II. Ô belle porte, toi ma porte chérie

Toute la soirée durant, une ribambelle de demi-dieux vint toquer à la porte de la Grande Maison pour s'excuser et demander que je remette le capture l'étendard. Mais ma décision était prise, de plus, je savais qu'ils s'excusaient seulement pour ce stupide jeu et non pour ce qu'il s'était passé. Et puis ce n'est pas à moi qu'ils doivent demander pardon. Je renvoyai tous les ados et leur interdis de revenir encore toquer à cette satanée porte ! Je ne sais pas ce qui me mettait autant en rogne, ce qu'ils ont fait ou le regret d'avoir laissé Will seul avec Nico pour s'occuper de lui. Ce n'est pas comme si leurs petites histoires m'intéressaient mais plus j'y pensais, plus je me disais que j'aurais dû envoyer Kayla ou encore Austin et son saxophone.

-Qu'est-ce qui se passe, Dio ? Demanda Chiron.

Il était venu le lendemain de l'incident pour une partie de cartes. Nous jouions dans un silence tendu. J'avais presque hâte qu'il le brise pour poser sa satanée question à laquelle je n'avais pas de réponse.

-Je pense que ces gamins ont besoin d'être recadrés une fois pour toute, ça devient la foire !

-Ce sont des enfants, ils ont toujours été comme ça, tu le sais très bien. Certes, ils ont exagéré hier soir mais ce n'est pas en les privant de capture l'étendard qu'ils vont apprendre.

-Comment alors ? En faisant de cette colonie un aquarium à dauphin ?

Chiron soupira longuement.

-Une punition générale ne va que leur donner un sentiment d'injustice ce qui va empirer la situation. Il fallait prendre les concernés à part pour leur parler.

-Et les transformer en dauphin.

-Maintenant dis-moi ce qui te tracasse.

Je déposai mes cartes sur la table puis bus une longue gorgée de coca light.

-Dionysos...

-Et si ces gamins étaient comme les dieux ? Si cette colonie ne devenait qu'une pâle copie de l'Olympe ?

-C'est donc ça ? Tu sais bien que ça n'arrivera pas, ils-

Il s'arrêta un instant, redoutant sans doute ce qu'il allait dire sur les dieux à l'un d'eux. Je hochai lentement la tête pour lui intimer de continuer sa pensée.

-Ils sont mortels, leur vie a donc plus d'importance à leurs yeux, ils ne la gâcheront pas pour des querelles futiles similaires à celles des dieux.

-C'est ce qu'ils ont fait hier soir.

Chiron secoua la tête avant de ranger les cartes.

-Pense ce que tu veux, mais ne fait pas payer ta rancœur envers les autres dieux à ces enfants.

C'est sur ces mots que le centaure se leva et quitta la pièce, me laissant seul à réfléchir au sens de notre discussion.

-Peut-être que je m'inquiète pour rien, peut-être que j'exagère. Ça doit être le manque de vin qui me monte à la tête. En tout cas, cette punition de Zeus me rend complètement cinglé ! Je doute que j'en reviendrai sain d'esprit à l'Olympe. L'Olympe... Là où est Ariane... Il faut que j'arrête de penser à elle ! Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal entre cette colonie de dégénérés ou sa perte... ZEUS SI UN JOUR NOS CHEMINS SE CROISENT, JE TE JURE QUE-

Ma menace fut interrompue par des coups sur la porte. Encore un demi-dieu venu me déranger !

-Foutu demi-dieux, ils ne comprennent donc plus le français ? Râlai-je.

J'ouvris violemment la porte en hurlant :

-Je vous avais dit que je ne changerais pas d'avis !

Fou de rage, mes yeux se posèrent alors sur un Nico décontenancé. Et torse nu. Me laissant voir ses abdos légèrement dessinés, bien comme il faut, ainsi que les muscles de ses bras dû à ses nombreuses batailles, le tout recouvert de cicatrices. Habituellement, il ne porte que des vêtements amples, je ne l'avais donc jamais vu sous cet angle. Et il est totalement objectif de dire qu'il est plutôt pas mal comme ça. Non, Mr.D ne nous fait pas un gay panic devant un ado de seize ans, tout est parfaitement objectif, n'importe qui vous le dirait ! J'inspirai donc un grand coup pour reprendre contenance et repris d'une voix fébrile.

-Nico ? Je pensais que tu étais à l'infirmerie. À moins que ce Won't Solcocasse soit vraiment un bon docteur pour finir.

-Je suis venu discuter avec vous par rapport au capture étendard.

Je me figeai un instant avant de le faire entrer. S'il y avait bien une personne pouvant me faire changer d'avis, c'est le principal concerné de toute cette histoire, surtout après le discours de Chiron.

Je le fis asseoir tandis que je me dirigeai vers le frigo pour chercher de la Jup' avant de me rendre compte de deux choses ; premièrement il est mineur et pour une raison quelconque, les Etats-Unis sont très strictes sur la consommation d'alcool avant 21 ans, ces rabats-joie, deuxièmement, il n'y a pas d'alcool, j'en suis toujours privé. Je soupirai longuement comme si mon souffle divin pouvait en faire apparaître là, devant moi mais bien évidemment, rien ne se passa. J'allai donc m'asseoir en face du rejeton d'Hadès de plus mauvaise humeur encore.

-Bien, qu'est-ce que t'as à me dire ?

-Je ne sais pas ce qui vous a pris hier soir mais, en tout cas, vous avez bien merdé avec votre élan de bonté.

Je fronçai les sourcils tout en faisant un "précédemment" dans ma tête afin de me rappeler de quoi il parlait. S'il pensait que j'avais annulé le capture l'étendard juste pour lui ! Il ne se prend pas pour de la merde, le p'tit gars. Bon okay, peut-être un peu... Mais un tout petit peu !

-Ne te crois pas plus important que tu ne l'es, ce n'était pas un élan de bonté pour toi. Vous les demi-dieux avez besoin d'une leçon depuis longtemps.

-Plus important que je suis ? Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je pense que je suis la personne de ce camp qui a le moins d'estime de soi, et ce en vous comptant dedans !

-C'est pas mon problème, maintenant fiche le camp d'ici, tu me donnes la migraine.

-Partir ? Écoutez-moi Monsieur-qui-veut-juste-se-bourrer-la-gueule. Cette colonie est déjà merdique sans votre mauvaise humeur de mes deux donc vous allez vous calmez ! Je n'ai pas envie que le camp entier pense que je suis obligé de m'accorder la pitié d'un autre pour m'en sortir donc vous allez remettre ce jeu à chier au programme.

Je relevai des yeux fous de rage en sa direction. Cette fois, il a réussi à vraiment m'énerver.

-Alors déjà tu vas baisser d'un ton avec moi, je te rappelle que je suis un dieu et que je peux te transformer en dauphin quand ça me chante. Ensuite j'en ai rien à foutre de ce que le camp pense de toi alors tu vas prendre cette porte et tu peux dire aux autres que le capture l'étendard aura lieu mais je le décide seulement de ma propre initiative !

Si remettre le jeu est la seule solution pour qu'il déguerpisse et que les autres morpions me laissent enfin en paix alors soit.

-Très bien, que vos ordres soient actions mon seigneur...

Il se dirigea donc vers la sortie à mon plus grand soulagement puis disparut en vol d'ombre. J'aurais voulu ne pas m'en faire mais cela m'agaça au fond car je savais que c'était dangereux pour lui. Je jetai un dernier regard noir là où il se trouvait quelques secondes plus tôt avant de s'évaporer. Avec ma porte. Je clignai plusieurs fois des yeux. Je ne rêvais pas et vous avez bien lu. Avec la porte. MA porte. Ma belle porte !! Il allait me le payer, ce voyous, me le payer très cher !

Je resserrai ma main sur mon verre, que je venais d'aller chercher pour l'effet dramatique, jusqu'à le briser quand je vis une petite tête brune passée en courant par l'encadrement de ma porte. Ma porte. Je fermai les yeux pour retenir mes larmes avant d'attraper ma prochaine victime.

-L'ALATIR ! T'ES L'HEUREUX ÉLU !

-Qu'est-ce qui se passe, Mr.D ? Tiens, vous n'avez plus de porte, Remarqua "intelligemment" l'enfant d'Hermès ce qui accentua ma colère.

-Bien vu. Tu as trois minutes pour que j'ai une nouvelle porte.

-Quoi ? Mais c'est impossible !

-Tu es enfant d'Hermès, c'est forcément possible pour toi.

-Mais-

-Tic tac, tic tac, le temps tourne, tu n'as plus que deux minutes.

-Je suis navré-

-Temps écoulé ! Et j'ai toujours pas de porte. Je réquisitionne donc toute ta réserve de coca jusqu'à ce que je retrouve CETTE SATANÉE PORTE !

J'aurais voulu lui claquer la porte au visage pour plus d'effet mais surprise !!! C'est l'autre morpion qui a ma magnifique porte ! Je dus donc me contenter de voir l'autre gamin traumatisé partir en courant. Ce qui était satisfaisant aussi, tout compte fait. Je souris à ma double satisfaction ; avoir traumatisé un Hermès et du coca light gratos, avant de retourner dans mon bureau afin d'élaborer un plan de vengeance.


*****

Cet air innocent, satisfait, je vais le lui faire bouffer. Il semble calme, trop calme mais je peux voir d'ici que ce n'est qu'une façade, suffit d'observer l'herbe mourir à ses pieds. Il est tout seul à sa table, cheh ! (C'est un mot que je viens d'apprendre en écoutant une conversation entre les demi-dieux.) Moi au moins je peux parler jeux de cartes avec Chiron. T'as la rage, hein ? Il me regarde même pas. Foutu morpion d'Hadès. Si tu savais ce que je te réserve pour le capture l'étendard. Tu ferais moins le malin avec ton air supérieur qui m'ignore. Merde, il se tourne vers moi. Okay faut surtout pas que je détourne le regard, faut pas qu'il pense avoir gagné. Houlà, son regard fait peur, il a l'air vraiment, vraiment en colère. Pourtant c'est pas moi qui ait volé sa porte ! Je vais montrer ce que c'est qu'un veritable regard noir ! Il ne détourne toujours pas les yeux mais je suis sûr qu'il tremble au fond de lui. Peut-être que si je le fixe assez intensément, il va finir par exploser et ma porte va apparaître, un peu comme un boss final. Ça lui va plutôt bien ce regard noir, ça lui donne un air... Reprends-toi Dio, t'es pas là pour ça mais pour lui faire regretter d'être né et surtout d'avoir volé ta porte. Au plus je le fixe, au plus il me fait froid dans le dos, ce gamin. On dirait qu'il pourrait me tuer en un claquement de doigts de là où il est avec sa cuillère.

-Dionysos, Soupira Chiron qui essayait de me parler d'un nouveau jeu de cartes.

-Deux minutes.

Je refuse de lâcher son regard en premier. Ma réputation est en jeu.

-Très bien, Dit le centaure en se levant.

Il annonça que le capture l'étendard allait commencer, rappela les règles mais je n'écoutais déjà plus, souriant à ma vengeance. Ce petit allait regretter son affront, oh que oui !

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