Chapitre 1 - Partie 1
Le bruit strident du passage piéton me ramena à la réalité. Cette fichue alarme résonnait à chaque fois que les piétons pouvaient traverser. J'avais quitté la France depuis maintenant un certain temps, mais il m'était toujours impossible de m'habituer au bruit permanent qui régnait dans les rues de Londres.
À peine engagée sur la route que ce maudit feu repassa au rouge, comme pour me narguer.
— Maudit feu ! marmonnai-je pour moi en me mettant à courir.
Les conducteurs pressés n'hésitèrent pas à me klaxonner dès lors qu'ils avaient l'autorisation de passer. Cette journée s'annonçait catastrophique.
Je fis mon détour quotidien, j'étais déjà en retard de toute façon ; quelques minutes ne changeraient pas la réprimande que mon patron allait me faire.
— Bonjour ! Un croissant s'il vous plaît !
La vendeuse de la boulangerie m'adressa un franc sourire, nous commencions à se connaître depuis le temps que je venais.
— Encore en retard Léonie ?
— C'est bien possible, j'en ai peur...
— Bon courage alors ! me salue-t-elle tandis qu'elle me tendit ma commande.
Je la remerciai et sortis. Mon téléphone vibra dans ma poche. « Boss » m'avait envoyé un mail via mon adresse pro :
« J'espère que vous avez une bonne excuse cette fois-ci. »
C'était la première fois qu'il me faisait remarquer mon retard avant même que je n'arrive à l'hôpital. Peut-être que cette fois ne sera pas comme toutes les autres finalement...
Je souris tout de même en apercevant Basile au coin de la rue.
— Bien dormi ? demandai-je en lui tendant le croissant.
— Oh tu sais, ces pavés ne sont pas très confortables et ce duvet n'y change pas grand-chose...
— Toujours aucune nouvelle pour la chambre ?
— Toujours pas... enfin bon, je ne désespère pas ! Tu devrais filer, tu dois déjà être en retard ! rouspéta-t-il en se rendant compte qu'il m'accaparait en me faisant la conversation.
Juste avant de repartir, je l'entendis se racler la gorge discrètement. Je n'étais pas dupe, j'avais bien vu la grimace qui l'avait secoué.
— Ça ne sert à rien de te cacher papy, je te ramène quelque chose pour ta toux demain !
— Tes parents ne t'ont jamais appris à te mêler de tes oignons ? râla-t-il dans mon dos.
Je soupirai et jetai un regard à ma montre, huit heures treize. Mon patron allait m'arracher les yeux...
En effet, à peine les portes de l'hôpital franchies que monsieur Bekham se jeta sur moi, les yeux lançant des éclairs.
— Mademoiselle Wilson, pourrais-je savoir ce qui vous a retenu cette fois-ci ? Vos occupations personnelles sont-elles plus importantes que mes patients ?
Je m'empêchai de lui répondre que oui, Basile, était plus important que la moitié de "ses" patients qui avaient surtout besoin d'arrêter de regarder des séries médicales.
— Bien sûr que non monsieur, cela ne se reproduira plus.
— C'est la troisième fois que vous me dites ça depuis le début du mois Léonie, commença-t-il d'une voix plus douce. Vous avez beau être l'une des infirmières les plus compétentes ici, je ne pourrai pas ignorer vos retards prolongés plus longtemps si vous ne faites pas d'efforts. Vous savez très bien que l'administration est sur mon dos pour pouvoir licencier une infirmière et je n'aimerais pas que ce soit vous.
Je baissai la tête face à son mécontentement justifié. Bien sûr que je comprenais son point de vue, mais tellement de personnes souffraient dehors et pourtant personne ne daignait lever les yeux et faire un geste. Pourtant, un rien pouvait aider ces pauvres gens. Mais les œillères semblaient être la solution pour la majorité des personnes présentes dans ces locaux.
— Vous m'écoutez au moins ? s'exclama mon patron.
— Oui oui, bien sûr. Je réfléchissais simplement à l'emploi du temps de ma journée.
— Bien. C'est donc la dernière fois que je vous reprends, nous sommes bien clairs ?
— Oui monsieur, répondis-je calmement en hochant la tête.
— Alors vous pouvez regagner votre poste.
Je le saluai et filai aux vestiaires me changer.
Comme d'habitude à cette heure-ci, les vestiaires étaient déserts. Aucune âme à l'horizon ; je pouvais me changer tranquillement.
Ma blouse rose revêtue, je pouvais rejoindre mon service, celui de la pédiatrie.
— Ah Léonie ! Je t'ai cherché partout ! Il y a la petite Emy qui te cherche.
Une de mes collègues venait d'arriver, totalement essoufflée, près de moi. Elle avait l'air mal en point, la nuit avait dû être compliquée.
— Pas de problème,
La petite Emy était malheureusement une habituée du service, cette princesse souffrait d'une leucémie et de problèmes cardiaques importants. Elle me faisait penser à moi au même âge, pleine d'idéaux tous moins réalisables les uns que les autres. Je m'étais vite entichée de cette gamine qui pétillait d'innocence.
Elle était dans sa chambre habituelle, ses parents, plutôt aisés mais peu présents, avaient réussi à convaincre le directeur de louer cette chambre pour leur fille. Nous ne l'utilisions qu'en cas d'urgence ou de manque de moyens lorsqu'elle n'était pas là.
Emy avait donc fait quelques retouches pour la mettre à son goût ; beaucoup de rose colorait ses murs et de dessins réalisés lors de ses heures d'attente interminables pour récupérer ses bilans sanguins après ses tests s'étalaient un peu partout. Elle avait également réalisé une banderole au-dessus de son lit avec tous les bracelets qu'on lui donnait, à chacune de ses visites.
— Coucou Emy, la saluai-je d'un petit signe de main.
— Léonie ! s'exclama-t-elle très enthousiaste.
— Comment ça va aujourd'hui ? demandai-je en me lavant les mains.
— Comme d'habitude, déclara-t-elle en haussant les épaules, il faut une prise de sang aujourd'hui, c'est ça ? Tu peux me piquer le bras gauche ? Mon bras droit me fait encore mal... Alicia n'est pas comme toi, elle me fait mal...
Je grimaçai en voyant le petit bleu qui s'étalait sur son avant-bras droit. Je savais qu'elle n'aimait pas les prises de sang et d'autant plus lorsqu'elles lui laissaient une marque pendant plusieurs jours.
Je récupérai la seringue posée au préalable par l'un de mes collègues sur la petite table et m'approchai d'elle.
— Tu veux laquelle ? l'interrogeai-je en lui montrant les différentes sangles me permettant de lui faire le garrot.
Sans surprise, elle me montra la rose et mon travail débuta.
Dix minutes plus tard, je lui remettais sa manche en place en la félicitant pour sa bravoure habituelle.
— Je dois attendre longtemps ?
— Non, je reviendrai te chercher quand tu pourras te sauver. Tu as besoin de quelque chose ?
— Non, c'est bon ! Merci Léonie !
— De rien princesse, lui répondis-je en souriant.
C'étaient ces moments qui me faisaient aimer mon travail et oublier pour un temps les malheurs du monde. Ces enfants avaient beau être malades et abandonnés par la société, ils n'en restaient pas moins joyeux et pleins de gratitude.
Je sortis de la chambre, le sourire toujours aux lèvres.
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