Chapitre 4 - Partie 1
Je fis un détour pour me rendre au bureau du chef de service remplaçant afin de lui adresser mes plus sincères salutations. Je le trouvais, assis tranquillement à son bureau alors que des patients attendaient leur tour pour être opéré, agonisant sur un pauvre lit d'hôpital, parfois même placé dans un coin du couloir par manque de place. Mon mépris pour cet homme se renforça d'autant plus lorsqu'il m'adressa un regard dédaigneux et supérieur.
— Qu'est-ce que vous faites ici ? me demanda-t-il, déjà blasé de cet échange.
— J'apprécie qu'on ne parle pas à mes patients sans m'en avertir, m'énervai-je, vous avez risqué sa vie simplement pour lui annoncer qu'il ne valait rien ?
— Êtes-vous toujours aussi... professionnelle mademoiselle ?
Je ne pus masquer ma colère plus longtemps et laissa mes émotions se déferler sur ce prétentieux à peine sorti de la puberté qui se croyait tout permis sous prétexte qu'il avait fait dix ans d'études de plus que moi.
— Je ne sais pas ce que vous croyez savoir mais permettez-moi de vous signaler que vous faites une énorme connerie ! Restez à votre place de remplaçant le temps que le docteur Henri prenne ses vacances mais ne vous étonnez pas si les infirmières vous font la misère plus tard.
Ses joues se gonflèrent et devinrent rouges. Un peu plus et il tapait du pied car il n' avait pas eu le jouet qu'il voulait pour Noël. Il s'apprêtait à répliquer mais je ne lui en laissai pas le temps.
— Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai du travail. J'étais venue afin de prendre les papiers de sortie de monsieur Yelski. Et, je serais vous, je n'irais pas me plaindre à qui que ce soit, ce genre de comportements est mal vu auprès de tous.
Il me tendit une feuille signée de sa main et je partis sans un mot de plus. Finalement, j'enchaînai les situations problématiques depuis ma rencontre avec Mischa... à croire que c'était lui qui me portait malchance. Heureusement que je n'étais pas comme ma grand-mère à croire toutes les superstitions possibles.
Adam se jeta sur moi à l'instant où je mis le pied dans le service.
— Ils ont besoin de vous au service gériatrie !
Je crus avoir mal entendu lorsqu'il répéta en m'enjoignant de me dépêcher.
— Adam, vous savez que je suis en pédiatrie et que je n'ai jamais mis les pieds dans cette partie de l'hôpital ?
— Que voulez-vous, votre petite escapade du côté du service de mon supérieur a fait sa route et tout le monde vous demande. Soyez heureuse qu'ils ne vous aient pas envoyé chez les fous au service psychiatrie !
Je m'empêchai de lui rappeler que le service psychiatrique n'était en aucun cas pour des fous mais pour des personnes ayant besoin d'aide. J'avais déjà franchi les limites à plusieurs reprises ces dernières semaines. Et puis, je n'étais plus à un service près... Je m'y rendis donc, finalement curieuse de ce qu'on allait me demander de réaliser.
— Léonie, c'est vous ? m'interpella un jeune homme.
Je hochai la tête en signe d'approbation et il me demanda de le suivre, ce que je fis sans me faire prier.
— Nous manquons cruellement de personnel et personne n'a le temps de s'occuper correctement des handicapés "sévères".
Je ne voyais toujours pas où il voulait en venir mais je ne pipai pas mot. Je haussai toutefois les sourcils face aux termes utilisés...
— Nous nous demandions si vous pouviez les aider à manger, vous voyez, nous sommes vraiment occupés ici...
Je ne savais pas ce qui me choquait le plus. Le fait qu'il venait clairement de dire que je ne foutais rien de la journée ou le fait que cet infirmier venait de me reléguer son travail pour profiter de sa pause repas. Avais-je du travail à ne plus savoir où donner de la tête ? Oui et j'aimais mon métier. Venais-je de proposer à un inconnu d'habiter chez moi pour pouvoir continuer à le soigner ? Oui et je le referais. M'apprêtais-je à accepter cette proposition pour être certaine que toutes ces personnes ne dépendraient pas de cet homme ? Oui et j'allais probablement le regretter, comme les trois-quarts des décisions qui ont cheminées ma vie.
— C'est d'accord.
— Parfait ! Tu peux commencer maintenant, si jamais tu as des questions, je serais avec les autres dans les jardins.
Parfait, j'allais donc devoir manger un sandwich entre deux consultations. J'ignorai comment repérer les personnes en quête d'aide alors je fis le tour des chambres. Je me fis une amie en particulier, Josseline, qui m'informa que les infirmiers tiraient à la courte paille pour savoir qui les nourriraient tous les jours. La pauvre dame avait Parkinson et était incapable de serrer ses couverts pour manger correctement, elle était actuellement hospitalisée à cause d'une suspicion de cancer de l'intestin. Elle m'apprit également quels autres patients je devrais aller voir, apparemment, j'avais affaire à une vraie petite commère qui aimait traîner dans les couloirs.
Je terminai ma tournée, de nouveaux prénoms et de visages pleins la tête. Tous ceux qui pouvaient s'exprimer étaient très agréables et ne tarissaient pas à mon sujet. J'étais, semble-t-il, une perle rare de nos jours. Et dire que je n'avais fait que les aider dans leur quotidien morose me fit de la peine. J'aurais aimé en faire plus. J'aurais aimé pouvoir tous les aider à aller mieux.
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