se sentait mieux, comme apaisé. Il soupira.

Lorsqu'il avait vu cette fille sur la route, inoffensif, paralysée et effrayée, il avait ressenti cette sensation de protection. Ce besoin de pouvoir la protéger, de la surveiller. Il voulait la protéger à tout prix alors qu'il ne la connaissait pas et maintenant, il ne pouvait pas l'ignorer. Elle allait tout le temps être avec lui. Anastasia était à son université. Proche de lui. Il secoua la tête et sursauta lorsqu'il sentit une main masculine se poser sur son épaule gauche. Il se retourna et soupira de soulagement. Ce n'était que Damien, leur leader, accompagné de Fabian, leur bassiste et chœurs du groupe. Il ferma les yeux et leur sourit. Sourire rendu.

— Alors, comment va notre chère invitée ? Demanda Damien.

— Endormie. Répond simplement Valérian.

— Je vois. Et toi ? Demanda le leader.

— Mieux... Lâcha Valérian.

— Tu crois que... Commença Fabian.

— Ne commence pas, Fabian. Laisse le temps faire apparaître les choses étape par étape. Déclara Damien.

— O-oui. Dit Fabian.

Valérian vit Damien soupirer et Fabian baisser les yeux. Il sourit et se retourna vivement en entendant un gémissement de douleur sortir de la bouche d'Anastasia.

— Apportez quelque chose comme de l'eau ou une serviette ! VITE !! J'crois qu'elle se réveille ! S'écria Valérian en se levant.

Valérian serra la main de Anastasia dans la sienne et attendit patiemment que la jeune fille se réveille. Il l'entendit gémir de douleur et ouvrir brusquement les yeux en expirant de l'air. Elle se redressa et regarda partout autour d'elle, paniquée.

— Tout va bien, tu es en sécurité. Dit Valérian.

— Où est-ce qu'on est ? Demanda prudemment Anastasia.

— Chez nous. Répondit Damien en entrant dans la chambre avec ce que Valérian, le chanteur du groupe, lui avait demandé.

Valérian se retourna et s'écarta pour laisser Damien s'approcher d'Anastasia. Il vit Damien lui administrer les premiers soins et soupira. Anastasia allait s'en sortir. Il était soulagé. Valérian aida la jeune fille à se placer et il l'observa.

— Pourquoi je suis ici ? Et l'université ? Demanda Anastasia.

— Tout va bien. Dit juste Damien.

Ana l'observa. Damien était grand, beau et avait un air sérieux. Il avait les cheveux noirs et les yeux bruns. Un visage fin et il était mince. Il était également l'un des plus vieux avec Valérian. Ils avaient le même âge, soit 28 ans.

— On t'a trouvé évanouie proche des escaliers du deuxième étage. Dit Damien.

— Co-comment ça se fait ? Demanda Anastasia.

— Je ne sais pas. À toi de nous le dire. Dit Damien.

Valérian regarda le leader avec étonnement et contrariété. Il n'aimait pas la façon de parler de Damien à cet instant. Froid et sérieux. Que cherchait Damien à faire ? Pourquoi était-il comme ça ? Il serra les poings, furieux.

— Tu peux peut-être arrêter maintenant... laisse-là se reposer Damien. Dit Valérian.

— Je fais ce que je veux. Dit simplement Damien.

— Justement, non. C'est ma chambre, ici. Dit Valérian.

Anastasia regardait les deux garçons se « disputer ». Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle ne se sentait pas complètement en sécurité que ce soit ici ou ailleurs. D'ailleurs, elle ne se sentait plus en sécurité nulle part. Son cœur lui faisait mal. Une énergie froide et débordante lui comblait tout le corps. Elle souffla et ferma ses yeux. 

La jeune adulte ne savait plus quoi penser. Et Astride ? Allait-elle bien ? Que faisait-elle ? S'inquiétait-elle pour elle ? Sûrement puisqu'elles étaient meilleures amies. Que s'était-il passé ? Elle ne savait plus. Anastasia n'avait plus aucun souvenir du moment où elle était tombée du deuxième étage de l'université. Elle se souvenait qu'elle avait quitté Astride car elle voulait parler à ce jeune homme qui ressemblait tant à celui qui l'avait sauvé l'autre matin et qui se nommait Valérian. 

Elle était dans ses pensées et n'avaient toujours pas remarqué que les garçons l'observaient intensivement et inquiet. Elle n'avait pas suivi leur conversation et elle s'en fichait complètement. Ce qu'elle voulait, c'était des réponses. Des réponses sur ce qui lui arrivait. Anastasia n'avait plus de souvenir de cet épisode de sa vie et le comprenait, avec une telle chute c'était forcément accompagné par des conséquences. 

Ce froid qui l'habitait depuis qu'elle était arrivé. Ce froid qu'elle ressentait depuis hier qui ne la quittait plus, ce froid qu'elle ressentait et qui lui faisait peur. Cette énergie puissante qui débordait de son corps, d'où venait-elle ? Elle ne l'avait jamais ressenti auparavant, pourquoi maintenant, et puis, qui était-elle au juste ? Anastasia serra ses mains qui étaient placés en coupe contre ses jambes sur la couette marron et elle souffla. La porte de la chambre de Valérian s'ouvrit brusquement et les trois se retournèrent pour voir le nouveau venu.

— Vous devriez venir voir. Dit simplement Shawn, batteur du groupe.

— Voir quoi ? Demanda Damien, sceptique.

— Venez. Répond Shawn.

Valérian et Damien se regardèrent intrigués par ce comportement étrange de Shawn qui semblait pressé. Valérian se tourna vers Anastasia et lui sourit.

— Reste là, on revient. Dit-il.

— Hum...

Valérian suivi Damien et Shawn jusqu'au salon, le silence revient dans la chambre tamisée. La jeune fille souffla d'exaspération et se recoucha, se laissant tomber contre le matelas. Son corps rebondit dû aux ressorts du lit pour se recoucher et essaya de repenser à ce trou noir qui lui bloquait les dernières minutes de sa vie.

En vain, elle avait juste gagné un mal de crâne étant donné qu'elle s'était trop concentré sur une même chose. Elle gémit de douleur, ses yeux lui picotèrent et se prit la tête entre ses mains. Essayant de penser à autre chose, elle se mit sur le côté droit et sentit une odeur enivrante. Rougissante et souriante, elle reconnut faiblement l'odeur bien qu'elle n'ait jamais été proche du jeune garçon. C'était l'odeur de Valérian. Fraîche, omniprésente dans la chambre, puisque c'était la sienne, et apaisante. Anastasia huma l'odeur du jeune homme et se rendormit si facilement qu'elle oublia ses douleurs.