Chapitre 18
- Que faites-vous dans ma chambre à cette heure ?
- C'est moi qui ai commencé à poser des questions.
Rin leva les yeux au ciel, déjà exaspérée par le comportement de l'intrus. Elle se fichait bien de savoir qui avait été le premier à poser le pied sur son paillasson. Alors, premier ou pas, c'était à lui de répondre, et pas à elle !
- Que faites-vous dans ma chambre ? répéta-t-elle, les bras croisés et en japonais cette fois-ci.
Après tout, elle avait maintenant l'habitude de lui parler dans sa langue maternelle. Elle n'allait pas s'évertuer à lui parler coréen puisqu'il comprenait très bien le japonais, pas besoin de s'embêter donc.
- Où étiez-vous cette nuit ? répondit-il, aussi insolent qu'elle.
N'ayant pas dormi depuis maintenant vingt-quatre heures, la japonaise était à cran. Elle n'était vraiment pas d'humeur à se battre avec cette tête d'abruti, surtout que ladite tête d'abruti semblait beaucoup plus en forme qu'elle...
- Ecoutez, sortez d'ici que je me repose. Nous en reparlons demain, je vous mets à terre et tout est réglé, soupira-t-elle en le bousculant pour s'écrouler sur son lit.
Ne l'entendant pas partir, elle lui indiqua la porte d'un doigt impatient, la tête dans les coussins et dos à lui.
Abasourdi par sa témérité, l'homme fit volte-face et la regarda s'installer confortablement sous sa couette, elle lui balança au passage ses rangers et ses vêtements qu'il évita avec souplesse.
- Vous allez vraiment dormir ? s'enquit-il, un sourcil levé.
- Pas avec vous dans ma chambre, mais oui, répliqua-t-elle en tapant vigoureusement sur son oreiller pour lui redonner sa forme initiale et lui permettre de retrouver son moelleux.
Ce manège dura un bon petit moment avant que le soldat ne se décide à agir et à lui attraper le poignet afin de la faire sortir de son lit. La jeune femme cessa tout mouvement quand il lui serra le bras et se contenta de lui lancer un regard assassin.
- Lâchez-moi, Kang. Ou je vous fais bouffer le mur... et le papier peint qui va avec.
- Sortez de votre lit, Uchiyama et je serais clément avec vous, la menaça-t-il, je ne vous enverrai pas croupir dans une cellule moisie le restant de vos jours.
- Donc vous préférez vous manger le parpaing et la charpente ? ironisa-t-elle, un sourire au coin des lèvres, c'est tout à votre honneur !
Cela ne sembla pas faire rire Jong Suk qui, d'une brusque torsion de poignet, la fit se relever sur ses deux jambes avant de la plaquer brutalement contre le mur. Elle grimaça en sentant la structure métallique de son lit lui perforer la hanche.
- Je ne suis pas du genre à aimer la maçonnerie... vous m'en excuserez... grinça-t-elle entre ses dents avant de le repousser avec toute la force qu'il lui restait.
Son action n'envoya pas Jong Suk très loin mais lui permit de se dégager et de prendre ses distances avec la respectée cloison de sa chambre, qu'elle réservait maintenant au soldat. Il allait déguster !
- Ne pouvez-vous donc pas, une fois dans votre vie, être compréhensif et me laisser seulement dormir ? s'écria-t-elle en pointant du doigt son matelas qui l'attendait.
Il lui adressa un sourire narquois avant de nier lentement de la tête.
- Répondez à ma question, Uchiyama et je vous laisserez tranquille... ou pas... tout compte fait, je crois bien que, quoique vous fassiez, je vais rester ici. Je me rends compte que votre chambre est beaucoup plus spacieuse que la mienne !
La japonaise ricana à cette remarque. Normal, elle était bien plus douée que lui ! Mais cela n'empêchait pas qu'elle souhaitait qu'il retourne illico presto dans son cagibi pour qu'elle dorme juste quelques heures en paix !
- Je ne sais pas ce que je vous ai fait... enfin si, je sais très bien, se reprit-elle, mais bordel ! Laissez-moi dormir où je vous tue avec une ceinture et je vous pends avec par la fenêtre jusqu'à ce que les oiseaux vous fiente dessus !
Rin venait d'attendre la limite de ses nerfs et ne se contenait plus. Elle se serait bien mise à lui lancer son unique oreiller à la figure mais, sans ça, elle ne pourrait pas bénéficier d'un sommeil réparateur, alors elle s'abstint.
- Charmant votre programme, releva le soldat Kang, est-ce que votre petite sortie nocturne vaut autant d'efforts ?
Exténuée, elle se laissa tomber sur son lit. Soit, elle lui raconterait un énorme mensonge et, de cette façon, il la laisserait tranquille une bonne fois pour toute !
- J'étais partie fumer, lui avoua-t-elle en détournant le regard pour paraître la plus coupable possible.
Malheureusement pour elle, elle n'avait pas été pas la seule à avoir bénéficié d'un entrainement dans les règles de l'art. Ce qui sous-entendait une connaissance assidue de toutes sortes de mensonges et des techniques allant de pairs avec.
- Vous n'allez quand même pas me faire avaler une telle chose, Uchiyama ? se moqua l'homme en croisant ses bras sur son torse.
Toujours en riant, il sortit de sa chemise entrouverte l'aimant permettant de déverrouiller le bracelet GPS de la jeune femme, et lui fit effectuer un mouvement hypnotique juste devant ses yeux.
- Alors comme ça, vous aimez fumer dans un des postes de surveillance désaffectés du campus ? Très intéressant tout ça... d'autres passions bizarres à me faire connaître ? Que je ne vienne pas vous déranger dès que je détecte un mouvement suspect de votre part sur le radar... la nargua-t-il, s'amusant toujours avec son collier.
- Balancez encore une fois ce collier sous mes yeux et je vous l'arrache, siffla-t-elle, ses yeux partiellement recouvert par sa frange, ne la rendant que plus menaçante.
- J'aimerai beaucoup voir une telle chose, la provoqua-t-il en se penchant encore plus vers elle, le bijou touchant presque le nez de la jeune femme.
Malgré ses moqueries, Jong Suk choisit tout de même de jouer la carte de la prudence et s'abstint de jouer une nouvelle fois avec la clé de la liberté de la japonaise. On ne savait ce qu'il pouvait arriver... la connaissant, elle pourrait très facilement le surprendre et l'envoyer à terre en deux secondes.
Il redevint sérieux en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et rangea le collier sous son vêtement.
- Etiez-vous réellement partie fumer, Uchiyama ? l'interrogea-t-il, cette fois, aucune trace de rire n'était présente dans sa voix et un masque froid avait recouvert ses traits.
Avec tout l'aplomb dont elle disposait, Rin hocha la tête, réaffirmant ses propos précédents. Oui, elle avait fumé. Oui, elle y était allée seule. Oui, ceci était désormais ce qu'il s'était passé quelques heures avant. Elle n'avait rencontré personne et personne ne l'avait rencontrée.
Le soldat Kang soupira, pas du tout convaincu par le Lieutenant. Malgré cela, il décida de la laisser tranquille pour l'instant et inclina la nuque, plus par simple obligation et habitude que par réel respect et s'en alla.
- Dormez-bien, Uchiyama, entendit-elle avant que la porte ne se referme sur l'homme.
Lentement, elle alla se coller à la paroi pour tenter de percevoir le signe de la présence de Jong Suk près de sa chambre, mais le silence fut le seul à lui répondre. Il était parti. Il l'avait réellement laissée tranquille...
Epuisée, elle ne chercha pas à en savoir d'avantage et alla s'écrouler sur son lit. A peine eut-elle touchée son oreiller que le sommeil ne tarda pas à l'emporter au pays des rêves.
Le lendemain, la douce lueur des rayons du soleil ne la réveilla pas, au contraire, ce furent des tambourinements incessants contre sa porte qui la tirèrent des limbes du sommeil. Elle grommela un bon nombre de jurons avant de se lever, enragée, pour faire taire à jamais le malheureux qui avait osé la soutirer à son délicieux songe.
A peine eut-elle ouvert sa porte qu'elle incendia littéralement l'homme qui l'avait dérangée. Ce dernier ne sembla pas s'en faire et la regarda s'énerver toute seule.
- Sais-tu quelle heure il est ? Abruti ! Ce n'est pas bien compliqué de me laisser dormir ! Je ne t'ai pas demandé la lune, seulement des heures de sommeil ! Mais non ! Non ! Il faut toujours que tu me fasses chier et que tu te pointes à cinq heures du matin devant ma chambre !
- Bien le bonjour à toi aussi, Uchiyama ! Je suis vraiment content de voir que tu es en forme ! lui répondit-il, un grand sourire aux lèvres.
Pour toute réponse, Rin lui claqua violemment la porte au nez et retourna s'enrouler dans sa couette encore emplie de chaleur humaine. Malheureusement pour elle, ce retour à la paix ne dura pas puisque, quelques minutes plus tard, elle entendit une clé tourner dans la serrure.
La jeune femme ouvrit aussitôt les yeux et se releva comme un diable sortant de sa boîte, écartant la couette de son buste et découvrant le visage goguenard de Jong Suk, un trousseau de clés à la main.
- Sors. De. Ma. Chambre...
Voyant qu'il ne semblait pas décidé à partir, elle rajouta, presque en criant :
- Connard !
- J'aime quand tu me parles si familièrement... ricana-t-il en s'approchant de son lit.
Rin fronça les sourcils et s'empara de sa couverture pour installer une barrière entre elle et le soldat. Qu'essayait-il de faire encore ? Elle s'inquiéta un peu plus quand il s'assit au bord de son matelas. Elle remua vers le mur, toujours en tenant la couette dans ses deux mains et colla son dos contre la cloison, sentant la rugosité du papier peint sur ses épaules.
Cette sensation la fit écarquiller les yeux. Son dos était partiellement à découvert. Si elle se retournait par mégarde, il verrait son tatouage et tout son plan volerait en éclats. Il devait absolument sortir de sa chambre avant qu'elle ne commette un acte qu'elle regretterait au plus profond d'elle-même.
- Aurait-on peur, Uchiyama ? la taquina-t-il, toujours en avançant vers elle, réduisant l'écart entre eux à chaque seconde.
- Recule, Kang, répliqua-t-elle vivement en serrant les dents.
Il ne tient pas compte de son ordre et continua son avancée, son sourire ne cessant de s'agrandir au fur et à mesure que les traits de la japonaise se contractaient. Il finit par s'arrêter à quelques centimètres de son visage, ses yeux plongés dans ceux de la jeune femme qui se retenait pour ne pas fermer ses paupières.
De là où il était, elle pouvait sentir son souffle chaud sur ses lèvres. Elle humidifia les siennes alors que ses yeux s'abaissaient vers les deux croissants de chairs de son vis-à-vis. Elle remonta bien vite son regard et, en l'espace d'un millième de seconde, une idée s'installa dans son esprit.
Aussi rapide que l'éclair, elle colla ses lèvres à celles de Jong Suk qui eut un léger sursaut de recul avant de répondre à son baiser. Sans vraiment savoir où elle allait en faisant tout ça, Rin lâcha sa couverture pour déposer ses mains derrière la nuque du soldat et glisser ses doigts dans ses cheveux. Elle se fit la réflexion qu'ils étaient curieusement agréables au toucher.
L'homme, quant à lui, approfondit leur échange en plaquant doucement la japonaise contre le mur, l'enfermant entre ses deux larges mains, elles aussi contre la paroi.
Au bout d'un moment, Rin se défit de l'étreinte de Jong Suk pour reprendre son souffle et se noya dans les orbes sombres du soldat. Ces deux trous noirs la firent réaliser ses actes. Que venait-elle de faire ?
Alors qu'elle posait ses mains sur le torse de l'homme avec l'intention de le repousser brutalement, celui-ci se pencha vers elle et effleurer son oreille avec ses lèvres. Il lui chuchota doucement, riant dans un souffle :
- Je ne te pensais vraiment pas comme ça... Uchiyama...
- Je... ce n'est vraiment pas ce que tu crois, lui assura-t-elle en l'écartant d'elle, détournant par la même occasion son visage de son regard scrutateur.
- Et qu'est-ce que je crois ? lui demanda-t-il, une lueur insolente dans le regard, ne penses-tu pas que tu te fais des idées ?
Rin poussa un soupir et croisa les bras sur sa poitrine, déjà excédée. Elle n'avait pas à s'expliquer avec un rustre pareil ! D'accord, c'était elle qui l'avait embrassé – et elle devait bien le reconnaître, mais cet abruti embrassait fichtrement bien quand même – mais ce n'était pas une raison pour se faire toute une montagne de cette histoire !
Après tout, lui aussi l'avait déjà embrassée sans qu'elle ne soit consentante ! Un partout, la balle au contre.
- Tu ne m'as pas repoussée ! Tu aurais dû ! lui reprocha-t-elle.
Jong Suk hocha les épaules avec désinvolture et s'installa plus confortablement sur le lit, les jambes de la japonaise emprisonnées entre les siennes.
- Je ne vois pas pourquoi j'aurais fait une telle chose...
Sans savoir ce qu'il se passait, le cœur de la jeune femme fit un bon dans sa cage thoracique en entendant ces quelques mots.
- Je ne comprends pas... souffla-t-elle du bout des lèvres.
Il leva les yeux au ciel avant de fixer une nouvelle fois ses yeux sur elle, un sourire délicieusement narquois parant son visage.
- Ce que tu peux être lente à la détente des fois ! Figure-toi que j'avais envie de ce baiser, presque autant que toi d'ailleurs...
Rin faillit s'étouffer à cette remarque. Quoi ? Elle n'en avait jamais eu envie elle ! Voilà qu'il était en train de s'inventer des choses ! Quelle blague ! Jamais elle n'aurait éprouvé le moindre plaisir à embrasser un tel homme qu'elle trouvait absolument répugnant et désagréable au possible ! Pour qui se prenait-il, avec ses grands airs ?
- Cela veut-il dire que nous pouvons tout nous dire, maintenant ? continua-t-il, sans se soucier de la colère grondante de la jeune femme, comme ce n'est pas la première fois que nous nous embrassons – et que tu ne résisteras pas à l'envie de le refaire – je pense que l'on peut se considérer comme des personnes assez proches pour pouvoir se permettre de se confier l'un à l'autre ? N'es-tu pas de mon avis ? En attendant, je crois bien que je ne pourrais pas m'empêcher de goûter une nouvelle fois à ces lèvres magnifiques...
Sur ces mots, il se pencha vers la japonaise qui l'évita et l'éconduit en bonne et due forme. Elle n'était pas une chose acquise !
- Sortez de ma chambre, Kang. Je ne veux plus vous voir ici, lança-t-elle, la voix dure et le visage fermé.
Le coréen fut quelque peu surpris par le ton de la jeune femme qui ne laissait sous-entendre aucune contestation. Qu'avait-il dit pour la contrarier aussi vite ? Cette fille n'était, décidemment, pas facile à vivre !
Sans un mot, il se leva du lit et partit sans même lui jeter un regard. Arrivé au seuil de la porte, la main sur la poignée, il lâcha :
- Si jamais tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.
- Vous n'êtes pas irrésistible, Kang. Apprenez-le ! Je saurais me débrouiller seule, ou trouver d'autres personnes pour m'aider ! s'écria-t-elle de son lit, ayant pour but de le contrarier de la même façon qu'il l'avait rendu furieuse.
A sa plus grande surprise, un ricanement lui répondit et elle vit l'homme se retourner vers elle, lui présentant son visage où pointait l'ombre d'une jalousie naissante. Merde. Elle venait de commettre une immense connerie.
- Si tu crois sincèrement que quelqu'un d'autre pourra t'aider, tu te trompes ! Après tout, je crois bien être le seul dans ce campus à connaître ton secret.
- Pardon ? s'époumona-t-elle.
Il fit de nouveau un pas vers elle, la démarche conquérante et confiante. Toute son attitude était narquoise et il ne pouvait s'empêcher de jouer avec l'impatience de la japonaise.
- Réponds-moi ! De quel secret parles-tu ? siffla-t-elle, contrôlant à peine les tremblements dans sa voix.
Le soldat haussa un sourcil et lui renvoya un sourire en coin pour toute réponse. C'est qu'elle avait des choses à cacher la petite...
- Oh... je suis sûr que si tu forces un peu ta mémoire, tu ne devrais avoir aucun mal à retrouver ce que tu cherches. Après tout, ce n'était pas bien difficile à découvrir et même si j'avais quelques doutes, je viens juste de confirmer mon hypothèse...
Rin se mordit la lèvre inférieure, se retenant de hurler. Qu'avait-il découvert ? Que savait-il à son sujet ? Pourquoi sentait-elle qu'il l'avait percée à jour et qu'elle était maintenant en danger ?
- Disons que c'est une chose assez... marquante, lui indiqua-t-il mystérieusement avant de se diriger une nouvelle fois vers la sortie.
Cette remarque fit réagir la japonaise qui le rappela aussitôt, criant son nom alors qu'il refermait la porte derrière lui dans un dernier rire.
- Kang ! Kang ! Sale con ! Qu'est-ce que tu sais ! Yah !
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Happy Birthday to meeeeeeeee !
Je poste donc ce chapitre pour cette petite occasion XD
J'espère que vous l'apprécierez comme j'ai apprécié l'écrire ! Voyez-vous j'adore la relation Rin/Jong Suk, rien que pour l'ambiguïté entre ces deux-là x)
Je vous fais d'énormes bisous mes tigrous en sucre <3
Sweety ~
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