13. Lya
Les mains d'Elias qui parcourent mon corps me libèrent. Enfin, je lui succombe, à lui, à cette bouche qui me dévore sans retenue, à ses doigts curieux, à son regard. Mon épiderme vibre sous ses caresses, alors que mon être s'enflamme. Il descend sur mon ventre l'effleurant de ses lèvres. Et tel un pantin, je me cambre à la recherche de ce contact. Je le réclame plus fougueux, vorace presque délicieusement douloureux. Comme si la frustration en moi débordait et se déversait sur sa bouche... Tout mon corps crie à la délivrance. De mes tétons durcis à ma féminité qui s'humidifie davantage à chaque attouchement. Je sens mon cerveau se déconnecter. Ça bugge dans ma tête. J'ai l'impression de m'envoler à cent mille kilomètres quand je percute. Je suis à moitié nue devant Elias.
— Fais chier ! m'exclamé-je brusquement.
Je reviens à moi en un fragment de seconde sans comprendre. Qu'est-ce que je fiche là ? A me laisser tripoter en plus ? Dans les bras d'Elias Evans ? Rien ne va plus !
— Je dois partir ! Désolée, vraiment désolée, mais c'est urgent !
La tête brouillée, je m'empresse de me rhabiller, certaine d'avoir mal refermé mon haut. Je ne peux pas m'attarder ici un instant de plus. Elias m'observe interdit, mais je ne m'en soucie pas. J'agis comme s'il n'était pas là. Mes oreilles bourdonnent tout le temps de ma sortie et, malgré la bouffée d'air frais, je continue de planer à mi-chemin entre l'excitation et l'incompréhension de mes actes. Les cheveux en bataille et les pommettes rougies, je dois avoir l'air fine. A se demander ce que j'ai pu faire dans ce cabinet. Être sur le point de coucher avec mon avocat.
— Lya, respire ! Tout va bien se passer ! Don't panic !
Me parler à moi-même me rassure. Je ne sais pas si ça a un quelconque effet, si je peux ne pas angoisser. C'est mon seul moyen de me détendre, enfin, d'essayer. Sans que je ne le commande mes jambes me guident et, en à peine quelques minutes, j'arrive chez Maddy. Mon Dieu, que va-t-elle penser ? Moi qui jure ne rien vouloir de lui. Je peux encore rentrer chez moi, mais j'ai besoin de me confier à ma meilleure amie. Alors, peu rassurée, je sonne. Confrontée à cette porte close qui tarde à s'ouvrir, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je vais mourir sur place.
— Lya ? s'enquit Maddy. Tout va bien ? Qu'est-ce que tu fais là ? Ne me dis pas que vous avez perdu ?
Sa mine s'assombrit, alors que je soupire, prête à subir un interrogatoire en règle, surtout après la bombe que je m'apprête à lâcher. Je pince l'arête de mon nez en inspirant un bon coup.
— J'ai embrassé Elias...
— Tu as quoi ? Ça explique pourquoi ta chemise est mal boutonnée, constate-t-elle tandis que ses yeux sortent de leur orbite. Bon, rentre !
Sa mâchoire semble se décrocher à mon annonce. Et moi, je ne sais pas ce que je suis sensée faire, certainement pas coller ma bouche à celle de mon avocat. Mais mon corps, ce traitre, a apprécié ce moment, hors du temps, comme si ça le soulageait. C'était la suite logique de notre histoire, logique, mais improbable. Alors que je m'installe sur un tabouret de la cuisine, Maddy me tend une tasse de café fumante.
— Bien, reprenons depuis le début, me propose-t-elle d'une voix apaisante. Comment ça s'est passé au tribunal ?
Je l'observe s'installer à mes côtés avant de laisser mon regard se perdre dans ma boisson chaude. Si seulement des réponses pouvaient en sortir...
— Semé d'embuches, d'angoisses, mais Elias est parvenu au compromis : deux cents heures de travaux d'intérêts généraux, dont le samedi. Je m'arrangerai pour Clarisse...
— Elle vient quand tu veux à la maison, tu sais ! C'est un vrai bonheur de pouvoir m'en occuper.
J'acquiesce : j'en ai parfaitement conscience, mais il s'agit de ma fille et, je n'aime pas avoir l'impression de me décharger de mes propres responsabilités. La proposition d'Elias me percute à nouveau. Comment ai-je pu oublier, même un court instant ?
— Elias a dit qu'il pouvait s'en occuper aussi en cas de besoin, avoué-je des trémolos plein la voix.
— Notre Elias ? Celui qui tenait une liste des meufs qu'il a mis dans son lit au collège ?
Cette matinée me parait irréaliste. Les éléments s'enchainent sans aucun sens et, mon cerveau s'embrouille. Je m'ouvre doucement m'évitant d'atteindre un point de rupture. Les mots sortent confus jusqu'à se mêler les uns les autres. Ce que je raconte n'a peut-être aucun sens, mais les tensions en moi se relâchent. Peu importe que mon cœur soit douloureux, que je veuille revenir en arrière, c'est trop tard et, je dois composer ainsi, avec ce que la vie a daigné m'offrir.
— Qui par ailleurs est l'homme que je viens d'embrasser, encore un peu et, je me retrouvais à poils dans son bureau, claqué-je. Puis, j'ai paniqué, je me suis rhabillée, j'ai débarqué ici. Bordel, j'ai l'impression de vivre un mauvais remake de l'anniversaire de Bastian...
Je passe mes paumes sur mon visage pour me calmer en vain. Je me déteste, incapable de prendre les bonnes décisions, je finis toujours par regretter. Autant faire une erreur une fois, ça reste pardonnable, mais recommencer, c'est une connerie. Je me comporte comme si en dix ans je n'avais rien appris malgré les épreuves que j'ai traversées. Je me revois adolescente, en larmes, dans la chambre de ma mère. L'alcool avait fini par quitter mes veines, me laissant sombrer dans la panique et les remords. Aujourd'hui, Maddy remplace les bras de ma maman.
— Pourquoi j'agis comme une adolescente ? explosé-je au milieu de la cuisine. Je lui ai fait vivre cet enfer à l'époque et je remets ça... Il va penser quoi de moi ? Et puis, c'est quoi cette attitude envers un homme aussi séduisant ? Qui... Qui, je pense, continue de me plaire. Pourquoi je panique à chaque fois que je me retrouve à moitié nue devant lui ? Pourquoi ?
J'arpente la pièce à en avoir le tournis, alors que le sang pulse dans les veines de mes tempes. Je deviens folle. Maddy a beau me répéter de m'asseoir, je ne peux pas. Si j'arrête de gigoter, j'exploser littéralement. Je veux crier, pleurer, frapper dans ce qui m'entoure.
— Peut-être qu'il serait temps que vous ayez une vraie discussion pour revenir sur cet épisode ? Tu en as besoin, Lya...
— Il le prends avec humour, mais moi, je m'en veux...
— Ça doit l'affecter un minimum puis, qu'est-ce que tu risques à aborder le sujet ? me questionne Maddy sans attendre de réponse. Alors, respire et, ça va bien se passer !
Nous sommes deux adultes après tout, mais la seule perspective de cette discussion suffit à faire grossir la boule qui pèse dans mon estomac. Rester dans l'ignorance de ses pensées n'est pas une solution, mais au moins, le pire ne se produit pas... Alors que si nous discutons, je pourrais tomber de haut, me prendre un mur dans la tête. Il faut que je me ressaisisse : je suis une adulte et, une adulte sait se confronter à la réalité. Il est temps de me débarrasser de cette peur qui m'envahit, qui m'étouffe au quotidien. Sur cette bonne résolution, je termine ma tasse de café, maintenant, tiède. La discussion dévie sur des sujets plus joyeux, moins angoissant, mais mon cerveau reste bloqué sur Elias. J'écoute Maddy d'une oreille malgré le trouble grandissant en moi. Quand je repense à ses lèvres aussi douces que rugueuse, à ce baiser tendre et brutale à la fois, mon cœur s'emballe, mes joues rougissantes me trahissent. Physiquement, je suis présente tandis que mon esprit voyage dans mes fantasmes aussi peu acceptables soient-ils, si bien que je n'entends pas Lenny rentrer du travail et nous rejoindre.
— Qu'est-ce qui la met dans un tel état ? demande-t-il à sa compagne, alors que mon regard s'évade vers l'extérieur.
— Elias... soupire Maddy.
— Quoi Elias ?
Je reviens à moi en un claquement de doigt. Son nom m'électrise, me remue aussi. Mon cœur loupe un battement tandis que mes yeux rencontrent les iris de Lenny, sceptique et interrogateur. Merde, il va pas du tout apprécier. Et je ne peux pas lui en vouloir, il tient à moi comme à la petite sœur qu'il n'a jamais eue. Il ne m'empêchera pas de vivre ma vie telle que je l'entends, mais il va s'assurer que je sois sûre de moi, voire me mettre en garde s'il le juge nécessaire. C'est toujours la même chose qui se répète et, ça me sécurise. Sauf qu'aujourd'hui, je n'ai aucune certitude.
— Je l'ai embrassé, avoué-je de but en blanc.
— Tu l'as embrassé ? répète-t-il bouché bée. A quel moment ?
— En sortant du tribunal. Ne me demande pas pourquoi je n'en sais rien et, ce qui est fait est fait...
— Je ne vais rien te dire Lya, mais tu sais ce que j'en pense, soupire Lenny. Fais-moi le plaisir de veiller à ton bien-être.
Il presse ses lèvres sur mon front, puis m'ébouriffe les cheveux comme il le fait souvent avec Clarisse, avant qu'elle ne crie scandale.
— T'es pas croyable quand même !
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