Satisfait.


– Condor –

La mission est enfin bouclée. De retour dans la planque – une ruine isolée en plein désert –, mon sac jeté au sol, je récupère le duvet pour l'étaler dans le trou creusé avant mon départ. Allongé dessus, je place mon fusil sur ses pieds puis, à l'aide des jumelles, j'effectue un tour d'horizon par sécurité. Pas âme qui vive, je peux me reposer dans l'attente de mon extraction.

Je sors deux barres énergétiques d'une poche, je les avale puis fais passer le tout avec de grandes goulées d'eau tiède. Avant de dormir un peu, un bilan s'impose. En premier lieu, quel temps perdu avec l'image satellite ! La carte obtenue, l'analyse effectuée, il ne m'a pas fallu plus d'une heure pour supprimer la cible, alors que deux ont été nécessaires pour la recevoir. Un problème à régler dès mon retour.

En fait, non, autant le faire maintenant. Ce gars mis à disposition par le centre opérationnel a l'air doué, assez rapide pour que son cas m'intéresse. Ce n'est pas suffisant pour le juger plus apte que l'archiviste actuelle, mais justement, comme je n'ai rien de mieux à faire, voyons ce qu'il a dans le ventre.

En prévision des prochaines heures, je roule certaines de mes affaires pour les caler sous moi. Plus confortablement installé, je me connecte à la messagerie afin d'envoyer la première requête.

Une petite quarantaine d'heures plus tard, satisfait d'avoir toutes les réponses, je coupe la connexion. Le mec doit maintenant me haïr. Pas grave, j'ai l'habitude. Je l'ai assommé de demandes d'images dont je me fichais totalement puisque j'avais terminé ma mission, ce qu'il ne savait pas, mais nécessaires pour l'évaluer sur plusieurs critères. En premier, sa rapidité. Je l'ai submergé. Sur ce point, il est validé. Ce gars est au top, c'est une fusée.

Ensuite, son efficacité en lui tendant des pièges. Il a assuré, n'est tombé que dans un seul. Et encore, sa carte convenait très bien, juste un poil trop élargie. Mais il doit obéir au doigt et à l'œil sans se poser de questions. Pour qu'il imprime bien, il a mangé un quart d'heure d'engueulade, bénéfique puisqu'il a bien retenu la leçon et n'a plus commis la moindre erreur.

Ses compétences éprouvées, les choses sérieuses ont commencé pour le critère primordial : sa résistance morale. Sur ce point, je n'ai pas lésiné. Il connaît désormais tout mon dictionnaire personnel d'injures. Il tenait bon sans broncher, j'y allais donc de plus en plus fort. Il n'a pas craqué, n'a jamais répondu, s'astreignant à effectuer son travail sans faiblir. Un mental d'acier.

En conclusion, il est beaucoup plus performant que l'archiviste en poste depuis dix ans. Elle n'est pas mauvaise, loin de là, mais ce mec est un avion de chasse. Les minutes ou les secondes gagnées pendant une mission n'ont pas de prix. Ou plutôt si, celui de nos vies.

Je veux ce gars ! Je viens de le libérer, ma décision est prise, alors j'appelle le général. Comme nous utilisons des téléphones spéciaux qui affichent nos codes, se présenter est superflu, j'attaque dès que sa voix retentit.

— L'archiviste, elle est arrêtée combien de temps ?

— Bonsoir, Condor. Bravo pour ta mission. Pour ta question, ce n'était pas trop grave. Elle avait jus...

— Rien à battre de ce qu'elle a. Son retour est prévu quand ?

— Je m'y ferai peut-être un jour à cette manière si particulière de parler des gens qui t'entourent, soupire-t-il.

— Ils ne m'entourent pas, ils travaillent pour moi. Vas-tu me répondre à la fin ?

— Elle revient demain matin.

— Non. Tu la mets en congés une semaine.

— Tu as certainement une bonne raison pour souhaiter opérer sans l'appui de ton archiviste. Rongé par la curiosité, je suis tout ouïe.

— Dès demain, tu places à son poste le gars qui l'a remplacée ce week-end. Je lui donne cinq jours pour me prouver que je me suis trompé sur son cas.

— Il a déconné et tu veux lui offrir une seconde chance ? Me voici en pleine confusion, ce n'est pas dans tes habitudes.

— C'est tout le contraire, justement. Il a assuré.

— Ah ! Et s'il ne te fait pas mentir, que se passe-t-il ?

— Je garde le gars et tu vires l'archiviste.

— C'est radical, non ?

— Je le suis. Ce mec a mieux bossé qu'elle ne l'a jamais fait, alors on la remplace. Tu profites de la semaine d'essai pour que la DGSE procède à une enquête complète sur lui. S'il n'y a aucun cadavre dans son placard ou celui de sa famille, on le valide.

— Étant donné qu'il monte des permanences au centre opérationnel, il a déjà l'habilitation « Confidentiel Défense ». Mais je vais réclamer la plus poussée sur ton bonhomme. D'ailleurs, ce n'est pas uniquement parce que c'est un homme, au moins ?

— Je préfère travailler avec des gars. Les femmes, ce n'est pas mon truc, trop fragiles. Mais en l'occurrence, ce n'est même pas ça. Ce sont ses performances.

Il me confirme qu'ils'occupe de tout dès demain, je raccroche. Voilà, c'est fait. Je vais avoir unarchiviste d'enfer et, petite cerise sur le gâteau, même si cela n'a rien àvoir avec mon choix, c'est un mec.

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Voilà, Condor est dans la place. 

Vous le sentez arriver le gars difficile à supporter ?

Ne me demandez pas quel est le casting, car comme Sabine, vous ne connaîtrez pas son visage. A ce jour, je suis la seule personne au monde à savoir à quoi ressemble le Condor. D'ailleurs, j'ai peur.  

Tout ce que je peux vous dire, c'est que.... ////connexion coupée pour raison de sécurité////

***

La suite des aventures de Sabine et Condor chez Hugo New Romance, en poche.


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