Baby-sitting

—    Alex!! Non mais t'étais passée où?!

À peine de retour à l'école après avoir passé environ quelques temps à l'hôpital, et mes amies me bombardaient de questions. Si j'avais su que je leur manquerait autant, ça fait longtemps que je me serais coupé un bras.

—    Oh, je suis allée à Hawaii, puis à Walt Disney. Ensuite, j'ai monté une licorne, rien de très intéressant quoi, dis-je en prenant un accent un peu snob.

—    En tout cas, t'as pas perdu ton sarcasme...

—    Malheureusement, chuchote Béa assez fort pour que je l'entende.

J'ai toujours cru que le but de chuchoter était de ne pas se faire entendre par l'autre personne, mais j'imagine que chacun a ses techniques.

—    Non mais sérieusement, t'as fait quoi ces deux mois? Insiste Andréa.

Je simule la confusion.

—    Mais... Je viens de vous le dire, non!?! Voyons, mes chéries, il faut suivre quand je parle, fis-je d'un air profondément ennuyé en reprenant mon ton snob. Hawaï, Walt Disney, licorne, pas dur à retenir, chères.

Elles rigolent et je suis soulagée d'avoir évité leurs questions; je n'ai toujours pas décidé si je devrais leur dire ou non pour ma main. J'ai dû réapprendre à écrire avec ma prothèse et grâce aux experts de la SIS, le processus n'a pris que deux mois. Il faut que je trouve un beau gros mensonge pour aller avec cette déclaration. Je ne peux tout de même pas leur annoncer mine de rien que je suis une espionne. De toute façon, ça m'étonnerait qu'elles me croient.

Si tu ne passais pas ton temps à faire des blagues aussi, ça aiderait à ta crédibilité.

—    Viens, les jumeaux nous attendent, s'exclame Béatrice dont les yeux se mettent à pétiller soudainement.

—    Hein quoi? Pourquoi?

—    Viens, tu vas voir, répond Andie avec un sourire un peu trop éclatant.

Je leur lance un regard suspicieux. Elles trament quelque chose de louche. Me forçant à les suivre, on arrive à un endroit de l'école où je n'ai jamais mis les pieds. Une porte donne sur un escalier, qui lui amène au...toit??

—    Attendez, mais ça va pas?! Est-ce que c'est même légal d'être ici?

—    Absolument pas alors arrête de crier, tu veux!

— Béa a raison, faudrait pas qu'on prof nous attrape ici.

Elles rigolent et c'est là que je remarque qu'elles se moquent de moi, puis deux éclats de rire se rajoutent aux leurs.

—    Les jumeaux! Quelqu'un va finir par m'expliquer ce qu'on fait sur le toit?

—    Bah, fallait pas être absente toute une semaine non plus, me lance Ethan.

Je lui tire la langue pendant qu'Andréa me fait un résumé de tout ce que j'ai manqué, et je dois dire que je ne m'attendais pas à avoir manqué tant de choses. Quand je suis là, il ne se passe rien, et dès que je m'absente, on repeint l'école, il y a un nouveau prof de français et on adopte des grenouilles.

—    ... et le top du top, c'est que le directeur a annoncé que pour les élèves de dernière année, il y aura un voyage surprise en Angleterre!! C'est pas génial?!

Je regarde mes deux amies qui semblent très enchantées par ce voyage scolaire pendant que j'essaie de recouvrir mes esprits.

Un voyage en Angleterre aussi soudain? C'est trop gros pour n'être qu'une coïncidence. Je regarde Ethan et il me lance un sourire discret comme pour dire que mes doutes sont fondés. La SIS est derrière tout ça.

Wow, bravo Sherlock...

—    Attend... Un voyage, tu veux dire, avec l'avion et tout?

— Bah oui, tu comptais aller à Londres à vol d'éléphant? Ironise Ethan tandis que Béatrice sautille sur place tellement elle est excitée.

Je fais de mon mieux pour avoir l'air contente, mais franchement, avec la SIS, il faut toujours s'attendre au pire. Et puis, pourquoi ils emmèneraient plein d'étudiants en voyage comme ça? Mais ça doit vouloir dire qu'ils ne courent aucun risque, on n'y va que pour une formation, pas une mission. En plus, ils n'obligent personne à y participer. Enfin, sauf moi et les jumeaux. Mon cerveau est en pleine ébullition.

—    On a déjà convaincu nos parents, alors il ne reste plus que les tiens!

C'est ça que m'a dit la SIS... Convainc ta mère, on s'occupe du reste. Drôle de façon de s'occuper du reste.

—    Andréa, Alexandre, on va être en retard à notre cours! S'exclame Béa en regardant sa montre.

Les trois s'orientent vers la porte et descendent du toit.

—    On se voit tantôt!

—    Devant le chêne! Précise Béa.

—    ....

Alexandre se contente de me lancer un regard de côté avant de sortir sans dire un mot.

J'ai comme un petit pincement au cœur. Je déteste quand les gens sont fâchés contre moi.

—    T'inquiètes, ça va lui passer.

Je fais volte face et me retrouve face à Ethan.

—    Si tu le dis, après tout, tu le connais mieux que moi, je soupire, impuissante.

—    C'est sûr, on est jumeaux, il grimace comme s'il aurait pu s'en passer.

—    Dis, t'étais au courant pour le voyage? Je demande question de changer le sujet.

Il hausse les épaules et demi-sourie. Je ne sais pas comment il fait, mais c'est exactement ça qu'il fait, un mi-sourire.

—    Qui sait?

—    Bah toi!

Un sourire se dessine sur son visage et il me tourne le dos.

—    Ethan, attend! dis-je quand il se dirige vers la sortie. Tu peux essayer de parler à Alex pour...

—    Non, il répond catégoriquement en s'arrêtant, toujours dos à moi.

—    Mais...pourquoi?

—    Il refuse de me parler.

Devant mon air béa, il rigole amèrement.

—    T'inquiètes, j'ai l'habitude. Il est borné et pas qu'un peu mon frère.

Puis il s'en va pour de bon, et je suis un peu triste. Je veux dire, il s'est quand même passé quelque chose entre nous au chalet, et là on dirait que tout est revenu à la normale.

—    Ta nouvelle main, elle te plait? Il demande en la prenant dans les siennes.

Surprise, je soulève la tête. Il est à nouveau devant moi, avec son habituel sourire narquois.

—    Elle est géniale. Maintenant, je suis comme un super-héros.

—    Toi? Il arque un sourcil. T'as autant de réflexe qu'un poisson-clown. Mort.

—    Hein!?! N'importe quoi! J'ai hmpsjfmx?!?

Ses lèvres sur les miennes m'empêchent de finir ma phrase, mais ce baiser se termine aussi vite qu'il a commencé.

—    Tu vois? Réflexes de poulet, dit-il en éclatant de rire.

Légèrement plus rouge, j'hésite entre être fâchée et sourire, mais il ne me laisse pas le temps de choisir.

—    Tu viens? Reprend-il en me tendant sa main.

Aller où? Peut être dans un restaurent chic, où dans un parc pour un pique-nique, ou pour...

—    Faut qu'on commence notre projet et mes cahiers sont en bas, il explique voyant que je ne répondais pas, mettant ainsi un terme à mes espoirs. Attend, tu pensais quand même pas que je t'amenais à un rendez-vous romantique, si?

Il rie, mais après avoir vu l'expression vexée de mon visage... Bah il continue quand même. Ce mec, je vous jure...

—     T'es drôle toi! Allez viens, on a pas toute la journée, continue-t-il en me prenant la main de force.

—    Mais... T'es pas sensé être en cours?

—    Et toi?

—    J'ai un papier du médecin qui m'exempte du cours de sport pendant deux semaines.

—    Et devine qui s'est porté volontaire pour te porter compagnie quand on a un cours de sport?

C'est tellement injuste! Il manque le cours de sport juste pour me surveiller, comme si j'ai dit à quelqu'un que j'ai besoin d'une baby-sitter. Je suis absente deux semaines et déjà je dois me taper un projet avec Ethan, super chouette quoi...

On va juste chercher le sac d'Ethan aux casiers, et après, à ma grande surprise, on remonte sur le toit. Pas super confortable comme endroit pour un travail d'équipe, il n'y a ni table ni chaise alors on doit s'installer à même le sol.

—    J'aime bien la vue, d'ici, il explique en haussant les épaules.

Je me tourne pour regarder l'horizon et c'est vrai que tout est plus beau vu d'en haut. Comme à travers la fenêtre d'un avion.

—    Mais non, pas cette vue, celle-ci..Il dit en plaçant mon visage face au sien.

—    Tu parlais de toi?

—    En partie, rigole-t-il. Mais regarde dans mes yeux.

—    Heu... Y'a juste mon reflet?! dis-je un peu perdue.

—    Exactement, répond-il en souriant. Bon, pour le projet, j'ai pensé que...

Je remarque qu'il est légèrement plus rouge qu'avant, mais ça pourrait tout aussi bien être le vent qui rosit ses joues tellement c'est presque imperceptible. Bon, je préfère croire que c'est parce qu'il est gêné. Il ne faut pas oublier qu'il m'a indirectement complimentée!

T'aimes ça flatter ton ego à ce que je vois.

—    J'espère juste que tu arriveras à suivre mon intelligence, Il s'exclame soudainement.

—    T'aimes ça flatter ton ego hein?!

Heyy!! Droit d'auteur, c'est ma réplique!!

Il sourit avant de reporter son attention sur le projet. Profitant du fait qu'il ne me regarde plus, je sourie à mon tour. Peut-être qu'il sera supportable comme baby-sitter en fin de compte..

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