3 : Découvertes
8 spruce, Manhattan, New York, 04 : 15, 15 janvier.
Callie avait fini par s'endormir sur le canapé, le deuxième téléphone sous son bras. Elle tâta à la recherche de son portable et la lumière crue de son écran l'aveugla un moment. Il était quatre heures du matin, elle avait suffisamment dormi.
Avec un soupir, elle se leva en se tenant la tête et se prépara un bol de corn flakes avec un café. Elle n'avait pas la tête à faire un grand déjeuner.
Elle remua ses corn flakes dans le lait, morose, pensant à ce qu'elle allait faire aujourd'hui. La question se posait : qu'aurait-elle fait avec Eden ? Elle serait allée à la salle de sport mais là non plus, elle n'avait aucune envie d'y aller.
Elle reprit son téléphone et tapa le numéro de sa messagerie. Il était temps qu'elle écoute Eden et ses excuses à la con.
-Pour me comprendre, moi et mon histoire, commença Eden, il faut remonter très tôt. Il faut commencer à mes quatre ans. Ou un peu plus tôt encore. Je suis né le 3 juillet 1992 dans l'état de New York à Monroe mais ça tu dois déjà le savoir. Ce que tu ne sais pas, c'est que je suis né par césarienne et chez moi. Ce que tu ne sais pas non plus, c'est que je n'étais pas désiré. Ma mère avait 22 ans quand elle m'a eu et elle voulait divorcer de mon père avant ma naissance. Ils étaient mariés depuis leur 19 ans. J'ai été celui qui n'a pas pu les faire se séparer.
"Mon père et ma mère m'ont aimé et m'aiment encore aujourd'hui. Comme toi, tu m'aimes aujourd'hui même si tu me détesterais demain. Sache une chose, Call, je ne te donnerai pas une seule réponse dans ses audios. C'est à toi de reconstruire le puzzle. Et toi seule pourra trouver la dernière pièce. Tu peux essayer d'engager quelqu'un mais il ne trouvera rien parce que personne ne me connaît aussi bien que toi.
"Mais je vais te donner une piste, Call, ma mère. Ma mère sait. Elle ne te dira pas quoi et je ne te dirai pas non plus mais trouve-moi, Call. Ou reste où tu es, tes doutes et questions en suspens. J'aurais bien fini mon long monologue par un "je t'aime" mais je ne veux pas me faire passer pour une personne qui fait des conneries et revient avec des mots d'amour et des excuses. A février, Call."
En une vitesse record, elle engloutit ses corn flakes et son café puis enfila un vêtement plus simple que sa jupe moulante et partit au volant de son Audi. Son visage ne ressemblait à rien encore une fois et elle sortit de la boîte à gants, un démaquillant.
La mère d'Eden vivait à Monroe, dans l'état de New York. Callie et Eden n'y allaient que pour les fêtes car c'était à seize heures de route. Callie enclencha le champignon et démarra, pas en trombe cette fois-ci.
Elle roula pendant plusieurs heures avant de s'arrêter enfin au bout de quatre heures. Elle s'arrêta dans un restaurant fast-food où elle ne prit qu'un burger à qui elle ne croqua que deux fois avant de le jeter.
Elle repartit enfin et regarda l'heure. Il était neuf heures du matin. Elle bâilla et ouvrit la boîte à gants avec un oeil attentif sur la route. Il n'y avait que du maquillage, des chewing-gum et des passeports.
Le téléphone de Callie vibra sur le siège passager et elle connecta ce dernier à sa voiture. C'était son père.
-Allô ? dit Callie.
-Allô, c'est Callie ?
-C'est moi, qu'est-ce qu'il y a papa ?
-J'ai appris pour Eden, comment tu vas ?
-Tu peux dire qu'il s'est barré, papa. Je ne suis pas mal.
-D'accord, mais comment tu te sens ?
-Bien, je vais chez sa mère. A plus.
-A toute, ma chérie, je t'aime.
Callie se mordit la lèvre en hésitant à lui hurler au visage qu'elle en avait marre qu'on lui sorte des "je t'aime" avant de la poignarder dans le dos. Elle raccrocha et se concentra sur la route, son pied enfoncé sur l'accélérateur.
Elle arriva à Monroe à 21 heures. Les lumières de la petite maison dans laquelle vivait Mary, la mère d'Eden, étaient encore allumées et Callie alla frapper à la porte. Mary ouvrit la porte et fronça les sourcils en voyant sa belle-fille.
-Callie ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu m'as l'air...
-Epuisée ?
-J'allais dire éclatée. Allez, rentre ma fille.
Mary avait des manières plus ou moins bizarres. Elle se mettait à parler comme un jeune sans raison apparente, s'énervait avec du langage soutenu et quand on l'écoutait, tout le monde était ses enfants.
L'intérieur de la maison était toujours vieillot mais Callie avait l'impression de retrouver un semblant de chaleur. Une autre manière pour rappeler Eden et son abandon.
-Alors, dis-moi tout, proposa Mary en s'asseyant sur le canapé six places, cadeau d'Eden.
-Vous savez déjà tout.
Un sourire narquois apparut sur le visage de la mère d'Eden et elle tapota la place à côté d'elle. Callie posa son sac sur la table basse et s'assit.
-Je sais beaucoup de choses, sur mon fils comme sur toi, Callie. Mais je ne te les dirai pas parce je ne vais pas te mâcher le travail.
-Vous saviez ? comprit Callie, qu'il allait m'abandonner, partir sans moi, me laisser comme une vieille merde arrivée à sa ménopause ?
-Je le savais.
C'était aussi bien un défaut qu'une qualité que d'avoir autant d'honnêteté que Mary.
-Et je ne méritais pas de vivre une idylle avec celui que j'aime ? Je ne méritais pas d'être heureuse ? D'être mise au courant ? demanda Callie en fronçant les sourcils.
-On a tous des problèmes, Callie, mais on a tous une manière différente de les régler. Si Eden t'a épousé, c'est parce qu'il savait que tu serais assez forte et intelligente pour ce qui allait suivre.
Callie serra les poings en reniflant.
-Je vais y aller, merci Mary.
-De rien.
Callie se leva et Mary l'arrêta :
-Ah, et au fait, tu l'as raté d'une heure seulement.
-Il... était là, ici ? demanda Callie en s'arrêtant brusquement.
-Il était là, ici, répondit Mary, c'est facile de l'aimer, c'est difficile de le retrouver quand il décide de vous abandonner. Sauf que toi, Callie, il n'a jamais voulu t'abandonner, il devait t'abandonner.
-C'est beau, hein ? A ce rythme-là, il passe de meilleur mari du monde à manipulateur en passant par pervers narcissique.
-Un jour, tu comprendras, Callie, en attendant... à bientôt.
Callie sortit de la maison sans un mot et remonta dans sa voiture. Direction l'hôtel.
Le Hampton Inn Harriman n'avait qu'un avantage : ses trois étoiles. Callie passa le soirée allongée sur le lit dans la chambre. Elle n'avait pas la force de manger, de bouger, de pleurer, ni même de sourire. Elle aurait voulu que l'abandon d'Eden ne la touche pas autant mais finalement, cela lui arrachait le coeur.
Et elle détestait Eden de la rendre à ce point dépendante.
Son téléphone vibra à côté d'elle. Elle l'attrapa avec un soupir et regarda le nom de l'interlocuteur à deux reprises. Kat Wright. La soeur d'Eden.
Callie et Kat s'entendaient bien mais n'étaient pas proches pour autant. Premièrement car Kat vivait à Birmingham en Alabama et deuxièmement car les deux étaient trop occupées pour se rencontrer à chaque occasion.
Callie savait que si Kat l'appelait maintenant c'était parce qu'elle avait été mise au courant de la disparition de don frère. Pour autant, Callie ne décrocha pas. Elle n'avait juste pas envie d'expliquer, de parler et de mentir en disant qu'elle allait bien.
Callie fouilla dans son sac à la recherche du deuxième téléphone. Il n'était pas dans son sac. Elle l'avait oublié dans l'appartement. Elle regarda l'heure sur son téléphone. Il était quasiment 23 heures.
Elle mit une alarme à son téléphone afin qu'elle se réveille à huit heures tapantes. De toute manière, elle arriverait à minuit si elle ne s'arrêtait pas une seule fois.
-Purée, tu me soules, grogna Callie à Dieu sait qui, la tête dans le coussin.
Callie enleva son pantalon pour se retrouver juste en T-shirt et s'endormit.
Elle se réveilla le lendemain peu avant huit heures et réenfila ses vêtements de la veille. Elle n'avait aucun moyen d'arranger son visage fatigué et puis tant pis, son problème n'était pas à son physique.
Elle commanda des pancakes et partit de l'hôtel en grignotant quelques bouts. Son Audi R8 avait été victime d'une agression de pigeons durant la nuit et Callie pesta dans sa barbe. Elle se plaça au volant et attacha ses cheveux en chignon lâche. Il était temps qu'elle devine qui était son mari.
Callie était tellement fatiguée qu'elle s'arrêta à Southfields au bout de deux heures. Elle y resta plus ou moins une heure en faisant un tour dans un fast-food - vive les voyages de qualités - pour acheter son déjeuner.
Elle repartit sur la route et tenta de tracer les dernières heures mais peine perdue, elle finit par s'arrêter sur une aire au bout de trois heures. Elle se prit trois cafés et croisa le regard d'une personne. Un homme aux yeux sombres. Un long tatouage en forme de fissures traçaient sur son cou et son crâne chauve était recouvert d'un serpent.
Callie eut l'horrible impression de l'avoir déjà vue quelque part.
Elle s'approcha mais il partit et disparut dans les toilettes des hommes. Lui aussi se souvenait d'elle. Elle n'avait pas rêvé.
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Désolée pour le retard ! I'm very sowyyyyy ! TnT ! Mais le voilà donc faute avouée, à moitié pardonnée !
Vous n'en voulez pas à Eden ? Et Mary , que pensez-vous d'elle ?
KISS <333333
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