Chapitre 6
Un jour de moins à supporter dans ce manoir, enfin. Après la soirée d'hier, je suis bien ravie que ce week-end se termine. C'est à peine si j'ai pu lâcher quelques mots au cours du dîner tellement mon cerveau était occupé à cogiter. Mon père n'a pas arrêté de me regarder tout au long du dîner, mais je ne me sentais pas encore capable de lui donner cette réponse qu'il voulait tant entendre. D'ailleurs, je me demande même s'il attend vraiment une réponse de ma part, parce-que notre conversation sonnait plus comme une information qu'à une question dans le fond. Ceci dit, il va bien falloir que je discute avec lui avant de rentrer.
Je me lève à l'aube comme à mon habitude pour mon footing quotidien. J'aimerais bien aller le faire dehors, aux alentours du domaine, mais avec ces grands froids qui commencent à s'installer, je ne peux pas, au risque d'attraper un rhume. Ma tenue enfilée, je vais dans la salle de sport aménagée au rez-de- chaussée pour me défouler un peu sur les appareils. J'y retrouve mon frère, en train de faire des exercices de musculation et ça ne m'étonne pas du tout venant de lui.
Ce beau brun aux allures d'un athlète de football tient tellement à son physique qu'il en prend constamment soin mais avec tout ça, on trouve toujours que je suis la plus narcissique de nous deux.
On n'a pas vraiment eu le temps de discuter hier soir entre le dîner qui ne tournait qu'autour des affaires comme d'habitude et les jumeaux qui réclamaient son attention à la fin du repas, mais j'espère qu'on va pouvoir le faire aujourd'hui, avant mon départ.
— Tu ne crois pas que tu es déjà assez musclé comme ça ? Lance-je pour attirer son attention.
C'est avec un grand sourire aux lèvres qu'il me fait face après avoir déposé ses haltères. Mon grand frère est tout le contraire de moi, malgré le fait que l'on se ressemble beaucoup physiquement. La nature a fait en sorte que l'on soit tous les deux des petites photocopies de notre père à quelques limites près. Nous avons certes hérité de ses grands yeux marrons clairs, son sourire de tombeur dévoilant de jolies fossettes et de sa belle chevelure noire corbeau, mais Côté caractère, mon frère a fait l'exception en prenant celui de notre mère, c'est un cœur d'artichaut.
— Bonjour sœurette, réplique-t-il en se rapprochant de moi. Je sais que je ne te l'ai pas dit hier, mais tu m'as beaucoup manqué. Continue-t-il en me prenant dans ses bras.
Je réponds joyeusement à son étreinte malgré le fait qu'il put un peu la transpiration. Le fait qu'il fasse une tête de plus que moi ne m'avantage pas du tout car mon visage est très près des zones sensibles de son corps.
— Toi aussi tu m'as manqué mais si tu continues de me serrer comme ça, je sens que je vais mourir d'asphyxie dans les minutes qui suivent. Dis-je en essayant de me dégager de ses bras.
Il rigole en me serrant encore plus fort contre lui, avant de me relâcher la seconde d'après. J'ai l'impression d'avoir été dans un cachot remplit de chaussettes humides.
— Une minute de plus dans tes bras et je mourais étouffée. Blague-je en le tapant l'épaule.
— C'est l'odeur de l'homme virile. Affirme-t-il, très fier de lui.
— Ouais c'est ça !
Il rigole avant de récupérer ses haltères tandis que moi, je vais sur le tapis de course. On a peut-être un écart de six années, mais nous avons toujours été très complices et très joueurs par dessus tout. C'est la première personne qui a su pour ma sexualité et il ne m'a jamais jugé, ni essayé de me changer. C'est juste un très bon grand frère protecteur.
— Alors sœurette, quoi de neuf de ton côté ? Demande-t-il en soulevant ses haltères.
— Les cours reprennent dans quelques jours et j'ai hâte d'en finir avec tout ça. Réplique-je en trottinant.
— Tu sais qu'avec cette nouvelle coiffure, nous sommes presque comme des jumeaux ? Insinue-t-il.
— Même pas en rêve, je suis bien plus belle que toi. Rigole-je.
— Si c'est ce que tu te dis chaque jour pour te convaincre, faut arrêter dès maintenant. Réplique-t-il en faisant le beau gosse.
On se regarde quelques secondes avant d'éclater de rire tous les deux. Comme ça m'avait manqué ces petits moments de complicité et je dois avouer à contrecoeur qu'il a bien raison, on se ressemble trop que parfois c'est un peu flippant pour moi.
— Tu as discuté avec papa ? Demande-t-il plus sérieusement.
— Il t'a dit quelque chose ? Réplique-je en arrêtant brusquement mon tapis de course.
— Euh... Non. J'ai juste remarqué vos échanges non-verbaux d'hier pendant le dîner. Ça avait l'air...
Très tendu entre vous deux.
J'acquiesce tout doucement, en redémarrant mon tapis.
— Ça a toujours été très tendu entre nous, ce n'est pas la première fois. Hier c'était un peu spécial, je dois le reconnaître.
— En quoi c'était spécial ? M'interroge-il, très intrigué.
— Il m'a demandé de rejoindre la compagnie à la fin de l'été prochain.
— Ah... Je vois.
Il fait la même tête que celle que faisait Sophia hier lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. On dirait qu'il était même déjà au courant de cette histoire.
— Tu le savais déjà, pas vrai ? Demande-je en m'arrêtant une fois de plus.
— Oui, il m'en a parlé la dernière fois quand je suis allé le retrouver stressé dans son bureau. Apparemment certaines sommes d'argent importantes disparaissent de la compagnie mais on ne sait pas encore qui en est le responsable et si ça continue comme ça, la compagnie risque faire faillite.
Je regarde mon frère, étonnée par ce qu'il vient de me dire. Je n'étais pas du tout au courant de ça et maintenant je comprends pourquoi mon père est revenue sur notre accord.
— Tu sais, il fait tout son possible pour que les choses s'arrangent avec l'aide de maman bien sûr, mais ils ont aussi besoin de ton aide pour que les choses reviennent à la normale. Alors, ne lui en veux pas ou ne prends pas de décision hâtive pour le moment. Conclut-il en redéposant ses haltères.
Il se rapproche une fois de plus de moi, dépose un baiser sur mon front avant de partir à toute vitesse soit disant qu'il a une réunion très importante de prévu dans une heure. Je reprends ma course tout en réfléchissant sur ce que je viens d'apprendre à l'instant. Il va vraiment falloir que je discute avec mes parents à propos de la compagnie.
°°°°°
De toute la matinée, Tess n'a pas pu voir ses parents sûrement à cause de ce problème que rencontre actuellement la compagnie alors, après avoir jouer une bonne partie du temps avec ses neveux, elle décide de se rendre dans leur bureau pour avoir une discussion avec eux. Cette fois-ci, elle se signale avant de faire son entrée et constate qu'elle vient d'interrompre une discussion qui avait l'air très importante entre ses parents et un interlocuteur jusqu'à présent inconnu parce-qu'ils correspondent par visio-conférence.
— Je suis désolée de vous déranger en pleine réunion, le fait est que je souhaite vous parler. Dit-elle un peu gênée en regardant ses parents.
— Ce n'est pas grave ma chérie d'ailleurs, tu tombes bien. On aurait besoin de ton aide. Réplique sa mère en lui demandant de se rapprocher.
Elle avance vers eux, sous le regard très attentif de son père qui jusqu'à la n'a pas encore lâché aucun mot.
— Et comment puis-je aider ? Demande-t-elle une fois à leur niveau.
Sa mère prend l'initiative de retourner l'ordinateur qui était l'objet de toute leur attention quand elle est entrée et celle-ci a la merveilleuse suprise de tomber sur le sourire très chaleureux de sa tante qui est également sa marraine.
— Tante Isy ? S'exclame-t-elle, un sourire accroché aux lèvres.
— Bonsoir ma beauté, comment vas-tu ? Réplique-t-elle, le même sourire chaleureux sur les lèvres.
Isadora Thompson est la sœur cadette du richissime homme d'affaires Richard Thompson, le père de Térésa. Elle fait partie des personnes les plus importantes de la vie de Térésa étant également sa marraine. Elle est comme une seconde mère pour elle, celle-là qui a toujours su la soutenir dans tous ses projets.
— Je vais bien ma tante et toi ?
— Je me porte à merveille ma beauté et je suis très contente de te savoir à la maison. Pointe-t-elle, un rictus sur les lèvres.
Tess sourit juste à la remarque de sa tante tout en reportant son attention sur sa mère qui cherche à comprendre ce que sa belle-sœur voulait insinuer dans sa dernière phrase, mais elle n'a pas trop le temps d'y réfléchir parce-que des choses plus importantes occupent son esprit pour le moment.
— J'ai appris ce qui se passe en ce moment dans la compagnie et j'aimerais savoir ce que je peux faire pour vous aider. Renchérit Tess, plus sérieusement.
— Ça nous épargne alors les longs discours. Je laisse la charge à tes parents de mieux t'informer, puis nous en discuterons tous ensembles plus tard.
— Isadora nous n'avons pas encore terminé notre réunion à ce que je sache. Intervient monsieur Richard.
— Désolée grand frère, mais j'ai besoin d'une petite pause pour me rafraîchir les idées. Nous continuerons cette réunion plus tard si tu veux bien. Se précipite-t-elle de dire avant de couper court à la visio-conférence.
Elle n'a même pas laissé le temps à son grand frère d'ajouter quoique, ce qui a eu pour effet de le mettre un peu en colère. Tess sourit distraitement lorsqu'elle remarque l'air mécontent de son très cher père. Elle a toujours admiré sa tante sur ce point, car elle est l'une des rares personnes à mettre son père dans une position un peu inconfortable.
— Bon... Étant donné que ta très chère tante a décidé de prendre sa pause, on va discuter. Réplique-t-il toujours agacé.
Elle prend place sur le fauteuil en face du bureau de son père et tous les deux commencent à lui expliquer en détails tout ce qu'ils ont découvert au cours des deux mois passés et les stratégies qu'ils ont commencé à mettre sur pied avec l'aide de sa tante pour éviter que la compagnie ne s'effondre totalement....
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