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           Dès les premières marches descendues, je suis déterminée à trouver le couple le plus rapidement possible et leur demander de vite partir afin de m'emmener le plus loin possible. Si je leur dis cela, ne parais-je pas pour une folle ? A ton avis, un couple qui ne te connais déjà ni d'Adam ni d'Ève accepte de t'accueillir chez eux et toi tu veux les presser sans ménagement. Je m'arrête, prends une grande inspiration et expire doucement, mon calme revient, mon cœur ralentit quelque peu. Il faut que j'arrête ma psychose Julen n'est pas Nathanaël. Si je le croise, par malchance, ce sera tant pis pour moi et j'assumerais d'avoir voulu de la compagnie dans ce foutu train. Tu n'assumeras jamais. J'essaye de me montrer le plus optimiste mais même ma conscience n'est pas de mon côté, alors pourquoi lutter ? Je suis bousculée par un homme cela me sort immédiatement de mon auto apitoiement :

Pardon

Non c'est moi qui m'excuse

         Mais déjà la personne, ne m'écoute plus et fonce droit vers son but. Je prends conscience que je dois être comme lui foncé vers ce que je désire. Je ne sais pas dans combien de temps Nathanaël me retrouvera donc il faut que je profite, que je savoure tous ces précieux instant, que j'enregistre chaque minute de ma liberté.

         Parmi cette foule d'inconnus je me remets en mouvement et descends un escalier pour regagner l'entrée de la gare. Nous entrons dans un tunnel éclairé et décoré par une multitude d'affiches publicitaires. Je comprends vite c'est la seule issue et celle-ci passe sous les voies pour éviter de les traverser. Je suis méticuleusement chaque panneau ou il est indiqué la sortie.

         Je m'autorise, par faiblesse, un regard en arrière pour voir si je n'apercevrais pas Julen. Mais non, autour de moi que des visages inconnus. Je ne sais pas pourquoi je suis si déçue. C'est bien moi qui me suis sauvé, moi qui me suis éloigné le plus loin possible de lui et encore moi qui ai fui le plus loin possible. Je dois rester fidèle à ce que j'ai décidé, j'ai accepté sa compagnie pour une courte durée et rien de plus.

         Je remonte les marches une à une, portant ma valise comme je peux. Les escalators ou les ascenseurs n'existes pas ici ? je ne dois pas comparer, je ne suis plus à Lyon. Je suis à des centaines de kilomètres de ma ville natale. J'arrive dans le hall d'entrée, je retrouve des personnes fonçant sans se retourner, des familles se serrant dans les bras heureux de se retrouver et il y'à moi parmi cette foule qui à l'aire surement la plus perdue.

         Une nouvelle ville pour une nouvelle vie. Je dois me le répéter un nombre incalculable de fois pour ne pas paniquer, afin de rester le plus calme. Mais j'ai beau scanner les personnes unes par unes, aucune ne porte de petite pancarte avec le nom de Ludivine. Un instant j'ai peur qu'ils m'aient oublié ou le pire pour moi qu'ils aient changé d'avis. Que ferais-je si c'était le cas ? Comment pourrais-je commencer une nouvelle vie sans leur aide ? Sans la possibilité d'utiliser mes papiers d'identités, je ne vois pas comment je ne finirais pas à la rue. Mais la rue ne serait-elle pas plus sûre qu'un avenir avec Nathanaël.

         Il faut que j'arrête de divaguer, je me poste à côté du point relais en me rassurant le mieux que je peux. Je ne suis pas caché mais assez en retrait pour ne pas attirer les regards. S'ils ont promis à Ludivine de m'aider ils ne m'abandonneraient pas, non ? Ils sont très certainement en retard ou ils n'ont pas trouvé de place pour se garer... je trouves pleins de raison à leur absence et j'attends.

        C'est à ce moment que je l'aperçois, étant de dos il ne me voit pas et moi j'ai le temps de le contempler d'où je me suis réfugiée. J'entends des bribes de conversation et au vu du ton qu'il emploi il n'a pas l'air d'être très content.

Oui, je vous comprends mais vous abusez sérieux.

...

Je suis crevé et vous me faites faire le taxi.

...

Là n'est pas la question, j'aime mieux rouler seule et j'ai pas envie de faire la causette à une parfaite inconnue.

...

Bon allez c'est bon laisse tomber (il sort de son sac à dos quelque chose que je ne vois pas), elle s'appelle comment ? Je te préviens, elle n'a pas intérêt de me casser les pieds sinon je la jette sur la route.

...

Ouai, moi aussi je t'aime.

         Et il raccroche, il se retourne et je reste bloquer sur son visage. Lui si avenant depuis que je l'ai rencontré, si souriant et charmeur ne l'ai plus. Son visage est si expressif que je ne ressens que du mépris et du dégoût. Mince alors, je plains la pauvre fille qui va devoir jouer la muette toute la route avec lui si elle ne veut pas être jeté sur le bas-côté. Par solidarité féminine, il faudrait que je la trouve avant lui pour lui dire se la boucler si elle veut arriver à bon port. Il retourne sa pancarte improvisée pour l'occasion et je m'aperçois que la situation le mets de plus en plus en colère plus il va devoir l'attendre. Je regarde le nom affiché et mon cœur rate plusieurs battements, non, ce n'est pas possible. J'ai beau relire le seul prénom écrit, je crois que je vais m'évanouir. LUDIVINE. Tu ne connais pas le dicton : suis-moi je te fui, fuis-moi je te suis.

         Je prends quelques secondes supplémentaires pour me calmer avant nos retrouvailles et les reproches et questions qui vont indéniablement fusés. Je ferme les yeux, inspire lentement par le nez essayant de gonfler au maximum mon ventre et ma poitrine. Lorsqu'enfin c'est le cas j'expire le plus doucement possible par la bouche. Je mets mon cerveau en mode pause, je ne veux pas trop réfléchir j'analyserais le tout plus tard, met mon masque d'impassibilité et me murmure pour moi-même d'être courageuse. J'avance d'un pas décidé mais à la vitesse d'un escargot. Je ne me sens plus du tout courageuse mais quand ces yeux me repèrent toute mon angoisse est balayée. Quand son sourire apparaît tout mon stress a disparu. Il ne me lâche pas des yeux mais il décale sa pancarte pour que la certaine Ludivine puisse le trouver. Il ne se doute pas encore que c'est pour moi qu'il va devoir faire le taxi. Après ma petite fuite je lui dois bien de parler la première, il faut que nous partions sur de bonnes bases car je sais maintenant que je serais amené à le recroiser si le couple à décider de lui faire confiance pour me conduire jusqu'à eux.

Tu te souviens quand tu m'as dit "il n'y a que les montagnes qui ne se recroisent pas" ?

Mmmm mmmm...

Je pensais que nous en étions, des montagnes je parle, et qu'il était impossible pour nous de nous recroiser. Je ne sais pas si tu me suis mais en tous cas je me trompais... (j'ai peur de sa réaction mais je sais que je dois me lancer). Tu peux ranger ta carte, c'est moi que tu attendais et que tu dois emmener.

Quoi ? (Son sourire s'efface et il essaye de comprendre.) Mais... tu t'appelles Pandora pas Ludivine, à moins que tu m'aies menti là-dessus ?

Non, je n'ai pas menti, on peut y aller ? Si tu le souhaites je répondrais à quelques-unes de tes questions ou je peux être muette tout le trajet, c'est à toi de voir, vu que tu ne voulais pas qu'on te casse les pieds.

          Je ne peux m'empêcher de me moquer de lui, chacun son tour il en a bien profité pendant le trajet pour en faire de même avec moi. Lorsqu'enfin il assimile toute la situation, il me décerne le plus beau des sourires. Le charmeur est de retour et les papillons dans mon ventre ont réapparu eux aussi. La surprise passée, je ne pouvais pas imaginer meilleure réaction. Mon appréhension est toujours présente mais j'essaye de la dissimuler le mieux que je peux derrière un sourire idiot, surement celui que toutes les filles doivent lui donner quand elles l'aperçoivent.

Ma journée se termine en beauté, mon karma était bon aujourd'hui.

Euh.... Si tu le dis (je devrais m'en réjouir, me retrouver est une bonne nouvelle pour lui si je comprends bien donc j'en conclues qu'il ne m'en veut pas trop de l'avoir fui).

Je te le certifie, allez suis moi on va à ma voiture, donne-moi ta grosse valise.

Non, c'est bon je me débrouille.

         Ma réponse est un peu trop sèche, ma main serre plus fermement ma valise et mon bras endolorie ne me remercie pas de la décision que je prends après la montée des marches sans aide mais je ne veux tous simplement pas compter sur son aide. J'ai appris à ne compter que sur moi et à ne me fier qu'à moi. Même Ludivine me l'a demandé de me méfier de tout le monde maintenant, même si je suis sûre qu'elle ne pensais pas au cas présent. Je ne veux surtout pas prendre l'habitude qu'il soit toujours là pour m'aider ou me sauver, je sais que j'y prendrais goût trop rapidement. Et le jour viendra où il décidera qu'il en aura marre de m'aider, il me laissera sans un regard en arrière et je retournerais à la case départ. Je serais à nouveau perdu. Donc il est préférable de savoir tous faire seul, de n'avoir besoin de personne, je ne serais jamais alors jamais déçue. Il s'arrête et croise les bras, je ne suis qu'à quelques pas de lui, un peu plus en avant.

A quoi tu joues ?

C'est à toi-même de te poser la question. Ne joue pas à la fille obstinée. Mes parents m'ont bien élevé et mon karma me le ferait ressentir si je ne m'occupais pas de t'aider.

Tu ne fais que parler de karma, laisse-le ou il est et tes parents, que je sache, je ne les rencontrerais pas donc ne t'en fais pas pour eux. On peut y aller maintenant ? (Les papillons ont malheureusement disparu ma colère les a chassés.)

Je vais t'apprendre trois choses sur moi que tu ne savais pas dans ce train. (Nous nous faisons face, chacun les bras croisés, attendant que l'un attaque l'autre.) La première chose c'est que dans l'éducation que j'ai reçu mes parents ont voulu m'inculquer les douze lois du karma. A force de me rabâcher leur règle c'est devenu une habitude et j'ai du bien finir par leur céder qu'ils avaient raison.

C'est quoi ces douze lois ? (Mon irritation à céder la place à la curiosité et lorsqu'il le remarque je vois qu'il se détend lui aussi et me sourit avec... indulgence ?)

On pourra en parler plus tard, je préférais ne pas passer la nuit ici

OK

Donc, deuxièmement je crois que tu n'as pas compris ou que tu ne savais pas mais là où je dois t'emmener c'est chez mes parents.

         Oh putain de bordel de merde... Je ne suis jamais vulgaire c'est donner une mauvaise image de soi d'après Nathanaël mais les penser personne ne le sait et cela fait un bien fou. Ma bouche doit être grande ouverte par sa révélation et nos deux esprits doivent tourner à mille à l'heure. Lui cherchant surement à comprendre comment j'ai pu connaître ces parents et moi je me demande si le karma existe bel et bien. Car si c'est le cas, il doit m'en vouloir à mort, je suis foutu.

Et enfin mes parents pourront te le confirmer je dois être la personne la plus têtue qu'il existe. Si tu penses l'être plus que moi enlève toi vite cette idée. Nous ne partirons pas d'ici sans que je n'aie pas ta valise. On peut y passer toute la nuit si tu veux.

          Et merde, quoi répondre à ça ? Que tu ne vas pas t'ennuyer avec lui ? Deux choix s'offre à moi : soit je continue de résister pour voir s'il bluff et rester maître de mes convictions. Mais s'il ne bluffait pas, ses parents vont être inquiet par ma faute et je ne veux pas démarrer ma relation avec ce couple avec une mauvaise image de moi. Sois-je cèdes encore une fois comme j'ai toujours cédé face aux multiples caprices de Nathanaël, face à sa violences physiques et morales répétés. Je suis tiraillé des deux côtés et plus je réfléchis plus je suis perdu. Les larmes commencent à monter face à mon indécision. Je sais que quel que soit le choix que je choisirais je perdrais quelque chose. Quand je m'autorise enfin à le regarder pour lui donner ma réponse, il doit y lire mon état d'esprit car nous reprenons en même temps.

Je...

Ecoute...

           Nous nous taisons, lorsque son regard capture enfin le mien j'ai l'impression qu'il peut lire en moi tout le désarroi que son dilemme me pose. Il me sourit... timidement... ça c'est nouveau venant de lui.

Je capitule, tu as gagné.

Merci (ce n'est qu'un murmure)

N'en prends pas l'habitude ce n'est pas dans mes habitudes, pour gagner une guerre il faut choisir ces batailles. (Sa réponse me fait sourire)

Je suis le prix de ta guerre ou l'adversaire que tu dois abattre pour la gagner ?

          Nous marchons dans les rues sombres seulement éclairé par les quelques lampadaires. Je suis heureuse que nous avons repris nos petites joutes verbales. La route nous attend et je ne sais combien de temps elle durera, il était préférable que nous restions sur de bons termes. Je remarque tous de suite que de son côté lui aussi a retrouvé son rôle de Play-boy car avec un clin d'œil il me lance :

À toi de le découvrir

          Nous arrivons vers un parking privatisé car dès qu'il arrive un homme en costume de sécurité sort d'une petite maisonnette, lui sert la main et lui demande d'attendre quelques instants. Nous attendons très peu, je vois deux phares apparaître quelques minutes plus tard et le bruit d'un moteur puissant met un peu d'animation face au silence que nous échangeons. Une voiture magnifique apparaît et je m'attendais à tous sauf à ce que ce soit la sienne. Je sais qu'il ne faut pas porter de jugement trop hâtif mais aux vues de sa tenue si décontracté je ne pouvais pas imaginer qu'il pouvait conduire une voiture aussi luxueuse. L'agent sort laisse la porte ouverte et prends les affaires de Julen pour les mettre dans le coffre. Il est de retour quelques secondes plus tard pour me récupérer les miennes. Julen me surprend en lançant :

Faites gaffe elle ne confie pas ces affaires comme cela.

Si mademoiselle me permet

Très drôle (en fusillant du regard Julen et gêner devant cet agent je lui tends mes affaires tous en gardant mon sac à dos), bien sûr.

Je dois le prendre comment ? (Assis déjà dans la voiture il m'attend et son regard est dur, ses mâchoires crispées.)

Quoi ? (Pourquoi est-il soudan si en colère. Je ferme attendant patiemment qu'il commence à me crier dessus, j'en ai l'habitude, rien ne sert de discuter ou raisonner un homme en colère.)

Je t'ai fait quoi au juste ?

        Il démarre en trombe son bolide et de peur je m'accroche de toute mes forces à ma ceinture de sécurité. Vu le prix qu'il doit coûter, il y a bien des airs-bag ? Je ferme les yeux et les gardent le plus serré possible, je ne veux pas voir à quelle vitesse il roule mais je sais que c'est déjà beaucoup trop vite. Il double toute les voitures, assez aisément je l'avoue, mais je vois les immeubles, les promeneurs... défiler beaucoup trop vite pour moi. J'ai peur d'un potentiel accident car je l'aurais mis en colère. J'avais promis à Ludivine d'être prudente et qu'est-ce que je fais quelques heures plus tard... Une peur bleue m'envahit ce n'est pas la peur de l'accident qui me terrifie, pas les blessures que je pourrais avoir (la douleur est comme une amie je sais la maîtriser, la refouler ou l'oublier complètement si l'occasion le demande) mais l'hôpital. S'il m'arrivait quelques choses ils seraient obligés d'appeler mes parent ou pire Nathanaël, dans tous les cas il me le ferait payer plus cher et plus douloureusement qu'un accident en lui-même.

Je t'en supplie ralentit.

           Ma voix n'est qu'un faible gémissement, la plainte d'une personne agonisante. Le moteur qui rugissait il y'à quelque instant ne fait qu'un faible ronronnement, je sens que la voiture ralentis tourne puis s'arrête. Une larme unique roule sur ma joue mais je suis tellement crispée sur cette ceinture que je n'arrive pas à me détendre pour l'essuyer. Je dois montrer l'aspect d'une fille pathétique et que je ne suis qu'une idiote. Respire... aller reprend toi tous va bien... inspire...expire. Je n'arrive pas à me calmer je suis en pleine crise de panique. Je n'arrive même pas à ouvrir les yeux, seul l'image de Nathanaël est devant moi venant me chercher avec un de ces regard les plus meurtrier. Celui qu'il me réserve quand il pense que j'ai fait quelque chose qui ne lui convient pas. Des doigts me frôlent la joue pour essuyer cette larme mais ce contact est pour moi une décharge sans oublier que je suis prisonnière de ce véhicule. Seul un gémissement sort de ma bouche et il retire tous de suite sa main.

Ouvre les yeux et regarde-moi

        Son timbre est doux, il parle à une enfant apeurée c'est le sentiment que j'ai, mais ces instructions m'apaisent. Tous les événements de l'après-midi que nous avons passé ensemble me reviennent en mémoire. Par deux fois il m'a aidé, m'a défendu, m'a soutenu et il me demande qu'une seule chose. Je dois l'écouter et faire ce qu'il me demande. Je force mes yeux à s'ouvrir et je suis automatiquement aimanté par son regard. Une forme d'apaisement s'insinue en moi malgré que je puisse lire tellement d'émotion dans son regard : l'inquiétude, la surprise, le désarroi... il ne me connait pas, pourquoi serait-il inquiet pour moi ? Ses yeux si apaisant et si rassurant ne reflètent qu'un océan déchaîné, son visage est tendu à l'extrême et ses mains serrent et desserrent le volant. Comment en est-on arrivé là ? Pour une valise ? Cela méritait-il qu'il se mette en colère de cette façon ? Ne pouvais-je pas me contrôler un peu plus et ne pas me montrer sous mon plus mauvais jour en lui montrant une crise de panique ? Le silence est pesant mais je m'aperçois que dans ces yeux sont tumulte intérieur diminue, l'orage est en train de passer et lorsque son petit sourire naît je sais que pour lui s'est terminé.

Pardonne-moi si je t'ai fait peur, je n'en avais pas l'intention, j'étais en colère.

Contre moi ? (J'ai peur de sa réponse, je sais les conséquences de la colère chez les hommes.)

A ton avis, bien sûr contre toi. Mais je n'avais pas le droit de te crier dessus ni de te faire peur. (Son aveux et ses excuses me touchent personnes ne l'avait fait pour moi sans me blesser auparavant.)

Je ne comprends pas pourquoi tu es en colère contre moi, je n'ai rien fait. (J'ai besoin de comprendre.)

Tu ne veux pas que je t'aide mais tu acceptes l'aide d'un inconnu. C'est très vexant.

OK, mea-culpa

         Je ne comprends toujours pas pourquoi car lui aussi est un inconnu à mes yeux mais il semble se calmer. Je reste tout de même sur mes gardes.

Ta colère est... euh... passée ?

Oui, pourquoi ? (Il me lance un regard à me faire chavirer le cœur.) j'ai l'aire en colère ?

Non, non... je ne pensais pas que tu te calmerais aussi vite.

Je suis assez impulsif comme mec, mais quand j'ai senti ta peur cela m'a fait vite redescendre.

OK (je sourie l'ambiance dans la voiture se réchauffe)

Et puis tu voulais que je fasse quoi ? Que je te prenne sur mon épaule et que je te balance dans la voiture pour te montrer que je ne suis pas content ?

         je ne souries plus, la peur est de retour, je savais que je devais me méfier. Les hommes sont tous les mêmes. Même s'il s'est calmé, il peut toujours avoir l'envie de me punir pour l'avoir mis en colère.

Et, regarde-moi s'il te plait.

        je vois sa main qui se rapproche de mon visage, se retient et retourne à sa place sur son genou. Il change d'avis puis se la passe plusieurs fois dans les cheveux. Je ressens soudain toute sa nervosité et cela me rend encore plus mal à l'aise.

Je plaisantais, c'était de l'humour. Je vois que ma blague était pourrie car elle loin d'avoir l'effet que j'escomptais.

Non non désolé, je suis nulle dans les blagues (je tente un pâle sourire), nous avons beaucoup de route (il faut à tout prix que je change de sujet pour alléger cette ambiance).

Trente minutes (il me regarde une dernière fois, souffle un bon coup et démarre). Pandora je ne te connais pas mais j'ai l'impression d'être sur des montagnes russes quand je suis auprès de toi. C'est très perturbant.

         Que répondre à cela ? Que moi-même je suis dans le même état avec moi-même. Il n'attend pas de réponse et se réengage dans la circulation mais à une allure beaucoup plus prudente. Moi qui m'imaginait trouver une paix en partant à des milliers de kilomètres, je réalise que se créer une nouvelle vie sera plus compliquer que ce que j'espérais. Je ne pourrais jamais oublier mon passé, l'avenir est encore loin et il ne m'intéresse pas, seul le présent m'importe. Je dois réapprendre à exister à vivre pour moi, à exister par moi-même. Mais cela se fera step by step (pas à pas).

        Nous n'échangeons plus un mot tous les deux. Il fait nuit et je n'ai pas le loisir de me raccrocher aux paysages que je pourrais découvrir. Il m'a dit trente minutes, je compte seulement les minutes qui nous sépare à l'arriver. Sur le tableau de bords les minutes défilent mais pas assez rapidement à mon goût. J'ai besoin de m'éloigner le plus loin possible de lui. J'ai le sentiment qu'il perce mes secrets petits à petit et cela me terrifie. Je dois le voir le moins possible. Quand il sera chez ses parents je m'éclipserais. Je ne peux me permettre de recraquer devant lui. Je ne le connais pas mais je me sens bien quand je suis prêt de lui. Avec ces histoires de karma, d'éducation et d'obstination, j'ai envie de le connaître d'avantage. Ces paroles m'apaisent quand je panique et à cet instant j'aurais aimé ne pas avoir ce passé mais cela est impossible. Il faut vraiment que je sorte de cette voiture car je ne sais pas si c'est son odeur ou lui, mais je suis en train d'avoir des pensées que je m'étais promis de plus avoir avant un bon bout de temps.

        Comme si ma prière avait été exaucé la voiture ralentie, il sort un boîtier de sa poche et actionne le portail. J'ai perdu trois fois les pédales devant leur fils, je me dois de faire bonne impression devant ces parents. Ce sont eux qui vont m'aider, eux qui vont me loger, qui vont me trouver un travail. Sans eux je ne serais rien. Si je réussis ils y seront pour beaucoup. Notre première rencontre sera la bonne mais cela ne m'empêche pas d'être morte de peur.

        Le courage n'est pas l'absence de peur mais plus tôt la conviction que la peur n'est pas le plus important. Film "un mariage de princesse" 

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