Trouver une femme
La nuit était déjà tombée depuis plusieurs heures, et pourtant, les lumières de la maison d'Emery Horatius restaient encore et toujours allumées, éclairant péniblement la rue et permettant ainsi d'apercevoir, à travers la fenêtre, une silhouette masculine penchée sur son plan de travail. L'historien ne bougea pas quand trois grands coups résonnèrent contre sa porte, ni quand cette dernière s'ouvrit, laissant apparaître Alexei Sil'nyy, un des nobles les plus influents du royaume par ses prouesses guerrières.
- Mais que fais-tu encore à travailler par cette heure ? Range-moi tout ceci immédiatement ! s'écria le nouveau venu.
- Alexei... soupira Emery, je ne suis pas à tes ordres. De plus, qu'est ce que tu fais ici ?
- Je viens t'apporter des nouvelles. Cela fais une semaine que tu n'es pas sorti ; de nombreuses choses ce sont passées à la cour, et il serait plus utile que tu en sois informé.
Alexei posa une pile de journaux devant son ami. Celui-ci répondit sans même y jeter un coup d'oeil.
- Tout ceci ne m'intéresse pas.
- Tu dis toujours la même chose, et à chaque fois tu finis par tout lire. Mais passons ! Le roi est décédé hier.
Emery s'apprêtait à jeter les journaux au feu ; en entendant ces mots, il s'immobilisa.
- Que-... comment ?
Son ami se laissa tomber dans un fauteuil près des flammes.
- Bah, il se faisait vieux, tu sais ! Il est mort de vieillesse, pendant son sommeil.
- La version officielle, je suppose. Et en réalité ?
Les yeux d'Alexei brillèrent. Il était ravi qu'Emery devine si rapidement le complot qui se dessinait derrière la mort du monarque. Il alluma un cigare, se redressa sur ses coudes et attendit que son interlocuteur se soit assis sur le fauteuil en face de lui pour répondre.
- De nombreuses théories ont été émises. Maladie, suicide... le meurtre reste la plus logique. J'ai été jeter un œil à son corps ; il a été empoisonné.
- Un coup monté des nobles, encore... Qui a été désigné pour lui succéder ? Son fils, j'espère ?
Le guerrier acquiesça et ils restèrent tous deux silencieux un bon moment.
- Regarde-toi, tu es aussi fin qu'un brin d'herbe ! Finit par lâcher Alexei. Tu te surmènes, mon vieux. Il te faudrait un petite femme pour prendre soin de toi.
- On en a déjà parlé, et non merci. Ce n'est pas ma priorité pour l'instant.
L'ami d'Emery soupira, jeta son cigare et se leva.
- Comme tu voudras, Emery. Bonne nuit, et à la prochaine.
- Au revoir, Alexei.
Une fois la porte refermée, Emery prit le premier journal de la pile et alla s'installer dans son lit, sentant la fatigue arriver et devant admettre que son ami avait raison sur certains points... il n'avait pas eu de véritable repas avant le début de semaine, où il avait été convié chez Alexei, justement.
L'historien passa les premières pages, qui parlaient de la mort du monarque sans grands détails. Sur la cinquième page se trouvait un petit article sur l'ouverture d'un musée dans la capitale et la potentielle fermeture d'un autre, dans le sud du pays.
- Ce nouveau musée sera surtout un moyen pour les nobles d'exposer leurs richesses et de se pavaner comme les paons qu'ils sont... grommela Emery.
L'autre musée l'intéressait bien plus. Il n'en avait jamais entendu parler, et pourtant il connaissait quasiment tous les musées du royaume. C'était un musée familial, tenu presque par une seule personne, une lectrice... il voulut continuer sa lecture mais ses yeux se fermaient d'eux-mêmes. Renonçant à satisfaire sa curiosité à propos de ce musée, il rangea le journal et s'endormit aussitôt.
- Tu as quoi !?
Alexei n'en revenait pas. Emery l'avait fait venir chez lui en disant qu'ils devaient parler. Cela semblait urgent, mais son ami lui avait assuré qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Et il venait de lui annoncer que...
- J'ai décidé de me marier et j'ai trouvé une femme, répéta calmement l'historien face à l'expression abasourdie de son interlocuteur.
Ce dernier eut un rictus.
- C'est bien la première fois que tu mets moins d'un an à appliquer mes conseils...
- Je me passe de tes commentaires. Je voulais juste te le dire, c'est tout. Je me suis mis d'accord avec elle et ses parents, et le mariage est prévu pour dans six mois. Elle déménage ici dans une semaine ; je vais avoir besoin d'elle pour mes travaux.
Le guerrier resta silencieux quelques instants. La nouvelle arrivait si brutalement qu'il ne savait pas quoi dire.
- Comment s'appelle-t-elle ? Et pourquoi l'as-tu choisie ? Lâcha-t-il finalment.
- Elle s'appelle Orphéa.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top