Chapitre 4
Ça fait plus d'une demi-heure que je suis dans ce bureau à discuter avec ma mère, on parle vraiment de tout, des jumeaux, qui passent maintenant plus de temps avec eux au manoir, de ma bande d'amis en particulier de Jenny, car c'est sa préférée, de ma dernière année qui débutera dans quelques jours et pour finir, de mon père. Elle me fait part de ses craintes à mon égard et aimerait que je discute sérieusement avec lui durant mon séjour ici. J'appréhende un peu à cause de la relation que j'ai avec lui depuis quelques années déjà. On va dire qu'il est devenu la personne la moins proche de moi dans cette famille, vers la fin de mon adolescence. J'ai beau avoir un tas de points communs avec lui, en commençant par notre incroyable ressemblance, mais on a vraiment du mal à s'entendre sur un tas de chose à l'instar de ma sexualité.
J'ai fait mon coming out devant ma famille à l'âge de dix-sept ans, quand j'ai eu ma première petite amie. Ma mère était ravie que j'en parle ouvertement, devant tout le monde mais mon père ne l'était pas pour autant. Il est resté silencieux et ne m'a pas adressé la parole pendant une semaine entière. Quand il a enfin décidé de le faire, c'était pour me faire comprendre que je n'empruntais pas le bon chemin et que cela allait me perdre. J'avais beau lui exposer mon ressenti mais il ne voulait rien comprendre. Ce jour-là, il y a eu pas mal d'éclats de voix entre nous et c'est ce même jour-là que j'ai compris que la merveilleuse relation qui nous liait, avait définitivement disparu. On se parle toujours mais juste de manière platonique.
— Chérie, il faut vraiment que tu discutes avec ton père, je suis déjà fatiguée de cette situation. Se plaint-elle.
— Tu sais très bien comment est née cette "situation" maman, il n'a jamais accepté ce côté de moi et tu le sais.
— Écoute chérie, ton père n'est pas homophobe.
— Mais, il est contre le fait que sa fille soit en couple avec une personne du même sexe qu'elle. Réplique-je un peu remontée.
Un autre silence gênant s'installe entre nous et je n'aime pas ça. Elle me regarde avec tant d'émotions dans les yeux que je ne peux d'écrire, je ne sais quoi faire. Je ne me suis jamais éloignée de mon père volontairement, il m'a poussé à le faire. Je sais que ma mère aimerait tant que les choses redeviennent comme avant entre nous, mais à moi seule, je n'y peux rien.
— Écoute maman, papa connaît très bien ma position sur le sujet, il a ses propres opinions, et moi les miennes. Du moment où on en vient pas à remettre ma sexualité sur le tapis, tout ira très bien entre nous, je te le promets.
— Ça fait beaucoup trop longtemps que vous êtes en froid tous les deux, ça ne peut pas continuer comme ça. Souffle-t-elle, un peu attristée par la situation.
— Je sais maman... Je suis désolée.
Je lui souris pour changer sa mine, mais cela ne marche qu'à moitié. Je me rapproche d'elle, dépose un bisou sur son front avant de la prendre dans mes bras. Je comprends que ma relation actuelle avec mon père ne l'enchante pas trop, mais je n'y peux rien. Il a décidé de dresser une barrière entre nous le jour où il a appris mon orientation sexuelle et je n'ai fait que respecter sa décision sans jamais essayer d'abattre ces barrières.
Au moment où je m'apprête à sortir du bureau, la porte s'ouvre grandement, laissant apparaître mon père. Il est tout d'abord surpris de me voir mais cette surprise disparaît très vite, laissant place à une fine joie. On dirait qu'il est content de me voir.
— Térésa... Souffle-t-il, la voix rauque.
— Bonjour papa.
Nos regards ne se quittent pas. Si j'ai bien appris quelque chose de ce grand homme d'affaires, c'est de ne jamais détourner le regard quand lui, il te fixe droit dans les yeux.
— Comment vas-tu ? Continue-t-il, cette fois ci de manière un peu détachée.
Je fais abstraction de son air qui vient subitement de changer et lui réponds simplement.
— Je vais très bien et toi ?
Il hoche légèrement la tête de haut en bas, me laissant comprendre que lui aussi se porte à merveille alors, je ne vois plus d'intérêt à continuer cette conversation.
— Bon... Je vais rejoindre les jumeaux dès à présent. L'annonce-je principalement à ma mère.
Après un dernier regard en sa direction, je sors du bureau sans plus rien dire à mon père. Nous avons eu une conversation platonique comme d'habitude et cela risque continuer durant tout le week-end. Une fois dehors, je relâche toute la pression accumulée dans ce bureau avant de continuer mon chemin, à la recherche de mes neveux. Au moins avec eux, je passerai un bon moment.
Je regarde dans leur salle de jeux mais ils n'y sont pas. Je continue mon chemin jusqu'à ce que j'entende des éclats de voix d'enfants provenant de la salle à manger. Un sourire se pose sur mon visage une fois que je les vois à table, en train de prendre leur goûter tout en se disputant.
Comme ils ont grandi mes petits diables, la dernière fois que je les ai vue, ils n'articulaient même pas encore bien les phrases mais maintenant, on dirait des petits Molières sur pattes.
Tellement ils sont concentrés à se disputer qu'ils ne m'ont même pas encore vus, je fais signe à Joséphina de se taire, puis je surgis devant eux, telle une magicienne avec un grand sourire aux lèvres.
— Comme ça, on s'amuse sans moi ? Lance-je pour attirer leur attention.
Ils arrêtent immédiatement ce qu'ils font et me regardent, les bouches grandes ouvertes. Je sais ce qui va suivre alors, j'ouvre grand mes bras, prête à les réceptionner.
— Tata.... Crient-ils en se jetant dans mes bras.
Le choc est un peu brutal mais je réussis à tenir debout sous le regard amusé de mon ancienne nounou.
— Bonjour mes chatons, comme vous m'avez manqué. Dis-je en les serrant fort contre moi.
Que ça fait du bien de serrer ces deux petits bonhommes contre moi, ils m'ont tellement manqué. Je prends le temps de m'imprégner de leur délicieuse odeur de caramel sucré avant qu'ils ne se détachent de moi, pour plaquer au même moment deux gros bisous baveux sur mes joues.
— Tu nous as aussi manqué. Déclare Dylan avec une petite moue adorable sur le visage.
— Tu as changé de coiffure tata ? Demande Nolan, ses petits doigts dans mes cheveux.
J'ai croqué ma longue chevelure noires, pour une coupe un peu à la garçonnet, tout en conservant la couleur. Depuis le temps que je voulais changer de coiffure, je l'ai enfin fait et je dois avouer que je suis plus à l'aise avec des cheveux courts.
— Oui chaton, ça te plaît ?
— Beaucoup. Je pourrais avoir la même ?
— Moi aussi je veux la même tata.
— Non, j'ai demandé le premier.
Je les regarde, très amusée par leurs petites chamailleries. Ça me rappelle tellement mon enfance avec leur père et leur autre tante, on arrêtait pas de se disputer tous les trois pour un rien et chacun d'entre nous voulait toujours avoir le dernier mot.
— Pas la peine de vous disputer mes amours, vous aurez tous les deux la même coiffure si vous le souhaitez. Affirme-je pour couper court à la dispute.
Un grand sourire se redessine sur leurs visages, puis ils reviennent se blottir contre moi, très contents. Je sens que nous allons passer un bel après-midi tous les trois.
°°°°°
— Tu viens tata ? On va jouer dans la piscine maintenant. Crit Dylan, très excité en maillot de bain.
— Allez-y, je préfère vous surveiller d'ici. Réplique-je très épuisée.
Je m'installe sur l'une des chaises longues présentes près de la piscine pour garder un œil sur eux. J'avais oublié à quel point ils débordaient d'énergie ces petits monstres, du haut de leurs cinq petites années, ils bougent tellement que je me demande ce que ça sera quand ils auront dix ans. Autant j'aime passer du temps à jouer avec eux, autant ils m'épuisent au bout d'une heure de temps seulement.
Je les regarde se défouler dans le petit bassin, un sourire aux coins des lèvres. Au fur et à mesure qu'ils grandissent, je me rends compte à quel point ils ressemblent de plus en plus à leur père mise à part la crinière toute blonde qu'ils ont héritée de leur maman, le reste c'est mon frère.
— Regarde comme ils sont mignons. Résonne la voix de ma mère derrière moi.
Je ne l'ai même pas entendue arriver. Elle vient s'installer à côté de moi, un sourire sur les lèvres et le regard fixe sur ses adorables petits fils.
— Ils sont très mignons effectivement. D'ailleurs, tu ne trouves pas qu'ils ressemblent de plus en plus à Miles ?
— Ah oui, maintenant que tu en parles.
Je rigole quand mon regard croise le sien. Elle fait mine de n'avoir rien vu depuis, pourtant c'est une très bonne observatrice. C'est même la meilleure de la famille, rien ne peut lui échapper aussi facilement.
Son regard qui était autrefois fois centré sur ses petits fils, revient se poser sur moi et son sourire disparaît. Je comprends directement qu'elle veut me dire quelque chose et je sens que ça ne va pas trop me plaire. Toutefois, je l'encourage à parler en soutenant son regard, qui se fait désormais inquiet.
— Va discuter avec ton père chérie. Il a quelque chose de très important à te dire et il t'attend dans son bureau. Finit-elle par cracher....
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