Alexander descendît les escaliers et retrouva son père devant la porte d'entrée qui était vêtu de façon classe pour une simple visite chez les voisins. Une chemise blanche enfilée dans un pantalon gris anthracite avec des mocassins en daim. Le jeune garçon devinait bien que c'était sa mère qui était à l'origine de cet accoutrement; elle qui insistait toujours pour qu'ils s'habillent élégamment même si c'était pour une petite visite. Les petits soupirs agacés que lançaient son père lui confirmèrent cela. Il lui envoya un petit sourire pour le soutenir ce dont son père le remercia avec une petite tape complice dans le dos.

Sa mère les rejoignit vêtue d'une magnifique robe portefeuille beige et un paquet de brownies en main avec son éternel sourire éclatant plaqué au visage. Ils sortirent enfin et marchèrent en rythme en direction de la maison en face de la leur. Ils traversèrent la route avant de passer le jardin et de monter les marches du perron. Madame Johnson qui se trouvait en tête du trio appuya sur la sonnette puis ils entendirent comme des aboiements.

Une petite femme au visage arrondi et sympathique les accueillit. Mme Johnson débuta les salutations avec engouement.

— Bonsoir. Nous sommes vos voisins et nous habitons juste en face.

— Oh bonsoir. Entrez je vous en prie.

Alexander décela un accent prononcé dans sa voix et conclut directement qu'elle devait avoir des origines latines.

Elle s'écarta et les laissa pénétrer avant de refermer la porte. Elle les accompagna au salon où elle les permit de s'asseoir puis s'éclipsa pour aller chercher son mari et sa fille. Alexander jeta un regard circulaire à la pièce et remarqua des cartons qui étaient encore fermés. Rien n'avait changé depuis le départ de leurs précédents voisins, lui qui avait l'habitude de venir les rendre visite. Il aperçut celui qui était à l'origine de ces aboiements sortir derrière un carton. Un adorable Yorkshire au pelage noir et marron qui les dévisageait se demandant sûrement qui ils devaient bien être tous les trois. Il trouvait agréable que leurs voisins aient un chien. Il avait toujours voulu en avoir un mais sa mère ayant peur de trouver son salon saccagé avait toujours refusé même s'il lui avait assuré qu'il se chargerait de bien le dresser. En vain.

Il remarqua néanmoins un fait frappant sur le chien. Il arborait des yeux dissemblables dont l'un était de couleur noisette et l'autre vert. Cela lui rappela instantanément la nouvelle Giuliana qui possédait les mêmes yeux ce qui lui décocha un sourire. Il n'eut pas le temps de s'attarder sur cette pensée que leur nouvelle voisine arriva accompagnée de deux personnes. Ses parents et lui se levèrent aussitôt.

— Je vous présente mon mari Christian et ma fille Giuliana, annonça Rosa Marino en présentant ses compagnons.

Les yeux d'Alexander restèrent bloqués sur la jeune fille qui saluait posément ses parents. Elle se tourna enfin vers lui avec ce même air impassible et mystérieux qui ne quittait pas son visage.

— Salut, lança t-elle d'une voix monocorde.

— Salut.

Il continua à l'observer et remarqua avec étonnement qu'elle avait un piercing discret sur la narine gauche, une petite boucle en zircon s'y trouvait. Il comprit pourquoi il ne l'avait pas aperçu plutôt au lycée. Ce piercing était petit et il fallait notamment être très près d'elle pour l'apercevoir. Il trouva cela assez spécial et joli, lui convenant très bien. Il n'avait jamais vu personne dans cette ville porter de piercing tous ayant un style conventionnel ce qui n'était vraiment pas le cas de sa voisine au style atypique. La voix mélodieuse de sa mère le coupa dans ses pensées.

— Nous vous avons également apporté des brownies. C'est moi qui les ai faites spécialement pour vous souhaiter la bienvenue dans le quartier.

— Merci. C'est vraiment gentil de votre part.

Rosa prît le paquet que lui tendît Elisabeth et alla le ranger à la cuisine.

Ils s'assirent tous et les parents commençaient naturellement à faire connaissance tandis que Giuliana caressait le poil du chien qui s'était accroché à elle dès son entrée. Alexander aurait bien aimé discuter avec elle comme le faisait simplement leurs parents mais il voyait bien qu'elle était plus occupée à accorder des caresses au petit chien qui semblait visiblement conquis.

La discussion se termina et les Johnson décidèrent de rentrer. Alexander lança un regard en direction de Giuliana pour la saluer mais celle-ci avait déjà disparu. Il se contenta de suivre ses parents qui étaient à l'extérieur et ils s'en allèrent.