2 : Message
146-22 Georgia Rd, New York, 14 h 30, 14 janvier.
Callie se jeta sur son téléphone et s'empressa de le dévérouiller. Ses doigts tremblaient en appuyant sur le message. Un message dans sa messagerie. Tellement typique d'Eden.
-Vous avez un nouveau message, pour écouter ce message, tapez 1, pour...
Callie enfonça son doigt parfaitement manucurée sur le chiffre 1.
-Nouveau message, aujourd'hui à 01 : 23. Biiiiip.
La voix chaleureuse et réconfortante d'Eden envahit les tympans de Callie, faisant accélérer son coeur de manière effrénée. Elle avait l'impression de redevenir une adolescente qui parle à son premier amour.
-Si tu reçois ce message, Call, commença son mari, c'est que je ne suis pas à tes côtés. Du moins, pas avec toi. Ce n'est pas de ta faute, d'accord ? Si je m'en vais, c'est de ma faute. Tu n'as rien fait de mal. C'est moi et mes conneries. Tu restes toujours ma préférée dans ce monde, et j'ai beau être optimiste, je sais que je ne serai plus ta personne préférée d'ici quelques mois.
"On a vécu une idylle parfaite pendant 8 ans, Call. Presque 10. Désolé de casser tout notre couple aussitôt. Désolé d'être un mauvais mari, un lâche. Je t'ai caché beaucoup de choses, ma puce, des choses qui auraient changé tout à notre idylle parfaite. C'était pour ton bien. Mais c'était aussi pour notre mal. Aujourd'hui, je me rends compte trop tard que, à cause de mon passé, je ne te mérite pas.
"Ne pleure pas pour moi, Call. Ne sois pas triste. Souris comme si je n'étais jamais parti. Souris comme quand on était des gamins qui ne se voyaient qu'à des enterrements. C'est la tristesse qui nous a fait rencontré et c'est aussi la tristesse qui nous a rassemblé. Alors, je ne te demande qu'une chose, Call, attends-moi 365 jours. Mais ne m'attends pas comme une femme aimable. Attends-moi pour que quand je revienne, je subisse le mal que je t'aurais fait. Moi, je reviendrais, je n'en doute pas. Je ne serai peut-être pas le même mais je reviendrai. Parce que tu pourrais faire ce que tu veux sur moi, Call, me frapper, me poignarder, me torturer, par plaisir, par distraction, par ce que tu veux, tu resterais ma personne préférée sur ce monde.
"Oh et puis merde, Call ! Je t'aime ! Je ne fais pas ça contre toi, je fais ça pour toi. Je casse notre couple, je casse nos 8 ans d'amour pour toi, parce que je t'aime. Une partie de ma conscience veut que tu me détestes parce que c'est ce qui arrivera quand tu me connaîtra vraiment, mais l'autre, la pauvre sentimentale veut que tu continues de m'aimer. Que tu m'aimes malgré le mal que je vais te faire.
"Attends et écoute-moi pendant 365 jours. Ecoute-moi en janvier, en février, en mars, en avril, en mai, en juin, en juillet, en août, en septembre, en octobre, en novembre, en décembre. Mais déteste-moi, déteste la personne que je suis réellement Call, que j'ai une raison de m'en vouloir. Tu dois me trouver tellement pathétique... Je t'aime Call, tu es ma personne préférée sur cette galaxie."
Callie serra le téléphone contre sa poitrine pendant de longues minutes, les larmes sur ses joues dévastant le peu de maquillage qu'il lui restait.
Désormais, elle en avait la certitude : Eden était parti de son propre chef. Cela faisait bien plus mal que s'il s'était fait kidnapper. Son téléphone vibra une deuxième fois.
Vous avez un message de Eden ❤️.
Là, Callie ne le toucha pas. Elle n'avait pas le courage d'entendre son mari s'excuser de l'abandonner en la suppliant de continuer à l'aimer.
Elle partit prendre une douche et en ressortit quarante minutes plus tard, son visage en larmes remplacé par celui de la femme aimée parfaite à quoi elle devait ressembler. Elle sortit de la maison en veillant à laver tout ce qu'elle avait utilisé et pria pour ne croiser ni voisins, ni voisines. Mais le destin était contre elle, autant y aller jusqu'au bout.
-Bonjour madame Jonhsons ! Comment allez-vous ? Où est votre mari ?
En tant que commère professionnelle, le voisin Richard Swann n'avait pas pu la rater. Il fit un signe à la jeune femme depuis sa fenêtre d'où il observait les allées et venues de ce quartier.
-Bonjour M. Swann. Mon mari n'est pas là, oui. Bonne journée !
Sans donner plus de réponses, elle s'empressa de rentrer dans son Audi et démarra en trombe - elle allait devenir une pro des dérapages. Elle roula pendant quatre heures jusqu'à leur appartement à Manhattan.
Elle monta dans l'ascenseur et sortit les clés de son sac en fredonnant. Il était 19 heures et Callie croisa les fils - des gosses de riche - de son voisin qui la saluèrent poliment. Arrivée devant son appartement, elle ouvrit la porte avant de s'arrêter devant.
Eden l'avait abandonné, il lui avait menti, l'avait visiblement mené en tromperie mais toujours, elle revenait vers lui, vers ce qu'il avait fait. Elle poussa un long soupir douloureux et entra, elle dormirait dans la chambre d'ami, pas dans le lit où ils avaient partagé trop de choses pour qu'elle y dorme seule un jour.
La vaisselle emplissait le lavabo et les assiettes de l'avant-veille était toujours sur la table.
Callie avait fait un gratin de pommes de terre, le plat préféré d'Eden, parce que c'était l'anniversaire de son père.
La jeune femme s'arrêta brusquement. Eden avait disparu lors de l'anniversaire de son père. Et s'il s'était suicidé ? Pour rejoindre son père, pour n'importe quoi. Ce n'était pas logique, pas possible.
Callie avait attendu des heures durant le retour de son mari avant de se rendre compte qu'il y avait un problème. Son mari devait revenir. Elle s'était rendue au commissariat sans obtenir plus de réponses.
Eden était un mystère, un labyrinthe dont il était difficile de sortir.
Callie rinça la vaisselle et mit le gratin dans un Tupperware. Elle finit par se poser sur le canapé et ralluma son téléphone. Le deuxième message d'Eden attendait patiemment d'être écouté, entendu. Callie n'avait toujours pas le coeur ni la force de l'entendre se confondre en excuses et en mots d'amour.
Elle pressa un coussin contre son visage pour étouffer un hurlement. Eden avait beau lui avoir dit et répéter que tout ça, son départ, sa disparition, n'était pas sa faute, elle ne pouvait s'empêcher d'être certaine d'y avoir un peu de sa part de responsabilités.
Le silence ambiant de l'appartement rendait l'ambiance très pesante et c'est là que Callie entendit de légères vibrations sous ses fesses. Elle se suréleva quelque peu sans voir aucun téléphone, ni écran ni quoique ce soit. Elle se rassit mais la vibration recommença. Avec un soupir, elle enleva le plaid sur le canapé, les coussins et le dossier.
Il y avait un téléphone.
Un smartphone basique mais qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Elle le prit doucement à la manière d'on l'ont tient un échantillon d'ADN et le posa sur la table basse en face d'elle. Il se remit à vibrer.
Le coeur de Callie accéléra, des frissons la traversèrent et ses joues prirent une teinte pivoine.
Le numéro d'Eden s'afficha une fois encore sur l'écran et le doigt de Callie resta suspendue en l'air. Le vert l'emporta et elle décrocha.
Une respiration sifflante se fit entendre du côté de l'interlocuteur. Comme s'il venait de faire un sprint pendant qu'il faisait un jogging tranquille. Jamais Callie n'avait entendu son mari respirer ainsi. Elle s'apprêtait à raccrocher quand une voix rauque reconnaissable entre milles murmura :
-C'est Callie, pas vrai ? Tu as trouvé ce putain de téléphone ?
Le mot "putain" avait une drôle de sonorité dans sa bouche. Callie approcha sa bouche du téléphone et siffla :
-Eden, don't Call me.
Puis elle raccrocha.
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Two chapter ! I love it ! J'espère que vous appréciez l'histoire et les personnages !
C'est décidé d'ailleurs ! Je posterai le mercredi et le samedi ! Avec une bonne organisat° ce sera ok !
KISS <333333
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