Le week-end est passé super vite, entre mes discussions téléphoniques avec Tyron et l'attitude de ma mère plus que collante. Elle dit que maintenant elle veut profiter au maximum de moi, vivement qu'elle retourne travailler, parce que j'aime pas ça.
Il faut dire que maintenant nous vivons dans la peur que mon père me retrouve. D'après Jake des policiers sont à ma recherche et pour eux on m'a enlever. Bien que ça ma fasse rire, c'est très sérieux.
Pour le moment j'essaye de me soucier plutôt du moment présent. C'est à dire ma salade. Je tiens fermement mon couteau et je ne peux m'empêcher de fixer intensément la lame. Oui, mon habitude de me faire du mal devient de plus en plus forte et je succombe de plus en plus souvent. J'essaye, putain j'essaye de tenir bon, de ne plus toucher à cette foutue lame de rasoir mais j'y arrive pas limite pour moi c'est devenu nécessaire. Un trait, deux traits, trois traits, et je ne peux plus m'arrêter. J'ai beau me dire que c'est la dernière fois, mais je sais qu'au fond de moi que non. Je me demande quand est-ce que mes veines ne vont plus pouvoir tenir et vont se rompre. Mais putain ça me fait du bien. Heuresement, je cache toujours bien mon poignet sous une tonne de fond de teint et grâce à des pulls et sweat-shirts, mais il est devenu douloureux. Encore heureuse que personne ne me touche Tyron te touche lui, et merde j'avais oublié. Non pas que nous soyons arrivés à la phase sexuelle de notre relation,  c'est juste qu'il risque un jour de toucher la partie sensible. Plus j'y pense plus j'ai peur de sa réaction. Va-t-il fuir? Ça c'est ce que toute personne normale devrait faire, me prendre pour une folle accro à l'auto-mutilation. Maintenant que j'y pense, il ne m'a toujours pas donné des réponses à mes questions. Depuis que nous sommes revenus, on passe juste du bon temps, sans vraiment abordé le sujet principal, okay il y a des tonnes de trucs qu'il faut encore éclaircir entre nous mais lui restera toujours le grand mystère. J'ai l'impression qu'il évite le sujet, qu'il n'est pas encore prêt, pourtant tout ce que je veux c'est mieux le connaitre, car j'ai l'impression qu'il reste un inconnu pour moi. Comment pouvons construire un truc si on a des déjà des tonnes de secrets. Construire un truc? Ce mot m'effraie autant que je le trouve étrange, ça c'est un autre sujet dont il faudra qu'on discute.

-Kayla tout va bien?
La douce voix de ma mère me sort de mes lourdes et douloureuses songes.

Non rien ne va! Tu ne te rends même pas compte que c'est une épave qui se tient devant toi!

-Oui oui ça va, tu ne trouves pas que ces feuilles de laitues sont un peu amères?
Dis-je avec un léger sourire.

Elle prend un bouchée de sa salade tel un juge culinaire. Elle n'y voit que du feux, je ne m'attendais pas à plus de sa part.

-Oui tu as raison.

Il faut que je me dépêche de finir cette putain de salade pour pouvoir aller m'enfermer dans ma chambre. Je prends donc une bouchée puis deux, bizarrement je sens qu'une conversation pesante approche.

-Alors toi et ce Tyron vous êtes ensemble?
Me questionne ma mère.

Punaise, je m'attendais à tout sauf à ça. Je finis d'avaler et réponds:

-Non.
On n'est pas ensemble, fin je crois. Sinon que peut-on bien être?

-Tu l'aimes?

Ça va me faire bizarre d'avouer ça à quelqu'un d'autre qu'à lui.

-Oui.

Et là ma mère soupire. Okay...

-Ça devait bien arriver un jour. Bon Kayla ma fille je t'aime énormément, tu es la chose la plus précieuse que j'ai sur terre.

Elle prends un petit moment et respire profondément.

-Si ce garçon fait couler ne serait-ce qu'une seule larme sur ta joue, oublie-le. Cet un ordte, il est hors de question que je perde une fille de plus. Compris?
Je comprends bien à sa voix qu'elle ne me laisse pas le choix.

Elle croit que c'est si facile? Ça m'énerve, mais je la comprends. Je sais que tôt au tard Tyron va me faire du mal, lui même me l'a dit mais je me suis quand même lancée dans tout ça. Là je comprends qu'il y'aura un moment dans ma vie ou il faudra que je choisisse entre ma ma mère et l'homme que j'aime. Et je redoute ce jour là. Ma gorge se noue, mais je réussis à déglutir sous le regard ferme de ma mère qui ne l'est pas vraiment:

-Oui, c'est compris.

Mais vais-je y arriver?
Elle hoche la tête puis me sourit, et je finis rapidement mon plat avant d'aller m'enfermer dans ma chambre. Mes songes me rongent, ma tristesse m'envahie. Ma lame, il me faut ma lame, j'aimerais tellement qu'un jour quelqu'un voie mes cicatrices, m'enlève cette lame des mains et me rassure, me prenne dans ces bras, aspire ma souffrance, mais non je suis toute seule. Je souffre en secret.

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Ne faîtes jamais d'auto-mutilation!
Pauvre Kayla😕