12

Pourquoi Chan passait son temps à fuir ?

Franchement, ça devenait agaçant.

J'avais besoin de lui parler, maintenant, c'était plus qu'urgent.

Chan l'avait dit, sa propre magnifique bouche m'avait laissé entendre ce dont j'avais toujours voulu entendre.

« Tu m'obsèdes ».

C'était ses mots et maintenant, j'avais besoin qu'il me les redise où j'en mourrais.

J'avais cherché dans tout le bâtiment son ombre mais il n'était nul part. Résigné, et ne voulant pas passer pour un fou, j'avais fini par attendre la pause déjeuner bien calmement dans mon bureau, à réfléchir à tout ce que je pourrais lui dire. Dès qu'il franchira à nouveau les portes, je l'obligerais à tout répéter, de A à Z.

Pourquoi les minutes semblaient durer des heures maintenant ? Quand Chan travaillait à côté de moi j'avais l'impression qu'elles ne duraient qu'une seconde. C'était injuste, comme si l'univers entier voulait m'empêcher d'être aux côtés de Chan.

Lors de ma pause déjeuner, j'avais fouillé dans tous les recoins du bâtiment, à la cafeteria, salle de pause ou de réunions, même jeté un rapide coup d'œil dans les bureaux de certains collègues auxquels Chan avait déjà adressé la parole mais rien. Comme s'il s'était évaporé.

Agacé par cette situation, j'avais fini par prendre mon téléphone pour l'appeler. Bien sûr aucune réponse. Désespéré, j'avais appelé Jeongin.

« Ouais ? » renifla-t-il, visiblement en train de manger au son de mastication qu'il me laissait entendre.

Répugnant.

J'avais grimacé de dégoût avant de me reconcentrer.

« T'aurais pas des nouvelles de ton frère ? »

Bon, on pouvait faire plus rassurant mais je n'avais pas le temps.

« Hein ? »

« Chan a disparu. On s'est un peu énervé puis il est parti. Depuis, aucune nouvelle. »

« Pourquoi vous vous êtes disputés ? »

Parce qu'il m'obsède et que c'est apparemment réciproque. Du moins je voulais qu'il me le dise encore. À force de me le répéter dans la tête j'avais l'impression d'avoir encore rêvé.

« Un dossier... Un truc stupide. Il ne t'a rien dit ? »

« Quand il s'est cassé pour l'Australie, il me l'a dit une semaine avant son départ. »

« Et alors ? »

« Il ne me dira jamais là où se réfugie. Encore moins pour une dispute. Essaie avec maman. »

« Je ne vais pas déranger ta mère en plein travail pour ça quand même ! »

« C'est bon, c'est la pause déj'. Puis elle sur-protège Chan, pour elle c'est encore un bébé. Faut voir comment il est sensible aussi, tu lui fais une remarque il ne parle plus pendant un mois. » Avait-il ricané.

Ce n'était pas faux.

« Il est comme ça... » J'avais soupiré. « Bon, tant pis... J'attendrais jusqu'à la fin de la journée son retour, puis s'il ne se décide pas, c'est pas grave. Ce n'était pas comme s'il était indispensable. »

Au travail peut-être pas. Mais à moi, si.

« T'en fais pas, c'est un grand garçon. Je crois qu'il a une copine en ce moment, peut-être qu'il est allé la voir. »

« Une quoi ?! » Je m'étais écrié un peu trop fort pour que ce soit normal.

« Détends-toi, il m'a juste confié qu'il aimait bien quelqu'un. Apparemment je la connais, donc bon. »

« Quand est-ce qu'il t'a dit ça ? »

« J'en sais rien ça fait des semaines maintenant. »

Abruti, crétin, stupide Jeongin.

Et si... Non c'était débile.

Mais Chan l'avait dit. Non ?

Et si c'était moi ?

Je me détestais de penser ça, de me donner de faux espoirs comme ça mais c'était bien plus fort que moi.

Jeongin la connaîtrait. Et il est persuadé que Chan et moi n'aimons que les femmes.

Non, non, non, c'était me faire de faux espoirs, ça finirait par me détruire.

Mais il me l'avait dit !

Il l'a dit !

Tu m'obsèdes.

« Bon, on se voit ce soir. »

« Yep. » Avait-il conclu avant de raccrocher.

Merci Jeongin, le meilleur ami du monde qui ne m'avait été, une fois de plus, d'absolument aucune utilité.

J'avais soufflé d'un air rageur en jetant mon téléphone sur mon bureau avant de poser ma tête sur ma chaise pour la laisser se reposer, ainsi me permettre de fermer quelques secondes les yeux.

Calme-toi, Hyunjin, calme-toi.

J'étais à cran depuis quelques temps, je dormais mal, j'étais anxieux et je me posais mille secondes à la minutes tout ça à cause de cet imbécile de Chan, bordel de merde.

Il allait me rendre cinglé.

J'étais prêt à abandonner lorsque soudain une idée s'immisça dans ma tête.

Chan irait sûrement se réfugier là où il se sentait le mieux, et cet endroit était sa maison. En regardant l'heure, j'avais constaté qu'il me restait encore un moment avant la fin de ma pause déjeuner, je m'étais empressé d'enfiler mon manteau tout seul puis de sauter dans ma voiture pour rouler jusqu'à la maison.

En arrivant, j'étais sûr de devoir sonner une centaine de fois avant d'avoir une réponse mais deux sonneries avaient suffit.

- Qu'est-ce que tu fous là ? j'avais demandé sourcils froncés un peu trop autoritaire en voyant Taegwon mâchouiller un chewing-gum.

- Je suis venu récupérer des cours. Et toi ? T'es pas censé bosser ? me demanda-t-il sur le même ton.

J'avais levé les yeux au ciel en retirant mes chaussures et en enlevant mon manteau.

- Chan est là ?

Il avait fait une bulle avec son chewing-gum, ça m'avait semblé interminable, tellement que j'étais à deux doigts de l'étouffer avec.

- Yep pourquoi ?

Oh bordel de merde, enfin ! Merci !

Voyant mon air un peu trop soulagé, Taegwon avait continué de me dévisager puis avait haussé les épaules en récupérant son sac de cours.

- Dis aux parents que ce soir je suis chez Nanhui, je vais rentrer tard, lança-t-il avant de fermer la porte d'entrée derrière lui.

J'étais seul. Et Chan probablement à l'étage dans sa chambre.

Sans perdre une seconde de plus, poussé par une force qui m'était totalement inconnue jusqu'à présent, j'étais allé toquer à sa porte.

En l'ouvrant, Chan n'avait pas soufflé du nez. Non, il avait été très surpris.

- Tu veux quoi ? marmonna-t-il en lâchant la poignée pour aller s'assoir sur son lit, près de la fenêtre.

- Parler, j'avais répondu d'un ton ferme en entrant dans la chambre.

Jamais, de ma vie entière, je n'avais eu autant de courage qu'à cet instant.

Était-ce la perspective d'une déclaration de l'homme dont j'étais fou qui me donnait de telles ailes ?

- Je n'ai aucune envie de parler, pesta-t-il.

- Tant pis, moi j'en ai envie.

J'étais allé m'assoir sur la chaise de son bureau, juste en face de lui, bras croisés sur le torse.

- Arrête ça Hyunjin.

Mon prénom sonnait si bien avec sa voix, c'était presque angélique.

- Est-ce que tu te rends compte de ce que tu m'as dit ? Tu t'enfuis juste après ça sans aucune explication, évidemment que je vais te poursuivre !

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?!

Mais pourquoi diable est-ce qu'il ne pouvait pas s'exprimer autrement qu'en s'énervant. Depuis quelques temps, chaque fois qu'on tentait de communiquer il s'agaçait tout seul.

- Calme-toi, je soupirais. Je veux juste comprendre.

- Comprendre quoi ? Il n'y a strictement rien à comprendre. C'est débile.

- Pourquoi tu me le dis que maintenant ? Depuis quand ? Qu'est-ce que tu ressens ? Parle-moi Chan, j'ai besoin de comprendre !

Il s'était mordu sa lèvre inférieure sèche avant de fermer les yeux pour essayer de ne pas s'emballer à nouveau.

- Écoute Hyunjin, reprit il d'un ton plus doux. Ok, je n'aurais pas dû craquer comme ça, c'était stupide. Excuse-moi.

- C'est rien.

- Et je t'ai dit... Ça... Parce que jusqu'à présent je n'avais pas le courage. Voilà tout.

- Pourquoi tu l'as maintenant ?

- Tu m'as motivé à travailler à nouveau. J'ai contacté mon patron en Australie et il est d'accord pour me ré-embaucher en mars.

Les yeux ronds comme des billes, je l'avais regardé baisser les siens tandis que je restais bouche bée.

C'était un cauchemar.

Non, c'était impossible.

Pas encore. Je ne le laisserais pas faire, tant pis si je ruinais tout. J'avais vécu trop longtemps loin de lui et là dernière fois il était revenu avec une gonzesse au bras.

Il ne pouvait pas dire que je l'obsédais pour partir encore, rentrer avec une autre, j'allais en mourir de chagrin.

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