Chapitre 4 - Partie 2

Je rejoignis mon service pour de bon cette fois-ci et vagabondais entre prises de sang et discussion avec mes chouchous, malheureusement bien habitués à ce genre d'examens. Je finis ma journée en faisant une énième prise de sang à Emy pour s'assurer que sa leucémie ne prenait pas plus d'ampleur.

— Dis, Léonie, je peux te poser une question ?

— Bien sûr, tout ce que tu veux, lui répondis-je les yeux pétillants.

— Tu penses que je vais guérir ? Maman demande souvent ce qu'elle a fait pour avoir une petite fille comme moi, m'expliqua-t-elle, soudain bien triste pour son jeune âge.

Mes yeux arrêtèrent immédiatement de pétiller et je maudissais la stupidité humaine et la bêtise de sa mère à dire des choses comme ça devant cette petite qui n'avait rien demandé à personne et se battait comme une championne depuis bientôt un an.

— J'en suis persuadée ma puce, mais pour ça, il ne faut pas toujours écouter tout ce qu'on te dit. Seule toi sais ce dont tu es capable, d'accord ?

Elle hocha sa petite tête dénuée de cheveux et je ressentis un pincement au cœur à la laisser toute seule dans cette chambre d'hôpital. Elle dut percevoir mon trouble puisqu'elle posa sa main froide sur la mienne et m'adressa un grand sourire.

— À demain Léonie !

Je lui souris à mon tour et lui souhaitai une bonne nuit avant de filer, ne voulant pas lui imposer mes émotions.

Je pleurais légèrement lorsque j'atteignis la chambre de Mischa. Je m'étais attachée à cette petite et j'aurais énormément de mal à m'en remettre si elle ne guérissait pas. Elle avait huit ans, merde ! Je soufflai un bon coup, je devais annoncer une bonne nouvelle à mon autre patient, ce n'était pas le moment de s'effondrer.

À peine avais-je croisé le regard de Mischa que celui-ci se crispa.

— Vous avez pleuré, annonça-t-il sur le ton de la conversation mais je savais que cela le préoccupait alors je lui répondis sincèrement.

— Une gamine vient de me demander si elle allait guérir et pourquoi sa mère pleurait en se demandant ce qu'elle avait fait pour avoir une fille comme ça... alors je vous avoue que ça ne va pas fort, d'autant plus que cette petite est hospitalisée régulièrement ici depuis un an maintenant.

— Je suis certain qu'elle ira mieux.

Je lui souris pitoyablement. Il ne pouvait pas me promettre une chose pareille. Personne ne pouvait le faire malheureusement...

— Je peux vous prendre dans mes bras ?

J'écarquillai les yeux. Je m'attendais à tout sauf ça.

— Vous pleurez et je ne sais pas quoi faire, alors je peux ?

Je hochai simplement la tête. Il me prit dans ses bras alors qu'un nouveau sanglot me fit trembler. Je m'écroulais sous mes émotions alors qu'il resserra sa prise dans mon dos. On allait me tuer si on me voyait dans cette posture mais à l'instant même, cela m'importait peu. Aucun de nous deux n'osa briser ce silence réconfortant alors je me laissai aller. Je laissai ma tristesse et mon épuisement mental s'en aller, j'en avais besoin. Tout ce stress, cette pression, je n'arrivais plus à gérer. Je me noyais. Littéralement.

Alors que les pleurs se calmèrent, Mischa fut le premier à briser le calme ambiant.

— Vous avez besoin de repos.

Je m'essuyai les yeux de manière peu glamour avant de lui répondre d'une voix chevrotante.

— Je ne peux pas, trop de personnes comptent sur moi ici.

— Ils s'appuient sur vous parce que vous les laissez faire.

— Je n'ai pas le choix ! m'insurgeai-je, la dernière fois que j'étais avec vous, Emy a failli mourir parce qu'une infirmière refusait de passer outre le protocole. Si je n'aide pas ces personnes à manger, ils ont le droit de faire face à une personne qui n'en a rien à faire d'eux et qui leur montre bien ! Vous, si je n'étais pas intervenue, vous seriez mort dans cette rue !

— Vous avez le syndrome du sauveur mais vous êtes en train de vous tuer à petit feu ! s'exclama-t-il, outré que je ne fasse pas passer ma santé avant celle des autres.

— Je ne peux pas faire autrement ! C'est dans ma nature, j'ai toujours été comme ça.

— Alors laissez-moi vous aider, m'implora-t-il presque.

Il s'était éloigné de moi au fil de la conversation mais je pouvais voir son torse se lever de manière irrégulière. Son cœur était décidément aussi extrême que lui.

— Que comptez-vous faire ?

— Laissez-moi vous changer les idées lorsque vous n'êtes pas ici. Je peux m'occuper des repas, des courses et m'arranger pour vous simplifier la vie.

Je soupirai face à sa proposition. Elle était bien alléchante mais je savais que, maniaque du contrôle comme j'étais, je n'allais jamais le laisser faire.

— Je vous rappelle que vous n'avez pas d'argent...

Il grimaça face à ma remarque peu subtile et croisa ses bras en signe de défense.

— Je vais trouver un travail, affirma-t-il, décidé.

— Je ne pourrais pas vous faire changer d'avis, n'est-ce pas ?

Il me lança le petit sourire en coin dont il avait le secret, signe que je commençais enfin à le comprendre.

— Laissez-moi vous aider à trouver un travail dans ce cas, conclus-je simplement pour avoir le dernier mot.

— Marché conclu alors ?

— Marché conclu.

Je m'apprêtai à partir lorsque je me souvins de la raison de ma visite.

— J'ai vos papiers de sortie, il vous suffit de les signer et vous êtes libre. Je vous les laisse, mais sachez que vous pouvez venir chez moi dès ce soir si vous souhaitez.

— D'accord, merci beaucoup.

— Je reviens ce soir, vous me direz à ce moment-là ce que vous souhaitez faire.

Il me remercia d'un léger signe de tête et je sortis enfin de cette pièce. J'étais incapable d'expliquer ce qu'il s'était passé à l'instant et honnêtement, je n'avais aucune envie de décortiquer ce moment, voulant simplement en profiter.

♡♡♡♡♡                                                                                                                                                      ♡♡♡♡♡

Vous pouvez me retrouvez sur :

Fyctia avec le pseudo Anastia

Instagram avec le pseudo wattpad_anastia_

Tiktok avec le pseudo wattpad_anastia_

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top