Chapitre 9

Rin sortit du complexe sportif, en rage. Les émotions qu'elle contenait depuis bien trop longtemps étaient prêtes à imploser. Elle les sentait monter à travers sa gorge, créant une boule d'énergie pure qui lui bloquait la trachée. Elle serra les poings pour tenter de les contenir à l'intérieur d'elle-même et calma sa respiration.

Elle devait paraître apaisée. Il était complètement inconcevable qu'elle éclate dans un endroit pareil, cernée par autant d'ennemis. Malheureusement, les rencontres – beaucoup trop fréquentes à son goût – avec le soldat Kang n'aidaient pas son humeur à s'améliorer. Quant à essayer de comprendre le pourquoi du comment de son énervement, c'était chose impossible. Elle ne parvenait qu'à se donner un affreux mal de tête.

Alors qu'elle s'apprêtait à s'engager dans un couloir, elle entendit clairement le son caractéristique de pas la suivant. Les muscles de ses bras se tendirent et sa mâchoire se crispa. Qui était encore l'imprudent qui osait la surveiller d'aussi près ? Elle se sentait comme un animal en cage, obligé de toujours rencontrer les barrières qui lui étaient imposé.

Bien décidée à ne pas se faire prendre cette fois-ci, la jeune femme accéléra la cadence de ses pas jusqu'à trouver un recoin où se cacher. Elle colla son dos au mur et bloqua son souffle, le rendant encore plus indétectable qu'il ne l'était déjà. Elle n'eut pas à attendre longtemps avant que l'homme qui la suivait depuis le début ne se révèle à ses yeux.

« Encore lui » se dit-elle en découvrant le visage aux traits acérés d'oiseau de proie du Sergent Major Lee Tae Hwan. Son corps voulut se fondre dans le papier peint quand le soldat s'arrêta à peu près à sa hauteur. Elle continua de garder ses yeux sur lui, guettant ses moindres gestes.

- Vous pouvez sortir de votre piètre cachette, finit-il par dire au bout de quelques secondes, sans se retourner vers elle.

Surprise qu'il l'ait détectée aussi rapidement, la jeune femme se détacha du morceau d'ombre et se posta derrière lui, les bras croisés sur sa poitrine. Impassible, elle ne bougea pas d'un millimètre et attendit ses prochaines paroles, qui ne vinrent pas.

- Pourquoi me suivez-vous... encore ?

- Je ne vous suivais pas.

Rin leva les yeux au ciel ; sa tête tourna légèrement vers la gauche. Elle entrouvrit ses lèvres de stupéfaction, indignée. Quelle bonne blague ! Comment pouvait-il lui sortir ça ? Alors qu'elle l'avait très vite repéré, marchant à une allure tout à fait particulière pour quelqu'un qui n'effectuait pas une filature !

- Je vais répéter ma question : pourquoi me suivez-vous ? redemanda-t-elle, d'un ton inflexible et menaçant.

- Je ne vous suivais pas, répéta-t-il.

- Alors que faisiez-vous ? Peut-être vous promeniez-vous ? ironisa la japonaise.

Tae Hwan se tourna vers elle, lui montrant son visage illisible et son regard déterminé. Rin ne fit pas la même erreur qu'avec Jong Suk et ne s'attarda que très peu sur les iris de l'homme, qu'elle devina malgré tout plus clairs que ceux de son camarade.

- Je ne vous suivais pas. Je ne fais que respecter les ordres qu'on me donne.

Elle haussa un sourcil interrogateur. Qu'il lui en dise plus. D'un signe de tête, elle l'invita à continuer ses explications.

- Le Capitaine Cha m'a ordonné de vous ramener à votre chambre, c'est ce que je suis en train de faire.

- Laissez-moi seule. Voici mon ordre, lâcha-t-elle.

Sur ces mots, elle lui passa à côté, le bousculant presque, avant de continuer son chemin en direction de sa pièce de vie. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il la suive en retour.

Sentant une colère familière remonter en elle, Rin fit soudainement volte-face, obligeant le Sergent Major à stopper sa progression. Ne pouvait-il pas la lâcher un peu ?

- Je vous ai donné un ordre, n'aviez-vous pas dit que vous les respectiez ?

Celui-ci plaça ses mains derrière son dos et, les yeux au-dessus de la tête de la jeune femme comme le voulait le code de l'armée, lui répondit d'une voix claire :

- Sauf votre respect, vous n'êtes pas habilitée à m'en donner.

La japonaise grimaça. Le pire dans cette histoire était qu'il avait raison. Même si elle possédait une position plus élevée que lui au sein de l'armée, son rang de suspecte faisait d'elle une simple soldate, démise de ses fonctions qui plus est.

Rin était une personne fière, c'est pourquoi, malgré le fait qu'elle ait tort, elle tourna le dos au soldat et recommença à marcher. Elle s'obligea à faire abstraction de sa présence et releva sa tête plus que de raison, allongeant son cou dans une position remplie d'orgueil.

Qu'il fasse ce qu'il voulait, elle n'en aurait cure !

Une fois devant sa porte, la jeune femme sortit ses clés et en inséra une dans la serrure. Elle déverrouilla la porte et s'adressa à son « chien » de garde par la même occasion.

- Vous avez obéi aux ordres, maintenant, laissez-moi et allez-vous en.

Tae Hwan ne l'entendit pas de cette oreille puisqu'il se plaça à côté de la porte, les bras le long du corps. Sans regarder la jeune femme, le regard fixé sur le mur en face de lui, il l'éclaira sur son action :

- Je vais rester en faction devant votre porte. Vous ne devez pas sortir de cette chambre jusqu'à ce que vous en obteniez l'autorisation du Capitaine Cha, je vais veiller à ce que vous respectiez ce qui vous est adressé.

- Faites comme bon vous semble, Sergent. De toute façon, je ne crois pas avoir mon mot à dire, grinça-t-elle, ne voulez-vous pas venir directement dans ma chambre pour vérifier que je ne m'enfuie pas par la fenêtre ?

Elle avait ponctué ses paroles d'un délicieux filet d'ironie ainsi que de son éternel rictus.

- Je crains que vous n'arriviez pas à sortir par cette fenêtre et je ne compte pas pénétrer votre intimité. Je resterai dehors, cela sera amplement suffisant.

De toute façon, elle ne l'aurait jamais laissé entrer. Rin referma la porte sur elle-même, faisant exprès de la claquer violemment. Puis, elle tourna la clé à double tours, s'enfermant dans la pièce. Elle se doutait qu'ils possédaient un double, si ce n'était plusieurs, mais la seule action de verrouiller cette fichue porte était synonyme d'exécrable rébellion. Et rien ne lui était plus cher que de tenir tête à ses geôliers.

Les dernières paroles de Tae Hwan résonnèrent dans sa tête. Alors comme ça, elle ne serait pas capable de s'échapper par la fenêtre ? Tiens tiens... elle allait lui faire ravaler ses mots remplis de confiance ! Elle était véritablement curieuse de sa réaction quand il verrait sa chambre vide...

Rin retint son rire en déposant ses clés sur la commode de l'entrée. Il ne lui restait plus qu'à évaluer les risques à entreprendre une telle sortie, et elle n'aurait plus qu'à mettre à exécution son plan d'évasion.

Ses pensées du premier jour lui revinrent en mémoire : il lui serait très difficile de s'échapper sans égratignures... Malgré cela, son goût prononcé pour le risque et la provocation gratuite prirent le dessus sur sa raison et elle commença à chercher du matériel pour sa petite expédition.

Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant dans son placard plusieurs couvertures en laine et autres parures de lit de secours. Dans un sourire, elle sortit la pile de son étagère et entreprit de les nouer ensemble.

Une dizaine de minutes plus tard, tout était prêt. Sa chaîne de draps était bien accrochée au pied de son lit, lui-même bloqué contre le mur pour ne pas la déséquilibrer. Mais avant de sauter dans le vide, elle choisit d'attendre que la pénombre s'installe sur le Quartier Général, préférant l'ombre comme complice de sa fuite.

Le soleil effectua rapidement son tour dans le ciel et, bientôt, de délicates traces rosées et orangées parsemèrent l'horizon. En ouvrant sa fenêtre, Rin resta quelques secondes à observer ce tableau prenant place sous ses yeux. Un merveilleux couché de soleil pour une bien belle escapade.

Après effectué des étirements rigoureux, la jeune femme balança ses jambes par-dessus le rebord en béton. Elle les laissa pendre dans le vide, savourant ce sentiment de liberté qui venait percuter son corps tout entier, porté par la brise fraiche de la soirée.

Testant une dernière fois la solidité de sa corde de fortune et jetant un regard au sol, trois étages en dessous d'elle, Rin se lança dans le vide. Ses muscles se contractèrent pour supporter son poids et elle entreprit sa descente très lentement, évitant le plus possible de passer devant les fenêtres éclairées d'une pâle lumière jaune. Il ne fallait pas qu'elle se fasse prendre. Pas maintenant.

La japonaise ne mit pas longtemps à atterrir sur la terre ferme. La pointe de ses pieds frôla le sol et elle lâcha le tissu, amortissant souplement sa chute d'un plié. A sa plus grande surprise, une simple estafilade rosée lui coupait le bras, seul indice de sa périlleuse descente.

Méfiante, elle releva la tête pour vérifier que personne n'avait détecté sa fuite. Heureusement pour elle, aucun bruit suspect ne semblait penser qu'on l'ait déjà démasqué.

S'étant accroupie pour plus de discrétion, Rin se releva et s'étira comme un chat, ronronnant presque devant ce qu'elle venait d'accomplir, au nez et à la barbe des soldats de ces prétendues Forces Spéciales. Pfff. Ce n'était rien de plus que des bleus en manque d'entraînement !

Bien décidée à profiter de sa liberté nouvellement acquise – puisqu'on ne pouvait pas décrire ce qu'elle vivait en ce moment comme étant de la liberté, en vue de la surveillance H24 dont elle était l'objet – elle partit vers les étendues vertes du Quartier Général, glissant presque sur le sol.

Malgré le froid mordant sa peau et son peu de vêtement, Rin ne ressentait pas la morsure gelée qui aurait dû lui brûler les doigts. Au contraire, elle était grisée par la nuit à peine tombée et les reflets encore chaud du soleil, parsemant le sol de flammes éphémères et incapables de répandre le feu.

Son ombre se mouvait avec grâce dans le Quartier Général, se confondant avec les arbres et leurs branches sinueuses qui tendaient vers le ciel. Jetant un coup d'œil à l'astre du jour qui disparaissait au loin, Rin trouva étrange que l'alarme prévenant sa fuite n'ait pas encore retenti.

A peine cette observation lui effleura l'esprit qu'une formidable sonnerie résonna dans tous les bâtiments autour d'elle, suivie bientôt d'une agitation et d'un brouhaha palpable. Un rictus étira les commissures de ses lèvres : le véritable jeu commençait maintenant.

D'une démarche souple et rapide, la japonaise ne tarda pas à trouver une cachette, s'engouffrant dans les couloirs du complexe sportif, quasiment désert à cette heure de la soirée. Alors qu'elle parcourait ses recoins à une allure raisonnable, son cœur rata un battement et se mit à accélérer furieusement. Elle venait de se faire repérer.

Elle pesta contre l'homme – car s'en était un – qui venait de la trouver et augmenta la vitesse de sa course. Elle devait le semer, ce n'était pas marrant s'ils arrivaient à l'attraper au bout de quelques heures.

Sans vraiment savoir pourquoi, l'identité de son poursuivant s'afficha dans son cerveau, comme l'aurait fait une de ses soudaines révélations. Cela ne pouvait qu'être le soldat Kang. Sa curiosité lui fit défaut le temps d'une demi-seconde et elle ralentit pour parvenir à détecter son aura. Cette décision lui fut fatale et, malgré le fait qu'elle soit maintenant sûre qu'il était bien celui qu'elle voulait éviter à tout prix, elle fut bien vite rattrapée.

Ils coururent encore quelques minutes alors que Rin sentait presque son souffle sur sa nuque. D'un bond, elle fit volte-face, s'écartant par la même occasion de l'homme qui s'était aussitôt stoppé à cause de son mouvement brusque. Elle se mit en position d'attaque et reprit calmement de l'oxygène, le souffle saccadé.

Lui, en revanche, ne paraissait nullement affecté par cette course folle et se plaça sereinement dans la même position qu'elle, un sourire au coin des lèvres.

- Et bien Uchiyama, au final, nous aurons eu notre combat.

- J'ai la nette impression que vous appréciez cette situation alors que l'on vous a donné l'ordre de ne pas rentrer en conflit avec moi, fit-elle pour gagner du temps, à croire que vous vous fichez royalement des ordres que l'on vous donne. Je me demande bien comment vous avez réussi à rester aussi longtemps au sein de l'armée.

Il lui répondit dans un rire qu'elle identifia comme parfaitement moqueur. Elle n'était pas étonnée, vu le personnage...

- Quant à vous, je vous croyiez interdite de sortie jusqu'à nouvel ordre et qu'est-ce que j'apprends, il y a à peine une heure ? Que vous vous êtes échappée par la fenêtre de votre chambre et tout ça sans que Tae Hwan ne le remarque. Vous êtes une femme tout à fait étonnante, Uchiyama.

La japonaise grimaça. Elle n'aimait pas ce ton désobligeant qu'il employait avec elle, et encore moins son petit air cynique. Lentement, elle fit glisser ses pieds sur le sol. Ils se tournaient autour, sans cesser néanmoins leur discussion.

- Comment m'avez-vous retrouvée ? l'interrogea-t-elle, à brûle-pourpoint.

Jong Suk eut l'air de réfléchir une milliseconde avant de l'éclairer sur la question :

- Je n'ai pas eu tant de mal que ça. Voyez-vous, il n'existe pas une multitude d'endroits déserts où vous auriez pu vous cacher à cette heure. J'en ai rapidement déduis que vous seriez allée dans des lieux connus pour ne pas paraître désavantagée par votre pauvre connaissance du terrain si jamais il vous venait à rencontrer un adversaire – comme moi en ce moment-même. De plus, rappelez-vous que vous possédez un traceur à votre poignet, ce qui m'a permis de vous situer très rapidement. Malheureusement pour vous, je crains que votre petite tentative de fuite ne s'arrête ici, Uchiyama.

Rin posa aussitôt ses yeux sur le bracelet argenté à son poignet. Elle maudit au plus profond d'elle-même cette entrave dissimulée en bijou et à laquelle elle n'avait même pas pensé au moment de sa fuite. Elle se reconcentra rapidement sur l'homme en face d'elle et desserra ses doigts, enlevant la paralysie qui les prenaient suite à l'adrénaline dans ses veines.

- Vous êtes malin, Kang.

- En effet, lui concéda-t-il narquoisement, avez-vous fini maintenant ?

Intriguée, la jeune femme haussa un sourcil. De quoi parlait-il ? Elle ne comprenait pas bien...

- Gagner du temps. Ce que vous faites depuis tout à l'heure, Uchiyama. Ce n'est pas bien compliqué de vous percer à jour alors que vous souffliez comme un bœuf.

Rhaaa. De quel droit se permettait-il de la comparer à un tel animal ? Il était imbuvable, irrespectueux, si imbu de lui-même et tant d'autres choses déplaisantes qu'elle ne pouvait citer !

- Si vous m'aviez percé à jour, pourquoi alors ne pas avoir attaqué plus tôt ? releva-t-elle dans un murmure.

- Pour tout vous dire, je ne tenais pas à entamer un combat avec une femme, qui plus est aussi faible que vous. Je vous devais bien quelques minutes de repos, pour que vous soyez un minimum divertissante !

Au summum de la provocation, Jong Suk venait de franchir les limites de l'insulte, ne se gênant pas pour utiliser des sous-entendus violents envers la japonaise. Cette dernière se les prit en pleine figure et accusa le coup.

S'il voulait qu'elle réagisse violemment, elle n'allait pas se priver !

- Vous paraissez en forme, Kang. Mais possédez-vous plus qu'une langue déliée ou est-ce votre seul atout offensif ? Quel être pitoyable vous faites, cracha-t-elle dans sa direction, plus venimeuse que jamais.

L'homme fronça les sourcils et contracta sa mâchoire. Il fit rouler ses épaules et délia lentement ses muscles, analysant son adversaire qui effectuait les mêmes mouvements que lui. Il ne détacha pas ses yeux du regard noir de la japonaise.

- Assez parler, Kang. Battez-vous proprement et ne retenez pas vos coups, je ne vous demande que ça.

- Je ne vais pas vous ménager, Uchiyama. Vous me supplierez bientôt de vous épargner...

Rin retint un rire moqueur. Elle ? Le supplier ? Cette histoire en devenait risible ! Jamais elle n'avait eu à supplier quelqu'un, même dans sa plus tendre enfance. Jamais.

Ils se tournèrent autour pendant quelques secondes encore avant de lancer leur première attaque, exactement au même moment. Leurs jambes volèrent et se rencontrèrent dans un bruit mat. La force mise dans ce coup les envoya à l'opposé l'un de l'autre. Rin se laissa glisser sur le sol avant de se rattraper en fléchissant ses jambes. Jong Suk, quant à lui, prit appui sur le mur et s'aida de celui-ci pour revenir au centre du couloir.

- Pas mal pour quelqu'un qui ne fait plus d'exercices depuis un mois.

- Cessez d'user votre salive et restez concentré, lui ordonna-t-elle d'une voix froide.

Ils se remirent face à face, les muscles crispés dans l'attente de la proche offensive. Cette fois-ci, ce fut Rin qui se jeta sur Jong Suk, la rage au ventre suite à toute la haine pure qu'elle ressentait pour lui.

Elle le détruirait. Elle ne souhaitait que ça. L'annihiler complètement. Qu'il n'en reste plus rien, juste une pauvre carcasse vide, dénuée de sarcasme et de cynisme.

Le pied de la jeune femme rencontra violement la joue de l'homme ce qui fit tourner sa tête à 90 degrés. Il poussa un cri étouffé et cracha sa salive, mêlée à du sang, sur le sol. Il s'essuya la bouche du revers de la main, étalant le liquide pourpre sur la manche de son uniforme. Le regard mauvais, il se précipita à son tour vers elle.

Dans un mouvement rapide, il effectua une balayette qui la fit trébucher, avant de la ruer de coups. Presque impuissante, Rin ne put que se protéger le corps à l'aide de ses bras dans une position apprise des années auparavant. Sa peau ne tarda pas à se parsemer d'ecchymoses et d'égratignures.

Il ne fallait pas qu'elle cède. Pas maintenant. Dans un cri de rage, elle inversa la tendance grâce à une puissante torsion de buste. Jong Suk rencontra le sol dans un bruit sourd, sa tête cogna le parquet et lui arracha un grognement. Elle le tint fermement par les épaules et bloqua ses jambes entre ses cuisses.

- Je ne vous croyez pas comme ça, Uchiyama, ricana-t-il, son éternel rictus aux lèvres.

- Vous ne me connaissez pas, Kang. Je vous l'ai déjà dit, siffla-t-elle, la colère dansant dans ses yeux, vous êtes à ma merci.

- Je ne crois pas, non...

Avant qu'il ne tente quoi que ce soit, elle lui asséna un formidable coup de poing, le faisant aussitôt taire. Il revint vers elle avec une lenteur exagérée, la lèvre partiellement ouverte. Au plus grand malheur de la jeune femme, son sourire n'était pas parti de ses fichus bout de chairs ensanglantés.

Elle grimaça et le fusilla du regard, sa poigne le retenant toujours au sol. Elle voulut le frapper une seconde fois mais retint son geste au dernier moment, complètement hypnotisée par les iris charbonneux de l'homme.

- N'allez-vous donc jamais arrêter de sourire ? vociféra-t-elle.

- Question de fierté, toussota-t-il, le sang lui remontant dans la gorge.

Elle n'arrivait pas à comprendre cet étrange individu. Pourquoi ne lui faisait-elle pas ravaler sa saleté de fierté et tout ce qui suivait ?

Sa seconde d'inattention lui porta préjudice puisque le soldat reprit rapidement le contrôle de la situation en l'expédiant loin de lui. L'adrénaline emplissant ses veines, Rin ne mit pas longtemps à se relever sur ses deux jambes.

Les deux adversaires se regardèrent en chien de faïence lorsque la japonaise se décida à prendre la fuite. Elle fit volte-face et laissa Jong Suk en plan. Elle courut le plus vite possible, déterminée à mettre le plus de distance possible entre elle et le soldat.

Pourquoi agissait-elle comme une lâche ? Que lui avait-il fait ?

Ses pas la menèrent d'eux-mêmes dans le bâtiment où se trouvait sa chambre. Maudissant son corps, elle reprit son souffle, calma sa respiration saccadée et se glissa parmi les ombres pour rejoindre sa porte.

Alors qu'elle marchait sur la pointe des pieds pour ne pas rameuter des soldats, une main lui empoigna le bras et la retourna. Elle n'eut pas le loisir de crier puisque l'inconnu la fit taire en posant son doigt sur ses lèvres. Rin écarquilla les yeux.

Le Sergent Major Tae Hwan était devant elle.

- Ne faites pas un bruit et retournez dans votre chambre, lui ordonna-t-il d'une voix froide, vous n'en êtes jamais sortie, est-ce bien clair ? Je vais m'occuper des formalités et je prendrai la responsabilité de votre imbécilité. Les draps pendus à votre fenêtre n'étaient qu'une mauvaise blague et vous vous étiez cachée dans la pièce en attendant que l'on ne déclare votre fuite. Je n'ai pas bien vérifié et je ne vous ai pas trouvé, c'est pour ça que j'ai déclenché l'alerte. Vous n'avez pas bougé d'ici et avez suivi les ordres, vous n'avez rien à vous reproché et je suis le seul coupable dans cette histoire. En revanche, je vous conseille de soigner un minimum vos bleus et vos coupures, cela pourrait paraître suspect. D'ailleurs, avez-vous rencontré quelqu'un pendant votre escapade nocturne ?

Abasourdie par le discours de l'homme, Rin ne répliqua pas et se contenta d'hocher la tête. Bien. Elle ferait ce qu'il lui dirait... pour l'instant.

- Je n'ai vu personne, lui mentit-elle, je me suis juste blessée en tombant.

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Coucou !

Ohlalala, je ne peux pas m'empêcher de sourire ! J'ai vraiment adoré écrire ce chapitre, je m'en frotte presque les mains !

Et vous ? Qu'en pensez-vous ? Un avis particulier ?

Gros bisous à vous mes tigrous en sucre <3

Sweety ~

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