Secret, découverte et liens
Lorsque Chuuya rentra chez elle, son visage était rougi. Elle avait chaud, sa respiration était difficile, elle se sentait comme un animal en chaleur, et elle savait pourquoi.
La morsure de Dazai.
Passer quatre ans sans se faire mordre par le suceur de sang qu'était ce fichu maquereau avait été une vraie torture.
Sept mois avant le départ soudain de son partenaire, la rousse avait découvert son secret.
Comment pensez-vous qu'elle l'a su ? Il buvait du sang ? Non.
Il a tenté de la mordre ? Non.
Il était en manque ? Non.
Alors comment ?
Eh bien, tout simplement, grâce à un jeu. Chuuya avait eu l'occasion de voir sous un de ses bandages. Elle avait découvert des traces rouges. Pas de sang, non, pas non plus d'un pouvoir comme le sien. On aurait dit des mots dans une autre langue.
Alors un soir, la rousse s'est invitée chez lui. Il avait l'air ravi, il faut dire qu'elle n'était jamais allée vers lui, c'était plutôt le contraire.
Ce jour-là, elle s'est installée dans le canapé, l'a regardé sérieusement et a refusé un verre de vin. Ce fut la première et la dernière fois de sa vie.
La jeune femme lui a proposé de jouer. Il a accepté et lui a demandé lequel, ce à quoi elle a répondu 'action ou vérité'.
"- Action ou vérité ? Je n'aurais jamais cru ça de toi !
- C'est oui ou non ?!
- Calme-toi, c'est d'accord ! Vas-y, commences.
- D'accord. Action ou vérité ?
- Vérité.
- Est-ce que tu me déteste vraiment ?
- .... Pfff ! Hahaha ! Sérieusement ?
- Réponds.
- .... Bon, d'accord, j'admets que je ne te déteste pas vraiment."
La jeune fille ne put s'empêcher de sourire.
"- À toi.
- Action ou vérité ?
- Action.
- Mets du maquillage.
- Quoi ?! Pourquoi ? Et puis, tu en as chez toi ?!
- Oui ! Je voulais te demander de le faire depuis longtemps !
- *soupire* Bon, d'accord."
La jeune femme se dirigea vers la salle de bain et revint quelques minutes plus tard. Dazai comptait se moquer de son nain roux favoris mais déchanta vite.
Les produits étaient appliqués avec soin, les couleurs la mettaient en valeur et tout s'accordait parfaitement sans réellement ressortir.
Autrement dit : elle était magnifique.
Sentant le regard persistant du brun, un sentiment de malaise grandit dans la poitrine de la travestie.
Est-ce qu'elle était si moche qu'il se retenait de rire ?
Elle allait se retourner pour aller enlever tout ça quand elle sentit une main sur son épaule. Elle releva les yeux vers son suicidaire de partenaire, et ce qu'elle vit la fit plus que rougir. On aurait dit qu'elle essayait de concurrencer une tomate bien mûre.
Sans qu'il ne dise quoi que ce soit, sans que son visage n'exprime un quelconque sentiment, il la dévorait du regard. Du désir. C'est ce qui avait fait que notre tomate soit si mûre.
Lorsqu'il se pencha et déposa ses lèvres sur les siennes, la plus âgée passa de tomate à écrevisse.
Le suicidaire approfondit le baiser, faisant flancher la rousse, qui ne pouvait plus tenir sur ses jambes. Son souffle était erratique, et s'il avait été possible de devenir encore plus rouge, alors elle l'aurait fait.
Dazai s'accroupit, coude sur le genoux et menton sur la main, il tendit celle restante pour remettre une mèche rousse rebelle derrière son oreille. À ce moment, plus rien n'existait autour d'eux. Ils étaient dans leur petite bulle. Aux yeux du brun, Chuuya était la chose la plus belle et la plus mignonne qui puisse lui arriver dans la vie. Pour elle, ce suicidaire n'était qu'un crétin embarrassant dont elle était amoureuse et qui jouait avec ses sentiments.
La mafieuse tenta de se relever malgré ses membres tremblants, mais c'était sans compter sur son partenaire. Il tira sur son bras pour la réinstaller au sol, se pencha à son oreille et fit de son mieux pour prendre la voix la plus sensuelle possible.
"- C'est à toi de poser la question."
Nul, hein ? Cependant, avec cette intonation et son souffle qui chatouille l'oreille de la jeune femme, cette dernière se sentit encore plus embarrassée. Elle fit tout de même en sorte de reprendre contenance, sans pourtant réussir à empêcher sa voix de trembler légèrement.
"- Action ou vérité ?
- Vérité."
Elle hésita quelques secondes avant de prendre sa décision. Il fallait qu'elle lui pose la question pour pouvoir fuir. Vite. Vite. Il fallait qu'elle s'en aille, ou elle ne pourrait se retenir. Il la poussait dans ses derniers retranchements. Elle se sentait faible face à lui, et il en avait conscience.
Il lui fallut faire preuve d'un effort surhumain pour relever la tête et le regarder avec détermination, sans laisser filtrer son angoisse, ses craintes, son embarras et son trouble.
"- Qu'es-tu ? Tu n'es pas humain, je le sais. Alors je te le redemande : Qu'est-ce que tu es réellement ?"
Dazai sembla choqué, troublé, destabilisé et apeuré. C'était la première fois qu'elle le voyait comme ça, et elle n'aimait pas. Son partenaire était fou, diabolique, mesquin et fier. Il n'était pas faible. Le voir dans cet état là lui fit mal. Alors elle fit une chose qui lui aurait paru insensé en temps normal. Seulement, dans ce contexte, cela lui vint naturellement.
Son homologue, lui, avait peur. Il était en état de grande panique. Comment ? Comment avait-il découvert ? Comment avait-il pu savoir ? Pourquoi être venu chez lui ? Pour le tuer ? Le dénoncer ? Il fallait qu'il le mette dehors, vite ! Ce nain n'avait rien à faire chez lui !
Soudain, toutes ses pensées de panique cessèrent. Une douce sensation l'envahit. Il accepta enfin l'évidence à ce moment-là. Il était un monstre et il avait réussi à tomber amoureux. Lui. Et en plus, d'une personne qu'il avait détestée la première fois qu'il l'avait vue. Et maintenant, il se rendait compte que cette personne était la plus belle du monde, et il l'acceptait avec tous ses défauts. Peut-être qu'il accepterait de faire pareil ?
La rousse venait de prendre l'homme qu'elle aimait dans ses bras. Au fond, peu importe ce qu'il était, elle l'aimerait toujours autant. Mais en voyant sa peur lorsqu'elle avait posé sa question, cela devait être important. Elle lui murmura des mots rassurants pendant quelques minutes. Elle lui expliquait que s'il ne voulait pas lui répondre, il avait le droit. Que ce n'était pas réellement important, qu'il ne fallait pas qu'il panique autant. Elle lui dit que peu importe, elle serait toujours là pour lui, après tout, ils étaient partenaires.
Le brun se redressa doucement, regarda la plus âgée dans les yeux, et lui sourit. Pas comme d'habitude, pas mesquinement, ni méchamment, ou avec insouciance, ou alors fierté. Non, pour la première fois, elle le vit sourire sincèrement. Et c'était beau. Vraiment plus que d'habitude. Et comment aurait-elle pu résister ?
Elle se pencha légèrement en avant et déposa délicatement ses lèvres sur celles de son coéquipier.
Elle rompit le baiser à peine quelques secondes plus tard. Cette fois, les rôles étaient inversés : Chuuya souriait, et Dazai rougissait. Après ce constat, la rousse rit doucement, ne pouvant s'empêcher de le trouver adorable.
Ce roux incroyablement mignon riait pour la première fois de la journée, et cela fit un grand bien au brun, qui se détendit.
"- Je vais te le dire. Je suis un vampire.
- Oh..Très bien."
Son sourire s'agrandit. Il lui avait enfin dit son secret, elle était vraiment heureuse. Même s'il était un suceur de sang, elle ne l'avait jamais vu boire de ce liquide écarlate, alors cela ne changeait pas grand-chose.
Se détendant encore un peu, le suicidaire continua.
"- Je viens d'une tribu de vampires un peu spéciaux. À la naissance, on leur grave des runes sur presque tout le corps, ce qui nous empêche d'avoir envie de sang. Il n'y a qu'une personne qui peut nous en fournir, c'est la personne qu'on aime. Boire le sang pour la première fois de la personne aimée, c'est comme si on se mariait avec. En général, on ne le fait pas avant d'être sûrs et certains, car cela pourrait provoquer une grande sensation de manque si on arrête de boire le sang de cette personne.
- Comment tu fais pour te nourrir ?
- Je mange comme les humains et suis constitué comme eux. Tant que je ne me suis pas lié, je peux mourir, et après, la personne en question et moi ne pourrons pas mourir avant la vieillesse."
Il se regardèrent en silence avant que la plus petite ne rougisse légèrement et n'ose lui poser la question qui la taraudait.
"- Tu veux essayer de me mordre ? Moi, je resterai toujours avec toi, quoi que tu fasse."
Le brun s'empourpra et baissa la tête. Il n'aurait jamais cru que l'autre lui demanderait ça, et il en était tellement heureux qu'il ne trouvait plus ses mots. Alors, pour tout réponse, il dirigea sa tête vers le cou de Chuuya et lécha la jonction avec son épaule.
La jeune femme trouvait le silence du maquereau stressant. Elle eut peur qu'il ne refuse ou l'envoie bouler, mais, au contraire, elle sentit sa langue dans le creux entre son cou et son épaule. Lorsqu'il planta ses crocs dans sa chair, elle eut un léger picotement avant de sentir une sorte d'euphorie l'envahir. Pendant quelques secondes, elle résista, mais ne pût au final s'empêcher de laisser échapper un gémissement. Elle tomba en arrière, toutes ses forces l'ayant quittée.
Lorsque le maquereau suicidaire bousilleur de bandages se redressa, la vision qu'offrait Chuuya était le rêve de tout homme. Pourtant, essayant de se retenir, il l'embrassa chastement et s'écarta.
La jeune fille se redressa rapidement et sortit le plus vite possible de la suite.
Lorsque Dazai alla se doucher quelques minutes plus tard, il réalisa qu'une bosse déformait son pantalon et qu'il se sentait serré.
Son partenaire l'avait fait bander.
Ce jour-là, ils pensèrent chacun de leur côté qu'ils resteraient ensemble jusqu'à leur mort.
Malheureusement, sept mois plus tard, leur bonheur se fit détruire par la mort d'une personne. Un homme du nom de Sakunosuke Oda, alias Odasaku, le meilleur ami du brun. Ce jour-là, le suicidaire fit une promesse à cet homme. Une promesse qui le sépara de la personne de ses rêves pendant quatre ans.
Et lorsqu'ils se revirent, le maquereau comprit que son partenaire -enfin sa partenaire car il venait de découvrir que c'était une femme- ne lui pardonnerai pas si facilement d'avoir choisi de respecter une promesse qui les éloignerait et ferai d'eux des ennemis.
Cette décision prise pour honorer la mémoire d'un ami les sépara, les éloigna et les empêcha de se voir, les faisant souffrir chacun de leur côté.
.....
Salut~
Je suis désolée, je sais que ça fait longtemps que je n'ai pas posté !
J'ai écrit ce chapitre pour expliquer la fin du dernier chapitre car apparemment ce n'était pas clair.
C'est un peu long, 1754 mots exactement !
Bye~
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