26
Il était tard. Très tard. Ou peut-être tôt, à cette heure-ci une partie de la population partait travailler. Il faisait encore nuit et froid, pourtant, je me sentais brûler sous mon manteau ainsi que les douces caresses de mon amant. C'était si bon.
J'avais encore pas mal d'alcool dans le sang, mais ça ne m'empêchera pas de profiter de mon amant autant que possible.
- Viens chez moi... Murmura Chan contre mon oreille avant d'embrasser mon cou.
- Non... Viens dans mon studio...
- Qu'est-ce que je dirais quand ils verront que je ne suis pas dans mon lit ? gloussa-t-il.
- N'importe quoi... Que tu es allé au sport... Que tu es chez moi... Ce que tu veux...
- Chez toi ? C'est suspect ça...
À mon tour de ricaner comme un con mais c'était plus fort que moi. C'était cool l'alcool parfois.
Ses lèvres avaient effleuré les miennes le temps de quelques secondes avant de les presser aussi fort que possible, nos langues n'avaient pas tarder à se retrouver pour danser une valse qui me retourna l'esprit.
Il n'était pas loin de six heures du matin et Chan m'avait rejoint après la petite fête. Nous avions passé plus d'une heure à discuter de la soirée avant de s'embrasser dans la petite impasse à côté du bar. Il n'y avait encore pas grand monde et j'aimais pouvoir l'embrasser dehors. Ça me donnait un petit goût de liberté. Ça nous était égal d'être aperçu par les passants un peu trop curieux.
C'était parfait.
Chan était parfait.
Je l'aimais. Je l'aimais tant.
J'aimais tellement être dans ses bras que j'en oubliais le reste, le monde autour de nous pouvait s'écrouler que je n'y aurai même pas prêté attention.
J'aurai aimé que ça dure toujours.
Soudain, Chan ne sembla plus du même avis que moi.
Il se détacha, n'osa plus me regarder, il ferma ses yeux forts avant de soupirer. Quel était le problème ? J'en revoulais moi ! Rien à faire, il ne me toucha plus.
- Quoi ? Qu'est-ce qui a ? je soufflais avant de tenter de le reprendre dans mes bras.
Euh Chan ?
- C'est quoi ce bordel ? résonna une voix derrière moi.
Merde.
Je m'étais immédiatement retourné pour faire face à mon meilleur ami, encore bien alcoolisé mais ses sourcils froncés ne présageaient de bon.
Putain.
Non.
Putain de merde.
La peur me donna envie de gerber.
La peur et l'alcool.
Non non non.
C'était impossible.
Pourquoi mon plus gros cauchemar devenait réalité ?
Je n'avais plus qu'à me jeter sous une voiture.
- Jeongin- j'avais tenté en faisant un premier pas vers lui.
Immédiatement, il se recula.
- Ta gueule.
Son ton glacial, empli de haine, me figea sur place. Mes yeux s'écarquillèrent, je sentis mes mains devenir moites, putain. Je vais vomir.
- Ferme ta gueule, répéta-t-il en me regardant dans le blanc des yeux.
- Jeongin arrête de parler aussi mal, souffla Chan.
- Toi aussi, ferme ta gueule.
- Quoi ?! s'énerva mon amant.
- Vous foutiez quoi là ? reprit Jeongin avant de déglutir bruyamment.
- Rien.
- Te fous pas de moi, tu lui pelotes le cul en lui enfonçant ta langue dans sa bouche, vous foutez quoi ?
- Rien qui te regarde ! essaya de conclure Chan.
Pendant que les deux frères commencèrent a s'engueuler, je sentais le sol s'effondrer sous mes pieds.
Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je savais qu'un jour ou l'autre nous allions devoir lui en parler mais, mais non ! non ! pas comme ça ! c'était impensable ! Putain !
- Jeongin... je repris, la voix tremblante.
- Toi, le pédé, tu ne prononces plus jamais mon prénom avec ta bouche.
Chan cria, Jeongin hurla encore plus fort, ils se mirent à se battre mais je n'avais plus la force de les séparer.
C'était encore pire que dans mes cauchemars.
« Le pédé ».
Je n'étais plus que ça à ses yeux.
Vingt ans d'amitié foutus à la poubelle tout ça parce que je ne sais pas résister à la tentation.
J'étais qu'un con.
Un sale pédé et un gros con.
J'avais reculé jusqu'à que mon dos heurte le mur où Chan et moi nous embrassions quelques minutes plus tôt, puis je m'étais laissé tomber par terre.
J'avais envie de chialer.
Après tout c'est ce que font les pédés comme moi, non ?
C'était ce qu'on me répétait depuis toujours.
Pleurer c'est pour les faibles, les faibles se sont les gays.
- Et toi ! hurla Jeongin en s'approchant soudainement de moi. Toi ! Putain ! Gros connard ! Sale enculé ! Dégage putain ! Tu te tapes mon demi-frère et- Putain tu me dégoûtes !
Il avait conclu sa longue tirade d'insulte en crachant à côté de moi.
Chan attrapa sa nuque pour l'éloigner violemment de moi avant de lui ordonner de dégager. Jeongin nous épargna un dernier regard plein de haine, il préféra s'enfuir, sûrement trop dégoûté de voir deux pédés.
Quelques secondes désormais silencieuses s'écoulèrent, mon amant était venu s'assoir à mes côtés. Il lâcha un lourd soupire puis posa sa main sur ma cuisse.
- Désolé...
Je n'avais pas envie de parler. Encore moins de ce qui venait de se passer.
- Je vais parler à Jeongin, il faut qu'il décuve, qu'il y réfléchisse seul et apres-
- Et après quoi ?! Tu crois qu'il va nous accueillir à bras ouverts ?! Putain Chan ! Il nous a vu ! C'est foutu !
- Quoi foutu ? Tu ne vas pas flipper parce qu'il s'est énervé !
- C'est mon meilleur ami, je le connais. Jamais il n'acceptera. C'est fini.
- Calme-toi et il va faire de même. Je le connais aussi.
Ça m'avait fait rire, j'aurai aimé que ce soit vraiment drôle.
- Ah ouais ? Tu lui parles jamais, tu t'es barré quatre ans, tu es toujours enfermé dans ta chambre. Non, tu ne le connais pas.
Il avait soufflé en retirant sa main. J'avais regretté lui avoir parlé ainsi mais j'angoissais tellement, je ne voulais pas parler, je voulais juste me jeter d'un pont.
- Ça va aller.
Honnêtement, il ne répétait ça que pour se rassurer lui-même.
J'avais envie de vomir.
- Tu trouves que je suis un si mauvais grand frère ?
Quand va-t-il comprendre que je n'avais pas envie de parler ? Encore moins de ses états d'âme sur son statut d'aîné de la fratrie.
Il prit mon silence pour une réponse qui ne lui plaisait pas alors il se leva, balança un faible « on se voit plus tard » et s'enfuit à son tour, me laissant seul telle une merde par terre.
J'avais envie de vomir ou de mourir.
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