IV. Problème de cœur ? Le dévergondage
Qui eut cru qu'une porte puisse être si lourde ? Finalement je ne regrette pas l'aide du rejeton d'Hadès même si malgré mon ordre, il continua tout de même à parler à mon grand damne (ou dam pour les vrais qui ont la ref). Et de tous les sujets avec lesquels il pourrait me torturer les oreilles, faut-il qu'il continue à me rappeler mon échec à déplacer la porte seul ! Alors que je grognai quelque chose dans ma barbe lui signifiant de se taire sur ce sujet, il me répondit sur un ton pince-sans-rire.
-Rater une occasion de me foutre de votre gueule ? Jamais !
-J'en connais un qui veut devenir un dauphin...
-Oh non, Percy se moquera de moi à vie si vous le faites !
-Et je me moquerai avec lui !
-Allez-vous faire voir...
Il marmonna sa phrase ce qui me donna envie de l'ennuyer encore un peu, c'est pourquoi je relançai le sujet qu'il appréciait tellement ! (Notez le sarcasme.)
-Avec qui ? Demandai-je "innocemment" en jouant des sourcils.
-Cela dépend ...Vous préférez Percy la gourde ou moi le dauphin ?
Je m'arrêtai une minute, le temps de réfléchir à sa proposition. Je sentais qu'il voulait se jouer de moi mais il allait voir quand je renverserai le jeu.
-Et bien à choisir, d'un côté j'ai de l'eau à tout moment sous la main et à volonté, ce qui est très pratique et d'un autre un animal de compagnie qui me rappellera sans cesse 2 souvenirs plaisants ; Les pirates et ma victoire contre un demi-dieu insupportable. Comme je suis un dieu, je n'ai pas vraiment besoin de boire et de toute façon, je ne bois pas d'eau mais que du coca. Tandis que si je veux survivre mentalement à cette colo', je ne dirai pas non à un soutien moral qui peut me faire rire à n'importe quel moment. Enfin, ça c'est si le choix n'appartient qu'à moi car accepterais-tu vraiment d'aller te faire foutre avec moi ?
Le visage de Nico afficha une expression de choc pur, comme s'il venait de tomber sur Hadès faisant une reprise de Lady Gaga sous la douche. Par expérience, c'est traumatisant, même pour un dieu. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en voyant sa tête pendant qu'il cherchait une répartie.
-Quoi ? Je croyais que vous ne vouliez pas vous faire des demi-dieux ?
-C'est pas de ma faute si tu n'as mis que des demi-dieux dans tes propositions ! Évidemment, ce choix revient un peu à choisir entre la peste et le choléra.
-Je le prends mal que vous me comparez à la peste. Même si, en soit, moi aussi je fais fuir les gens.
Toute mon hilarité retomba d'un coup en entendant ses mots. Le but n'était pas de le blesser, seulement de l'embêter un peu.
-C'est une expression, Nico. Je ne te compare pas réellement à la peste. Et ne dis pas que tu fais fuir les gens, moi je suis là, je ne suis jamais parti en courant et puis il y a aussi Jason, Will- Okay c'était le nom à pas dire.
Pourquoi faut-il toujours que je sorte de la merde à un moment donné dans les situations sérieuses ? J'ignorais ce qu'il se passait avec Solace mais il fallait être aveugle pour ne pas remarquer que ces deux-là ne se parlaient plus et se fuyaient presque.
-Justement. Sans vouloir vous contrarier, si le camp ne me détestait pas, je ne serais pas avec vous dans cette situation. Vous êtes Mr.Cholera et moi Mr. Peste si vous voulez mon avis, on ne peut pas faire partir l'un ou l'autre. Et puis, oui, c'est vrai, il y a ce fanboy de Jason mais il va partir, lui aussi...
-Alors déjà nous sommes dans cette situation uniquement parce que tu as volé ma porte. Et puis pourquoi Jason partirait ?
-Jason a une vie à mener loin de l'Olympe, et il va commencer une année en internat loin d'ici. Je lui souhaite le mieux, au moins lui à le choix de son avenir.
-Mais ça ne veut pas dire qu'il t'abandonne. Je suis sûr qu'il sera encore là pour toi même si vous vous voyez moins.
Je voulais prendre un ton confiant mais moi-même je n'y croyais pas. Quel dieu est resté dans ma vie quand j'ai quitté l'Olympe pour la colonie ? Même Apollon semble m'avoir oublié alors qu'il est le seul que j'ai considéré comme un frère. Toutes les fêtes et soirées qu'on a organisées ensemble, comme si elles n'avaient jamais existé pour lui. Hermès qui habituellement charrie tout le monde à longueur de journée semble à peine me remarquer depuis le début de ma punition les rares fois où je retourne pour les Conseils. Et puis il y a Ariane, enfin elle a ses raisons que je ne peux pas ignorer. J'essayai de chasser toutes ces idées de ma tête, Nico ne doit rien deviner, il a besoin qu'on lui apporte un peu d'espoir.
-Je ne sais pas, j'ai une mauvaise impression...
Son ton lasse me serra le cœur. Il est le fils du dieu des morts, il ressent ces choses-là, ne jamais négliger ses mauvaises impressions. Jason Grace, c'est un bon gars. Il est comme un pont entre les Romains et les Grecs. S'il lui arrivait quelque chose... Je ne préfère pas y penser.
-Ne réfléchis pas trop, tu as connu quasiment que des mauvaises expériences, c'est normal que tu doutes mais accorde-toi pour une fois d'espérer une happy ending, ça te fera du bien.
-Une happy ending ? Je n'y crois plus depuis longtemps.
-C'est ton problème, Nico, tu dois apprendre à voir le bon côté des choses, les trucs biens qui pourraient encore t'arriver. Et c'est bien moi qui te dis ça. Aide-moi à remettre correctement la porte, maintenant, veux-tu ?
-Je peux vous retourner la chose mon cher psy. Et retourner aussi la porte, cette pancarte est vers le couloir normalement.
Je me tendis, c'est qu'il commençait à me cerner, ce petit. Je tentai de ne rien laisser paraître en rebondissant sur sa tentative de zeugma (si j'ai bien compris les cours d'Apollon que je séchais régulièrement).
-Tu peux aussi me retourner et- Contentons-nous de la porte.
Mais le cœur n'y était pas et la blague était peut-être trop hard pour lui.
-Vous, c'est juste après, Dit-il avec un clin d'œil.
J'arrêtai d'un coup tout mouvement. Était-ce bien Nico qui venait de parler ?
-Aurais-je bien entendu ? Une blague sale ? Venant de votre bouche pourtant si pure et innocente quelques minutes plus tôt ? Enfin si on ne parle pas des mouchoirs.
-Qui vous dit que c'est une blague ?
-Contentons-nous de bien mettre cette porte, plutôt, Marmonnai-je, n'aimant pas la tournure de la conversation.
-Okay, si vous voulez, mais je ne vous le proposerai plus jamais.
-Fais gaffe, toi. Je pourrais te voler le peu d'innocence qu'il te reste plus vite que tu ne le crois ici-même.
-Je ne comprends pas comment les autres peuvent faire des blagues comme ça, cela me cringe de trop...
-Tu commences à parler comme la jeunesse ! Pour ta question, c'est juste drôle. Ça doit dépendre du contexte, de l'éducation, de la culture,... Ça te viendra bien plus vite que tu ne le crois !
-J'espère bien ! Enfin, si vous voulez aller plus vite, vous pourriez m'apprendre comment les d'jeunes parlent.
-Pendant un instant j'ai cru que tu voulais que je t'apprenne à te dévergonder ! Enfin, tu penses que j'ai une tête à parler le langage des d'jeunes ?
-Bah, vous préférez quoi ? Moi, il y en a un qui me tente plus que l'autre mais tout dépend de vous.
-Je parie que tu préfères le langage de d'jeunes ? Moi ça m'arrangerait, je veux pas être responsable de traumatisme et perte d'innocence sur mineur.
-Exactement, surtout que je n'ai pas vraiment envie de faire ma première fois avec vous. Bon, qu'en pensez-vous de cette porte ?
-De base on parlait juste verbalement, pas physiquement ! Dis-je précipitamment avant de me tourner vers la porte, Elle est magnifique.
Ma porte. À sa juste place. Je ne pouvais pas être plus heureux. J'en oubliai même la présence du demi-dieu et de notre discussion, focalisé sur cette porte.
-Vous allez bien ? On dirait que vous allez pleurer et rire en même temps ?
-C'est le plus beau jour de ma vie, Soufflai-je d'une petite voix pleine d'émotion.
-Vous voulez que je lui mette une robe de mariée ? Je ne suis pas un très bon prêtre par contre, je m'y connais plus en enterrement.
-Je ne vais pas me marier avec ma porte, voyons ! Qu'est-ce qui te met des idées aussi farfelues en tête ?
-Vous venez de dire que c'était le plus beau jour de votre vie !
Il avait parlé d'une voix fluette, comme s'il essayait d'imiter la mienne ? Je décidai d'ignorer et de retourner la situation contre lui, ma spécialité et nouvelle passion dans ma vie.
-Parce que j'ai une porte mais surtout, car tu es à mes côtés pour partager ce moment, Ajoutai-je avec un clin d'œil.
-Ne dites-pas de bêtises ! Je sais que c'est juste pour votre porte.
Je remarquai le rougissement sur ses joues mais préférai ne pas faire de remarques.
-Très bien, je dois l'admettre. Même si ta présence n'est pas si désagréable au final.
-Vous venez de dire un compliment ? C'est un jour à marquer au calendrier !
-Oui, comme le jour où Mr.D a récupéré sa porte !
-Le jour où Mr.D. va récupérer son intimité et Nico sa solitude.
-Qui te dit que je vais te laisser tranquille ? Tu m'as promis une partie de pinochle.
-Très bien, allons-y. Jouons cette partie !
-Tu te rappelles un peu des règles ?
-Oui, ne vous inquiétez pas
-Très bien, c'est parfait !
Nous nous installâmes à la table et commençâmes la partie. Je souris en moi-même en voyant mes cartes, ça commençait déjà très bien pour moi. Je débutai en douceur, histoire qu'il s'habitue au jeu même si je devais bien admettre au bout d'un moment qu'il n'était pas aussi bon que moi avec la tactique "faire semblant de se souvenir des règles". Voulant être gentil au début, pour mieux le rétamer par la suite, je déposai la reine avec son roi de cœur tout en sachant très bien que l'atout était en trèfle. Nico me lança un regard moqueur, ne se doutant pas une seconde de ma stratégie avant de déposer sa carte, remportant la manche. Ce petit est si naïf. Je le laissai donc gagner un peu, étant récompensé par ses faibles sourires (ce qui est déjà beaucoup venant de lui) et sa confiance en lui remontant à la surface. Mais je ne laissai évidemment rien paraître, gardant mon masque de mauvaise humeur habituelle. La partie avança et malgré mes tentatives de le faire gagner, il était tellement mauvais à ce jeu que je pris beaucoup d'avance. Bientôt il ne resta qu'une manche. Il semblerait qu'il commençait à comprendre les règles car ça devint plus compliqué de le battre mais je finis par en venir à bout et à l'exploser avec un score de 1010 points dont je n'étais pas peu fier. Je lui lançai un sourire narquois avant de remarquer qu'il me fixait avec une drôle d'expression. Mes sourires faisaient si peur que ça ? Ça expliquerait pourquoi tous les demi-dieux ont tendance à me craindre et partir en courant lorsque j'essaye de me montrer gentil. Il se construisit un air assuré sur le visage à une vitesse phénoménale avant de partir précipitamment tout en bredouillant. Je fronçai les sourcils, décontenancé puis réussis finalement à me lever pour partir à sa suite. Seulement, lorsque je passai la porte, je me retrouvai face à un cheval qui me bloquait le passage avec une mine sombre. Je parle bien entendu de Chiron.
-Dionysos, tu peux t'asseoir deux minutes ? Il faudrait qu'on parle.
Le ton de sa voix ne me disait rien qui vaille. Il s'installa devant moi, un air sérieux sur le visage.
-Quelque chose ne va pas ? Demandai-je.
-C'est plutôt à toi que je devrais poser la question.
Je fronçai les sourcils, ne sachant pas quoi répondre.
-De quoi tu veux parler ?
-De tes problèmes de cœur.
Je me figeai. Pourquoi venait-il avec ça, maintenant ?
-En quoi ça te concerne, maintenant ?
-Depuis que ça concerne aussi l'un de mes campeurs, Dit-il sèchement.
-Qu'est-ce que mes histoires avec Ariane ont à faire avec la colonie ?
-Je parlais de Nico. Alors c'est ça ? Tu as une peine de cœur à cause d'une femme alors tu vas te consoler en utilisant un adolescent encore innocent et naïf ?
Je restai bouche bée devant ces accusations.
-Je n'ai jamais eu l'intention de l'utiliser. Il est perdu, j'essaye simplement de l'aider à se faire une place dans cette colonie, se sentir bien, avoir quelqu'un qui l'écoute.
-Je te connais Dionysos.
-Justement, alors tu me crois vraiment capable d'une chose pareille ?
-À vrai dire, non. Mais je sais reconnaître quand quelqu'un t'intéresse. Et Ariane ? Depuis quelques jours, tu as tout le temps son nom à la bouche, qu'est-ce qui te tracasse soudainement ?
-C'est compliqué. Je l'ai aimé, oui, mais elle était avant tout une meilleure amie, ma confidente, la première à m'accepter comme je suis. Je pense que ça fait déjà quelque temps que notre amour s'est effrité mais on se supportait encore et on est resté ensemble plus par habitude. Ce n'est pas tellement qu'elle m'ait quitté qui me blesse, je m'en serais remis, c'est la perdre complètement, perdre aussi son amitié.
Je bus une gorgée de coca light en me laissant tomber contre le dossier de ma chaise. Je n'aimais définitivement pas parler de ce genre de chose mais Chiron a toujours dégagé une aura qui te sort les mots de la bouche.
-Je comprends. Je pense qu'il lui faudra du temps mais qu'elle finira par accepter d'entendre tes explications, peut-être redeviendrez-vous amis.
Je restai silencieux. Si seulement Chiron avait raison mais il ne connaissait pas tout.
-Pour revenir à Nico, c'est honorable ce que tu fais pour qu'il se sente accepté mais tu laisses dégager un autre message et il y croit, je peux le voir dans son regard.
Je réfléchis un instant. Quel message ? Oh, CE message.
-J'ignore s'il a tort d'y croire ou non, Commença prudemment Chiron, Même si j'ai mon idée de la réponse.
Et quelle est cette réponse ? Est-ce que...? Je l'apprécie, oui mais sans plus, non ?
-Je ne m'intéresse pas aux demi-dieux, je veux juste qu'ils se sentent en sécurité, chacun. Le reste, je m'en contrefiche, Dis-je d'une traite d'une voix blasée.
Mon regard se portait au loin, refusant de se poser sur le centaure qui lui me fixait avec un air que je connaissais bien, celui qui disait "je sais que tu mens mais je laisse tomber pour l'instant".
-Très bien, alors ne le laisse pas avoir de faux espoirs. Ne lui brise pas le cœur, il a déjà trop souffert.
C'est sur ces mots que Chiron quitta la pièce, me laissant seul avec mes pensées confuses. Je n'avais toujours pas la réponse à sa question silencieuse. Et même si je l'avais, ça ne changerait pas grand chose, n'est-ce pas ? C'est un ado et je suis un dieu, il est préférable pour lui que je garde mes distances. Je regardai vers la fenêtre en soupirant. Dehors je pouvais distinguer les Aladdin, Louve-Halaine et Nico discuter de manière animée, un peu comme une dispute avant que les trois premiers partent en courant. Je voulus détourner les yeux, n'ayant aucune motivation à me mêler de leurs histoires quand j'aperçus le regard noir du rejeton d'Hadès se poser dans ma direction. Il semblait en pleine hésitation et au fond de moi, j'avais presque envie qu'il vienne m'emmerder mais je repensai à ma discussion avec Chiron. C'est en le voyant partir que je compris qu'il a pris la décision la plus raisonnable.
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